Jacques-Étienne Bovard
Le Pays de Carole
Roman
Carole est sur le point de passer son ultime examen de spécialiste en gynécologie. Il va de soi qu’elle ouvrira ensuite un cabinet en province. Elle fera deux ou trois enfants, le gentil Paul s’en occupera, et assumera les travaux du «ménage». On habitera dans la ferme des parents, au bon air de la campagne. Ainsi tout sera bien. Merveilleuse convergence des intérêts de tout le monde. Le nouveau couple exemplaire.
C’est le plan, établi depuis des années, approuvé par tout le monde.
Mais Carole ne veut plus de tout ça.
Elle part.
Reviendra-t-elle ? Est-ce qu’il la reprendra ?
Éternelle histoire de l’homme qui voit son existence le fuir, par cassures subites, ou imperceptiblement, comme le sable entre les doigts : sa femme, sa famille, ses amis, ses projets, sa raison d’être.
Et pourtant Paul Ch., photographe, 34 ans, prétend refuser toute rupture. À l’ère u vite pris vite jeté, du «lâcher prise», il s’entête, s’enracine, s’acharne, à l’image des paysans du coin accrochés à leurs terres sans avenir.
Reviendra-t-elle ? La reprendra-t-il ?
En attendant, Paul fait des centaines de photos contre la mort du pays de Carole, écrit des milliers de lignes dans son journal intime, pour transformer la solitude en royaume, et retenir, rassembler tout ce qui semble se disperser en lui-même.
Ainsi ce roman de la dépossession et de la révolte, noué de tendresse et de violence amoureuses, devient-il, malgré la marche inexorable du temps, celui d’une vaste réconciliation, dans la coexistence de l’épars et de l’indéfectible.
Jacques-Étienne Bovard est né à Morges en 1961. Licencié en lettres, il est maître de français au Gymnase de la Cité, à Lausanne.
Loin de cacher son attachement à son pays, il s’efforce dès ses premières nouvelles, Aujourd’hui, Jean (1982), de saisir le romanesque ici et maintenant. Polémique avec La Venoge (1988), satirique dans son premier roman La Griffe (1992) ou les nouvelles de Nain de jardin (1996), dont le succès ne faiblit pas, il est aussi préoccupé par une constante quête de valeurs qui puissent résister aux dérives qu’il dénonce, et montrer la voie d’une «craie vie» de livre en livre plus éclairée.
Au délire sécuritaire et stérile répond ainsi l’essor de Demi-sang suisse (1994), au gouffre des incertitudes fin de siècle la générosité brute des Beaux Sentiments (1998) ou d’Une leçon de flûte avant de mourir (2000).
Couronné de nombreux prix, Jacques-Étienne Bovard fait partie des auteurs suisses romands les plus attendus et les plus largement reconnus.
Couverture : Haut-Jorat
photographie de Jacques-Étienne Bovard