Les Illusions

STÉPHANE BLOK

Les Illusions

suivi de

Le Journal
d’Erik Suger

et de

Biographie

Bonjour, désires-tu boire quelque chose ? L’air est agréable il flotte une odeur d’été de fin d’après-midi de lumière bientôt rasante, oui volontiers excuse-moi je me permets de te redemander ton prénom il y a beaucoup de monde ici.

*

Je me réveille à peine

Un petit homme gras

Dans un costume trois pièces

Bleu marine rayé blanc

Déboule dans ma chambre

« Vous avez été très ridicule la nuit dernière, on vous le fera sentir »

Je n’ai pas le temps de répondre

Il s’en va

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Stéphane Blok est né le 10 juillet 1971 à Lausanne. Tout d’abord autodidacte et musicien de rue, il suit durant quatre ans des études à l’École de jazz et musiques actuelles de Lausanne. Il écrit plusieurs albums de chansons et signe en 1997 un contrat d’artiste auprès du label parisien Boucherie Productions. Poète et musicien, il écrit et compose pour le théâtre, la danse et le cinéma, réalise des installations multimédia et est également auteur de textes pour les chœurs traditionnels et folkloriques de sa région. Les Illusions est sa première publication chez Bernard Campiche Éditeur.

Couverture : Serge Cantero,
« Le Baiser », xylographie, 12,5 x 8,5 cm, 1994

Stéphane Blok

Les Illusions

suivi de

Le Journal
d’Erik Suger

et de

Biographie

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À Patrick de Leonardis

Toute dissemblance avec la réalité ou des personnages existants ne peut être que le fruit de votre imagination

LES ILLUSIONS

roman difforme

CHAPITRE I

C’est ainsi : un soir puis un matin

Bonjour, désires-tu boire quelque chose ? L’air est agréable il flotte une odeur d’été de fin d’après-midi de lumière bientôt rasante, oui volontiers excuse-moi je me permets de te redemander ton prénom il y a beaucoup de monde ici.

*

Je me réveille à peine

Un petit homme gras

Dans un costume trois pièces

Bleu marine rayé blanc

Déboule dans ma chambre

« Vous avez été très ridicule la nuit dernière,

on vous le fera sentir »

Je n’ai pas le temps de répondre

Il s’en va

Salut

Salut

Santé

Santé

On a de la chance qu’il fasse beau ce soir

Oui. Tu es une amie de Philippe ?

Non de François et toi ?

De Philippe

J’aurais pu le penser

Pas forcément

Et tu t’appelles ?

*

L’aube fraîche et bleue. Le premier rayon impact arrive et réchauffe instantanément le bout de bras de main de visage point de contact l’eau cachée jusqu’alors brille d’un coup plie la feuille verte les herbes tout autour scintillent.

Tôt sur une terrasse, devant un café, derrière le journal, sous un parasol, à l’ombre, à l’époque, à l’instant frais d’une journée qui s’annonce chaude, on a tous eu trente-deux ans sauf ceux qui sont morts avant et ceux qui sont morts après et qui ne sont plus là pour se souvenir. Le bruit des livreurs. Je décide d’arrêter de lire les horoscopes auxquels je ne crois pas parce qu’il me semble y trouver de plus en plus de correspondances avec mes journées, le phénomène est inquiétant.

*

Je demande à la pute camerounaise :

— Tu te plais en Suisse ?

Elle me répond :

— Quand on part à l’aventure, même si on arrive dans un pays en guerre, on reste.

*

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*

CHAPITRE II

C’est un soir, puis un matin, et c’est ainsi.

Il regarde derrière lui, regarde devant, pense

« J’ai très peur »

Il se souvient, n’imagine rien, confirme

« J’ai très peur »

*