L’auteure, Lolita Rubens, est docteure en psychologie et maître de conférence à l’Université Paris Est Créteil Val-de-Marne. Passionnée par la vulgarisation de sa discipline, elle est également coordinatrice du projet Psychopium.com, un site internet qui diffuse la psychologie scientifique au plus grand nombre.
Des chercheurs en psychologie étudient, de par le monde, des milliers de facettes de notre comportement. Les auteurs de la collection In psycho veritas opèrent, parmi celles-ci, une sélection drastique ; ils pointent pour nous les études les plus percutantes, les plus pertinentes, les plus étonnantes, celles qui sont susceptibles de répondre à nos préoccupations.
Et nous voici embarqués dans un voyage initiatique au sein de l’univers de la recherche en psychologie… À partir de questions faussement anodines, voire légèrement provocantes, les auteurs nous amènent, mine de rien, à réfléchir en véritables scientifiques. Question posée, mise en contexte, méthode, résultat, conclusion, source.
Le premier petit miracle est que toute cette démarche est ici ramassée sur une double page ; le deuxième miracle est que les auteurs ont trouvé un ton léger, drôle et précis pour rendre cela intelligible.
À la question « Faut-il avoir les mêmes amis que son partenaire ? », vous seriez tenté(e) de répondre en fonction de votre expérience personnelle ou de l’observation de votre entourage. Seule une véritable recherche permet de répondre objectivement à cette question. Peut-être vous arrivera-t-il aussi de contester certains résultats, d’invoquer des contre-exemples… Une plongée dans le déroulement de la recherche risque de vous amener à questionner certaines idées reçues ; vous verrez vos convictions tantôt renforcées, tantôt ébranlées… tel est également l’objectif de la collection In psycho veritas !
Bien sûr, la problématique de l’amitié ne se résume pas en 60 questions. Bien sûr, chacune des thématiques abordées comporte d’autres facettes, d’autres angles d’approche.
In psycho veritas se veut déclencheur ; les 60 questions posées dans le livre en appellent 60 autres qui, elles-mêmes, en appelleront 60 nouvelles – pour lesquelles nous aurons appris à distinguer « ce que j’en pense » de « ce qu’en dit la science »…
Le titre de la collection est bien sûr inspiré de l’expression latine In vino veritas ; elle nous dit qu’un verre de vin ôte certaines inhibitions et nous fait, parfois malgré nous, dire la vérité (ou du moins certaines vérités). Par association d’idées, In psycho veritas, en vous plongeant au cœur du travail des chercheurs en psychologie, vous aidera à mieux comprendre certains comportements et vous permettra de décoder certaines « vérités ».
Gageons que vous y prendrez autant de plaisir qu’à déguster un bon verre de vin… et à le partager !
L’éditeur
01 | Avoir des amis rend-il heureux ?
L’impact des relations amicales sur le niveau de bonheur
02 | Le bonheur est-il proportionnel au nombre d’amis ?
L’impact du nombre d’amis, du meilleur ami et de la personnalité sur le bonheur
03 | Dire merci aide-t-il à se faire des amis ?
L’effet de l’expression de gratitude sur la création de nouvelles amitiés
04 | Le bonheur de vos amis est-il contagieux ?
La propagation du bonheur dans les groupes d’amis
05 | Faut-il gâter vos amis ?
L’effet de la dépense pour autrui sur le niveau de bonheur
06 | Ne pas avoir de vrai ami peut-il vous mener à la dépression ?
La perception de la solitude et son impact sur les symptômes dépressifs
07 | Quels sont les amis qui vous aident le plus dans les moments difficiles ?
L’impact du meilleur ami sur la gestion des expériences négatives
08 | Vos amis losers vous réconfortent-ils quand ça ne va pas ?
