EAN : 9782335034066
©Ligaran 2015
Combien de choses nous servaient hier d’articles de foi qui nous semblent fables aujourd’hui.
MONTAIGNE.
Lorsque j’ai voulu faire un livre sur les phénomènes dits spirites, après toute une vie consacrée au développement de la psychiatrie et de l’anthropologie criminelle, mes meilleurs amis m’ont accablé d’objections, disant que j’allais gâter ma réputation. Malgré tout, je n’ai pas hésité à poursuivre, estimant qu’il était de mon devoir de couronner ma carrière de luttes pour le progrès des idées en luttant pour l’idée la plus contestée et bafouée du siècle.
Mes adversaires ont d’ailleurs quelques bonnes raisons. Il n’y a pas longtemps encore, je pensais comme eux. Le spiritisme semble incompatible avec le monisme, l’une des plus grandes conquêtes modernes. Comparées à la précision et à la constance des faits d’expérience scientifique, toujours semblables à eux-mêmes et concordant dans le temps et l’espace, les expériences spirites, variables avec les méthodes, les heures, les dispositions des assistants, ont toujours quelque chose de fuyant et d’incertain, malgré le contrôle d’instruments de précision et d’observateurs sévères comme Morselli, de Vesme, Crookes, Richet, Lodge, James, Hislop, Wallace. Bottazzi, de Rochas. Herliztka, Foa, d’Arsonval, etc.
Mais si les observations, prises en particulier, semblent présenter ce caractère, leur ensemble forme un bloc de preuves défiant le scepticisme, d’autant que l’étude actuelle de la radioactivité montre une exception au moins apparente au grand principe : pas de fonction sans organe et pas de manifestation d’énergie sans perte de substance.
D’ailleurs les conclusions du spiritisme sont loin de contredire le monisme, car l’âme, se ramenant à une matière fluidique, visible et palpable en certains cas, continue à appartenir au monde de la matière. C’est ce qui concilie pour la première fois l’expérience scientifique avec l’expérience de tous siècles et de tous pays, depuis les peuples anciens et sauvages jusqu’aux civilisés actuels, expérience cristallisée dans la légende religieuse, laquelle par la quantité et l’accord des suffrages, à défaut de leur qualité, lui confère une autorité au moins égale, sinon supérieure, à la pensée des grands philosophes.
Aussi, dans ces recherches, ai-je évité toutes conclusions théoriques, que j’ai voulu faire jaillir, dans l’esprit du lecteur, de la seule masse des faits fortifiés par le consentement universel. Au reste, je suis loin de prétendre à une certitude complète. Après ces études pénibles, l’hypothèse spirite nous apparaît comme une mer immense, d’où émergent çà et là quelques îlots, où seul le géographe devine les traces d’un ancien continent, tandis que le vulgaire se moque de son hypothèse, qui n’est audacieuse qu’en apparence.
Avant de terminer, j’adresse mes remerciements les plus vifs à MM. Marzorati, Ochorovicz, Richet et de Vesme, qui ont bien voulu me conseiller et m’aider.
CÉSAR LOMBROSO.
Octobre 1909.
Personne plus que moi n’a été hostile au spiritisme, par l’éducation scientifique et les tendances. J’avais toujours regardé comme un axiome que toute force est une propriété de la matière et toute pensée une fonction du cerveau, et je m’étais toujours moqué des tables parlantes. Mais la passion de la vérité et du fait constaté l’a emporté sur ma foi scientifique.
Aussi, après avoir été l’adversaire du spiritisme, au point de nier toutes les expériences et de refuser d’assister à aucune, j’ai dû constater, dès 1882, des faits psychiques étranges, que la science ne peut expliquer et dont elle peut dire seulement qu’ils accompagnent l’hystérie et l’hypnose.
En cette même année 1882, on m’appela un matin chez Mlle C.S., âgée de quatorze ans, de père intelligent et actif, de mère lucide et vigoureuse, mais dont les deux frères avaient eu une croissance anormalement rapide au moment de la puberté, avec troubles pulmonaires. Cette jeune fille, d’un physique gracieux, d’une taille de 1m, 54, avait, elle aussi, grandi brusquement de 0m, 15 au moment de la puberté. Ses premières règles s’accompagnèrent de symptômes hystériques, avec vomissements et dyspepsie. Au bout de deux mois vinrent des accès de convulsions hystériques et d’hyperesthésie, qui lui faisaient prendre pour une barre de fer un fil mis sur la main. Le mois suivant se manifestèrent de la cécité et des points hystériques aux doigts, qu’il suffisait de toucher pour obtenir convulsions, mouvements réflexes intenses des jambes, contracture et brusque montée de la force musculaire de 32 à 47 kil. au dynamomètre, à la seule pression de la main. C’est alors qu’elle commença à manifester des phénomènes extraordinaires. Après des accès somnambuliques, accompagnés d’augmentation d’activité, d’affectivité et de divers changements dans le caractère, elle perdit la vision par les yeux en même temps qu’elle acquérait la faculté de voir par l’extrémité du nez et le lobe gauche de l’oreille, tout en conservant la même acuité visuelle (7e degré de l’échelle de Yäger). C’est ainsi qu’elle put lire une lettre et distinguer les chiffres d’un dynamomètre.
