« Thierry Saussez a écrit un traité qui se lit facilement et qui peut se feuilleter en s’adaptant aux humeurs de chacun. »
50 leçons pour apprendre à devenir optimiste, Le Figaro, Yann Le Galès, 20 avril 2015
La vie a été plutôt belle avec moi. J’ai toujours été heureux dans l’univers personnel et familial. J’ai réussi mon parcours professionnel.
De l’âge de 16 ans à ce jour, j’ai eu cette chance de pouvoir rester fidèle à mes engagements de jeunesse. J’ai milité, je me suis engagé, comme élu local, comme communicant, comme responsable de la communication du gouvernement. J’ai servi les autres autant que j’ai pu.
À chaque étape, j’ai été confronté à ce paradoxe français d’une confiance individuelle très forte et d’une défiance collective qui fait de nous le peuple le plus pessimiste du monde.
C’est sur ce front que j’ai décidé d’agir, d’écrire, de donner des conférences, d’organiser le Printemps de l’optimisme, en mai 2014, et de le développer, en 2015, dans le cadre du festival des énergies positives.
Il s’agit rien moins que de lutter contre la sinistrose, la morosité, le déclinisme, le catastrophisme. Ils ne construisent rien. Ils plombent la consommation, la croissance, l’investissement, l’emploi et donc aussi le financement de la solidarité. Au-delà du collectif, et c’est peut-être l’essentiel de ce livre, ils sont nocifs pour notre santé, notre assurance, notre comportement, notre énergie, notre relation aux autres. Ils gâchent nos atouts.
J’ai puisé ces conseils dans les leçons de ma vie, les enseignements de mes succès et de mes échecs, de mes rencontres, plus spécialement ces dernières années, avec celles et ceux – philosophes, experts, écrivains, dirigeants économiques ou associatifs, journalistes – qui ont ouvert le chemin et promeuvent l’optimisme comme une nécessité vitale.
Positivez c’est contagieux.
À vous de juger et, je l’espère, d’en faire votre miel.
« Lorsque une porte de bonheur se ferme, une autre s’ouvre automatiquement. Souvent tu regardes si longtemps la porte fermée que tu ne vois pas celle qui a été ouverte pour toi » – Helen KELLER
Il en va du négatif comme du positif. Pensées et émotions influencent nos décisions, orientent nos comportements, modifient nos attitudes psychiques et physiques, l’expression du visage, notre corps, notre gestuelle, l’image que nous donnons de nous-même.
C’est ainsi que la tristesse, la colère, la peur, la culpabilité, à partir d’une simple pensée négative ou d’une contrariété, accélèrent notre rythme cardiaque, la pression artérielle et la dilatation des bronches. C’est la fameuse montée d’adrénaline qui conduit au mieux à la mauvaise humeur, au pire à la dépression, l’AVC, l’infarctus et peut être à d’autres affections aussi graves.
Bien sûr, on ne peut pas constamment voir la vie en rose. Il y a sur notre chemin quotidien des difficultés, des obstacles, des épreuves. Les recherches ont montré que notre équilibre hédonique était déterminé, sur un intervalle de temps régulier, par un nombre d’émotions positives supérieur au nombre d’émotions négatives.
Dans notre cerveau reptilien la montée d’adrénaline reste un signal d’alerte. L’homme des cavernes entendant, derrière lui, un bruit insolite devait imaginer la menace d’un groupe ou d’un animal hostiles et réagir immédiatement. C’est pourquoi l’adrénaline est qualifiée d’hormone de la fuite ou de la lutte, déguerpir ou se battre.
Votre hygiène de vie doit donc vous conduire à vous maîtriser et à sortir le plus rapidement possible de ces situations d’urgence. Pour votre santé. En rééquilibrant votre respiration et votre système nerveux. En retrouvant votre concentration, votre ouverture d’esprit et du même coup votre capacité de décision et d’action.
Dès lors, vous pourrez également reprendre le cours de votre attention aux autres que votre comportement aurait pu déstabiliser, décevoir, décourager, effrayer au risque de provoquer incompréhension, rejet voire violence.
« La joie est en tout, il faut savoir l’extraire » – CONFUCIUS
On imagine depuis longtemps qu’il vaut mieux pour notre santé rechercher les émotions positives, l’affection, la joie, la satisfaction, la fierté.
Les recherches sur le cerveau qui avancent à vitesse accélérée nous font faire, chaque jour, des progrès supplémentaires pour confirmer que le meilleur médicament, c’est nous.
