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Éditeur responsable
Luca Venanzi
e-ISBN : 9782511040461
© 2016, version numérique Primento et EdiPro
Ce livre a été réalisé par Primento, le partenaire numérique des éditeurs
Cette édition numérique a été publiée avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
A Marie, Aurélien et Justin. Qu’ils entreprennent leur vie telle une belle aventure…
A Daniel, un complice qui a croisé ma route en 2005 et qui est un guide précieux et intègre pour moi. Joelle, ma petite sœur. Merci à tous les deux pour leurs remarques pertinentes et impertinentes. Elles ont permis de revisiter en profondeur certaines parties du livre, et de l’enrichir.
Merci aux centaines d’entrepreneurs que j’ai pu rencontrer depuis 15 ans, et tous ceux que j’aurai encore la chance de croiser sur ma route. Ce sont eux qui ont façonné mon expérience.
Merci enfin à l’équipe de Challenge qui chaque jour apporte son expertise à des starters en Wallonie. Ainsi qu’à celle de l’U.C.M. qui contribue chaque jour à défendre et à représenter les intérêts de ces derniers aventuriers des temps modernes que sont les indépendants et les entrepreneurs.
Nous sommes nés pour entreprendre notre vie ! Cela va donc bien au-delà d’un statut, celui d’indépendant, qui est relativement récent. Au cours des siècles, la religion, l’emprise des seigneurs, le développement industriel… ont eu une incidence sur la capacité des hommes et des femmes à libérer leur énergie, leur créativité.
Aujourd’hui, la société évolue et il semble que l’initiative se « débride ». Avec la technologie, paraît désormais possible. Ne sommesnous d’ailleurs pas un peu tous fournisseurs de solutions ? Cette technologique, et son évolution, permettent aujourd’hui à des petits acteurs, parfois isolés, de faire disparaître des gros acteurs séculaires. Alors, comme on l’entend souvent, « Rien ne va plus ? ».
Pour les jeunes générations, tout est possible. Et pour les autres, rien ne sera jamais plus comme avant. A l’homme moderne, va succéder l’homme post-moderne. Il en va de même avec l’entrepreneur. La postmodernité indique une rupture quant au rapport au temps centré sur le présent. Un mode inédit de régulation de la pratique sociale, et une fragilisation des identités collectives et individuelles. Si tout est devenu complexe, incertain, rapide, s’il y aura toujours des créations d’entreprises, et malheureusement des faillites, le visage et la forme de l’entrepreneuriat changent.
Les nouveaux entrepreneurs sont plus intuitifs, connectés, nomades, flexibles. Tout au long de leur existence, ils cumuleront sans doute plusieurs statuts, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. Plus de 50 % des nouveaux indépendants ont également un contrat de travail salarié. Plus de 10 % cumulent retraite et statut d’indépendant. Certains chômeurs peuvent à certaines conditions exercer une activité entrepreneuriale.
Un statut nouveau de microsociété pourrait à l’avenir faciliter la vie de 313 entrepreneurs belges1. A moins que d’ici 20 ans, les frontières entre ces différents statuts ne disparaissent complètement pour laisser apparaître le statut unique d’entreprenant…
Loin de moi l’idée d’affirmer que toute l’activité économique sera dans les mains d’entrepreneurs individuels ou de petites entreprises. A l’avenir, comme aujourd’hui, il en faudra des petites, des moyennes et des grandes. L’économie publique devra continuer à rendre des services à la collectivité. L’économie sociale poursuivra son développement en prônant des modes d’organisation plus démocratiques et plus humains. Mais de nouvelles formes d’initiatives et d’entreprises verront le jour dans les décennies qui viennent. Elles restent à expérimenter, mais déjà l’économie collaborative, les réseaux,…, aboutissent à de nouvelles formes d’organisation du travail, voire plus largement de la société.
