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© PixL

Paris

www.editionsjourdan.fr

ISBN : 978-2-39009-160-8 – EAN : 9782390091608

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

Pierre Guelff

quand l'Alcool
et la drogue tuent

Pierre Guelff aux Éditions Jourdan

Charleroi-Bagdad, vie et parcours d’une kamikaze, 2006.

Belgique mystérieuse, insolite et sacrée, 2007. (*)

L’Impératrice et l’Enlumineur, roman historique, 2008. Cet ouvrage a obtenu les Prix « Arts et Lettres de France » et de la Ville de Rouen.

Le Petit Livre de la Sagesse et de l’Esprit maçonniques, 2008.

Histoires de crimes, l’amour et la passion, 2009.

France mystérieuse, insolite et sacrée, deux tomes, 2009. (*)

Sur les pas des francs-maçons, 2010.

Curieuse histoire d’une stigmatisée, 2011.

Meurtres au féminin, 2013.

Ces jeunes devenus criminels, 2013.

Les plus grands procès, 2013.

Quand l’amour et la passion tuent, 2013.

Dutroux, l’affaire, les pistes, les erreurs, 2013.

Les grands dossiers d’assises, 2013.

Mémoires d’un journaliste révolté, 2015.

(*) Chroniques en télévision (RTBF, TV5 Monde) et en radio (Viva Cité, Fréquence Terre en partenariat avec Radio France Internationale).

La liste complète des ouvrages et pour en connaître davantage sur l’auteur ou dialoguer avec lui : http://www.pierreguelff.info (site web officiel)

Également sur son blog « Littérature sans Frontières » et Facebook.

Préface

Un fait de société ravageur1

« La vie réelle est plus forte que la fiction », selon l’auteur Marek Halter2 et dans le présent ouvrage (sixième de la collection PIXL consacrée aux procès d’assises), les affaires qui y sont développées ne relèvent effectivement pas de l’affabulation ou du polar.

L’alcool et la drogue sont deux fléaux (dans le sens de « grandes calamités publiques ») qui font des ravages dans toutes les couches de la société et touchent des êtres de plus en plus jeunes. Des êtres qui, bien souvent, et, quel que soit leur âge, sont en quête d’une existence dans une société « idéale ». Mais ce concept est-il réalisable ? Existe-t-il, seulement ?

Luc Ferry, philosophe de renom, a posé la question : « Qu’est-ce qu’une vie réussie ? »3

Je résume l’un de ses développements :

« Imaginons que tous les individus vivant aujourd’hui en ce monde se mettent à observer parfaitement dans leur(s) existence(s) quotidienne(s) l’idéal du respect de l’autre tel qu’il s’est incarné dans les principes humanistes. Chacun prendrait dès lors pleinement en compte la dignité de tous, le droit égal de chaque individu à accéder à ces deux biens fondamentaux que sont la liberté et le bonheur.

Il n’y aurait plus désormais ni guerre, ni massacre, ni génocide, ni crime contre l’humanité, ni "choc des civilisations", ni racisme, ni xénophobie, ni viol, ni vol, ni domination, ni exclusion, et les institutions répressives ou punitives, l’armée, la police, la justice ou les prisons pourraient disparaître. C’est dire que la morale n’est pas rien, c’est dire à quel point elle est nécessaire à la vie commune et combien nous sommes loin de sa réalisation, même approximative.

Pourtant, et il faut peser chacun de ces mots : aucun, je dis aucun, de nos problèmes existentiels les plus profonds ne serait pour autant résolu. »

Sans conteste le fléau de l’addiction est parmi les plus difficiles à appréhender, selon les spécialistes. Parmi eux, le docteur Nicole Boulanger4 pose des questions essentielles et fournit des réponses accessibles au grand public. Je résume quelque peu…

— Qu’est-ce qu’une drogue ?

— C’est un produit qui agit sur l’organisme, en particulier sur le psychisme. Il modifie l’activité mentale, stimule, calme, peut rendre agité ou agressif, causer des hallucinations…

— Quels sont ces produits ?

— L’alcool, le café, le tabac, des médicaments, le haschisch, l’héroïne, la cocaïne… Certains sont légaux, d’autres pas. Tous les consommateurs de drogue ne sont donc pas des « drogués ».

— D’autres constats ?

