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Avec le soutien conjoint du Service des affaires culturelles de l’Etat de Vaud et du Service des bibliothèques et archives de la Ville de Lausanne. Ainsi que la ville de Vevey et la ville de Sion.

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PRÉAMBULE DE L’ÉDITEUR

L’esprit des lieux et l’esprit de la lettre

A l’heure où l’on photographie et filme les villes dans les moindres détails, nous proposons un livre à contre-courant qui décrit des lieux sans la moindre illustration. Nos auteurs nous convient à un tour de Suisse en dix-huit escales. Livre de flâneries dans lequel l’auteur évoque une ville qui l’obsède ou qui l’enchante. Parfois il en profite pour décrire des souvenirs d’enfance ou des réminiscences amoureuses. Certains auteurs ont la plume plus critique et se font juges de l’évolution esthétique de leur ville. Des critères écologiques entrent également en ligne de compte, mais presque tous se font rattraper par le sentiment. La plupart des villes de Suisse sont présentées dans ce livre avec un œil neuf. Certaines villes comme Lugano, Bâle, Lucerne, Saint-Gall ou des lieux mythiques comme Sils-Maria, Zermatt n’ont pas inspiré nos écrivains et ce n’est pas grave, ils ont cédé à l’humeur du jour et aux circonstances de la vie. La Suisse est un village n’est pas un ouvrage didactique ou touristique, mais une invitation à une balade intime en Helvétie.

Au lieu de parler des grands lieux mondains nous tenions à ce que la Vallée de Joux anciennement pauvre soit présente car ce pays peuplé de cinq ou six bourgades vivait essentiellement de l’élevage des bovins et de l’industrie du bois. Mais les Combiers ont magnifiquement relevé le défi en faisant de leur région un haut lieu de l’horlogerie internationale et de la technologie de pointe attirant ainsi chaque jour des milliers de travailleurs dits frontaliers. C’est un microcosme représentatif de la Suisse vivant avec les archaïsmes et la modernité. Habituellement, quand on parle de la Suisse on cite son chocolat, son fromage, ses banques et son tourisme haut de gamme. Ici, les auteurs nous présentent des villes moyennes en les reliant avec leur vécu. Jon Ferguson parle de Morges avec une tendresse touchante, Bertrand Baumann déambule sur les pas de Robert Walser dans sa ville natale de Bienne, en la décrivant comme une capitale de l’avenir, la ville métisse par excellence. A signaler que trois auteurs français ont participé à ce livre : Maurice Denuzière, romancier dijonnais qui connaît tous les secrets de Vevey et Michel Chipot l’éminent mathématicien vosgien et auteur d’un roman de qualité : Le footballeur russe, qui nous présente Zürich sa ville d’adoption, la ville la plus américaine de Suisse. Et Isabelle Leymarie, fille d’un maître d’histoire de l’art, proche d’Albert Skira, évoque d’une plume alerte son enfance genevoise.

Finalement, ce n’est pas tellement l’esprit des lieux qui nous est révélé ici, mais l’âme des villes. Le lecteur de Calcutta, de Chicago ou de Mexico comprendra qu’il y a encore un certain bonheur à vivre dans nos cités qui grandissent pour l’instant dans le calme et la sérénité.

Cosmopolite ou pas, la Suisse reste un village paisible.

Madeleine Knecht-Zimmermann

Berne

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Madeleine Knecht-Zimmermann est née à Bâle, mais a grandi dans le sud-ouest de la France. Son père était vaudois et sa mère bernoise, aussi une partie des vacances familiales se passaient-elles toujours dans le canton ou la ville de Berne. En 1961, à la retraite du père, la famille est retournée en Suisse et Madeleine Knecht-Zimmermann a commencé des études de Lettres à Lausanne. Elle a enseigné le français et l’histoire au Collège du Belvédère à Lausanne d’abord, puis au gymnase de Chamblandes. Elle a écrit plusieurs livres publiés aux Editions de l’Aire. Actuellement elle vit à Lausanne et voyage souvent et avec un grand plaisir dans le reste de la Suisse.

