Pâles, les goélands sur le ciel de soie bleue,
Semblent une vaine broderie chinoise ; –
À peine un accent qui blanchoie
Sur la luisance trop langoureuse.
Ils sont d’argent bruni dans les vallons des vagues,
Sous la poudre diamantée des écumes,
De nacre rose en la tristesse des lagunes, –
En l’or vert des longs soirs d’été, près des rivages ;
De perle où flottent les mousselines de l’air,
Sous les blancs îlots d’arbres moutonneux du ciel
Qui dérivent tout doucement dans la lumière
Comme au fil d’un courant de sommeil.
De béryl sombre sur les suaves splendeurs
Des aurores, ces floraisons fluides ; –
De vieil or aux sources bleues durement limpides
Des torrides midis endormeurs ;
D’améthyste verdie sur les cuivres sanglants
Du lac fou des tragiques splendeurs vespérales, –
D’acier noir dans le crépuscule évanescent
Où perce la mélancolie astrale ;
Ils effleurent d’immatériels
Océans, peu connus de la science humaine,
Planent en un ciel où sans avoir besoin d’ailes
Planent des âmes plus lointaines.
En des fraîcheurs d’éternel matin cristallin,
Doux comme un pur soir d’extase silencieuse
Après un jour de neuve espérance amoureuse,
En des zones de mélodie câline
Où l’indicible des lointains rêves berceurs
Oubliés, perdus aux brumes de l’impossible,
Revit plus réel que le tangible ;
Où les regrets se muent en aube de bonheur.
*
Mais ils sont châtiés de leurs désirs trop vastes
Ayant forcé les seuils d’azur avant « les Temps » ;
Leur voix qui tente de traduire leurs extases
Se perd lugubre et grêle, dans l’espace ;
Et ces cueilleurs de rayons fulgurants,
Trouveront-ils, un jour, la vergue du navire
Calme et filant, d’un blanc de vaporeux névé,
Qui portera, par un ciel clair plein de sourires,
Leurs repos las vers les beaux horizons rêvés ?