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Préface

Je dois au public qui veut bien suivre mes études sur les mœurs et la vie privée d’autrefois, une courte explication au sujet du titre choisi pour le présent volume. Bien que je ne me pique pas d’une logique rigoureuse dans le groupement de ces diverses études, il pourrait paraître étrange que j’ai réuni, au point de les confondre, dans un même ouvrage, celles ayant trait aux filles de la noblesse et celles qui concernent les diseuses de bonne aventure. Serait-ce donc qu’après avoir suivi ces jeunes filles dans les trois carrières qui s’ouvraient à elles, le plus ordinairement, à savoir : le Chapitre noble, le couvent et le mariage, j’aurais prétendu insinuer qu’à défaut de ces trois voies également respectables, elles n’avaient plus d’autre ressource que de se rejeter sur un métier fort décrié alors, et que, n’ayant pu ou voulu être chanoinesses, religieuses ou mères de famille, elles se faisaient magiciennes ? On ne le croira pas.

Mais puisque aussi bien il ne sera question ici que de femmes, en dépit de l’impertinence apparente, peut-être n’était-il pas tout à fait inconséquent, de les montrer ailleurs que dans les cloîtres ou dans les salons de la maison familiale, en cet endroit où elles couraient si volontiers, sans se cacher trop, en cet endroit où les attiraient à la fois leur amour du merveilleux, la curiosité naturelle à leur sexe, et souvent les soucis galants, c’est chez la sorcière que je veux dire.

Étudiant la vie féminine sous l’ancien régime, il ne se pouvait guère qu’on passât sous silence ou que l’on parût ignorer l’importance considérable que la société du XVIe, du XVIIe, du XVIIIe siècles, et précisément les femmes, attachaient à la magie, à la sorcellerie, à la divination. Dirai-je que c’est par ce côté que beaucoup de nos femmes d’aujourd’hui se reconnaîtront dans leurs aïeules ? Elles ont perdu jusqu’au souvenir du charme discret et pénétrant des asiles distingués que l’on appelait les Chapitres nobles ; nos jeunes filles modernes (qui le leur reprocherait ?) manquent d’ardeur pour le cloître ; nos maîtresses de maison semblent peu soucieuses en général de ressusciter les traditions perdues et s’accommoderaient mal d’obligations et de devoirs qu’elles estiment trop lourds, à moins qu’une disposition d’esprit fort à la mode les leur fasse juger inférieurs et peu compatibles avec leur dignité ; mais toutes ou presque toutes, femmes et jeunes filles, comme au bon vieux temps, continuent d’aller chercher des avis, des conseils et des consolations chez les pythonisses en vogue. La Chesnault ni Lenormand ne sont mortes, et Cagliostro est toujours roi !

On m’excusera donc de « confondre les genres », comme aurait pu dire le regretté Brunetière, et d’avoir fait voisiner, sans souci des convenances, dans un même volume, de vénérables chanoinesses et d’impudentes tireuses de cartes. De telles rencontres seraient bien pour dérouter le lecteur, si j’avais apporté la moindre malice à les favoriser. Mais la faute, si faute il y a, incombe tout entière à une actualité, que, d’ailleurs, je n’ai point recherchée et qui, fort au contraire, s’est imposée à moi. Car l’histoire, chacun le sait, de quelque côté qu’on l’envisage et si minces soient les détails par lesquels on s’évertue à la reconstituer, se rattache toujours à l’actualité, puisque l’histoire, en somme c’est de la vie.

Paris, juin 1913.

Les chapitres nobles de filles

Parmi tant d’institutions qui se sont évanouies au souffle brutal de la Révolution, et au nombre des plus regrettables, il faut compter les chapitres nobles de filles. Ces asiles, qui n’étaient point des couvents, où beaucoup de jeunes filles ne faisaient que passer, le temps seulement, dirait-on, d’y goûter le charme pénétrant d’une existence semi-religieuse, avant de s’engager dans les réalités prosaïques de la vie mondaine, et où tant d’autres, déshéritées du sort, trouvaient l’abri définitif, étaient merveilleusement adaptés aux idées, aux habitudes, au concept général de la vie d’autrefois. Il serait téméraire d’affirmer que de tels lieux de quiétude n’auraient pas leur utilité aujourd’hui encore. Mais sans doute leur reconstitution s’accommoderait-elle assez mal de nos illusions démocratiques.

Combien sensées pourtant (et l’on pourrait ajouter, si ce mot n’était affreux), combien utilitaires, ces maisons de retraite volontaire, assez fermées pour que, aux chanoinesses qui désiraient la paix religieuse ou l’oubli de quelque infortune, les bruits du monde n’arrivassent que singulièrement apaisés et ouatés, assez ouvertes sur la vie cependant, pour que celles qui considéraient de telles maisons comme un simple lieu de passage, y fussent agréablement diverties par ces bruits sans en être étourdies. Volières parfois somptueuses, d’ordinaire très simples, dont on savait bien que les grilles n’étaient point trop serrées, et que la porte entrebâillée permettait aux oiseaux de s’envoler à leur aise ; cages sans maussaderie où il était loisible aux prisonnières de se blottir tout au fond, dans le recueillement et la prière, ou de mettre la tête aux barreaux dans l’attente du prince charmant.