La plasticité de notre cerveau est phénoménale avec des réseaux parallèles et interconnectés. Les liens entre cœur et cerveau sont établis. Le muscle cardiaque comprend 100 000 cellules neuronales. Pensées et émotions sont indissociables.
En fait, nous ne cessons pas de fabriquer nous-mêmes des substances actives.
Dès lors, une seule pensée positive peut déclencher toute une kyrielle de neuromédiateurs et d’hormones bénéfiques.
L’ocytocine est connue comme l’hormone de l’amour, du plaisir, de l’orgasme. Elle établit, durant la grossesse, les rapports entre la mère et le fœtus et elle régule les contractions tout le long de l’accouchement. Produite également par les hommes, elle génère le calme, la sociabilité, le sentiment de sécurité.
La sérotonine, avec ses molécules du bien-être, régule l’humeur en positif.
Nous produisons aussi de la dopamine, des endorphines qui nous stimulent, nous encouragent, améliorent nos performances, et pas uniquement, comme le savent les adeptes du jogging, lors d’un exercice physique accompli. Toute simulation sensorielle, une pensée, un regard, un sourire, une ambiance chaleureuse, une conversation, un plaisir partagé, suffit à faire baisser notre tension artérielle, à nous sentir mieux, à créer un climat agréable autour de nous.
Chaque jour, avec de petits exercices, vous avez de nombreuses occasions de vérifier vous-même ces préceptes scientifiques.
À votre réveil, pensez un instant à un rêve même éveillé ou concentrez-vous sur une chose agréable.
En arrivant au travail, le matin, oubliez de râler comme souvent à propos de la galère dans les transports, la circulation ou à l’encontre du mauvais temps. Partagez une bonne nouvelle. On en trouve toujours une sur son chemin… si on la cherche.
Lorsque un automobiliste ou un deux-roues s’arrête pour vous laisser traverser, ne bougonnez pas. Faites un grand sourire et un petit geste de la main. Ces simples signes créent un lien et encouragent l’autre usager à persévérer.
Dans tous ces instants, vous sentirez les muscles de votre visage se détendre, la bonne humeur s’installer autour de vous.
Positivez, c’est contagieux.
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » – Paul ELUARD
On peut gloser indéfiniment sur la différence entre le hasard et la chance, les causes fortuites et les probabilités.
Nul doute qu’un heureux hasard ou une chance inouïe peut produire, notamment dans le jeu, un résultat inespéré.
Néanmoins, pour l’essentiel, ne comptez ni sur l’un ni sur l’autre. Vous risqueriez d’attendre longtemps.
Après une difficulté ou un échec, il vous est sans doute arrivé de vous dire, comme beaucoup : « Je n’ai vraiment pas de chance. » Cela n’a aucun sens. Au jeu comme dans la vie, il n’y a pas de chance, il n’y a que du rythme, par exemple jouer peu lorsqu’on perd et gros quand on gagne.
D’une façon générale, en particulier dans la vie professionnelle, on ne l’emporte jamais tout le temps et on ne perd jamais systématiquement.
En fait, les personnes que l’on dit généralement chanceuses vont à la rencontre de ce que Machiavel appelait la bonne fortune. Elles prennent des initiatives, multiplient les contacts, s’inscrivent dans un réseau ou le développent. Dès lors, elles accroissent la capacité de trouver l’âme sœur, un emploi, un appartement, etc.
C’est l’énergie et non une hypothétique chance qui donne le rythme. C’est la virtus au sens antique, la volonté, l’esprit de conquête, aller de l’avant, mouiller sa chemise.
Avec cette vertu on se désespère naturellement moins d’une contrariété. On garde confiance. On reste optimiste. On analyse les raisons des difficultés pour contourner l’obstacle ou saisir l’opportunité suivante.
L’essentiel est de ne jamais se démobiliser et encore moins de croire que la chance est toujours avec vous.
Il vous est sans doute arrivé, comme à moi, une aventure assez classique. Vous présentez un projet, une proposition. Tout se passe merveilleusement bien. Et rapidement. Votre interlocuteur va regarder cela de près. À la sortie vous criez Yes ! Comme si c’était gagné d’avance. Pourtant il ne se passera rien. L’explication est simple. Votre interlocuteur n’est pas motivé mais il n’a ni l’envie de vous contrarier ni celle de perdre son temps en discussions pour un projet qu’il n’a pas l’intention de mettre en œuvre. À l’inverse, bien des propositions que l’on peut croire vouées à l’échec tant l’approche de votre interlocuteur semble négative aboutissent finalement à des résultats positifs. La critique peut être source d’implication.
