Vous pouvez publier votre propre livre ! Voici une vérité qui était loin de l’évidence il y a une dizaine d’années. Et pourtant, aujourd’hui, le nombre d’auteurs qui gèrent eux-mêmes leurs livres depuis l’écriture (bien évidemment) jusqu’à la vente s’accroît à tel point qu’on peut se demander jusqu’où ira ce phénomène. Pourquoi ce changement ? Première explication : la multiplication et la démocratisation de l’objet informatique. Deuxième explication : une difficulté plus grande aujourd”hui qu’hier à se faire éditer par un éditeur traditionnel.
La première raison, surtout. L’outil informatique s’est généralisé, les prix ont chuté, et davantage de gens possèdent désormais, à la maison, un ordinateur dont ils ont appris à maîtriser l’utilisation. C’est le point capital. Car, avec un traitement de texte de base tel que Word, Clarisworks ou tout autre logiciel permettant une mise en page soignée et agréable, il est possible de mettre son manuscrit en forme avec numérotation de pages (en pied de page, en tête de page, ou sur les côtés) et choix de marges (droit, gauche, haut, bas), exactement comme dans le futur livre. Signalons d’emblée que si vous n’avez pas d’ordinateur ou si vous êtes encore de ceux qui le tiennent à distance, pas de problème, et cela ne devrait pas être redhibitoire pour votre projet d’éditer votre propre livre. Car vous trouverez toujours, dans votre entourage, ou pas loin de chez vous, quelqu’un pouvant vous aider à franchir cette étape.
Sous réserve, bien entendu, que votre futur livre est écrit et existe bien sous forme de manuscrit, puisque la question qui se pose concerne davantage sa fabrication que l’écriture (que nous allons cependant évoquer au début du présent ouvrage). Allons même plus loin pour dire ceci: même si vous n’avez pu écrire votre histoire qu’à la main, ce n’est pas trouver quelqu’un pour la taper qui pourra ou devrait vous bloquer dans votre éventuel projet d’auto-édition. Ce livre a été cconçu pour vous aider à monter votre projet, pas à pas, depuis la toute première idée d’écriture jusqu’à la vente de votre livre. BONNE CHANCE !
Les éditeurs ont tous refusé de publier votre livre, en dépit de mille et une démarches que vous avez engagées pour réaliser un rêve légitime, celui de voir imprimée une histoire que pour rien au monde vous ne voudrez garder pour vous seul. Pour compliquer le tout, certains éditeurs sont sans doute allés jusqu’à vous proposer de financer vous-même l’édition de votre livre et vous avez trouvé que le montant demandé était exorbitant (dans ce cas qui est du reste de plus en plus fréquent, vous avez affaire à l’édition dite “à compte d’auteur” : vous payez, l’éditeur vous édite).
Le thème du présent ouvrage est l’autoédition, le fait pour vous d’éditer votre propre livre, autrement dit de le fabriquer et de le vendre vous-même. Vous essaierons de vous guider étape par étape, depuis la mise en forme des idées jusqu’à la vente en passant par l’écriture, les corrections, les mises en page, les demandes de devis, l’impression et la distribution.
Avant tout, pourquoi ne pouviez-vous pas faire publier votre livre par un éditeur traditionnel qui, à ses frais, prendra en charge la fabrication de votre livre et qui, de plus vous versera vos droits d’auteur sur chaque exemplaire vendu ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette impossibilité :
1. Votre texte est trop court pour faire un livre ayant l’épaisseur de ceux que les éditeurs ont l’habitude de publier.
2. Il est peut-être, au contraire, trop long pour le sujet traité, ce qui risquerait d’entraîner des coûts d’édition trop importants.
3. Le sujet est certainement intéressant pour vous, auteur, mais pas suffisamment pour un large public, ce qui fait évidemment qu’un éditeur hésitera à prendre des engagements pour un livre qui ne se vendra pas bien.
4. La qualité littéraire de votre manuscrit n’est peut-être pas de nature à s’imposer dans le marché, où la concurrence est rude et où chaque livre doit convaincre sur plus d’un aspect.
Et bien d’autres raisons plus ou moins identifiables ou avouables qui feront que, en dépit des nombreux porte-à-porte que vous ferez, vous vous retrouverez à chaque fois seul avec votre manuscrit. Et pourtant, il se peut que celui-ci tienne une grande place dans votre vie, dans votre proche entourage et même, là est le fond du problème, pour un public important à votre niveau (dans votre famille, dans votre ville ou même dans votre région sinon dans une profession ou secteur donné au plan national !).
C’est dans l’un de ces derniers cas que de plus en plus d’ouvrages sont aujourd’hui auto-édités, et que les ventes dépassent souvent celles que réalisent les plus grandes maisons d’édition sur la plupart de leurs titres. A titre d’exemples, signalons que les éditeurs du tiercé de tête Galligrasseuil (c’est-à-dire Gallimard, Grasset et le Seuil) font régulièrement des tirages de moins de 1.000 exemplaires pour les auteurs qu’ils découvrent (pour les premiers romans surtout), alors que nombre d’auteurs auto-édités que nous connaissons n’écoulent pas moins de 1.500 à 2.000 exemplaires de leur titre en une année.
