Né en 1821 à Paris.
Mort en 1867 dans la même ville.
Quelques-unes de ses œuvres :
Les Paradis artificiels (essai, 1860)
Le Peintre de la vie moderne (recueil d’essais, 1863)
Petits poèmes en prose ou le Spleen de Paris (recueil de poésie, 1869)
Dandy ténébreux, artiste bohème, poète maudit, provocateur, mystificateur : les qualificatifs sont des plus séduisants dès qu’il s’agit de décrire Charles Baudelaire. Séduisants ? À nos yeux d’aujourd’hui peut-être. Mais en un temps d’ordre moral, le vice n’est pas quelque chose qu’on prend à la légère. On poursuit, on bannit, on exile tout qui se vanterait un peu trop haut de n’être pas comme les autres. Baudelaire est de ceux-là. Mais l’histoire lui a donné raison. Si la noirceur de l’âme, la tentation du vice, les tortures de l’esprit passent de nos jours pour des sujets poétiques emplis d’un charme tout satanique, c’est à lui que nous le devons.
Poète né, Baudelaire est venu à la littérature sans autre bagage que son âme passionnée et tourmentée. Dans sa jeunesse, il a lu les romantiques, mais arrive trop tard pour en faire partie. D’ailleurs, son tempérament ne l’y pousse pas. Attiré par le style froid et marmoréen du Parnasse, il s’en écarte là aussi très tôt, appelé par une inspiration plus authentique. D’emblée, Baudelaire affirme son originalité et sa profonde modernité. Les Fleurs du mal (1857) feront de lui un des plus grands poètes de son siècle et de l’histoire.
Genre : poésie romantico-parnassienne.
1re édition : en 1857.
Édition de référence : Les Fleurs du mal, Paris, Larousse, coll. « Les Petits Classiques Larousse », 1999.
Thématiques principales : la beauté, l’amour, la mort, le vice, la pourriture, l’évasion et l’exotisme.
Avec ce recueil relativement court (une centaine de brefs poèmes) qu’il fait publier d’abord en 1857 puis en 1861, la poésie subit une révolution… mais elle ne le sait pas encore. À sa sortie, l’œuvre fait ce qu’on appellerait aujourd’hui un flop. Pire : certaines critiques plus acérées attirent sur la tête de l’auteur les foudres de la justice. Résultat : une amende et une mention de censure. Difficile à imaginer cela aujourd’hui pour de la poésie !
Il faut dire que les sujets que Baudelaire aborde sont passablement scandaleux et pourraient encore choquer de nos jours. L’amour y côtoie la mort – sujet éculé, dirions-nous, mais ce serait oublier que la mort est chez Baudelaire plus qu’une idée abstraite et lointaine. Avec lui, elle s’accompagne de tout un cortège de démons : la luxure, la pourriture, l’angoisse, le désespoir…
Et pourtant, malgré les horreurs décrites, malgré le sort fatal du poète voué au spleen, c’est encore la Beauté qui domine. Taillés dans une forme impeccable, fruits d’un long travail d’orfèvre, les poèmes des Fleurs du mal se lisent et se relisent sans jamais s’épuiser. On les hume, on les cueille, et toujours elles repoussent, ces fleurs nées dans la nuit, et qu’on pique dans nos cœurs pour les y garder à jamais.
Portrait de Charles Baudelaire par Étienne Carjat, vers 1862.
Né le 9 avril 1821 à Paris, Charles Baudelaire a eu deux pères. Le premier, François Baudelaire (1759-1827), un ancien prêtre également artiste-peintre, est déjà veuf d’une première femme lorsqu’il se remarie avec Caroline Dufays (1793-1871), future mère de Charles. Quelques années après la naissance de l’enfant, François Baudelaire meurt. Caroline se remarie alors avec un général, Jacques Aupick (1789-1857). Celui-ci les emmène à Lyon, où Charles effectue une partie de sa scolarité, avant de revenir à Paris. L’enfant à l’âme d’artiste aura des rapports plus que houleux avec ce second père autoritaire.
Comme on l’imagine, c’est à l’adolescence que le jeune homme développe son caractère fantasque. Bien que doué à l’école, il s’en fait renvoyer une fois à cause de son comportement et, bien qu’inscrit en faculté de droit, il ne mènera jamais de vraies études. Au lieu de cela, il commence vers 1840 à développer des relations dans le milieu artistique, rejoignant momentanément un groupe d’écrivains réunis sous la bannière d’« école normande ». Il rencontre Gérard de Nerval (1808-1855), Théophile Gautier (1811-1872) et Théodore de Banville (1823-1891). Il fréquente également les prostituées et attrape la syphilis. Devant tant de dissolution, son beau-père, tout militaire, décide en 1841 de redresser ce mauvais fils en l’envoyant aux Indes : Baudelaire part, mais ne dépasse pas l’île Maurice et la Réunion. Il revient en France début 1842, loin d’avoir appris la leçon. Au contraire, en cette année qui lui fait atteindre la majorité (21 ans), il demande à entrer en possession de l’héritage de son père, une forte somme qu’il se sent bien prêt à dilapider dans un train de vie dispendieux.
En effet, Baudelaire, qui n’est pas encore vraiment un poète – du moins pas un poète publié –, mène une existence de dandy amateur d’art, achetant antiquités et livres rares, déménageant de nombreuses fois à travers Paris, emménageant même sur l’île Saint-Louis, où il fréquente un cercle de consommateurs de drogues exotiques : le club des haschischins. C’est également à ce moment (1842-1843) qu’il fait la rencontre des deux femmes qui compteront le plus dans sa vie : Jeanne Duval (vers 1820-1862), une comédienne, fille facile aux nombreux amants, et Apollonie Sabatier (1822-1890), une femme mariée de la bourgeoise qu’il aimera longtemps d’un amour platonique. À nouveau, la famille réagit aux excès du fils prodigue, qu’elle décide de placer sous tutelle judiciaire, une mesure infamante qui empêche désormais Baudelaire de disposer de sa fortune à sa guise.
La FanfarloLes Fleurs du mal