— Certaines drogues produisent davantage de réactions biochimiques et conduisent plus facilement à un abus. Différentes situations ou certains sentiments (tristesse, peu d’estime de soi, isolement social, stress…), qui paraissent soulager lorsqu’on utilise la drogue, poussent aussi à en augmenter la consommation, surtout lorsque la personne se sent impuissante à opérer des changements.

— D’où, parfois, des comportements délinquants…

— Étant donné le prix des drogues illicites, lorsque la dépendance à celles-ci est importante, elle s’accompagne parfois rapidement de comportements délinquants. Beaucoup de toxicomanes vivent dans des conditions très précaires ; un grand nombre d’entre eux ont fait un ou plusieurs séjours en prison avec notamment comme conséquence l’absence de traitement médical.

— Des « solutions » pratiques ?

— Il existe divers centres d’aide traitant les patients en ambulatoire ou les accueillant en communauté thérapeutique. Également, de plus en plus de médecins de famille se forment à ce sujet.

Cette prise en charge est toujours difficile : (sans généraliser) le sevrage provoque des souffrances physiques, il y a, aussi (souvent) des difficultés existentielles et/ou une pathologie psychiatrique…, d’où la nécessité d’une collaboration étroite entre les différents intervenants (médecin, psychothérapeute, travailleurs sociaux…)

Il est question de souffrance psychique dans cette importante problématique et des difficultés majeures à la gérer : « Des spécialistes affirment que l’usage de drogue est avant tout le signe d’une souffrance et d’un conflit intrapsychiques. Les motivations sont multiples et complexes : fuite devant les angoisses de l’existence certes5, mais aussi soulagement de la douleur, recherche du plaisir, expansion de la conscience, recherche de la performance… »6, sans omettre un instinct de survie pour maintes personnes.

Malheureusement, le diagnostic, la prise en charge et le suivi ne sont pas toujours exempts de vives critiques, comme celle proférée fin septembre 2014 par une présidente de tribunal belge : « Plus il y a de psys, moins on y voit clair ! »7, et pour l’une de ses homologues françaises, autre constat : « Les drogués et les alcooliques ne méritent pas d’aller en prison avant d’avoir essayé un traitement adapté. »8

La discussion réside, peut-être, comme le suggère le docteur B., entre le comportement de la Justice qui considère le toxicomane comme un délinquant et la Médecine, comme un malade : « S’occuper de toxicomanes, c’est beaucoup de désillusions et quelques satisfactions magnifiques. » constate-t-il également.9

En reportage aux « Alcooliques Anonymes »10, un homme d’une quarantaine d’années me confia qu’il en était arrivé à boire de l’eau de Cologne pour assouvir son assuétude à l’alcool. Visiblement, il entrevoyait le bout du tunnel, à défaut de clamer que son problème d’addiction était définitivement résolu puisque, pour paraphraser Luc Ferry, il savait très bien que la vigilance s’imposait jour après jour, car « son problème existentiel profond ne serait jamais résolu ». J’ai beaucoup d’estime pour ces gens qui luttent contre leurs « démons ».

Lors d’un autre reportage, un jeune toxicomane avoua se prostituer pour se payer ses doses journalières de drogue. Jusques à quand ? A-t-il rejoint un box d’accusés ou, je le lui souhaite, a-t-il pu s’extirper de la nasse tendue par les dealers ? J’en connais quelques-uns qui y sont arrivés. Quelle magnifique victoire !

Pierre Guelff


1. Tous mes remerciements au docteur B., médecin et maître de stage, qui m’a conseillé de façon notable dans la rédaction de la préface et de l’annexe.

2. Le vent des Khazars, Pocket, Paris, 2001.

3. Essai aux Éditions Grasset, Paris, 2002.

4. Toxicomanie et parentalité, Fonds Houtman, Bruxelles, 1996.

5. « Dès la naissance et la vie durant, nous sommes aux prises avec un conflit entre la connaissance de notre mort à venir et le refus de notre finitude. », selon « Psychologie médicale », Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes, 2007-2008.

6. Site « Lien social » (publication 678 au sujet de « Peut-on civiliser les drogues ? » d’Anne Coppel, La découverte, 2002).

7. Le Soir du 1er octobre 2014.

8. Évelyne Sire Marin, magistrate, « C dans l’air », France 5, le 2 octobre 2014.

9. Voir, aussi, l’annexe en fin d’ouvrage.

10. Mouvement mondial – fondé en 1935 – d’entraide dont le but de ses membres est de demeurer abstinents et d’aider d’autres alcooliques à le devenir.