Maquette : Antonin Crenn
Achevé d’imprimer en août 2013 par Laballery à Clamecy (Nièvre)
Dépôt légal second semestre 2013
Première édition.
ISBN imprimé : 978-2-36626-011-3
ISBN numérique : 978-2-36626-055-7
L'ange gardien de Montevideo
Felipe Polleri
Christophe Lucquin Editeur
L'ange gardien de Montevideo
L’ange gardien de Montevideo propose un univers qui s’aventure sur des terrains dangereux comme l’absurde, l’hallucination, ou simplement, le délire.
Écrit à la manière d’un journal daté, le roman ne se concentre pas sur un seul personnage. On y trouve la présence récurrente du concierge suppléant (Néstor), et d’un supposé écrivain (l’écrivain du 101) qui s’empare à plusieurs reprises de la voix narrative.
L’humiliation du débile est constante. Elle est le centre du roman.
Ce débile, Néstor, cette marionnette en bois que certains propriétaires surnomment Pinocchio et d’autres tout simplement « l’idiot » est secrètement un ange novice, né de la douleur du monde pour souffrir, et être puni.
On l’accuse de se masturber, d’uriner dans le fauteuil de la réception, de s’endormir au travail. Néstor est l’otage de toute la haine qui parcourt la ville, sans passé ni avenir, atroce.
« Il est temps de noter dans ce dossier que je vis dans une ville au bord d’un fleuve ; comme le squelette d’une vache qui serait morte de soif avant d’arriver ou bien morte empoisonnée dès la première gorgée. » écrit Polleri.
Les dates divisent les épisodes et créent des petites histoires indépendantes les unes des autres, mais reliées entre elles par un fil presque invisible.
Felipe Polleri est né en juin 1953 à Montevideo. Diplômé en bibliologie, il a travaillé pendant près de quatorze ans à la Bibliothèque Nationale de Montevideo. En 1995, il démissionne et se consacre totalement à la littérature et à la pauvreté.
Laurent Audret. Des enfants, grand Prix Littéraire du Web 2014
Felipe Becerra Calderón. Chiens féraux, prix Roberto-Bolaño 2006
Mario Bellatin. La journée de la guenon et le patient. Dans la penderie de Monsieur Bernard. Salon de beauté
Benjamin Berton. J’étais la terreur
Antoni Casas Ros. Lento
Ana Clavel. Le dessinateur d’ombres. Les nymphes sourient aussi parfois
Florencia Edwards. Hitler in love
Espedite. Les aliénés
Rémi Giordano. L’été à Lulaby
Frédéric Huet. Guillaume Dustan
Roque Larraquy. La Madrivore
Shaun Levin. Un voyage à Arras : vie et mort d’Isaac Rosenberg
Amélie Lucas-Gary. Grotte
Alejandro Moreno Jashés. Johnny Deep – Le vagin de Laura
Ingalls – Berlin n’est pas à toi
Derek Munn. Un paysage ordinaire
Massimiliano Perrotta. Cornelia Battistini ou du Fighettisme
Raymond Penblanc. Phénix
Felipe Polleri. L’ange gardien de Montevideo. Baudelaire. Allemagne, Allemagne !
Erik Rémès. Barbares
Philippe Roi. Comment j’ai couché avec Roger Federer ?
Eusebio Ruvalcaba. Vers
Emilio Sciarrino. La maladie
Michaël Uras. Chercher Proust. Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse
Philippe Vourch. Les genoux écorchés
À paraître
Felipe Polleri. L’innocence
Pablo Gutiérrez. Rien n’est crucial
Eusebio Ruvalcaba. Nous avons tous des pensées assassines
Titre original :
Los sillones marchitos
Casa editorial Hum, Montevideo, 2012
© Felipe Polleri
© Christophe Lucquin Éditeur, 2013
Christophe Lucquin Éditeur
12, rue des Moulins – 75001 Paris
www.christophelucquinediteur.fr
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1. Sorte de gâteau, beignet farci.
1.
L’ange gardien de Montevideo
Premier trimestre
12 février
J’ai trouvé un travail convenable. Nous autres les Ordinateurs, nous devons nous cacher derrière des emplois humbles, voire méprisables. Je suis gardien, concierge pour être exact. Un travail très facile. J’ai un fauteuil vert confortable et une radio… La radio appartient au vrai concierge qui fait la sieste de deux à six heures pendant que moi, j’ouvre et ferme la porte donnant sur la rue (une grande porte en verre) et aide à porter les sacs et paquets remplis de choses improbables, épouvantables. Ces paquets aux formes obscènes, aussi obscènes et mesquines que les propriétaires de l’immeuble.
13 février
J’ai l’impression que le fauteuil, le fauteuil vert, est plein de puces et d’autres choses. On les a mis là… Ils y mettent des punaises, des aiguilles, des clous, et cætera. Je suis le jouet des propriétaires, de leurs plus jeunes enfants. Leur petit jouet. Leur marionnette en bois. Une sorte de Pinocchio. (Un Pinocchio idiot, ça c’est sûr.)
11 février
Aujourd’hui j’ai reçu mon premier salaire. Quelques pesos.
De nos jours, les billets sont plus grands que ceux d’avant, et les grands hommes qui les illustrent semblent sortis d’une galerie de tueurs en série du début du xxe siècle.