À ces considérations d’ordre moral, on en pourrait joindre d’autres sur les facilités que procuraient aux jeunes filles pauvres des asiles où elles trouvaient, parmi d’autres femmes de leur monde et dans une société choisie, le moyen de vivre honorablement, en dépit d’une modicité de ressources qui n’étonnait personne puisqu’elle était commune à toutes.

Tels étaient, sans s’attarder à d’autres réflexions, quelques-uns des avantages de cette institution des chapitres nobles dans lesquels nous allons essayer de pénétrer, puisque aussi bien la porte n’en est pas rigoureusement close au profane.

I

Ce que c’était que les chapitres nobles. – Nomination des abbesses par le roi. – Nécessité de transformer certains couvents en institutions plus souples. – Entorses données à la règle. – Difficultés entre religieuses et évêques. – Montfleury et l’évêque Le Camus. – Madame de Rochechouart et l’autorité ecclésiastique. – Une lettre de madame de Maintenon. – Les démêlés de Bossuet et des abbesses de Jouarre. – Tendance des couvents à se soustraire à la domination épiscopale. – Pourquoi les rois soutiennent les couvents. – Le sort des filles de la noblesse sous l’Ancien régime. – Les vocations. – Il ne faut rien exagérer. – Les jeunes filles n’étaient pas contraintes d’entrer dans les cloîtres. – Dispositions légales sauvegardant leurs intérêts. – Motifs qui poussent les parents à désirer la sécularisation de plusieurs monastères. – Établissement des chapitres nobles. – Chapitres réguliers et chapitres sécularisés. – Comment s’obtenait la sécularisation. – Oppositions et protestations diverses.

Avant de pousser la grille qui ouvre sur la cour du monastère, établissons nettement la différence qu’il y avait entre les abbayes proprement dites et les chapitres nobles.

Plusieurs de ces chapitres avaient été primitivement des abbayes, c’est-à-dire des couvents réguliers soumis aux règles habituelles de l’Église, et occupés par des religieuses ayant fait leurs vœux. Des abbayes pas plus que de nos couvents modernes, les religieuses ne pouvaient revenir dans le monde, ni abandonner le costume, ni se délier des vœux, sans une autorisation spéciale de Rome. Mais à mesure que le pouvoir royal s’était étendu et fortifié, il ne lui avait pas déplu de substituer dans la mesure du possible son autorité à celle de l’Église, en tout ce qui ne concernait pas les questions de dogme pur. C’est ainsi que François Ier, en 1516, par le concordat passé avec le pape Léon X, avait obtenu le droit de nommer à toutes les abbayes françaises, d’hommes et de femmes, sauf à celles de Cluny, Cîteaux et Prémontré. Il existait donc deux sortes d’abbayes, les abbayes en règle, où le droit d’élection avait été conservé, et les abbayes royales où le roi nommait l’abbé ou l’abbesse. Depuis longtemps d’ailleurs, malgré les protestations de la cour romaine, les abbés commendataires, laïques tonsurés et hauts personnages, négligeaient de recevoir les ordres dans l’année ainsi que l’Église leur en faisait un devoir strict. Ils restaient laïques et se contentaient de toucher les revenus de leurs abbayes, renonçant à exercer les pouvoirs spirituels qu’ils déléguaient au prieur claustral.

En dépit de la nomination des abbesses par le roi, les abbayes demeuraient des couvents réguliers. Sans doute les règles de saint Benoît avaient subi nombre de modifications, et des abus de toutes sortes, peu à peu, s’étaient glissés qui en atténuaient singulièrement les sévérités. Ce n’en était pas moins des couvents, dont la claustration et les vœux constituaient toujours les principes immuables.

Sachant combien était considérable autrefois le nombre des jeunes filles qui entraient au couvent (et nous ne parlons même point ici de celles que l’on contraignait de s’y enfermer, ce qui était beaucoup plus rare en somme qu’on ne le croit) sans vocation bien déterminée ou sans vocation aucune, uniquement pour des raisons de convenance, d’ambition ou simplement d’argent, faut-il s’étonner que beaucoup d’entre elles aspirassent après des règles moins rigoureuses, plus élastiques ? Comment être surpris qu’elles désirassent surtout être libérées de ce cauchemar qu’était pour plusieurs le caractère irrévocable de vœux éternels ? De là à chercher un adoucissement à leur claustration et à souhaiter la transformation du couvent en une institution plus souple qui leur permît à la fois de vivre dans la paix et la retraite, mais sans obligation définitive et d’avoir un pied dans le monde, il n’y avait pas loin.