Elle avait une mimique curieuse pour réagir aux excitations portées sur ces organes que nous nommerons provisoires ou transposés. Par exemple un doigt, ou mieux un jet de lumière, dirigés sur l’oreille ou le nez, la Taisaient s’irriter, crier qu’on voulait l’aveugler, avancer le bras dans un geste de défense.
Même transposition de l’odorat. Aucune réaction avec l’assa fœtida ou l’ammoniaque mis sous le nez, tandis que d’autres corps à l’odeur moins forte, mis sous le menton, l’affectaient vivement. Plus tard l’odorat se transporta au talon, et alors, à toute odeur déplaisante, elle remuait les pieds et le corps entier ; à toute odeur agréable, elle restait immobile, souriante et respirant vite.
Vint ensuite de la lucidité prophétique, qui lui faisait prédire exactement, parfois une quinzaine à l’avance, le jour et l’heure de ses accès et le métal qui devait les calmer. Plus tard, elle prévit pour son frère et son père des faits qui se vérifièrent au bout de deux ans. Elle put voir aussi à distance des évènements au temps même où ils s’accomplissaient.
Ces phénomènes ne sont pas isolés. Déjà, en 1808, Petetin avait étudié huit femmes en catalepsie, chez qui les sens externes étaient transférés à l’épigastre et aux doigts des pieds et des mains.
Carmagnola, en 1840, cite un cas analogue au nôtre. Il s’agit d’une jeune fille de quatorze ans, réglée elle aussi depuis peu, présentant toux convulsive, céphalée, pâmoisons, spasmes, dyspnée, convulsions du visage accompagnés de chants, sommeils durant parfois trois jours, et accès somnambuliques pendant lesquels elle voyait distinctement avec la main et lisait dans l’obscurité. Chez elle comme chez notre C.S., l’application de l’or et de l’argent calmait l’agitation et ramenait la gaieté.
Despine nous parle d’une Estelle de Neuchâtel, âgée de onze ans, devenue parétique après une blessure au dos et améliorée par les bains d’Aix, chez qui la magnétisation amenait le transfert de l’ouïe aux mains, coudes, épaules et, pendant la crise léthargique, à l’épigastre, avec excitation musculaire sous l’influence de l’or.
Le Dr Angonoa a étudié en 1840 la nommée G.L., âgée de quatorze ans, névrosée par un chagrin. À l’état somnambulique, elle voyait avec la nuque et distinguait les odeurs avec le dos de la main. Plus tard, vue et ouïe se transportèrent à l’épigastre. Un autre sujet femme, du même docteur, âgé de vingt-deux ans, hystérique et épileptique, voyait avec la nuque et l’épigastre, dans le sommeil somnambulique, et sentait les odeurs avec les pieds. Elle disait voir à l’intérieur de son corps trente-trois vers qu’elle rendit peu de temps après.
Ces faits rappellent d’ailleurs ce qu’on savait déjà des somnambules, lesquels distinguent les objets les paupières closes et voient évidemment par ailleurs que par les yeux. Preyer et Berger, et tout récemment. Heidenhain, ont observé des faits semblables, qu’ils croient expliquer par l’hyperesthésie tactile et visuelle remarquée dans ces cas. Mais cette explication rend compte tout au plus de la vision dans une chambre obscure et ne s’applique pas au transfert des sensations dans les cas où sensibilité tactile et visuelle ne font qu’un. Ici la perception visuelle a lieu en deux points de la peau, tandis que la sensibilité tactile est médiocre et n’explique nullement la lecture d’un manuscrit.
Si les auteurs modernes n’ont pas noté ces cas, et si liasse les a regardés comme des illusions, c’est par une tendance louable, bien qu’exagérée, à n’admettre que les faits scientifiquement explicables. C’est ainsi qu’on n’a admis qu’à la longue l’action des aimants et nombre de faits constatés empiriquement par les magnétiseurs (catalepsie, hypnose, hyperesthésie), faits aujourd’hui certains et assez bien expliqués.
La vérité est qu’on ne peut donner d’explication vraiment scientifique de ces faits, qui sont au seuil du monde que l’on doit appeler à juste titre occulte, parce qu’inexpliqué.
Aussi, ce n’est que partiellement que la lucidité peut s’expliquer par une sorte d’autosuggestion, ainsi que par une plus grande intensité de cette conscience instinctive qui rend le moribond attentif à son dernier moment. L’extraordinaire excitation de l’état somnambulique donne d’ailleurs une conscience plus nette de l’organisme, où sont inscrites en puissance les phases successives de la névrose.