Entreprendre en retrouvant le sens de l’aventure collective est désormais à portée de main. Nous rentrons dans l’entreprise 4.0.2, jardin d’une intelligence collective. L’organisation et les individus forment un tout dans un bien être harmonieux. La gouvernance est transversalité, transparence, confiance, l’entreprise est en connexion avec les parties prenantes. Le tout pour une construction universelle. Mais il faudra résoudre des questions essentielles, qui sont également de nature légale et réglementaire3…
Dans tous les cas de figure, les entreprises, comme les patrons et dirigeants, devront se montrer agiles4, comprendre parfaitement l’environnement dans lequel ils évoluent. Ainsi, par exemple, l’entreprise d’aujourd’hui doit être plus adaptable et plus flexible et évoluer beaucoup plus vite qu’hier.
Mais avant tout, encore davantage qu’aujourd’hui, les entrepreneurs de demain devront être positifs face à l’avenir et aux mutations à venir ! Être positif, n’est-ce pas la qualité essentielle de tout entrepreneur ? Car seul celui qui est positif trouve en définitive toujours des solutions…
1 In L’Echo, « Les microsociétés simplifient la vie de 313.000 entrepreneurs », 13/11/2015.
2 L’entreprise 4.0 prolonge le concept de l’entreprise 2.0. En effet, le Web 2.0 nous a tout d’abord confronté à une multitude de nouveaux services multimédias et interactifs, transformant la façon dont nous communiquons. Economie digitale oblige, l’entreprise 3.0 quant à elle ne doit plus seulement attirer, acquérir et fidéliser les clients mais optimiser l’expérience qu’elle leur propose sur tous ses canaux et médias d’interactions, qu’ils soient digitaux et physiques. Aujourd’hui, un nouveau changement fondamental est en marche avec l’entreprise 4.0.
3 Face au développement de l’économie collaborative, d’applications comme UBER, AirbnB,…, les pouvoirs publics pourront-ils encadrer durablement ces évolutions pour éviter toute forme de concurrence et de dumping avec les entreprises tradition-nelles. Et si oui, comment, et dans quel délais ?
4 Jérôme Barrand (sous la direction de), L’entreprise agile, Agir pour une performance durable, Ed. DUNOD, 2010.
La Belgique est souvent pointée du doigt comme un des pays où l’entrepreneuriat est parmi les plus faibles en Europe. Un rapport du World Economic Forum paru en 2015 précise cependant que si notre pays compte relativement peu de néoentrepreneurs, ceux-ci sont en revanche plutôt innovants (à savoir qu’ils lancent un nouveau produit ou service) !5
En Belgique, comme dans une bonne partie de l’Europe, et ce contrairement à la culture anglo-saxonne, il est toujours dangereux d’être au-dessus de la masse. C’est tellement vrai que les plus belles réussites entrepreneuriales, non seulement sont aussi couronnées d’échecs cuisants, mais ont à leur tête des entrepreneurs qui étaient souvent en marge dans le système scolaire traditionnel, très normé !
La population semble surtout associer les entrepreneurs à des preneurs de risques. Ce sont eux qui prennent leur destin en main et tentent de développer une activité rentable.
Les grosses entreprises plus visibles…
En Europe, la plupart des entreprises sont petites (en Belgique, par exemple, plus de 98,8 % des entreprises comptent moins de 50 employés). Mais ce sont les grandes entreprises qui reçoivent souvent le plus d’attention. Le journal d’affaires « Financial Times » consacre ainsi 95 % de ses pages aux grandes entreprises6. L’Etat accorde lui aussi une attention et une énergie disproportionnées aux grandes entreprises. A tel point que la Concertation sociale en Belgique, le fameux groupe des 10 qui négocie les grands accords sociaux, est présidée par la F.E.B. (Fédération des Entreprises de Belgique) qui défend essentiellement les grandes, voire très grandes entreprises belges ! Depuis quelques années, sous l’impulsion d’organisations patronales comme l’U.C.M.7 en Belgique francophone ou l’UNIZO8 en Flandre notamment, les petites entreprises ont eu droit à davantage d’égards et de mesures plus adaptées. Cela dit, et ce n’est pas le propos de ce livre, cet intérêt va de pair avec un questionnement plus large sur l’avenir de la classe moyenne9.