L’impact de l’humeur sur le choix des amis auxquels on veut se comparer
L’impact des relations amicales sur le niveau de bonheur
On aimerait tous détenir la clé du bonheur, cet élément qui, à coup sûr, pourrait nous rendre heureux. Nos amis pourraient-ils être la source de notre bonheur ? Ces questions intéressent de très près les chercheurs en psychologie positive. L’étude américaine dont il est ici question est la première à avoir été menée pour mieux comprendre les gens très heureux et ce qui fait qu’ils le sont. L’objectif des chercheurs était de découvrir s’il existe des facteurs suffisants (s’ils sont présents, on est forcément heureux) et nécessaires (si on est heureux, alors ils sont forcément présents) au bonheur. La clé du bonheur serait un facteur considéré à la fois comme nécessaire et suffisant.
Les chercheurs ont fait passer différents questionnaires à 222 étudiants. Ils ont ainsi pu repérer, parmi ceux-ci, les 22 étudiants les plus heureux (14 femmes et 8 hommes). Ces derniers se distinguaient des autres sur différents aspects : la satisfaction globale qu’ils éprouvaient par rapport à leur vie, leurs émotions – positives et négatives – relevées au milieu et à la fin du semestre, leur humeur quotidienne (mesurée pendant les 2 mois de l’étude grâce à un journal de bord), la façon dont leurs pairs et amis les évaluaient, leur personnalité, leur rapport au suicide et leur capacité à se remémorer des événements positifs et négatifs. Ce groupe d’étudiants très heureux était ensuite comparé aux 24 étudiants les moins heureux et aux étudiants moyennement heureux.
Les étudiants les plus heureux n’avaient jamais pensé au suicide et pouvaient se souvenir de bien plus d’événements de vie positifs que négatifs. Ils semblaient également ressentir plus d’émotions positives que négatives au quotidien, sans être pour autant dans un état de béatitude permanent. Aucun d’eux ne présentait de pathologie mentale. En contraste, les étudiants très malheureux n’étaient pas satisfaits de leurs amis et de leur famille. Ils faisaient état d’autant d’émotions positives que négatives au quotidien, et la moitié d’entre eux souffrait d’une pathologie mentale. Les relations sociales sont apparues comme étant un élément important pour atteindre le bonheur. En effet, les étudiants les plus heureux étaient ceux qui passaient le moins de temps seuls et le plus de temps avec leurs amis. Ils étaient également les mieux notés concernant la qualité de leurs relations aux autres.
Les gens les plus heureux semblent avoir des relations sociales riches et satisfaisantes ; ils passent – comparativement aux autres – peu de temps seuls. De bonnes relations sociales – et donc des liens forts avec ses amis – semblent constituer une condition nécessaire au bonheur. Les auteurs ont cependant montré qu’elle n’était pas suffisante. Si la clé du bonheur n’a pas encore été découverte, vous entourer de vos amis vous mettra quoi qu’il en soit sur la bonne voie !
Source : Diener, E., & Seligman, M. E. P. (2002). Very happy people. Psychological Science, 13(1), 81-84.
L’impact du nombre d’amis, du meilleur ami et de la personnalité sur le bonheur
Des études ont montré que 50 % de ce qui fait notre bonheur serait dû à des facteurs héréditaires, fixes et stables, comme notre personnalité. Mais 40 % relèverait de nos activités intentionnelles, des choses que l’on fait dans nos vies, comme entretenir des amitiés. Des chercheurs ont tenté de comprendre ce qui était le plus important : notre personnalité ou le fait d’être bien entourés par nos amis ? En outre, est-il important d’avoir beaucoup d’amis ou plutôt d’avoir des relations de qualité avec eux ? Enfin, quels sont les aspects de l’amitié qui importent vraiment lorsque l’on parle de bonheur ?