De ces faits il faut rapprocher un phénomène remarqué pour la première fois par Salvioli. C’est que, dans le sommeil, l’afflux sanguin au cerveau est plus grand qu’à l’état de veille, ce qui augmente l’activité psychique tout comme l’excitabilité musculaire.
Mais cette explication n’est plus valable lorsque la lucidité s’augmente au point de faire voir les évènements à l’avance, et elle ne peut non plus rendre scientifiquement compte du transfert des sens. Ce qui ressort de tout ceci, c’est que ces phénomènes se produisent chez les sujets hystériques et dans les accès hypnotiques de la grande hystérie.
Mêmes remarques à propos des cas, récemment encore peu connus, de transmission de pensée.
J’ai étudié avec Grimaldi et Ardù le cas de E.B. de Nocera, âgé de vingt ans, devenu hystérique à la suite d’un amour contrarié. À signaler chez ce sujet : facies très asymétrique, aspect féminin, sensibilité aux métaux, surtout cuivre et or, sympathies et antipathies excessives, phobie de l’obscurité, humeur très variable. Suggestionnable au point qu’on peut lui ordonner d’être insensible aux piqûres et coupures, il est lui aussi capable de transfert de sensations et de transmission de pensée. Il devine les mots et les nombres pensés par d’autres, et peut reproduire plus ou moins bien les figures que l’on dessine assez loin derrière lui, pendant qu’il a les yeux bandés. Parallélogrammes, cercles, triangles, polygones, côtes sont rendus assez bien, avec quelque hésitation dans le dessin. Une figure d’homme, un oiseau, sont reproduits assez mal, toutefois sans erreur sur l’objet suggéré. Il écrit exactement les prénoms suggérés, Marguerite et Andrée.
Des expériences analogues plus récentes ont été exécutées devant le Dr Guthrie et le professeur Herdmann de la Société Anglaise de Recherches Psychiques, et leur compte rendu forme un volume, le sujet, miss Relph, était assis pendant que les objets choisis étaient cachés par une tenture derrière son dos. Les réponses pour les divers objets proposés, papiers rouge, bleu, etc., de formes déterminées, épée, louis d’or, trois de cœur, huit de carreau, etc., furent exactes, sauf hésitations sur des détails de forme ou de couleur.
De toutes façons, le phénomène est lié à l’état hypnotique. J’ajoute que, sur vingt individus que j’ai examinés, et qui ont pu deviner le nom d’une carte de visite, des nombres, etc., douze étaient névropathes, et c’étaient eux qui devinaient le plus vite et le mieux, surtout les yeux bandés et les oreilles bouchées. Chez trois d’entre eux le contact immédiat facilitait la lecture, tandis que chez trois autres il n’avait aucune influence. Chez un autre la personne aimée pouvait seule transmettre la pensée.
Notons que la figure humaine se transmet mieux que les figures géométriques ou les fleurs. Chez certains sujets la transmission est facilitée par l’alcool et le café. Mais ces observations personnelles comptent peu à côté des milliers d’autres analogues, bien mieux contrôlées, faites en Angleterre et en France.
En Angleterre, la célèbre Society for Psychical Research a expérimenté sur des individus tait endormis qu’éveillés, en leur faisant dessiner sur ardoise des figures diverses que d’autres reproduisaient sur papier à un autre étage ou en quelque autre endroit éloigné. Or les résultats justes obtenus, une fois sur cinq pour les sujets hypnotisés, une fois sur quarante-trois pour les éveillés, sont plus nombreux que n’indique le calcul des probabilités, d’autant qu’on ne tenait pas compte des demi-erreurs qui indiquent transmission imparfaite et non pas absence de transmission. Richet, Stewart, Ochorowicz, opérant sur des sujets hypnotisés et sur d’autres éveillés, mais hystériques, réussirent à leur faire deviner des cartes à jouer, des noms des nombres, par transmission mentale.
C’est ce qui permet à Richet de tirer les conclusions suivantes : 1° la pensée se transmet sans signes extérieurs d’un individu à l’autre ; 2° cette transmission varie d’intensité avec les individus, et elle atteint son intensité maxima dans l’état hypnotique. Ces transmissions sont encore plus extraordinaires lorsqu’elles ont lieu à des distances parfois considérables. Sans notre scepticisme, on les constaterait plus souvent.
En 1887 le bruit courait qu’une fillette de Novare avait pressenti la mort de sa mère qui habitait une autre localité. De Vesme, chargé de vérifier le cas par la Société Italienne des Sciences Psychiques, s’assura qu’il était véridique. La mère, Anna Voretto, prise d’un malaise subit pendant qu’elle vaquait à son commerce, meurt le jour même. On télégraphie à sa sœur de venir avec Stella, fillette de la défunte. L’enfant, déjà très agitée tous les jours précédents et demandant à partir chez sa mère, ne cessa de crier dans le train : « Maman est morte ». Le fait est certifié par sept témoins.
