Max Obione
Nouvelle
LUI (voix intérieure) : Elle est nouvelle, c'est la première fois que je la vois, celle-ci. Elle se penche pour laver sous le lit.
ELLE (voix intérieure) : Toujours, toujours, toujours la même chose ; c'est pénible à la longue, cette serpillière qui se décroche, ah quelle merde !
Je vois son gros cul qui gonfle sa blouse bleue.
Ouf, je l'ai récupérée.
Elle va encore secouer le lit, comme l'autre gourde d'avant. Ça n'a pas manqué, un coup de cul dans le lit.
Faudra que j'en parle au délégué du CHS, ça devient éreintant à force.
Elle se redresse, je crois qu'elle m'a regardé ; avec tous mes tuyaux, je dois offrir un drôle de spectacle. Rire de moi-même quand je vais crever, quel luxe ! Cette putain de douleur va m'achever. Ce sera pas trop tôt.
Sale mine le gars, m'est avis qu'il va passer dans peu de temps. Accroche-toi petit, pas tout de suite, pas encore.
Elle me reluque maintenant. Vieille ou jeune ? à vue de nez, je dirai qu'elle a une quarantaine bien tassée, elle pose son balai.
« Julien Bercal », entrée 05/06, le jour de l'accident.
Mais qu'est-ce qu'elle me veut, elle lit l'écriteau accroché au pied du lit, c'est pas une soignante, qu'est-ce ça peut lui foutre. Elle me regarde encore.
Y n'ont pas figure humaine avec tous ces appareillages, feraient mieux de partir avec une bonne piqûre, à quoi ça sert de s'entêter, ils savent tous qu'il est foutu. Feraient mieux d'augmenter ma paye plutôt que de foutre tout le fric dans ce barnum qui ne va pas le guérir, ce pauvre type ! Mais celui-ci, il faut me le prolonger !
C'est ça, c'est ça, reprends ta serpillière, tu pourrais passer un petit coup de plumeau pendant que tu y es. Je crois bien qu'elle m'adresse la parole.
« Vous n'avez besoin de rien?