Des chercheurs américains ont interrogé 300 femmes et 123 hommes de 18 à 44 ans (la moyenne d’âge était de 23 ans), en face à face ou par téléphone. Les participants répondaient d’abord à différentes questions concernant le nombre de leurs amis, la qualité de leur relation avec leur meilleur ami et les conflits qu’ils pouvaient rencontrer dans leurs relations amicales. On leur proposait ensuite un test de personnalité prenant en compte cinq dimensions (dont l’agréabilité et l’extraversion). Enfin, un score global de bonheur était évalué à l’aide des réponses à plusieurs questionnaires mesurant notamment la satisfaction globale par rapport à la vie ainsi que les émotions positives et négatives.
Les résultats ont montré qu’un score élevé de bonheur était lié à une bonne qualité de relation et au fait d’avoir peu de conflits avec son meilleur ami. Certaines dimensions de la personnalité (notamment l’agréabilité et l’extraversion) y étaient également liées. Cependant, ces éléments de personnalité se sont avérés moins importants que la qualité des amitiés dans la prédiction du bonheur. Ainsi, même si on a des prédispositions au bonheur, avoir des relations amicales constitue un plus. Le nombre d’amis, lui, n’a pas d’impact sur le niveau de bonheur. Enfin, il semblerait que le partage et le soutien soient les deux éléments expliquant pourquoi les amis sont importants pour notre bonheur.
Cette étude confirme que la personnalité et les relations amicales – en particulier, avec le meilleur ami – ont une influence sur le niveau de bonheur, mais elle permet également d’observer que ce n’est pas le nombre, mais la qualité des amitiés qui compte. De plus, l’impact de la qualité des relations avec nos amis sur notre bonheur est plus important que celui de notre personnalité. Nos actions comptent donc plus qu’un élément considéré comme inné. Ainsi, rien ne sert de collectionner les amis si la relation que vous entretenez avec chacun d’eux n’est pas de qualité !
Source : Demir, M., & Weitekamp, L. A. (2007). I am so happy ‘cause today I found my friend : Friendship and personality as predictors of happiness. Journal of Happiness Studies, 8(2), 181-211.
L’effet de l’expression de gratitude sur la création de nouvelles amitiés
Dire merci peut nous sembler tout à fait automatique ; c’est une règle de politesse que nous avons apprise étant enfants et à laquelle nous ne pouvons échapper sans paraître grossiers. Mais ce « merci » pourrait-il avoir un pouvoir insoupçonné ? Pourrait-il être le reflet de notre capacité à entretenir des relations sociales de qualité ? Des chercheuses ont voulu vérifier si l’expression de notre gratitude envers nos amis – ou envers des personnes que nous ne connaissons pas – pouvait donner de nous une image plus positive. Un simple « merci » pourrait-il nous aider à nous faire de nouveaux amis ?
Les chercheurs ont invité 70 étudiants de 18 à 26 ans à évaluer la candidature d’un lycéen qui souhaitait rejoindre leur université afin de l’aider à améliorer son dossier. Une semaine plus tard, la moitié des étudiants ont reçu un mot du lycéen qui accusait bonne réception de leurs remarques et les remerciait chaleureusement de leur aide en ces termes : « Merci BEAUCOUP pour le temps et les efforts fournis pour moi ! » L’autre moitié des étudiants ont reçu le mot accusant réception de leurs commentaires, mais sans remerciement. Les chercheuses ont ensuite mesuré les impressions des participants envers le lycéen ainsi que leur volonté de faire sa connaissance et de créer des liens avec lui. Enfin, elles proposaient aux participants de laisser leur carte de visite au lycéen pour qu’il puisse les contacter.
Les étudiants qui ont reçu le mot de remerciement de la part du lycéen l’ont évalué comme plus chaleureux (plus amical, attentionné, positif, poli et sympathique) que ceux n’ayant pas reçu de mot de remerciement. De plus, ils ont déclaré être plus enclins à créer un lien avec lui (le présenter à leurs amis, le recevoir pour lui faire visiter le campus, communiquer avec lui par e-mail, etc.). Enfin, ils ont également été plus nombreux à laisser leur carte de visite à l’attention du lycéen que les étudiants qui n’avaient pas été remerciés. Enfin, l’étude montre que c’est uniquement l’image plus chaleureuse du lycéen qui a poussé les participants à vouloir créer un lien avec lui, et non les compétences de celui-ci, qui n’étaient pas évaluées différemment dans les deux groupes.