Au vrai, ces aspirations ne se firent pas jour d’abord sous une forme bien précise. C’est par des entorses continues données aux règles, par des réclamations de plus en plus pressantes adressées aux évêques, dont l’autorité parfois un peu rude leur pesait, que certaines moniales arrivaient insensiblement à l’affranchissement relatif, souhaité, entrevu, mais non point défini.

Dans ces querelles fréquentes les mettant aux prises avec l’autorité épiscopale sur des détails de règlement qui, à distance, nous paraissent un peu puérils, mais où les abbesses, très jalouses de leurs droits réels ou supposés, apportaient d’autant plus de hauteur et de ténacité, semble-t-il, qu’elles étaient moins sûres peut-être de l’excellence de ces droits, la protection royale leur faisait rarement défaut.

Lors de la lutte entreprise par les religieuses de Montfleury contre l’évêque de Grenoble, Le Camus, qui prétendait avec quelque apparence de raison, leur interdire des libertés qu’elles avaient prises, notamment de s’affranchir de la clôture, de donner des concerts à voix et instruments et de recevoir à leur table des séculiers, lutte fort longue, fort aigre, au cours de laquelle les combattants témoignèrent d’une égale ardeur, toute la noblesse du pays se range derrière la prieure, madame de la Croix-Chevrières, et le roi lui-même, intervenant en sa faveur, annule l’ordonnance de l’évêque.

Un fait identique se produit en 1701 à Fontevrault. L’évêque ayant manifesté l’intention de rappeler les dames de cette abbaye à une observance plus stricte de leurs statuts, l’abbesse, madame de Rochechouart, lance contre lui trois mémoires énergiques dans lesquels elle s’efforce de démontrer et de défendre ses prérogatives en ces matières. Elle implore la protection du roi, et demande qu’il « lui plaise de faire finir une bonne fois une prétention qui jusqu’ici n’a aucun fondement et qui ne va qu’à troubler la paix, la discipline du cloître et le repos des consciences ». Elle menace d’en appeler au parlement, multiplie les suppliques au roi, s’agite, se démène comme un beau diable, dirait-on, n’était le respect. Or, non seulement le roi lui donne raison, mais encore elle obtient l’approbation de madame de Maintenon, rigide pourtant en de telles matières qui touchent de si près à la religion. Voici la lettre, curieuse à plus d’un titre, qu’adressait à l’abbesse, à propos de cette affaire, la sévère gardienne des traditions catholiques : « Le roi m’ordonne, madame, de vous mander qu’il a lu votre lettre avec attention, qu’il trouve bon que vous disiez vos raisons à M. le Chancelier et que, bien loin de vous retrancher ce qui est permis aux autres, il vous accorderait volontiers par son inclination ce qu’il refuserait au reste du monde. Je me réjouis avec vous, madame, de cette continuation de la considération que j’ai toujours vue au roi pour vous. »

On sait les démêlés qui surgirent entre Bossuet et mesdames Henriette de Lorraine et Marguerite de Rohan, successivement abbesses de Jouarre. Ces dames prétendaient recevoir les religieuses au gré de leur propre volonté, sans avoir recours au scrutin prévu par les règlements. L’évêque protestait de toutes ses forces contre un tel abus, mais ses exigences, si légitimes qu’elles fussent, se heurtèrent de la part des abbesses à une opposition que la cour soutenait en dessous. D’autres chapitres, celui de Salles, en particulier, entrèrent en discussions vives avec l’autorité ecclésiastique. Mais il est juste d’ajouter que ces discussions allèrent rarement jusqu’à la révolte ouverte, ainsi qu’il advint à Remiremont où les dames encoururent l’excommunication temporaire pour avoir, aidées de leurs petites servantes, leurs « bourguignottes », démoli à coups de hache une porte de clôture qu’on voulait leur imposer.

La tendance des couvents à se soustraire à l’autorité épiscopale ne cesse de s’accentuer depuis la fin du XVIe siècle. Nommées par lettres patentes et tirées souvent de monastères étrangers, les abbesses prenaient possession de leur siège comme des chefs militaires eussent pu le faire de leur gouvernement.

D’autre part, les rois de France s’accommodaient de moins en moins des entraves qu’avait laissé subsister le concordat de 1516. Pour légères qu’elles fussent, ils les jugeaient trop étroites encore, et bien éloignés pourtant, cela va sans dire, de toute préoccupation antireligieuse, ils cherchaient néanmoins à les détendre, sinon à les secouer tout à fait et à s’en débarrasser. Si, d’avoir été trop longtemps triturés dans les « mares stagnantes », les mots de « cléricalisme » et « d’anticléricalisme » n’avaient perdu leur exacte et précise signification, il serait juste de dire que les gouvernements de Louis XIV et de Louis XV furent nettement anticléricaux. La volonté ferme de rattacher directement au pouvoir royal tout ce qui, sans froisser les consciences et sans diminuer en rien l’autorité morale du clergé, non plus que sa situation matérielle, pouvait être distrait de son omnipotence, se poursuit constamment au cours du XVIIe et du XVIIIe siècles. On en suit la trace dans les affaires les plus graves comme dans les évènements mesquins en apparence dont nous avons cité quelques exemples.

