Né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray.
Mort le 23 juin 1959 à Paris.
Quelques-unes de ses œuvres :
J’irai cracher sur vos tombes (roman policier, 1946)
L’Automne à Pékin (roman, 1947)
L’Herbe rouge (roman, 1950)
L’Arrache-cœur (roman, 1953)
Ingénieur centralien de formation, Boris Paul Vian est un écrivain français qui se dérobe à toute tentative de classement. C’est que Vian possède de multiples talents : il est à la fois musicien de jazz, scénariste, peintre, compositeur, dramaturge, acteur, poète, auteur de chansons et de romans, chanteur, journaliste-pigiste, traducteur, chroniqueur ainsi que créateur d’émissions radiophoniques et cinématographiques.
Protégé et choyé pendant son enfance, antimilitariste et bon vivant, l’intellectuel Vian fréquente le milieu de Saint-Germain-des-Prés, tout en travaillant pour l’administration publique (d’abord pour l’Association française de normalisation, puis pour l’Office professionnel des industries et des commerces du papier et du carton). Il s’y ennuie, mais peut consacrer son temps libre à l’écriture, à la musique et à la fête. Vian n’affirmera-t-il pas d’ailleurs, dans la préface de L’Écume des jours, qu’il n’y a que deux choses qui comptent dans la vie : l’amour et le jazz ?
Même si son œuvre imposante, souvent signée de pseudonymes, et couvrant tous les genres littéraires, n’a pas été reconnue à sa juste valeur de son vivant, Vian est aujourd’hui considéré comme un incontournable de la littérature française, « une des personnalités artistiques et littéraires les plus remarquables de l’après-guerre » (BERMAN (Antoine), « Vian, Boris », in Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays, t. IV, Paris, Robert Laffont, 1988, p. 606).
Genre : roman inclassable.
1re édition : en 1947.
Édition de référence : L’Écume des jours, Paris, Éditions 10/18, 1979.
Personnages principaux :
Colin, un jeune homme romantique, rentier
Chloé, la femme de Colin
Nicolas, cuisinier de Colin, son ami et confident
Chick, ami de Colin, collectionneur d’œuvres de Jean-Sol Partre
Alise, la nièce de Nicolas et compagne de Chick
Isis, une amie des précédents
La petite souris grise aux moustaches noires, animal de compagnie et ange gardien de Colin d’abord puis du couple Colin-Chloé
Thématiques principales : l’amour, la jeunesse, le bonheur, la musique, la critique du travail, la maladie, la mort, l’absurde, le monde des adultes, la religion, l’argent.
Les années 1946-1947 sont celles des ambitions littéraires de Boris Vian. Après la sortie du pastiche d’un roman noir américain sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, J’irai cracher sur vos tombes, best-seller de l’année 1947, qui sera interdit deux ans plus tard et qui aura contribué à « répandre autour de [lui] une légende de médiocre auteur de romans à scandale » (Dictionnaire universel des noms propres, Paris, Le Robert, 1987, p. 1866), Vian publie coup sur coup L’Écume des jours, Vercoquin et le Plancton et L’Automne à Pékin. Malgré des qualités littéraires inhérentes – tant liées au style qu’au contenu –, ses œuvres passent inaperçues, à la grande déception de leur auteur.
Roman polyvalent, à la fois triste, coquet et surréaliste, mais dont les conclusions dévoilent une vérité désolante, L’Écume des jours est un hymne à la jeunesse, à la beauté et à l’insouciance et une condamnation du monde des adultes, laid, cupide et malheureux. Portée à l’écran par Michel Gondry en 2013, L’Écume des jours demeure l’un des plus grands succès de Boris Vian. Elle est « comme les rêves les plus beaux : poignante, lourde de sens, inoubliable » (LAFFONT (Robert) et BOMPIANI (Vincenzo), « Écume des jours (L’) », Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays : littérature, philosophie, musique, sciences, t. II, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 508).
Portrait de Boris Vian.
Pour parler de Boris Vian, le pluriel s’impose. En effet, l’homme aux mille surnoms vit plusieurs existences à la fois, des vies qui, au lieu de s’exclure, se complètent et s’enrichissent mutuellement. Pensons par exemple à ses expériences extralittéraires, allant du fonctionnaire et du scientifique au musicien, dont nous retrouvons des traces dans son œuvre. Homme aux talents multiples, Boris Vian est ingénieur de formation, artiste polyvalent par passion, acteur quand l’occasion se présente, intellectuel fréquentant les cercles existentialistes – où il partage avec un autre habitué des caves, Jean-Paul Sartre (philosophe et écrivain français, 1905-1980), le titre de prince de Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Fils de Paul Vian (1897-1944), un bourgeois ruiné, et d’Yvonne Woldemar-Ravenez, une riche héritière passionnée de musique, Boris naît le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray. Issu d’une famille aisée, il connaît une enfance heureuse, insouciante et protégée en compagnie de ses deux frères et de sa sœur. Les Vian, souhaitant épargner à leurs enfants la dure réalité de l’après-guerre, organisent sur base régulière des surprises-parties, et raffolent des jeux de langage (comme les bouts-rimés, les charades ou encore les calembours), qui deviennent une véritable tradition familiale.
Les quelques soucis de santé de Boris (des difficultés cardiaques qui surviennent à l’âge de 12 ans et une fièvre typhoïde à 15 ans) l’obligent toutefois à garder la chambre. C’est précisément à cette période qu’il découvre la bibliothèque familiale qui contient des auteurs aussi divers que Kafka (écrivain tchèque de langue allemande, 1883-1924) et Jarry (écrivain français, 1873-1907). Il n’est pas faux d’entrevoir dans la production vianesque un hymne à la jeunesse et à la vie datant justement de cette époque emplie de réjouissances et de divertissements, fortement liée à la création et à la créativité.
La mort de son père, assassiné dans sa propre maison, vient mettre un terme à ce bonheur.
IANL’Arrache-cœurRNAUDLes vies parallèles de Boris VianVercoquin et le Plancton