BERNE

Si Berchtold V von Zähringen, lorsqu’il a posé la première pierre de la ville de Berne, avait su que cette cité serait un jour mondialement connue et considérée comme un site « dont la disparition constituerait une perte irréparable pour le monde » il aurait été sans doute très fier. C’est avec ces termes que l’UNESCO a qualifié le centre historique de Berne en l’inscrivant au Patrimoine de l’humanité en 1983.

Les Zähringen ont été des bâtisseurs de talent. Ils sont les fondateurs de Thoune, de Berthoud, de Fribourg, de Morat, de Laupen et d’un grand nombre de villes dans le sud de l’Allemagne. Elles ont un air de famille. Un plan intelligemment réfléchi, des maisons à arcades, des rues larges qui favorisent le passage des chars, des fontaines pour alimenter la population en eau potable. Berchtold V est le cadet et le dernier de cette grande famille.

Conrad Justinger, dans sa chronique de la ville de Berne écrite après 1420, donne pour la fondation de Berne la date de 1191. La légende veut que la ville ait été construite dans le méandre de l’Aar parce que le duc y aurait rencontré et tué un ours. Le choix de ce site extraordinaire est évidemment différent. Berchtold, cherchant à asseoir son autorité sur les nobles de la région, a choisi un lieu facile à défendre, protégé de trois côtés par la rivière. Il a installé sa forteresse, dont il ne reste que le puits, à l’est du méandre dans ce qui est aujourd’hui le quartier de la Nydegg, puis les maisons de la ville s’alignent le long de trois avenues reliées entre elles par des passages plus étroits. L’avenue centrale est large, légèrement incurvée, suivant harmonieusement la courbe de l’Aar et permettant au passant moderne de saisir d’un seul coup d’œil l’alignement des maisons de molasse, les frontons sculptés, les arcades et les caves qui s’ouvrent sur la chaussée. Elle s’appelle d’abord Gerechtigkeitsgasse, rue de la Justice, puis au niveau du Münster elle prend le nom de Kramgasse, rue des Marchandises, (aujourd’hui le mot Kram a pris un sens ironique et signifie plutôt fourbi), finalement elle est la rue du Marché, Marktgasse. C’est au bout de la Gerechtigkeitsgasse que se trouvait le premier mur d’enceinte, puis la cité a été agrandie plusieurs fois, les murs successifs ont été détruits, mais il en reste des traces comme le Käfigturm, la tour de la prison et le Zytglogge. Le dernier mur d’enceinte se trouvait au niveau de la gare actuelle, dans son sous-sol on peut encore en voir les fondations.

Après la mort de Berchtold les bourgeois de Berne, pour éviter de tomber sous le joug d’une nouvelle famille noble, ont rasé la forteresse en 1268, et par une politique habile ont réussi à faire de Berne une ville dépendant directement de l’Empereur, qui était bien loin de là. Très vite d’ailleurs elle a attiré marchands et artisans ce dont témoignent les ponts et les innombrables caves qui servaient à stocker le vin et le blé. Les premières maisons bien sûr étaient en bois, mais après l’incendie de 1405, elles furent peu à peu remplacées par des maisons à colombages pour faire place à ces belles maisons de molasse que nous connaissons.

Pour moi, enfant, Berne a toujours été une ville noble. Quand nous sortions de la gare et que s’ouvrait devant nous cette perspective magnifique qui traverse tout le méandre de l’Aar d’ouest en est, il me semblait que j’entrais dans une ville royale. Et aujourd’hui que la circulation en a été bannie, que seuls les transports publics l’utilisent, elle a gagné en beauté. On peut mieux s’approcher des fontaines dont les statues finement taillées ont près de cinq cents ans. Elles évoquent des personnages de la Bible, comme Samson, des êtres légendaires, comme l’ogre ou des personnages très populaires comme le joueur de cornemuse qui entraîne sous ses pieds un cortège d’enfants nus, menés par le fou du roi. Au bas de la ville, la plus belle est sûrement la statue de la Justice (1543) qui est due au ciseau de Hans Gieng.