Dans ces conditions, et ces deux tendances bien établies : tendance des religieuses à se libérer plus ou moins de l’autorité des évêques en vue d’adoucir dans une certaine mesure les rigueurs de la règle monastique ; tendance de la couronne à s’affirmer de plus en plus prépondérante jusque dans les questions touchant à la religion, sinon au dogme, les demandes de sécularisation devaient fatalement se multiplier. Le gouvernement leur faisait bon accueil et les appuyait avec énergie, quand d’ailleurs il ne les provoquait pas lui-même.

Il avait pour cela d’autres raisons encore que celles que je viens d’indiquer. À bon droit, il se préoccupait du sort des filles de la noblesse, auxquelles on avait trop peu songé jusqu’à la fin du XVIe siècle. Au Moyen Âge, époque de grande foi, il avait paru tout naturel que les jeunes filles, quand leur mariage n’était pas utile à la fortune ou à la grandeur de la maison, se consacrassent à Dieu et passassent leur temps à prier tandis que les pères et les frères, à grands coups d’épée, se taillaient des fiefs ou, rangés derrière la bannière royale, conquéraient peu à peu les territoires dont la réunion devait former un jour le « doux pays de France ». En ces siècles de luttes, la femme ne pouvait avoir que deux destinées : la maternité ou le cloître. Dans la société d’alors, il n’y avait point de place pour d’autres femmes que la mère ou la religieuse. Durant les périodes qui suivirent, ce XVe siècle tout fumant des guerres contre l’étranger, ce XVIe siècle tout sanglant des guerres fratricides, la royauté souvent aux abois, réduite à se défendre, obligée de veiller au salut du pays comme au sien propre, pouvait-elle s’attarder à l’étude de questions secondaires auxquelles l’intérêt général n’était pas lié et qui n’allaient à rien de plus qu’à fournir quelques avantages à un certain nombre de filles nobles, cadettes de bonnes maisons.

Il en est autrement au XVIIe siècle. La monarchie définitivement assise, délivrée des dangers pressants venus de l’extérieur ou du sein de la France, peut à loisir condescendre à des réformes d’administration intérieure. Il ne lui échappe pas que la situation des filles de la noblesse est douloureuse, que le couvent considéré comme le refuge naturel de toute cette jeunesse désemparée apparaît à beaucoup comme une prison mal déguisée et imméritée. Quelques scandales retentissants ont montré que la règle monastique n’oppose qu’une bien faible barrière aux cœurs sensibles qu’une vocation sincère n’a pas détachés des choses de ce monde, et que les passions humaines, se riant des clôtures, viennent trop souvent corrompre les âmes quand celles-ci ne sont point pénétrées par l’âpre douceur du renoncement et du sacrifice. Puis, la foi, pour sincère qu’elle soit encore en France au temps de Louis XIV parmi les gens de qualité, n’a plus cette ardeur, cette profondeur, cette pureté par quoi s’est distinguée la foi du Moyen Âge, non plus cette énergie batailleuse que lui a redonnée la lutte contre le protestantisme. Les monastères, où les jeunes filles d’alors entraient avec élan, comme dans des lieux sacrés où les appelait la voix de Dieu, ne semblent plus aux jeunes filles du XVIIe siècle que des retraites moroses auxquelles les condamnent les exigences de leur situation, les convenances, parfois l’avarice de leurs parents. À beaucoup, à trop de celles qui prennent le voile désormais, il manque la spontanéité des sentiments, la volonté de s’immoler – la vocation.

Ne poussons pas cependant les choses trop au noir. L’opinion générale est que le monastère offrait autrefois un moyen commode et, pour ainsi dire, usuel, de se débarrasser des filles et des garçons que, pour une raison ou pour une autre, on ne parvenait pas à marier. Il resterait à savoir si cette opinion repose sur une base solide. N’a-t-on pas un peu exagéré ? Quand la Harpe, dans sa Mélanie, et Chénier, dans sa Victime cloîtrée peignaient sous des couleurs si sombres la barbarie des parents en ces circonstances, ne dépassaient-ils pas la mesure ? On ne saurait oublier que l’ordonnance de Blois et le concile de Trente avaient pris certaines dispositions sauvegardant l’intérêt des jeunes filles et jeunes gens en leur permettant de se pourvoir devant l’évêque pour faire déclarer leurs vœux nuls si la contrainte ou quelque autre motif les y engageait. Des témoignages particuliers montreront que cette dureté des parents souffrait du moins des exceptions. Dans son Livre de raison, Jean d’Aguesseau, trésorier de France, dit : « Marguerite, notre fille, ayant témoigné vouloir être religieuse, nous l’avons fait revenir chez nous pour mieux connaître sa vocation ; à quoi ayant toujours persisté, elle entre à la Visitation et prend l’habit (1656). » « Si j’eusse eu de la tentation pour le monde, écrira mademoiselle de Ventadour, qui m’eust pu forcer d’être religieuse ? » Grégoire de Viviers met ses trois filles au couvent, « après avoir éprouvé leur vocation pendant deux ans ».