En Belgique, il y a environ 950.000 indépendants et 450.000 sociétés. 65 % des entrepreneurs sont des hommes. En 2013, 67.938 nouvelles entreprises ont été créées, contre 72.643 en 2012, soit un recul de plus de 4.700 unités. Soit une baisse de 6,5 % de l’effectif des nouvelles entreprises. Il s’agit du recul le plus important enregistré entre deux années consécutives. En 2012, le recul a été de 1.731 starters (-2,3 %). Par rapport à 2005, l’effectif des starters a augmenté de 19,2 %10.
Les indépendants, patrons, employeurs savent qu’ils évoluent dans un environnement économique qui n’est pas favorable. Mais est-ce uniquement la crise qui impacte leur confiance dans l’avenir ? La pression sociale et fiscale, la complexité administrative, le coût du travail prohibitif, l’insécurité juridique dans de nombreux domaines… constituent autant de facteurs qui font douter aujourd’hui celles et ceux qui prennent des risques familiaux, sociaux, financiers ! La forte augmentation des faillites jusque 2014 n’est pas de nature à les rassurer.
De plus en plus d’entrepreneurs ?
Comme starter ou entrepreneur débutant, ou comme entrepreneur confirmé, la situation est très difficile. Toutefois, et la tendance prend déjà forme aux Etats-Unis (1 Américain sur 3 est freelance en 2015, soit 42 millions de personnes !), l’entrepreneuriat semble devenir l’avenir du travail ! Il est vrai qu’un certain nombre de facteurs technologiques ont donné de nouvelles opportunités au « petit entreprenariat » comme l’importance de l’ordinateur dans le secteur des services. La tertiarisation de l’économie stimule des structures plus individuelles et plus « agiles ».
Certains entrepreneurs ont choisi leur profession par nécessité tandis que d’autres ont effectué ce choix de manière délibérée, afin de saisir une opportunité commerciale. Pour le premier groupe, des facteurs comme le petit nombre d’offres d’emploi en raison du chômage élevé ont souvent été la motivation première. Ceci peut peut-être expliquer pourquoi la part des indépendants en Flandre est plus élevée qu’en Wallonie par rapport à la population totale, mais est moins importante par rapport à la population au travail.
Changer de paradigme
Sortir de la crise exige de sortir du cadre et des logiques actuelles. Il fut un temps où les décisions de court terme étaient prises en regardant le long terme, plutôt que l’inverse.
Pour Edgar Morin, sociologue et philosophe, nous ne sommes plus à l’époque où l’on pouvait penser qu’une transformation fondamentale déterminerait toutes les autres.
Les problèmes auxquels nous devons faire face sont en réalité interdépendants. Et le vrai problème est que tout est à réformer : l’organisation de l’Etat, la médecine, l’agriculture, la consommation… Selon Edgar Morin, si plusieurs réformes se mettent en chemin, il peut se créer un mouvement qui permettra à l’humanité de changer de voie, non pour une révolution, mais pour une métamorphose dans une continuité transformatrice, pour une autre forme d’organisation. « C’est en cheminant que le chemin se construit ».
Entreprendre, c’est bien plus qu’une question de statut, en l’occurrence celui d’indépendant, cela va au-delà du fait de créer de nouvelles entreprises. Entreprendre, c’est au sein d’un pays, d’une région, d’un territoire, créer de la valeur et de la richesse, pas forcément et uniquement financière, mais également sociale et sociétale. Que ce soit au sein du cercle familial, dans un mouvement de jeunesse, à l’école, ou encore dans une entreprise qui vous emploie (on parlera donc d’intrapreneuriat),…
La culture a une influence importante sur l’esprit d’entreprendre. Au sein de chaque environnement familial, la culture qui s’y développe impacte fortement la capacité entrepreneuriale de chaque individu. Accepter qu’échouer est le meilleur moyen de réussir est la clé pour favoriser l’esprit d’entreprendre !
Exercer un talent entrepreneurial recouvre donc de multiples visages et réalités ! Et c’est tant mieux. Vivre, c’est entreprendre. Et entreprendre c’est exister. Alors pourquoi attendre ? Créons les bases d’une société plus entreprenante !
5 In Le Soir Economie, 28 janvier 2015.
6 In La Libre, 07/07/2014, L’entreprenariat comme source de prospérité, Opinion d’Ivan Van De Cloot, Economiste en chef à l’Itinera Institute.