L’illustre professeur de Sanctis m’écrivait : « Je me trouvais à Rome sans ma famille restée à la campagne. La maison ayant été cambriolée l’année d’avant, mon frère y venait coucher. Un soir il m’annonce qu’il va au théâtre Costanzi. Rentré seul et commençant une lecture, je me sens soudain pris d’épouvante. J’essaie de réagir et commence à me déshabiller, mais je reste obsédé par la pensée que mon frère est en péril, le théâtre étant en feu. J’éteins la lumière, mais de plus en plus angoissé je la rallume contre mon habitude, décidé à attendre le retour de mon frère sans m’endormir. J’étais vraiment effrayé comme peut l’être un enfant. À minuit et demi, j’entends ouvrir la porte, et quel ne fut pas mon étonnement lorsque, mon frère me raconta la panique causée par un commencement d’incendie qui avait exactement coïncidé avec l’heure de mon inquiétude. »
Le professeur Mercandino m’a conté ce qui suit d’une de ses clientes dont les fils avaient entrepris l’ascension du mont Civrari. Après s’être endormie tranquillement à minuit, elle se réveille en sursaut à 2 heures, croyant voir sur un rocher son fils Gustave pleurant et refusant de suivre son frère César, qui lui faisait boire un cordial et l’encourageait à se lever. Le lendemain, les deux frères déclarèrent à leur retour que là vision était exacte et que César pensait réellement, à 2 heures : « Si mère nous voyait et si nous pouvions revoir notre maison ».
Le Dr Pagiani a observé une dame Caroline A., âgée de vingt-quatre ans, mariée depuis deux ans, souvent en catalepsie, à qui il suffisait de prendre la main d’une personne pour deviner ses pensées, même en langue étrangère ignorée. Il a pu remarquer que, chez ce sujet, la pensée se transmettait à distance jusqu’à six mètres au moyen d’un fil de fer.
Tschurtschenthaler m’a parlé d’un enfant tyrolien hystérique, qui avait deux frères en Amérique, et qui tout à coup, sans avis préalable, dit les voir en mer, puis débarquer à Gênes, le jour même et à l’heure où le fait eut lieu véritablement.
Ajoutons deux faits indiscutables observés par moi :
Une dame V., étant au théâtre à Florence, se met à crier vers 10 h. 1/2 et veut partir, disant voir son père malade ; rentrée chez elle, elle trouve un télégramme annonçant la mort de son père à 10 h. 1/2. Mme V. était hystérique.
Mme F.J. avait une bonne qu’un soldat venait voir tous les soirs, avec sa permission. Un soir, elle refuse l’entrée au militaire et fait barricader la porte, disant qu’elle avait eu le pressentiment soudain qu’il la voulait voler et assassiner. Ce qui fut reconnu véritable plus tard, après aveux de la bonne qui voulait fuir à l’étranger avec son amant et l’argent du vol.
Il serait facile d’expliquer tous ces faits, comme je le faisais moi-même, en regardant la pensée comme un mode de mouvement, ce qui en fait concevoir la transmission à grande comme à petite distance. Mais, l’énergie des mouvements vibratoires décroissant avec le carré des distances, on s’explique bien que la pensée se transmette entre deux points voisins, mais non pas entre deux points éloignés, sans diminution d’intensité.
Ce qui ressort de tout ceci, c’est que les transmissions de pensée n’ont lieu d’ordinaire que chez les sujets hystériques ou hypnotisés.
Comment expliquer les pressentiments et les prédictions, non seulement chez les esprits élevés, génies et saints, mais encore chez les malades et même simplement en rêve, alors que l’idéation est vague et désordonnée et la personnalité désintégrée ? Les exemples m’en sont venus de partout, sans les chercher et alors même que je les repoussais.
Un certain Castagneri signalait à de Vesme, en septembre 1886, le cas d’une servante B.C. qui avait rêvé que sa mère, vendeuse de fruits, était volée de 300 lires et que son frère tombait malade. Trois jours après ce rêve qui l’avait fort troublée, elle recevait une lettre lui en annonçant la réalisation ponctuelle, comme on put le vérifier par témoins.
J’ai eu à soigner le docteur C., jeune savant distingué, névropathe avéré (symptômes hystériques et épileptiques dès la puberté, avec signes de dégénérescence et tares héréditaires). Il avait déjà noté chez lui depuis des années des facultés de prévision qui lui permettaient d’annoncer à sa mère à l’avance l’arrivée de lettres, et aussi la visite de personnes qu’il décrivait exactement sans les avoir jamais vues. L’exemple le plus frappant est la prédiction qu’il fit le 4 février 1894 de l’incendie de l’exposition de Côme qui eut lieu le 6 juillet.