D’autre part, voici la présidente Murat qui écrit en 1778 : « On m’a mandé la vocation de mademoiselle Brison pour être religieuse à Sainte-Marie, ce qui m’a étonnée, aujourd’hui que les demoiselles les moins riches prennent peu ce parti. »

Mais revenons à notre sujet.

Dans les familles comme à la cour, les aventures fâcheuses dont plusieurs monastères avaient été le théâtre avaient retenti de façon désagréable. Presque aussi péniblement frappaient les nouvelles chaque jour plus fréquentes de demandes de relèvement de vœux introduites à Rome.

Aussi bien les parents ne sont pas insensibles aux plaintes de leurs filles. Maintenant il leur paraît presque aussi cruel qu’à elles-mêmes de ne leur réserver que le triste avenir de la claustration. L’heure semble donc venue d’atténuer la rigueur du dilemme où la société les a enfermées jusqu’ici : mariage ou monastère. Entre l’état de femme mariée et celui de nonne, n’était-il pas possible d’établir une sorte de situation mixte en quelque sorte, qui permit aux jeunes filles de vivre dans une retraite honorable sans leur enlever à tout jamais la faculté de rentrer dans le monde et de s’y créer un foyer ? De là l’institution des chapitres nobles séculiers, qui atteignait parfaitement le but que l’on s’était proposé. Nous avons déjà dit un mot des avantages que présentait la sécularisation de certaines abbayes.

Il nous faut y revenir rapidement. Au lieu de végéter chez elles, dans la maison familiale devenue la propriété d’un frère marié, ou de se lier par des vœux irrévocables, les jeunes filles désormais allaient trouver dans les chapitres nobles un abri paisible où elles se rencontreraient avec d’autres femmes de leur condition, une communauté qui n’exigeait aucun engagement et où, dans une certaine mesure cependant, elles se voyaient sauvegardées des séductions du monde et de ses calomnies. De semblables institutions, il faut le reconnaître, s’harmonisaient exactement avec les coutumes d’alors, avec les règles de succession, avec l’organisation même de la société. Elles étaient mieux qu’une simple réforme bienveillante et libérale ; elles répondaient nettement à un besoin social.

Mais il convient de faire encore ici une distinction. Plusieurs chapitres nobles, dont les religieuses portaient également le titre de chanoinesse, ne furent jamais sécularisés, tel Montfleury près de Grenoble. Ces chapitres dits réguliers ne différaient des couvents ordinaires qu’en ceci : que les religieuses avaient droit à des prébendes. Par ailleurs, ils obéissaient à une règle monastique, celle de saint Benoît ou de saint Augustin, règles que les chanoinesses régulières s’efforçaient de faire fléchir, notamment, on l’a vu, en ce qui concernait l’obligation de clôture, de façon à s’assimiler le plus possible aux chanoinesses séculières.

Pour obtenir la sécularisation, il fallait d’abord un brevet du roi. Le plus souvent, la demande était faite par les chanoinesses elles-mêmes. Ainsi en fut-il pour l’Argentière et bien d’autres chapitres. Il arrivait toutefois que le roi accordait ce brevet de son propre mouvement. Bourbourg, par exemple, fut sécularisé sur les instances de Marie-Antoinette qui souhaitait voir se multiplier en France les chapitres séculiers de filles nobles, sur le modèle de ceux existant en Autriche. Jourcey en Forez, érigé en chapitre noble par brevet royal du 29 avril 1789, Lavesne, érigé en 1781, constituent autant de preuves de la sollicitude de la reine pour les filles nobles et de la tendance que le pouvoir avait à séculariser en dehors même des sollicitations des intéressées. Quand Louis XV veut transformer le simple prieuré de Neuville en Bresse en chapitre séculier, (à la vérité cette fois, sur les instances des chanoinesses), il se déclare désireux de « faire en France un nouvel établissement semblable à celui de Remiremont. » Le brevet royal n’eut point suffi naturellement à transformer un couvent en un chapitre séculier. Il était nécessaire que le pape accordât son autorisation et, par une bulle, érigeât l’église du couvent en collégiale, puis relevât les dames actuelles de leurs vœux. Non de tous, car le vœu de chasteté était maintenu, encore que les futures chanoinesses n’en dussent point faire profession.