7 Union des Classes Moyennes : www.ucm.be
8 www.unizo.be
9 Trois articles sur le sujet sur www.philippeledent.be : La lutte des classes moyennes, août – septembre 2015.
10 Atlas de Créateur – 2014, une publication UNIZO, GRAYDON, UCM, p. 7.
« Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. »
Friedrich Nietzsche
La société actuelle vit une accélération des progrès notamment technologiques. L’incertitude et la complexité grandissent chaque jour.
Souvent, la notion d’incertitude est connotée négativement dans le grand public. Sans elle, tout serait déjà écrit et il n’y aurait qu’à attendre patiemment le déroulement des évènements pour s’y inscrire. A l’heure où nous écrivons ces lignes, demain n’existe pas et n’est pas encore écrit. Nous pouvons encore le changer. A notre mesure, certes, mais nous pouvons encore le modifier.
Nous ne sommes pas prisonniers d’un futur inévitable et déjà écrit, ou écrit par d’autres. Nous en sommes les acteurs et on retrouve là le principe du pilote dans l’avion de l’effectuation. Si tout n’était que probabilités, nous ne pourrions être au mieux que des joueurs de casino, calculant des probabilités et attendant le résultat en priant les dieux que le sort nous soit favorable11. .
L’incertitude nous force à prendre conscience de notre avenir et à en être responsable. D’ailleurs, qui voudrait vivre dans un monde certain ?
Toutes les organisations, tant publiques que privées, sont confrontées à un environnement de plus en plus complexe et exigeant. Il suffit de penser aux nombreux changements réglementaires, à l’évolution rapide des technologies de l’information, aux médias sociaux, à l’instabilité de l’économie, au vieillissement de la population,…
L’excès de règlementation juridique professionnelle asphyxie la valeur de travail et pèse sur l’entrepreneuriat. Dans notre pays, le travail d’un agent économique représente souvent pour les pouvoirs publics une formidable opportunité de ponction de nouvelles taxes, accompagnées de leur lot de création de nouveaux « statuts », censés justifier cette emprise administrative et entrave fiscale toujours plus fortes.
Travailler requiert avant tout aujourd’hui, pour celui qui s’y essaie en qualité par exemple d’entrepreneur, les compétences d’un documentaliste, d’un juriste et d’un fiscaliste. Car le nouveau venu dans la vie active comprendra qu’en réalité, bien plus qu’un métier il a épousé un statut et sa cohorte de règles et de lois, dont il devra rapidement connaître l’existence, comprendre le sens et mesurer la portée. Et tout cela le temps qu’une nouvelle réforme intervienne pour mettre à mal ses connaissances péniblement acquises. C’est la « bureaucratie dévorante ». Cette complexité artificielle sert les politiques et les lobbys. Ils peuvent arguer de leur pseudo expertise et paraître indispensables.
Simplifier la structure des états, des niveaux de pouvoir, du processus décisionnel pour davantage d’agilité! Un défi indispensable pour garantir aux générations futures une société en phase avec les évolutions démographiques, sociologiques, socio-économiques,… Libérer l’initiative pour créer la vraie richesse. Celle qui s’exprime au travers des talents, des idées, de l’audace, et du… risque !
Bref, réconcilier dans le discours public, les actes avec le discours.
Nos sociétés se sont construites sur le respect des saisons et les contraintes du temps. Cependant, les temps changent, et principalement notre manière d’appréhender l’heure, la minute, voire la seconde. L’impact de ces changements sur notre manière de consommer, et donc de répondre aux attentes des consommateurs, est colossal. Tout doit désormais être disponible dans l’instant. La technologie doit être la réponse immédiate à tous les désirs. Une tendance de fond, mal vécue par certains et à laquelle il est (encore) possible d’apporter des nuances.
Les consommateurs seraient-ils devenus boulimiques au point de ne plus pouvoir attendre ? L’expression « ASAP » est-elle devenue une formule de politesse ? Notre société voue un culte à la vitesse, à l’instant et à la suractivité. L’entreprise, elle, s’adapte, tout comme la société.