À la base du rythme figure ce précepte simple : rien ne va jamais aussi bien qu’on le croit, rien ne va jamais aussi mal qu’on le pense.
En toutes circonstances, l’optimiste reste lucide. Il ne baisse pas la garde. Il sait que rien n’est jamais gagné d’avance, que tout se mérite. Il sait, lorsque vous êtes trop sûr de vous, qu’il y aura souvent quelqu’un pour vous donner un coup derrière la tête, afin de vous apprendre à la baisser. Mais, plus encore – combien de fois l’ai-je vécu – il n’oublie pas que rien n’est jamais perdu. On peut d’autant plus gagner que la situation semble perdue. C’est le moment de se concentrer, de mobiliser toutes ses forces, d’accélérer le tempo.
C’est le challenge ultime, sans filet, le temps de la réaction ultrarapide.
Le rythme et l’énergie vitale constituent de bien meilleures garanties de succès que le hasard et la chance.
« Derrière les ennuis et les vastes chagrins, qui chargent de leur poids l’existence brumeuse, heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse s’élancer vers les champs lumineux et sereins » – Charles BAUDELAIRE
L’une des clés de l’optimisme est la capacité à orienter son regard et à mobiliser son attention sur ce qui est beau, positif, sur ce qui fonctionne.
Cela n’est pas si simple dans un univers très anxiogène où les mauvaises nouvelles se succèdent, spécialement en période de crise.
Il y a bien des raisons historiques et culturelles qui expliquent la défiance française qui fait de nous, collectivement, le peuple le plus pessimiste du monde.
Il a fallu attendre Jean-Paul II pour que la religion catholique reconnaisse l’économie de marché et la place de l’argent dans la société. Longtemps, l’argent a été sale lorsqu’il n’était pas donné et l’usurier, excommunié. Notre rapport à l’argent reste complexe.
La Révolution française s’est faite contre les nantis. Le marxisme et la lutte des classes imprègnent encore certains de nos comportements sociaux. Nous sommes volontiers envieux et jaloux.
Le rapport à l’État, si puissant dans notre histoire – nous sommes un État nation –, nous conduit à tout attendre de lui afin qu’il nous accompagne du berceau au cercueil. Il n’en fait jamais assez… ou toujours trop lorsqu’il prélève l’impôt. Nous ne sommes jamais vraiment contents.
Notre système éducatif fondé sur une diffusion immuable des savoirs développe moins que d’autres, notamment dans les pays scandinaves ou anglo-saxons, l’autonomie individuelle, l’initiative, la créativité, la capacité d’adaptation notamment aux nouvelles technologies, c’est-à-dire au monde nouveau. Notre esprit critique s’en trouve, certes, très développé mais l’esprit d’entreprendre, infiniment moins.
Cette spectaculaire défiance française a également des raisons contemporaines : les médias anxiogènes et les experts qui vous promettent toujours le pire.
Il serait néanmoins simpliste, face à ce constat, de fuir nos responsabilités individuelles. Les experts n’ont pas toujours tort de nous alerter, Les médias sont comme la langue d’Ésope, le pire et le meilleur.
L’audience c’est vous, c’est moi, c’est nous. Les mauvaises nouvelles nous attirent davantage que les bonnes. Nous sommes fascinés par les catastrophes, les faits divers atroces, les échecs, les déceptions, les statistiques négatives. Nous nous comportons comme le lapin pris par les phares.
Nous noircissons, nous aussi, le monde qui nous entoure pour mieux apprécier, au fond, notre bonheur personnel. Comme disait à peu près Jules Renard : ça n’est pas le tout d’aller bien, mieux vaut que les autres aillent mal.
Ne soyons pas dupes de nos paradoxes. N’en faisons pas une contradiction. Le défi n’est pas d’inventer un monde plus beau, de manquer de réalisme. La lucidité, c’est de regarder la réalité en face, dans toutes ses dimensions. L’optimisme, c’est d’orienter notre regard, aussi, vers ce qui va bien, ce qui est réjouissant, source d’espoir.
Chaque jour montent du terrain des initiatives, des inventions, des solutions. Elles sont le fait de traceurs, d’innovateurs, d’entrepreneurs, de « faiseux » plus que de « diseux ».