À vrai dire, l’Église ne se montrait guère disposée à suivre le pouvoir laïque dans la voie de ces sécularisations qu’elle estimait trop fréquentes et non sans danger. Le cardinal de Tencin eut grand-peine à obtenir l’autorisation papale pour la sécularisation du chapitre de Neuville, que le roi l’avait chargé de négocier. Plus difficile encore fut celle de Lavesne. On avait cru bien faire en demandant à cette occasion la protection de madame Louise, tante du roi. Mais celle-ci, indignée, écrivit une lettre fort catégorique à monseigneur de Bonal, en s’élevant contre la tendance à séculariser les couvents, tendance qu’elle jugeait déplorable. L’influence de madame Louise était considérable à Rome, où son esprit d’intrigue se jouait d’autant plus à l’aise que la renommée de ses vertus réelles y avait plus profondément pénétré. Il ne fallut rien de moins que l’énergie de la reine Marie-Antoinette et l’intervention dévouée du cardinal de La Rochefoucauld pour avoir enfin gain de cause.

D’autres fois on se heurtait à des difficultés d’un ordre spécial. Quand il s’agit d’installer le chapitre noble de Saint-Antoine, auquel on attribuait les revenus de l’ancienne abbaye appartenant aux chevaliers de Malte, ceux-ci soulevèrent des oppositions sans fin, tant et si bien que l’installation décidée en 1779 ne fut définitive qu’en 1787. Force avait été de recourir au parlement de Grenoble. En 1785, M. de Marzin écrivait : « Il y a déjà eu de nouvelles lettres patentes enregistrées au parlement purement et simplement par ordre de la cour. »

II

Nombre des chapitres nobles en France, en 1789. – Leur organisation. – L’abbesse. – Les dignitaires. – Compétitions qui se font jour à chaque nomination d’abbesse. – Cérémonies d’intronisation. – La prérogative royale. – Une nomination d’abbesse en 1404 manque de déchaîner la guerre civile. – L’affaire de Remiremont. – Droits abbatiaux. – Faste qui entoure l’abbesse. – La doyenne. – Les secrètes. – Les fonrières. – Les chanoinesses titulaires. – Les nièces. – Elles sont le sourire des chapitres. – Les chanoinesses honoraires.

Il existait en France, en 1789, trente chapitres nobles réguliers ou sécularisés, à savoir : Alix, Andlau l’Argentière, Avesne, Baume-les-Dames, Beaulieu, Blesle, Bourbourg, Château-Chalon, Épinal, Estrun, Jourcey, Lavesne, Leigneux, Lons-le-Saulnier, Maubeuge, Migette, Montfleury, Montigny, Neuville-en-Bresse, Notre-Dame de Bouexières, Notre-Dame de Ronceray, Poulangy, Poussay, Saint-Louis de Metz, Saint-Marc de Martel, Saint-Antoine de Viennois, Saint-Martin de Salles, Saint-Pierre de Remiremont, et Saint-Remfroid de Denain.

Dans les uns, aucun lien irrévocable ne retenait les chanoinesses. Elles pouvaient rentrer dans le monde, au gré de leur désir, et s’y marier. Seules, les abbesses et les doyennes de certains chapitres étaient astreintes au vœu de chasteté, à l’âge de vingt-cinq ans. Ce vœu, au contraire, était obligatoire pour les chanoinesses qui entraient à Baume-les-Dames, à Château-Chalon, à Estrun, à Lons-le-Saulnier, à Migette, à Montfleury, chapitres non sécularisés. Quant au vœu de pauvreté, il n’était obligatoire nulle part, mais les chanoinesses perdaient tous leurs droits à la légitime et n’héritaient plus ab intestat. Elles pouvaient cependant avoir des propriétés dont elles gardaient la libre disposition, et accepter des donations ou legs, en capital dans les chapitres sécularisés, en rentes viagères, dans les autres.

Voyons maintenant quelle était l’organisation des chapitres nobles.

Tout chapitre comporte trois sortes de chanoinesses : les chanoinesses titulaires ou prébendées, les chanoinesses nièces ou surnuméraires, et les chanoinesses honoraires.

À la tête du chapitre est placée l’abbesse ou la prieure. Les autres dignitaires sont la doyenne, qui est, non pas la chanoinesse la plus âgée, mais la plus ancienne, la secrète, et l’économe, appelée parfois fonrière.

Chacune de ces dames a des attributions bien définies, car le chapitre noble est une monarchie tempérée et élective, mais dont l’organisation ne laisse pas d’être stricte et dans laquelle la confusion des pouvoirs n’est pas à craindre. L’abbesse ou prieure préside le chapitre, veille à l’observation des règlements, administre les biens, à charge par elle de rendre compte de sa gestion. Elle nomme à tous les offices de justice dépendant des terres et seigneuries du monastère et, seule, désigne les titulaires des cures et bénéfices.