Le Journal of the Society for Psychical Research, de mars 1897, cite le cas d’une dame en villégiature à Trinity avec sa fillette de dix ans. Un jour que celle-ci jouait dehors près de la voie ferrée, la mère entend une voix intérieure l’avertissant d’aller prendre l’enfant menacée d’un terrible accident. Elle le fait aussitôt, et une demi-heure après le train déraillait, se fracassait à l’endroit même où avait joué la fillette et trois des hommes de la locomotive étaient broyés.
Dans l’histoire du brigandage en Italie de de Vitt on trouve le cas du lieutenant Perrino. Il rêve une nuit qu’il est pris, lui et son ordonnance, dans une expédition contre les brigands, attaché à un arbre et fusillé. Le lendemain à table il raconte son rêve dont tous les convives se moquent. Le jour d’après la compagnie de carabiniers part en expédition et, après une lutte acharnée contre une grande troupe de bandits, le lieutenant et son ordonnance sont pris, attachés à un arbre et fusillés.
Historique est aussi le rêve qui fit retrouver à Jacques Alighieri treize chants égarés de la Divine Comédie. Après la mort de Dante, son fils se mit à rassembler et à mettre en ordre les manuscrits dispersés. Treize chants restaient introuvables malgré toutes les recherches. Jacques se décourageait, quand une nuit il eut un rêve vraiment merveilleux. Il lui semblait voir son père, vêtu de blanc et entouré d’une lumière surnaturelle, le conduire dans la chambre où il dormait pendant sa vie terrestre et lui indiquer une cachette contenant les treize chants perdus, lesquels y furent en effet retrouvés le lendemain.
C’est Myers qui a le plus approfondi l’étude de ces phénomènes mystérieux. D’après lui le sommeil est un état tantôt plus lucide que l’état de veille, tantôt inférieur et marqué par la désintégration psychique. Il n’y a pas lieu alors de s’étonner que l’extase lucide ou le délire puissent également se substituer au sommeil ordinaire. Comme exemple de délire, citons le cas, indiqué par sir Crichton Browon, d’un maniaque qui ne dormait jamais, travaillant tout le jour comme les autres ouvriers et passant la nuit à crier et à se démener, sans en souffrir ni diminuer de poids.
Ce sont les songes qui ont tout d’abord induit l’homme à croire à l’existence d’un moi intelligent, et toujours on a cru y voir les présages des évènements, bien qu’on ne les ait jamais étudiés de façon vraiment scientifique. Il y a aussi des songes, mais assez rares, qui nous incitent à agir. Le rêve peut être regardé comme quelque chose d’intermédiaire entre le sommeil et la veille. On peut l’expliquer en grande partie :
1° Par une plus grande acuité des sens, hyperesthésie capable de provoquer des hallucinations ;
2° Par une plus grande suggestibilité ;
3° Par l’intensification de la mémoire ;
4° Par le ressouvenir de faits oubliés (cryptomnésie) ;
5° Par des rappels et des suggestions de notre vie active de veille.
Ainsi s’explique que dans le sommeil on puisse, comme les somnambules, voir dans l’obscurité, soit par hallucination, soit par souvenirs d’images qui se prolongent dans le rêve, soit par hyperesthésie de la rétine. Par exemple miss Mason, réveillée à l’improviste dans une chambre obscure, y distingue divers objets, et de plus deux barres de fer contre une porte, passées inaperçues à l’état de veille. On comprend mieux qu’on puisse se rappeler en rêve des faits complètement oubliés, ainsi que d’autres perçus sans attirer notre attention.
Des exemples du premier cas sont donnés par Delbœuf qui, obsédé en rêve par les mots Asplenium Ruta Muralia et incapable d’en découvrir l’origine, les retrouve ensuite en un ancien manuscrit de sa main. Citons aussi le cas de Borockelbank qui, perdant un couteau et le cherchant en vain, rêve de l’avoir mis dans une poche de pantalon, où il le retrouve en effet. Miss Crellin perd un diamant incrusté dans une bague, voit en rêve le coin où elle l’a laissé tomber et l’y retrouve le lendemain. Miss Flora Tuart, jouant au croquet, perd un anneau de prix et le voit en rêve sous un banc devant la maison.
Un enfant, à qui on avait fait cadeau d’une bague, l’égare. La première nuit il a un rêve vague qu’il oublie au réveil, et la nuit suivante un autre plus précis qui lui fait retrouver l’objet perdu.
Un jardinier allant en ville perd en route une bourse avec de l’argent et désespère de la ravoir à cause de la grande circulation. Il voit ensuite en rêve l’endroit exact de la chute et y retrouve la bourse. M. Herbert Leurs perd une lettre importante, la cherche tout le jour en vain dans une chambre. Un rêve la nuit suivante la lui fait retrouver dans un coin de cette chambre.
