Arenenberg, 22 septembre 1833.
Mes amis ont pensé qu’après la publicité officielle donnée à mon passage à Paris en 1831, et les nouvelles erreurs répandues à cette occasion sur mon compte, c’était un devoir pour moi d’expliquer au public, seul juge en dernier ressort de ce qui est bien comme de ce qui est mal, les motifs qui m’ont obligée à enfreindre momentanément une loi de mon pays, loi injuste, sans doute, mais que je devais respecter. Les conseils de leur amitié ont triomphé de ma réserve, et je me suis décidée à faire paraître le récit de mes derniers malheurs. Je le fais avec une sorte de crainte ; me placer en évidence par ma volonté, c’est agir d’une façon contraire à la vie que j’ai toujours souhaitée. J’avais écrit pour soulager mon cœur de ses douloureuses impressions, sans penser qu’elles dussent être connues ; à présent que je me laisse convaincre de la nécessité de rendre tout le monde juge de ce que j’ai fait, comme de ce que j’ai senti, je ne me repentirai pas de cette démarche, si ceux qui vont me lire, s’identifiant avec mes douleurs, m’accordent un sentiment d’intérêt et d’affection que j’ai toujours ambitionné de mes compatriotes.
HORTENSE.