Sa nomination donne toujours lieu à des compétitions nombreuses, quand ce n’est pas à de profondes intrigues. En principe, le droit d’élection de l’abbesse par les chanoinesses est demeuré en vigueur, mais il est soumis à de telles restrictions qu’il est devenu presque illusoire et que cette nomination dépend en somme du roi. C’est le roi, en effet, qui donne au chapitre l’autorisation de s’assembler en cette occasion. C’est le roi qui choisit les commissaires chargés de surveiller le scrutin. C’est le roi qui désigne, sur une liste de trois noms proposés par le chapitre, l’heureuse titulaire de l’anneau abbatial et lui confère titres et pouvoirs par lettres patentes. Il est à remarquer que la cérémonie d’intronisation religieuse est précédée d’une sorte de cérémonie civile, par quoi se marque la prérogative royale. Madame de Guyοt de Mancenans devient abbesse de Montigny, suivant brevet expédié de Versailles le 16 juillet 1787. Elle prête serment entre les mains de Messire Claude-Antoine-Catherine de Bocquet de Courbouzon, président à mortier du parlement de Besançon ; après quoi, se rendant à l’église, elle remet au père Braconnier le dit brevet et la prestation du serment. Le père en fait lecture, puis préside à la bénédiction de la dite dame dans la forme ordinaire. Il la conduit au siège qui lui est réservé, puis on chante le Te Deum et les dames défilent devant elle, la reconnaissant pour leur abbesse et supérieure.

Dans la pratique, la prérogative royale elle-même était fort tempérée par l’usage qui permettait aux prieures de se choisir, de leur vivant, une coadjutrice, d’ordinaire une nièce destinée à leur succéder dans leur charge. Il était rare que le chapitre ou le roi fissent une opposition quelconque à ce choix.

Si fortes que fussent les ambitions, si ardentes les cupidités, on n’en était tout de même plus à l’époque où la nomination d’une abbesse risquait d’amener une véritable guerre civile, ainsi qu’il advint en 1404, lors de la mort de Jeanne de Lorraine, abbesse de Remiremont. Divisées entre elles, les chanoinesses n’ont donné la majorité à aucune des postulantes. On s’adresse des reproches amers et l’on se sépare sans avoir pu terminer le scrutin. La doyenne prend alors l’intérim. Mais ces difficultés ont eu leur retentissement au dehors. Le grand prévôt, Jean de Blamont, essaie de faire nommer sa fille, et, pour cela, s’efforce de gagner certaines chanoinesses. Celles qu’il n’a pu convaincre se révoltent à la pensée que l’on s’ingère dans leurs affaires intérieures, et, l’orgueil aidant, se mettent d’accord pour élire Henriette d’Amoncourt. Furieux, Jean de Blamont, certain d’être soutenu par la bourgeoisie de Remiremont, appelle à son aide son frère Henri, ainsi que ses neveux Thibaut et Olry. Au moment où commencent les cérémonies d’installation de la nouvelle abbesse, les Blamont, suivis de leurs hommes d’armes, font irruption dans l’église. Les chanoinesses, folles de terreur, veulent fuir. On les cerne comme un troupeau, tandis que Jean et Henri de Blamont enlèvent Henriette d’Amoncourt et la déposent dans une salle voisine. Thibaut et Olry placent alors leur cousine Catherine sur l’autel et la font acclamer abbesse par l’assistance. Les dames fidèles aux Blamont viennent alors baiser la main de leur nouvelle supérieure. Mais les archers partis, les chanoinesses reprennent courage et refusent d’obéir à Catherine. On porte plainte à Rome. Benoit XIII évite de se prononcer et se borne à défendre de célébrer les offices dans l’église profanée. Ce n’est qu’en 1412 que le pape Jean XXIII reconnut Henriette comme seule abbesse et lui permit d’entrer en fonctions. Coupable de profanation d’église, Jean de Blamont fut condamné à payer au chapitre 2 170 florins d’or, quinze muids de vin, cinq bœufs gras et 295 quartiers de froment.