Ce sont là des cas de cryptomnésie, de reviviscence de la mémoire dans le sommeil. Par là s’expliquent aussi les problèmes résolus en rêve.
Hayes, artiste éminent, enseignant la géométrie à ses fils, ne peut trouver la troisième solution du problème, tirer une droite sur un plan, dont il ne peut citer que deux solutions. Un rêve ultérieur lui montre clairement la figure géométrique donnant le troisième cas du problème.
Un caissier, Davey, fait dans ses comptes une erreur dont il se tourmente toute une semaine sans pouvoir la retrouver. Il refait en songe tous les calculs et découvre l’erreur.
Jusqu’ici l’explication est facile. Mais comment comprendre la connaissance en rêve de choses absolument ignorées du sujet et l’exacte prévision de la date de sa mort ? Miss Carleton voit une amie en songe le lendemain du décès de celle-ci, et la morte lui annonce qu’elle reviendra en rêve vingt-quatre heures avant sa mort, ce qui arriva en effet quarante ans après.
Miss Arabella Barret voit en songe sa sœur morte, laquelle lui prédit qu’elle mourrait au bout de cinq ans, ce qui fut vérifié.
Ces cas nous montrent dans le rêve une lucidité vraiment inexplicable.
M. Peterson, occupé d’affaires minières au Bengale, découvre un jour dans sa caisse un fort déficit qu’il ne peut s’expliquer. Dans un songe, la nuit suivante, il entend prononcer le nom de Baboo, lequel fut peu après reconnu l’auteur du vol.
Un magistrat juge entre deux associés, dont l’un était mort. Le survivant se disait créancier, tandis que l’héritier du défunt le prétendait débiteur. Le juge, la nuit d’après, voit en songe un livre de commerce d’un des plaideurs et y découvre des renseignements sur l’affaire. Il se le fait apporter, à son réveil, et y retrouve la page vue en rêve.
Un inspecteur, chargé de surveiller une certaine étendue de voie ferrée, entend en rêve une voix qui lui crie par trois fois : « Veille au pont ! » Le jour suivant, il s’aperçoit que les piles en étaient minées par l’eau.
Brighton, capitaine de navire, dormant par temps calme, entend en rêve : « Prends garde, vous allez couler ». L’angoisse le réveille, il court à demi vêtu sur le pont et voit la mer tranquille sans rien de menaçant. Il revient s’habiller dans sa cabine, la voix continue à l’obséder, il retourne sur le pont et, regardant dans la direction de la voix, il voit venir au loin un grand vapeur qui l’aurait infailliblement coulé.
Ajoutons deux cas tout récents, l’un de vision à distance en rêve, l’autre de prémonition, contrôlé ? par témoins à Chicago et à Turin.
Miss Loganson de Chicago, âgée de dix-neuf ans, voit assassiner en songe son frère Oscar, agriculteur à Marengo, à 80 kilomètres de là, et elle accuse du meurtre avec insistance un cultivateur voisin. Tout d’abord on ne fait pas attention à ses dires, puis on lui permet d’envoyer une dépêche. On reçoit comme réponse : « Oscar disparu ». La jeune fille part alors pour la ferme d’Oscar avec un de ses frères et des agents de police. Elle les conduit directement à la maison d’un certain Bedford, où l’on découvre dans la cuisine des traces de sang. Miss Loganson ne s’y arrête pas et se dirige vers un poulailler. Bien que les agents fassent remarquer la vieillesse du pavage, ils consentent à faire des fouilles devant l’insistance de la jeune fille et sa terrible agitation. C’est ici, dit-elle, que mon frère est enterré. On ne trouve d’abord qu’un manteau, puis, en continuant les fouilles, le cadavre d’Oscar à 1m, 50 de profondeur. Bedford fut arrêté peu après à Ellis (Nebraska) et reconnu coupable. Miss Loganson déclara que l’esprit de son frère l’obsédait depuis quelques jours.
Rosa Tirone, servante hystérique de trente-cinq ans, rêve qu’un jeune homme de son pays, aimé d’elle, lui dit de jouer à la loterie quatre numéros : 4, 53, 25, 30. Peu après la Tirone joue une certaine somme sur ces nombres, lesquels sortent en effet le samedi suivant.
Cet ensemble de faits permet de conclure à l’existence d’une nombreuse série de phénomènes en dehors des lois de la psychophysiologie et ayant pour caractère commun et constant de se manifester le mieux chez les hystériques et les névropathes ainsi que dans l’hypnose et le rêve. Ces états sont marqués par l’inaction plus ou moins complète de l’idéation normale et par la prédominance de l’activité inconsciente, laquelle échappe à l’étude scientifique. C’est ce qui montre qu’une fonction peut être suractive lorsque son organe est tout à fait inactif.