Les maisons de la cité ont été restaurées en 1770 dans le respect du passé, le Conseil a réglementé à cette occasion le nombre d’étages et l’utilisation des matériaux, ce qui nous donne cette impression d’unité et de variété pourtant, parce que si elles sont construites dans le même style, elles ne sont pas identiques. On peut admirer ici un oriel, là une porte sculptée, les larges toits débordant sur la rue hérissés de fenêtres mansardées, et bien sûr la tour de l’horloge, Zytglogge. Devant son mécanisme complexe, se bousculent toute l’année des touristes venus du monde entier qui s’interpellent dans leurs langues. Sur les façades des maisons, les enseignes des corporations témoignent du dynamisme des habitants. Les corporations des boulangers, des forgerons, des bouchers, des tanneurs avaient un grand prestige et permettaient à ses membres de devenir Junker (gentilhomme). Certaines ont un attribut amusant, le Sauvage appartient aux tailleurs, le Fou servait d’enseigne aux nobles, le Singe réunissait les tailleurs de pierre.

Les clochers des églises s’élancent au-dessus de la cité. Il ne faut pas manquer l’Eglise française, Predigergasse, rue des Prêcheurs, qui a été construite par les Dominicains au XIIIe et ouverte aux réfugiés huguenots après la révocation de l’Edit de Nantes. Le Maître à l’œillet y a peint un jubé exceptionnel. La vierge au visage gracieux et infiniment doux offre son enfant aux rois de ce monde tandis que, à ses pieds, Jessé dort dans un champ d’œillets et de marguerites.

Nous avions à Berne une tante qui travaillait Junkerngasse, rue des Gentilshommes. J’allais la chercher le soir pour attendre dans son bureau qu’elle finisse de rédiger une lettre ou un rapport. Car il y avait là un poêle en faïence dont les carreaux représentaient des scènes mythologiques ou bibliques que je me plaisais à déchiffrer. Je me souviens des marches d’escalier en molasse creusées par le temps, des fresques qui ornaient les pièces où téléphonaient, écrivaient, tapaient à la machine ou discutaient des secrétaires qui me paraissaient auréolées d’un prestige extraordinaire. Ne vivaient-elles pas inconsciemment dans ces hôtels construits par les patriciens Bernois ? Je devinais dans les maisons voisines les armoiries, les plafonds à caissons ou les lourdes poutres de chêne, les jardins secrets, les meubles rapportés de Paris et les pendules Louis XIV.

Pourtant Berne n’est pas une ville musée. Les Bernois y vivent et y travaillent. On trouve sous les arcades des restaurants, des magasins, des boulangeries odorantes et des charcuteries. Les fleuristes et les primeurs y étalent les bouquets et les framboises devant les passants. Les caves sont devenues salles de spectacles, de théâtre ou de concerts, certaines sont occupées par des marchands et des artisans. Quand j’étais enfant les luthiers me fascinaient surtout. Je m’arrêtais souvent devant la vitrine de l’un d’entre eux. Un jour, avec l’audace des enfants, je suis entrée. Ma venue a suscité un peu d’étonnement :

- Tu t’intéresses aux violons ?

- Mais j’en joue ! Seulement très mal.

Le luthier a paru attendri, il m’a fait visiter l’atelier et tout à coup il a décroché avec bonhommie un instrument pour que je l’essaye.