Sans que les choses en arrivassent à de telles extrémités, on sait que les compétitions furent toujours vives, lorsqu’il s’agissait de pourvoir à la vacance de certains sièges abbatiaux. La situation d’abbesse, appréciable même si le chapitre n’est pas des plus considérables, est unique, quand Remiremont, Maubeuge et quelques autres chapitres nobles sont en jeu. L’abbesse est une véritable souveraine, avec droits de haute, moyenne et basse justice sur le territoire de l’abbaye. Elle peut imposer taille à sa volonté. À Remiremont, elle est pour moitié dans la justice de la ville et des faubourgs. Elle perçoit moitié des revenus des poids et mesures, le quart de ceux fournis par la pêche dans les fossés et de ceux qui proviennent des droits d’entrée. On lui rend des honneurs pareils à ceux que reçoivent les évêques. Aux jours de fêtes, elle marche escortée d’une foule de seigneurs, parmi les acclamations des peuples et au son des cloches. Le jour de son intronisation, on lui remet les clefs des portes de la cité. Dans les processions, une sorte de pallium antique, que le chapitre dit avoir recueilli des mains de Léon IX, est dressé devant elle. Des dames d’honneur soutiennent la queue de sa robe et son sénéchal porte la crosse d’or. Le diacre et le sous-diacre la conduisent à sa place, le trône abbatial, dans l’église et lui donnent l’évangile à baiser. Enfin, lors de certaines solennités elle bénit les chanoinesses agenouillées à ses pieds. De tels honneurs, ce n’est pas seulement au cœur de son petit royaume qu’ils lui sont rendus. Encore qu’il tienne parfois rigueur à madame l’abbesse, le pape la considère comme une puissance avec laquelle il est bon de compter et la cour de France traite avec elle sur un pied de condescendante égalité.

Immédiatement derrière ce haut personnage dont l’anneau abbatial symbolise l’autorité, vient la doyenne. Celle-ci a des droits spéciaux. C’est à elle qu’il appartient d’examiner les preuves de noblesse des chanoinesses postulantes, le pouvoir de convoquer le chapitre, de prononcer les ordonnances capitulaires ; sous la direction de la prieure, elle veille encore à l’observation des règlements. Comme la prieure, elle couvre sa tête du chaperon noir doublé d’hermine ; comme elle, elle a son siège au chœur, et vis-à-vis la chaire abbatiale.

Les secrètes ont la charge des choses de l’église et de la sacristie. Leur pouvoir ne s’étend pas au-delà de l’ombre projetée par le clocher de la canoniale.

Aux économes ou fonrières, appartiennent le maniement des fonds, la tenue des livres et des comptes. Elles encaissent les revenus, paient les dépenses, contrôlent les prébendes, enregistrent les délibérations capitulaires relatives aux baux et fermages. L’économe est, pour tout dire, le ministre des finances de la communauté. Une telle fonction, nous le verrons tout à l’heure, n’est point une sinécure, pas plus dans les chapitres nobles que dans les abbayes.

Ces diverses dignitaires sont nommées à l’élection par le chapitre réuni, et quand j’en serai à retracer la vie intime des chapitres nobles, j’aurai l’occasion de montrer que ces élections suscitaient bien des troubles au sein des paisibles communautés.

Les chanoinesses titulaires jouissaient de prébendes plus ou moins importantes. Depuis que les chapitres étaient sécularisés, et même avant, elles avaient pris l’habitude de renoncer à la vie commune et possédaient chacune une maison dans l’enceinte du monastère.

Les chanoinesses nièces étaient, à proprement parler, des surnuméraires. Elles ne pouvaient être admises que lorsqu’elles étaient adoptées par une chanoinesse prébendée et, naturellement, après avoir fait leurs preuves de noblesse. Il était loisible à une chanoinesse d’adopter plusieurs nièces et ce nom de nièces n’impliquait pas toujours une parenté véritable. L’adoption se faisait dans toutes les règles. Le 28 août 1785, par exemple, madame de Chaussecourte du Bort, chanoinesse comtesse de Lavesne, adopte en qualité de nièce demoiselle Anne Claudine des Roys, « par-devant Me Joubert, notaire à Lavesne. » Par l’acte d’adoption, la chanoinesse s’engageait à prendre la jeune fille dans sa maison canoniale, à l’y instruire et à l’y nourrir, elle et une suivante, moyennant une pension fixée d’un commun accord avec les parents de l’adoptée. Nulle ne pouvait être reçue en qualité de nièce avant l’âge de douze ans. Les chanoinesses nièces succédaient par rang d’ancienneté aux prébendes, et, par privilège, à la maison canoniale, ainsi qu’au mobilier de leur tante et à l’argent monnayé jusqu’à concurrence de 600 livres ; le surplus faisait retour à la famille. Une chanoinesse ne pouvait se défaire de sa maison ni en acquérir une autre sans le consentement de ses nièces.

Les chanoinesses nièces sont le sourire des chapitres. Dans la gravité de ces asiles un peu mélancoliques, leur jeunesse apporte de la grâce et je ne sais quelle poésie, comme parmi les vêtements sombres des titulaires, leurs robes blanches mettent une jolie note de fraîcheur et de clarté.

Quant aux chanoinesses honoraires, on les choisissait d’ordinaire de haute distinction et assez riches pour payer sans difficulté un droit annuel relativement élevé. Soumises aux preuves habituelles de noblesse, elles n’étaient pas astreintes à la résidence, vivaient dans le monde et pouvaient être attachées à la maison des princesses.

Telle est, sommairement exposée, l’organisation des chapitres nobles en France, avant la Révolution. Voyons maintenant qui y était admis et comment on y entrait.