Guy de Maupassant est un célèbre écrivain français du XIXe siècle. Né en 1850, il est très tôt encouragé dans ses écrits par Gustave Flaubert (romancier français, 1821-1880), ami d’enfance de sa mère. Maupassant hérite du souci de réalisme de son mentor, ainsi que de ses fines analyses psychologiques.
Explorant tour à tour le genre du conte, de la nouvelle ou du roman, il s’impose comme un « illusionniste », ainsi qu’il se qualifie lui-même, en peignant la société dans toute sa diversité (monde paysan, petite et haute bourgeoisie) avec une authenticité qui fait parfois écho à celle d’Émile Zola (1840-1902), auteur contemporain et chef de file du naturalisme.
Pourtant, l’originalité littéraire de Maupassant ne se cantonne pas à cette voie. L’écrivain sait aussi en prendre le contre-pied en faisant affleurer, au cœur de certains récits, l’angoisse humaine née de l’incompréhension ou de la folie qui tend à faire basculer le réalisme dans son exact contraire, le fantastique. À moins qu’il ne s’agisse, comme dans Le Horla, d’un hyperréalisme donnant à voir la psychologie profonde de l’être humain et la démence dans laquelle il peut sombrer.
Pierre et Jean est l’histoire d’une crise familiale qui perturbe sans préavis la vie des Roland, petits-bourgeois parisiens installés au Havre.
Tout va pour le mieux pour ces commerçants retraités qui mènent une vie tranquille, ponctuée de parties de campagne ou de promenades en mer en compagnie de leurs deux fils qui cherchent à s’établir depuis la fin de leurs études. Pourtant, un événement inattendu va bouleverser leur paisible quotidien : un héritage est entièrement et exclusivement légué au cadet, Jean Roland, par un vieil ami de la famille.
L’aîné de la famille, Pierre Roland, dans un premier temps jaloux, devient de plus en plus tourmenté par une seule et même question : pourquoi Jean est-il le seul bénéficiaire ? Il se donne dès lors pour mission d’investiguer au sujet du passé de ses parents.
Lorsqu’il découvre que son frère est un enfant illégitime, ce secret maternel lui rend la vie tellement insupportable qu’il décide de s’exiler volontairement, pendant que son frère profite d’une ascension sociale vertigineuse, tant sur le plan privé que professionnel.
Pierre et Jean se présente donc comme un roman à mi-chemin entre l’intrigue policière et la tragédie, qui entrecroise énigmes familiales, enquête et déclin du personnage principal.