Ma tante est morte depuis longtemps, le luthier n’est plus là, mais dans la vieille ville j’ai encore un ami. C’est un marchand de poupées anciennes, ou plutôt un collectionneur. Il en a des centaines, des milliers peut-être. Quelques-unes ont cinq centimètres de haut, d’autres font presque un mètre. Il les répare, les habille, s’en sépare difficilement. J’ai fait sa connaissance parce que je lui ai apporté une poupée à qui un index d’enfant curieux avait enfoncé les yeux. Quand il a su que je venais de Lausanne, il m’a parlé en français.

Car les Bernois parlent volontiers le français, ils sont fiers de maîtriser cette langue qui était celle de leurs patriciens. Dans les magasins, les vendeuses qui vous adressent la parole spontanément en français parce qu’elles vous ont entendu glisser quelques mots à votre compagnon, ne sont pas rares. Habituellement les Bernois parlent leur dialecte et écrivent l’allemand qu’ils n’appellent pas Hochdeutsch, mais Schrifftdeutsch. Leur dialecte ne leur paraît pas une langue bâtarde, c’est simplement celle qu’ils parlent, par opposition à celle qu’ils écrivent. Ils n’auront sûrement jamais à pleurer sa disparition, comme les Français qui regrettent si amèrement la mort de l’occitan. Le dialecte bernois est une langue savoureuse, truculente comme celle de Rabelais, riche en expressions très imagées. Ma tante disait, (je traduis) :

- Habille-toi, il fait un paletot plus froid qu’hier.

Elle disait aussi :

- Ne danse pas comme un escargot.

Etrange conseil et qui veut dire à peu près :

- Ne coupe pas les cheveux en quatre.

Au bord de l’Aar dans le quartier populaire de la Matte on parle même une langue secrète qu’on appelle le « Mattenänglisch ». C’est un dialecte proche du bernois, mais tordu, bousculé, comme la langue des paysans chez Molière. Le quartier de la Matte a été longtemps le quartier le plus pauvre de Berne. Grâce au canal que la famille des Bubenberg y a fait aménager, on y trouvait des moulins, des scieries, des tanneries, des pêcheurs aussi, des passeurs, des bains et des bordels. On prétend que Casanova les a fréquentés. Le quartier a été vendu à la ville au XVIIIe siècle. Aujourd’hui ces rues sont habitées par des artistes et des étudiants. Un funiculaire les relie à la plateforme du Palais fédéral.

Et je ne vous ai pas parlé du Palais Fédéral, ni de la collégiale, ni des Musées, le Musée historique, le Musée des Beaux-Arts et d’autres encore et j’ai même oublié la fosse aux ours qui n’est plus une fosse. Que dire donc ?

Il faut aller à Berne et y rester longtemps, monter au Jardin des roses, voir la nuit tomber sur la ville. De là l’emplacement de la forteresse est toujours bien visible. Peu à peu les lumières s’allument et avancent comme un cortège le long des rues tandis que l’Aar coule sans bruit, disparaît dans l’obscurité et s’efface sous les ponts.

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Bertrand Baumann

Bienne

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Bertrand Baumann est né à Bienne en 1941, a étudié à Lausanne et à Neuchâtel, et vit depuis plus de 40 ans dans la région de Fribourg (Bonnefontaine, Fribourg, Rueyres-Saint-Laurent, Corminboeuf, et bientôt Ecuvillens, que des noms et des lieux enchanteurs...). Après avoir enseigné le français, langue étrangère à des générations d’étudiants, il s’est approprié sa langue, en vers et en prose, pour le plaisir de quelques uns et le sien. Et il compte continuer à en user ainsi, sans en abuser. Occupation principale : enregistre des livres pour les gens empêchés de lire des yeux, au service de la Bibliothèque sonore romande (Lausanne). Accessoirement: acteur amateur, profitant des leçons de Jean Winiger.

La Ville de l’Avenir est aussi celle de mon passé

L’autre dimanche, je suis retourné sur mes pas, à Bienne où je ne vais plus souvent. Je me suis promené un peu au hasard dans la ville où je suis né et où j’ai grandi – avant d’habiter Lausanne, La Neuveville, Berne et, depuis longtemps, Fribourg et ses environs.