Tous ou presque tous les phénomènes observés chez les hypnotisés m’ont paru sortir des lois de la physiologie et de la pathologie et rentrer dans l’inconnu. Donnons les résultats de quelques recherches sur ce sujet.
Mémoire. – Les phénomènes de mémoire sont ceux qui m’ont le plus frappé par leurs singulières variations suivant les individus et les cas. Tandis que l’intelligence, comme nous le verrons, est obscurcie dans l’état hypnotique, il est curieux de voir combien la mémoire y est parfois surexcitée.
Énonçant à Chiarl., jeune étudiant hypnotisé, douze groupes de chiffres, il me répète au bout d’une demi-heure les six premiers groupes, avec une seule erreur. Bien qu’il ignore l’allemand, je lui ordonne de lire une ligne de cette langue et de la transcrire au bout d’une demi-heure. Il réussit à en reproduire les lettres, dans leur forme gothique, avec trois erreurs seulement sur soixante lettres. Le livre fermé, il put retrouver la page et la ligne.
J’ai pu vérifier, comme Delbœuf, que le souvenir d’un rêve suggéré se conserve au réveil chez le sujet, pourvu qu’il ait à la main un objet en rapport avec le rêve. L’ordre de conserver le souvenir de l’acte accompli en rêve ne m’a pas paru très efficace. J’ai remarqué parfois la persistance d’un souvenir vague, sans ordre préalable.
À remarquer aussi le grand changement de la personnalité, tant dans la pensée que dans l’écriture, sous l’influence de la suggestion. On suggère au sujet Col. le personnage de Garibaldi, et il écrit ce vibrant ordre du jour : « Soldats, nous attendons aujourd’hui de vous des prodiges de valeur », d’une écriture très énergique.
Les ordres à exécuter au bout d’un certain temps le sont très exactement dans la proportion de cinq sur sept. Les sujets, une fois réveillés, distraits et occupés de toutes façons, se troublent et s’interrompent soudain, juste à l’heure suggérée, et exécutent l’ordre.
C’est ce que l’on savait déjà des hystériques, qui souvent prévoient exactement, des semaines et des mois à l’avance, le jour, l’heure et même la minute de leurs accès, alors que montres et pendules sont arrêtées et qu’on les distrait de toutes façons.
Ce fait, déjà signalé par Richet, paraît inexplicable, la division du temps étant œuvre humaine artificielle. Il faut admettre qu’il peut se former dans le cerveau, par l’exercice, un centre spécial pour la mesure du temps, tout comme pour l’écriture, centre pouvant devenir ultra-sensible dans les états ci-dessus.
Il existe pourtant des exceptions. Chiarl, en présente en ce cas comme en bien d’autres ; de même la femme Verol. Ces deux sujets oublient parfois, même au bout de peu de temps, d’exécuter un ordre au moment suggéré. Ils se montrent cependant agités, comme s’ils oubliaient un devoir pressant. Mais cette inquiétude disparaît dès qu’on leur rappelle la chose à faire, et aussitôt ils exécutent l’ordre avec ardeur, comme poussés par un besoin irrésistible. Si par exemple on suggère à Chiarl, de lire au bout de vingt-huit minutes une ligne donnée d’un livre allemand, ce temps écoulé, il paraît soucieux et regarde de tous côtés sans rien faire. Mais, dès qu’on lui met sous les yeux le livre mêlé à d’autres objets, il se précipite dessus avec un sourire de satisfaction, l’ouvre et lit la ligne.
Ces cas montrent que dans l’hypnose se vérifie la marche normale des associations d’idées se réveillant les unes les autres et déterminant les volitions. Même vérification des lois d’association dans les cas suivants.
Suggérant à Col. un personnage de brigand, il n’accepte la suggestion qu’avec répugnance. Mais, dès qu’elle est reçue, il se montre violent, brandit une plume en guise de poignard et transperce des ennemis imaginaires. Il écrit une lettre de l’écriture brutale des criminels. Un moment après, lui ayant suggéré une personnalité d’enfant, il écrit d’une écriture enfantine et douce. Plus tard les deux suggestions se confondent, la seconde se superposant à la première, et l’écriture présente le même mélange, ainsi que le style.
On a ici la preuve de ce que Sergi appelle la stratification du caractère. La seconde suggestion fait partiellement oublier le personnage antipathique de brigand et fait prévaloir le rôle sympathique de l’enfant. À remarquer la facilité avec laquelle les hypnotisés, même mégalomanes, acceptent ce dernier. Ce qui s’explique par le souvenir toujours doux de cet âge, par la sympathie qu’il inspire même aux plus durs, et surtout parce qu’il est le mieux en rapport avec l’état de passivité mentale du sujet.