Dans un ouvrage intitulé « Le Culte de l’Urgence : la société malade du temps », Nicole Aubert, sociologue et psychologue, ne dit rien d’autre. Dans la même veine, le sociologue allemand Hartmund Rosa dénonce le « processus d’accélération ». Gilles Finchelstein, auteur d’une « Dictature de l’urgence », s’inquiète de trois phénomènes exponentiels : le culte de la vitesse, celui de l’instant et celui de la suractivité.
Un besoin de crédit ? Les organismes financiers promettent une réponse sous 48 heures.
Une envie de sushis ou de paëlla ? Le livreur sonne à la porte dans la demi-heure.
Des lentilles de contact égarées : de nouvelles seront disponibles sous 48 heures, tandis qu’une paire de lunettes pourra, elle, être réalisée dans l’heure.
Aujourd’hui, l’attente est devenue insupportable. Conséquence logique de cette appétence pour le « tout, tout de suite », les offres de produits, de services ou encore de conseils se sont adaptées. Même dans les villes les plus petites, rares sont désormais les commerçants qui osent encore la fameuse pause méridienne et apposent à leur porte fermée le carton « fermé entre midi et deux heures ».
L’ouverture des commerces le dimanche, ainsi que d’un nombre croissant de grandes surfaces, témoignent du souci des grands groupes de rester présents et réactifs aux besoins des consommateurs. Même les administrations mettent à profit cette tendance pour être accessibles - au moins en ligne - sur la plage de temps la plus large possible.
Précipitation et satisfaction font rarement bon ménage. Face à l’accélération de nos rythmes de vie, face à l’évolution de la gestion de notre temps, le fait de sortir du flot, de prendre le temps et un peu de recul, de ralentir ou de s’arrêter a des vertus à plus d’un titre.
Dans ce contexte, la « Slow Life », comme son nom l’indique, nous invite à retrouver une nouvelle forme de lenteur face à l’accélération vertigineuse de notre rythme de vie. Dans la lignée du « Slow Food », ce mouvement prône une attitude de bien-être et d’éthique de vie, tout en saveur, où prendre le temps de profiter est de mise. Un état d’esprit qui remet en cause les notions de rentabilité comme d’efficacité en vigueur.
Les indépendants sont les travailleurs du futur ! Après être passés par l’ère du salariat – les entreprises trop lourdes et sources de troubles psychosociaux seront-elles remplacées par des réseaux d’indépendants ? Grâce à internet, c’est largement possible. Sans doute pour le mieux-être, l’épanouissement et la réussite de chacun ! C’est inévitable, le travail indépendant, les entrepreneurs, prendront une place de plus en plus importante dans le monde du travail.
Dans la tranche d’âge 18-34, les générations de Y à Z développent une autre perception du travail. Pas moins de 54% des jeunes travailleurs veulent construire un business, ou ont déjà commencé à le faire12. Avec internet, nous sommes d’ailleurs tous fournisseurs de solutions en tous genres. Ce qui est en soi une révolution !
C’est très frappant quand on parle, par exemple, de la retraite avec cette génération : temps de cotisation, âge minimale de départ à la retraite,… Tout cela ne les concerne pas. La cotisation, c’est eux qui vont la faire, avec leur épargne. Et quand on aime ce que l’on fait et qu’il s’agit de son business, l’âge ne signifie rien.
Un autre sondage IPSOS – NRJ confirme ce point de vue. L’être humain aspire à une quête unique : une vie meilleure. Il ressort de cette enquête menée par IPSOS et NRJ Global en 2014, que plus d’un Français de 25 à 49 ans sur deux en rêve. Ni plus ni moins que d’entre eux 47 % avouent même qu’ils « ne referaient pas les mêmes choix de vie », si c’était à refaire.
A quoi rêvent-ils ? Pour 33% des interrogés, devenir riche, pour faire le tour du monde, fuir la civilisation pour la nature. Autrement dit, plutôt que de « bling-bling », ils rêvent de simplicité. Ils sont 51% à souhaiter vivre retirés du monde, 42% rester à ne rien faire, et 56% se consacrer à des activités spirituelles.