Cette étude montre que le simple fait de dire merci à quelqu’un que l’on ne connaît pas nous permet d’éviter de passer pour un(e) mal élevé(e), mais surtout de bénéficier d’une image positive et de pousser l’autre à vouloir maintenir la relation créée avec nous. C’est donc une façon de gagner de potentiels nouveaux amis. Si vous repérez une personne avec qui vous voulez être ami(e), trouvez une bonne raison de la remercier !
Source : Williams, L. A., & Bartlett, M. Y. (2015). Warm thanks : Gratitude expression facilitates social affiliation in new relationships via perceived warmth. Emotion, 15(1), 1-5.
La propagation du bonheur dans les groupes d’amis
On a rarement autant parlé du bonheur. Considéré comme le but ultime de l’existence, on se plaît à le disséquer et à énumérer les façons de l’atteindre. Si on commence à bien comprendre ses causes, peu d’études s’intéressent à un de ses déterminants clés : le bonheur des autres. On sait déjà que les émotions se transfèrent, par imitation ou par « contagion ». Mais on peut encore se demander 1) si le bonheur peut se propager sur de longues périodes de temps et de larges réseaux sociaux, 2) si cette propagation ne se fait qu’entre relations directes (les amis, par exemple) ou aussi entre relations plus indirectes (comme les amis d’amis), et 3) s’il existe des contraintes géographiques et temporelles sur la propagation du bonheur au sein d’un réseau social.
Plus de 4 700 personnes vivant aux États-Unis ont été suivies durant 20 ans (entre 1983 et 2003). Un peu plus de la moitié étaient des femmes et, au début de l’étude, l’âge moyen était de 38 ans. Tous les 2 à 4 ans, les participants à l’étude ont renseigné leurs proches, leurs amis proches, leur lieu de résidence et leur lieu de travail. Plusieurs types d’amitié ont été pris en compte : les amitiés mutuelles (pour lesquelles les deux individus se désignaient) et les amitiés à sens unique (dans lesquelles seul l’un des individus désignait l’autre). Ils répondaient également à 4 questions permettant de calculer un score de bonheur.
Les gens heureux semblent être connectés les uns aux autres. Ils influencent le bonheur des personnes de leur réseau jusqu’à trois niveaux de connaissance : un individu a 15 % de chance de plus d’être heureux lorsqu’il est directement connecté à une personne heureuse, ce pourcentage tombe à moins de 10 % lorsque la personne heureuse est à 2 degrés de connaissance, et à 5 % lorsqu’elle est à 3 degrés. Chaque individu heureux augmente les chances des personnes de son réseau d’être heureuses, alors que les individus qui ne sont pas heureux dans le réseau réduisent ces chances. Enfin, nos proches heureux augmentent d’autant plus nos chances de l’être également qu’ils habitent près de chez nous (un ami mutuel habitant près de chez nous augmente nos chances d’être heureux de 63 % !).
Le bonheur d’un individu dépend donc du bonheur des personnes appartenant à son réseau social, personnes auxquelles il est connecté. Les changements de bonheur dans la vie des gens peuvent se propager dans leur réseau social, créant ainsi des groupes de gens heureux et des groupes de gens qui le sont moins. Les auteurs expliquent cette propagation par le fait que les personnes heureuses partagent leur bonheur, changent leurs comportements vis-à-vis des autres et/ou expriment des émotions positives contagieuses. Si vous cherchez le bonheur, voici donc une nouvelle idée : entourez-vous de gens heureux !