Mêmes confusions et superpositions de suggestions, par des suggestions nouvelles, et aussi par de simples changements dans les mouvements musculaires. En faisant froncer à l’hystérique V. le muscle ciliaire droit, on provoque chez elle des idées tristes ; en agissant sur le muscle risorius, des idées gaies apparaissent et se mêlent aux premières.
Même effet de l’hypnose provoquée sur des sujets sains. Chiarl., à qui l’on fait simultanément contracter les muscles ciliaires et risorius, dit riant et pleurant à la fois qu’un singe fait mourir son patron à force de grimaces. Exemple de superposition rapide amenant une fusion instantanée.
Cette observation n’est pas neuve, car elle remonte à Dumontpellier et au docteur Silva. Mais dans les cas ci-dessus elle se vérifie sur des sujets simplement hypnotisés et non pas seulement sur des hystériques.
Écriture. – J’ai pu confirmer, sur hystériques et hypnotisés, une observation de Richet concernant le rapport entre l’écriture et le caractère.
J’ai réussi à donner en moins d’une heure à l’étudiant Chiarl, les caractères et les écritures d’enfant, de paysanne, de Napoléon, de professeur de calligraphie, de vieille femme ; à l’étudiant Lesc. les caractères d’enfant, de jeune mariée, de paysan, de brigand ; à l’étudiant Col. ceux d’enfant, de brigand, etc.
On peut ainsi par la suggestion changer le sexe, la condition, le caractère, et modifier simultanément la façon de penser, le style et l’écriture.
Il est singulier que l’essentiel de nous-mêmes, la personnalité, puisse ainsi prendre des formes nombreuses et différentes dans l’état hypnotique.
Les états hypnotiques, tant provoqués que provenant de maladies, ont une grande variété, bien que toujours analogues dans leurs grandes lignes. Nous l’avons vu pour la mémoire. Voyons maintenant pour la volonté.
Volonté. – Elle est d’ordinaire abolie et souvent remplacée par celle de l’hypnotiseur. On sait que les sujets hypnotisés se rebellent parfois contre les suggestions opposées à leur caractère ; et c’est ce qui permet de mesurer jusqu’à un certain point la force de caractère.
Une femme hystérique et débauchée, mise en état d’hypnose, acceptait volontiers les personnages de voleur, de séducteur, d’officier, mais se révoltait lorsque je voulais la transformer en savant ou en prédicateur de morale. Il lui répugnait plus de changer de caractère que de sexe.
La plus curieuse preuve de cette répugnance m’a été donnée par deux étudiants. Col. et Chiarl., à qui j’avais suggéré le rôle de voleur. Plutôt que de m’obéir, ils s’échappèrent de la chambre, courant comme des fous dans la cour. Mais l’un d’eux consentit après hésitation au rôle de brigand, plus acceptable par son côté héroïque. Les rôles de femme et de chiffonnier furent rejetés avec dédain, ce qui s’explique par la tendance mégalomane manifeste chez les hypnotisés comme chez les enfants et les sauvages.
Le même Chiarl, se réveillait de suite si on lui imposait des suggestions absurdes ou contraires à son caractère. Mais il acceptait celles qui ne l’étaient pas trop. C’est ainsi qu’il consentait à être Napoléon en même temps qu’enfant, le génie même passant par l’enfance. Tout ceci prouve que le caractère nous détermine plus que l’intelligence, et que la suggestion a une limite, toutefois reculable par l’éducation hypnotique.
Intelligence
Toutefois les individus incultes acceptent et jouent mal le rôle de personnages illustres, restent vulgaires et ont de la répugnance à écrire.
Actions de diverses substances. – Après Bourrou, Burot et Richet, nous avons étudié, sur des sujets hypnotisés, les effets de divers médicaments agissant à l’extérieur du corps. Un flacon de teinture de cantharide, appliqué sur la main, provoque chez Victorine M. , et plus encore chez la femme R., des gestes érotiques bien nets ; l’alcool produit chez elles des signes d’ivresse : langue empâtée, gestes hésitants, etc. Un marin, qui pouvait boire impunément une certaine dose d’alcool et de chloral, tombe ivre et s’endort, une fois hypnotisé, au seul contact de ces deux corps. Une solution de morphine dans du laurier-cerise, mise dans les mains d’une hystérique, provoque le sommeil et des hallucinations gaies. Chez le même sujet, un flacon de valériane, substitué à la morphine, produit aussitôt de l’excitation et une sensation de brûlure, qu’un tube de chloral calme instantanément. L’alcool lui fait voir des bêtes féroces.
Un pot de jaborandi provoque de la salivation et des sueurs abondantes. Le laurier-cerise produit des convulsions et aussi de l’extase et des visions, religieuses ; l’alcool éthylique une ivresse furieuse ; la pilocarpine sucre la salive.
Chez mon sujet Chiarl., un paquet d’un centigramme de quinine, appliqué derrière la nuque, produit immédiatement des sensations de bruit violent et de saveur amère.