Mais s’emploieront-ils vraiment à changer de vie ? Parmi les personnes interrogées, 58% se cachent derrière le manque d’argent pour justifier leur réticence à accomplir leur rêve. Et, de manière unanime, cette tranche d’âge se donne le temps de la réflexion – 10 ans en moyenne – pour changer définitivement de vie. Enfin, 78% d’entre eux estiment qu’ils peuvent recommencer une nouvelle vie à n’importe quel âge.
De plus, on ne s’imagine plus salarié toute sa vie et encore moins faire la même chose toute sa vie.
Les mentalités ont changé, les rapports humains aussi. On n’envisage plus les rapports en termes hiérarchiques mais en termes de partenariats.
Et grâce ou avec internet, tout est devenu possible. Internet aura vraiment changé la face du monde. Il y a toujours eu des inventions qui ont libéré un peu plus les hommes et internet en est une sacrée.
D’ici 2020, 50% des travailleurs aux Etats-Unis travailleront comme indépendants. En tant que consultant, freelance, graphiste, entrepreneur, etc (…). Pas seulement aux Etats-Unis, ou cette tendance est la plus prononcée, mais dans le monde et donc inévitablement en Belgique. En 2016, on comptera près de 1,5 milliard de personnes, de consultants, d’indépendants, de micro-entrepreneurs à travers le monde. Depuis qu’internet a changé le monde, le coût d’entrée pour entreprendre est devenu très bas, et financièrement peu, voire moins risqué.
L’initiative est ce dont le monde a le plus besoin.
Face à l’ampleur du phénomène, il conviendra que les dirigeants politiques ouvrent les yeux et anticipent. De ce point de vue, ils donnent vraiment l’impression d’être complètement dépassés. Et que le business indépendant via internet fait sa vie tout seul. Dans ce contexte, ce ne sont plus les politiques qui gouvernent, c’est internet, le digital et le numérique qui repoussent les frontières actuelles, voire créent de nouveaux mondes !
Notre société hyper-connectée a engendré un cyber-monde. Les hackers et les mafias en tous genres pullulent. Entre ses coûts, ses prédateurs et ses conséquences dramatiques, une nouvelle jungle engendre de nouveaux prédateurs. Ils ont pour noms UBER, Airbnb,… Ces acteurs redistribuent les cartes des business traditionnels, que ce soient pour les consommateurs ou pour les entreprises. Qu’elles soient petites, moyennes ou grosses !
Ce qui est nouveau : avant, c’étaient les gros qui mangeaient les petits… Aujourd’hui, ce sont les rapides qui mangent les lents… On est moins dans une problématique de taille, mais d’agilité, de proximité par rapport au client, de réactivité et de flexibilité,…
Toute activité subit aujourd’hui une profonde transformation dictée par les possibilités qu’offre la technologie numérique. Plus, l’arrivée de nouvelles technologies entraîne une transformation sociale radicale. Et cette transformation s’accomplit à un rythme très rapide. Ce qui était à peine possible sur un ordinateur il y a dix ans se trouve désormais à la portée du premier smartphone venu. Aujourd’hui, trois milliards de personnes sont connectées à internet. Elles seront même quatre milliards l’année prochaine. D’ici 2020, 50 milliards d’appareils et 200 milliards de capteurs seront connectés. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle vague dans la révolution numérique.
Ce tremblement de terre numérique revêt également une grande importance sur le plan macroéconomique. Un pays qui manque de maturité numérique rate une belle opportunité de relancer sa croissance. Cela peut être considérable quand on sait qu’elle s’établit aujourd’hui autour de 1%.
Aujourd’hui, tous les secteurs risquent de se faire « Uberiser ». C’est déjà le cas de la presse avec Google, de la musique et du cinéma avec le streaming légal du type Netflix ou illégal du type Popcorn. C’est le cas de la distribution avec Amazon, c’est le cas des transports de ville en ville ou de pays à pays avec l’application Blablacar qui concurrence la SNCB et la SNCF. Même les assureurs et les banquiers qui croient être protégés par des barrières règlementaires pourraient être balayés à leur tour.
Tout comme Kodak qui employait 145.000 personnes dans le monde. Ses dirigeants ont raté le virage du numérique. Aujourd’hui, c’est l’application Instagram qui règne en maître. Elle a d’ailleurs été rachetée pour un milliard de dollars par Facebook qui emploie quelques dizaines de personnes.