Source : Fowler, J. H., & Nicholas A. C. (2008). Dynamic spread of happiness in a large social network : Longitudinal analysis over 20 years in the Framingham Heart Study. British Medical Journal, 337, a2338.
L’effet de la dépense pour autrui sur le niveau de bonheur
De nombreuses recherches ont montré que certains comportements altruistes (aider les autres, par exemple) permettent d’augmenter notre niveau de bonheur, mais que cet effet ne dure généralement pas. Néanmoins, le bien-être éprouvé en conséquence de tels comportements pourrait nous inciter à nous engager de nouveau dans ces mêmes comportements et, ainsi, engendrer une boucle entre comportement altruiste et bonheur, les deux s’influençant mutuellement et positivement. Des chercheurs se sont intéressés à l’existence d’une telle boucle pouvant maintenir le niveau de bonheur au travers d’un comportement spécifique : dépenser de l’argent pour quelqu’un d’autre – un ami ou une œuvre de charité, par exemple. Dépenser son argent pour les autres peut-il nous rendre heureux, et ce, sur le long terme ?
Une cinquantaine de personnes ont été recrutées sur un campus canadien. Quatre groupes ont été formés. On a demandé aux membres de chaque groupe de se rappeler et de décrire en détail la dernière fois qu’ils avaient dépensé de l’argent (selon le groupe, soit 20 $ pour eux-mêmes, soit 20 $ pour quelqu’un d’autre, soit 100 $ pour eux-mêmes, soit 100 $ pour quelqu’un d’autre). Ils remplissaient ensuite un questionnaire mesurant leur niveau de bonheur. Enfin, on offrait aux participants la possibilité de dépenser une certaine somme (5 ou 20 $) pour eux-mêmes ou pour quelqu’un d’autre.
Tout d’abord, les participants à qui on avait demandé de se rappeler un achat pour quelqu’un d’autre avaient un niveau de bonheur plus élevé que ceux qui se rappelaient un achat pour euxmêmes. Ensuite, la moitié des participants voulait dépenser l’argent reçu pour eux-mêmes, et l’autre moitié pour quelqu’un d’autre. Ce qui déterminait le fait de donner à quelqu’un ou de garder la somme pour soi était le niveau de bonheur relevé précédemment : les individus les plus heureux étaient les plus susceptibles de choisir la dépense pour autrui. Une analyse plus poussée a confirmé que c’était bien parce que ces individus étaient plus heureux qu’ils choisissaient la dépense pour autrui et non uniquement parce qu’ils s’étaient rappelé une dépense de ce type avant le choix.
Il existe bel et bien une boucle positive entre dépense pour autrui et bonheur : se rappeler avoir dépensé son argent pour autrui augmente le niveau de bonheur, et un niveau de bonheur élevé augmente la probabilité de choisir de le faire à nouveau. Un grand niveau de bonheur semble donc étendre l’état d’esprit des individus en leur permettant d’y inclure des pensées pour les autres. Des recherches précédentes avaient montré qu’une dépense pour autrui augmentait le niveau de bonheur ; ici le simple souvenir d’une telle dépense a le même effet. Cette stratégie simple à appliquer offre une piste potentielle vers un bonheur durable. Si vous voulez être heureux(-se) et le rester, il ne vous reste plus qu’à gâter vos amis !
Source : Aknin, L. B., Dunn, E. W., & Norton, M. I. (2011). Happiness runs in a circular motion : Evidence for a positive feedback loop between prosocial spending and happiness. Journal of Happiness Studies, 13(2), 347-355.
La perception de la solitude et son impact sur les symptômes dépressifs
La solitude peut parfois engendrer un profond sentiment de vide et d’inutilité et représenter une menace pour notre bien-être. Malheureusement, certaines personnes se sentent seules même lorsqu’elles sont entourées. En effet, tout est question de perception ! Certains contextes sont cependant connus pour augmenter ce sentiment de solitude