En débarquant, un coup d’œil sur la place Robert Walser : entourée de hautes maisons commerciales sans grâce, une esplanade pour des piétons que j’imagine grignoter un sandwich sur le pouce avant de regagner leur bureau. Rien de « walsérien » dans cet espace.

Reprenons la gare par le bon bout, par la place du même nom. Les restaurants s’y côtoient, dont le Brésil, qui n’est plus tout à fait le tea-room cosy où mon père nous emmenait manger certains dimanches. Enfilons la rue de la Gare, où survivent à main droite le Mariana, (qui ne semble plus entaché de sa mauvaise réputation d’antan), le Cecil où mon ami Boudu avait tenu séance plusieurs jours de suite, la tête et le bras immobilisés après un accident de voiture assez grave, s’étant enfui de l’hôpital… puis le Faucon (sur une façade latérale se détache un énorme oiseau très coloré, en forme de… faucon) ; sur la gauche, nous venons de dépasser l’Odéon, semblable à lui-même, cet Odéon où officiaient de mon temps deux garçons de café : Monsieur Roger était grand et gros ; l’autre, un petit Italien vif et maigre, on l’appelait Piccolo ; aujourd’hui ce sont des dames qui servent.

Avant d’arriver à la place Centrale, un petit crochet s’impose par le quai du Bas N°45, ancien Hôtel de la Croix-Bleue où Walser occupait une mansarde au dernier étage. C’est devenu un Home pour personnes âgées.

J’ai pris la rue Centrale, le Rosius, je suis entré dans la vieille ville, en passant le « Bääsetööri » (la petite porte des Balais) sous la bannière de la Ville, faite de deux haches croisées, agrémentées d’un couplet belliqueux prononcé par un soldat qui menace de son épée l’étranger envahisseur. Autres temps… le Biennois d’aujourd’hui trahit souvent une origine étrangère, et tout ce monde a l’air de s’entendre très bien. Me voici au Ring où se trouvait autrefois, derrière la fontaine du Banneret, l’Ecole de musique où l’on a essayé de m’enseigner la rythmique, et même le violon. Le café du Paon est en face, sous ses arcades auxquelles on accède par quelques marches raides. En voilà encore un qui n’a guère changé. Alors l’église se met à sonner lourdement, comme si on risquait d’oublier sa masse qui écrase la placette.

L’heure de manger approchant, et moi approchant de la place du Jura, le restaurant Les Caves me fait signe, et d’abord son patio surplombé d’une verrière sur deux côtés et muni de tables et sièges rustiques ou multicolores. Les enfants peuvent y jouer sans déranger les mangeurs, qui sont de tous les âges. Une tablée parle français, celle d’à côté allemand. Certains ont commandé un brunch, pour moi c’est un plat de röstis bien dorés avec du lard et un œuf, arrosé d’une bière non filtrée. La température est douce, l’humeur légère dans cette petite cour.

Mais il faut poursuivre mes retrouvailles avec Bienne, risquer par exemple quelques pas le long du Faubourg du Jura, où je reconnais l’église catholique qui se cache un peu sur la hauteur, puis l’enseigne « Grand Garage du Jura », peinte sur un bâtiment bleu abritant toutes sortes d’activités commerciales… et plus aucune voiture. A côté, je retrouve l’emplacement de mon jardin d’enfants, devenu cubique, monochrome, environné de bitume. C’est à cet endroit que je me suis ennuyé durant tant d’heures où de vieilles demoiselles voulaient que je tisse des bandes de papier coloré dans des cartons munis de fentes à cet effet, passant une fois dessus, une fois dessous… Le petit garçon que j’étais proclamait que c’était pour les filles, manière de dire que cela ne l’intéressait pas.