Les chauffeurs de taxi et bien d’autres métiers doivent méditer là-dessus, y compris les chauffeurs actuels de Uber. Car le patron de Uber ne s’en est pas caché. A terme, lorsque les voitures sans chauffeur seront disponibles, il n’aura plus besoin d’eux et il pourra encore baisser le tarif de ses courses ! La révolution numérique, c’est surtout une révolution sociale. Et en matière de pratiques commerciales, il semble important de veiller à la saine concurrence entre tous les acteurs.
Mais la jungle, contrairement à l’image d’une lutte à mort entre les êtres, la plus profonde des jungles est en réalité le théâtre de bien plus de symbiose que de compétition. Mais dans la « vraie vie » humaine, dans le monde de l’entreprise et du business, est-ce réaliste ? En observant le fonctionnement de bon nombre d’entreprises « agiles », on voit émerger un certain nombre d’endroits où l’on essaie de créer des modes de fonctionnement nouveaux. Bien qu’emportée par son fol élan, la logique prédatrice du système actuel trouve ses limites. Alors que l’on pouvait croire les entreprises vouées à ne se développer que dans la métaphore militaire (« conquérir un marché », « écraser un concurrent », « reprendre en main ses troupes »,…), voilà en tout cas que s’y développent - en marge, certes, mais dans des secteurs souvent d’avant-garde - de nouvelles stratégies faisant appel à la coopération plutôt qu’à la compétition : partenariat, comportement éthique, développement durable. Le mot « coopétition » marque ce changement de paradigme. Les neurosciences13 se développent en soutien aux entrepreneurs et dirigeants. Dans leur fonctionnement même, elles offrent l’exemplarité d’une réussite collaborative interdisciplinaire. Mais avant tout, elles apportent des connaissances et un éclairage précieux au monde de l’entreprise, aux starters comme aux entrepreneurs confirmés.
La jungle peut se mouvoir en écosystème où des acteurs collaborent à des projets concrets, grâce notamment à la technologie…
Quoi qu’il en soit, chaque entreprise doit s’interroger sur la manière dont elle peut évaluer son modèle d’affaires et dans quelle mesure le numérique menace son modèle existant ou présente au contraire des opportunités. Le rôle des organisations patronales et des acteurs de l’animation économique, c’est d’aider et de conseiller celles et ceux qui entreprennent au quotidien à prendre le bon wagon !
L’économiste américain James Kenneth Galbraith est l’auteur d’un essai intitulé « The End of Normal »14. Il y analyse la transformation de la structure de l’économie. Selon lui, la forte croissance depuis l’après-guerre constituerait une période d’exception de l’histoire, une phase expansionniste à laquelle la dernière crise économique a mis fin.
L’explosion de la production des dernières décennies a été rendue possible grâce à l’exploitation du pétrole bon marché, à l’abondance des ressources et à une période d’assez longue stabilité.
Cette conjoncture a notamment permis la croissance des entreprises avec l’utilisation de plus en plus poussée d’infrastructures et d’équipements. Ces grosses organisations réalisent une production de masse basée sur d’importantes économies d’échelles. Elles sont optimales tant que la conjoncture demeure stable : prix des intrants, demande pour leur production,…
Or, les grandes entreprises sont vulnérables aux changements. En temps de crise ou d’instabilité, comme c’est désormais le cas, ce sont les plus petites organisations qui s’adaptent le mieux aux différents changements, même si leurs capacités ne sont pas comparables à celles des grandes firmes.
Pour illustrer son propos, l’économiste fait référence à l’ère des dinosaures. Cette période de stabilité et d’abondance des ressources a permis aux animaux de devenir de plus en plus gros, complexes, forts et imposants. Lorsque l’environnement s’est transformé, ces grands organismes n’ont pas été capables de s’adapter et se sont éteints, laissant la place aux petits mammifères, qui ont survécu.
Notre société serait arrivée à un point où l’approvisionnement en ressources n’est plus suffisant pour soutenir une forte croissance. Paru en français sous le titre moins explicite : « La grande crise », Seuil, Janvier 2015.