Vous avez donc décidé de vous auto-éditer. Autrement dit, vous avez tiré un trait sur la recherche d’un éditeur, et c’est vous qui prendrez en charge la destinée de votre livre, de A à Z (peut-être avec l’aide de tiers pour franchir telle ou telle étape), depuis la décision bien réfléchie que le manusccrit est bon pour devenir un livre.
Récapitulons. Cela signifie que c’est vous qui ferez les opérations suivantes:
Frappe
Mise en page
Commande d’impression chez un imprimeur
Formalités admnistratives (eh oui !)
Promotion
Transport chez vous pour stockage et sur les lieux de vente
Ventes
Voilà ce que suppose l’auto-édition.
Pourquoi l’auto-édition ? Genèse de la démarche.
Au départ d’un projet de livre, la plupart du temps, la question se pose rarement de savoir comment et par quel éditeur le livre sera publié. C’est une fois le premier jet achevé que vous commencez à vous demander à quel éditeur vous allez bien l’envoyer. C’est, du moins, ce qui se passera si vous n’êtes pas déjà un auteur averti.
Et dès que vous estimez le texte bon et prêt pour la publication, vous vous lancez avec enthousiasme à la recherche d’un éditeur. Et c’est là que commence l’aventure dans un monde que vous côtoyiez chaque jour mais dont vous ignoriez les lois et les vérités. Puis vous commencez à comprendre au fil des semaines et des mois, lorsque les réponses arrivent moins vite que vous ne vous y attendiez et surtout, lorsqu’elles arrivent, quand les éditeurs auxquels vous aviez soumis votre texte vous donnent l’impression, à travers leur réponse parfois laconique, qu’ils ont peu ou à peine lu ce qui est pourtant si important pour vous.
Plein de courage, vous relisez, corrigez et réécrivez votre manuscrit avant de l’envoyer à d’autres éditeurs. Quand l’espoir que vous avez légitimement caressé semble se heurter à l’hermétisme de l’éditeur, le découragement n’est pas loin et vous voilà prêt à tout pour que le livre tant désiré voie enfin le jour, par un moyen ou un autre.
Le scénario décrit ici est à l’évidence un scénario catastrophe, car il y a bien des auteurs qui arrivent à publier leur premier livre sans passer par l’incertitude et le doute. Il convient que nous posions bien le problème avant d’aborder réellement la question de l’auto-édition.
Certains nouveaux auteurs ont certes publié assez rapidement leur livre. Ils ont peut-être frappé à plusieurs portes avant qu’une ne s’ouvre pour leur bonheur, mais ils n’ont pas connu l’angoisse de ceux dont il question ici, et qui n’ont pour seule ressource que de prendre leur entreprise en main. A l’inverse, combien d’auteurs ont écrit, corrigé, réécrit des années durant pour se voir refuser par tous les éditeurs auxquels ils se sont adressés ? Les chiffres, à eux seuls, parlent: même pas 3 % des manuscrits arrivés chez les éditeurs sont publiés. Qu’ajouter à ce constat ? Faudrait-il, pour cela, que tous les écrivains sont ainsi refusés restent à jamais méconnus et non lus ?
Le monde du livre est un monde vaste. Et vouloir bien faire comprendre ce qui s’y passe, surtout les politiques éditoriales qui justifient les recrutements de nouveaux auteurs, demanderait des centaines et des cantaines de pages, d’où l’utilité de cet ouvrage sur l’auto-édition. Signalons, entre parenthèses, l’un de nos derniers ouvrages publiés, Tout savoir sur les maisons d’édition. Nous y avons donné la parole à six grands éditeurs de la place parisienne (Gallimard, Stock, Le Seuil, Fayard, Robert Laffont, Bayard Jeunesse), et leur propos vaut tous les traités sur le monde de l’édition française. Un texte refusé par tous les éditeurs n’est pas nécessairement un mauvais texte, bien entendu, et ces éditeurs ne prennent pas toujours la peine de rassurer les auteurs en leur disant exactement pourquoi ils les ont refusés. Un éditeur ne publie un livre que s’il en a bien évalué le plublic, le plus nombreux possible. Soulignons “le plus nombreux possible”. Et puis, il y a livre et livre. Quand on écrit un livre, la précaution consiste à avoir la pleine conscience du type d’écrit au centre duquel on travaille. Est-on en train d’écrire un roman ? Un recueil de nouvelles ? de poésie ? Un essai ? Une histoire familiale ? Une expérience vécue ? Une biographie ? Une auto-biographie ? Un récit ? Le champ est vaste, mais il convient de se positionner correctement dans un créneau qu’on a pris le temps d’approfondir et de bien cultiver. Pour revenir au fond du problème, beaucoup de textes restent en rade et ne sont pas publiés par la voie royale, alors que publiés ils auraient été lus par beaucoup de gens qui en auraient certainement apprécié la valeur.
La France est pleine de ces manuscrits qu’aucun éditeur n’a voulu publier, sans parler des manuscrits d’auteurs trop modestes qui sont restés au fond des tiroirs. Seulement il y a des histoires qui revendiquent, par leur importance, de devenir des livres et d’êtres lus, ne serait-ce que par un public réduit et ciblé.
Voilà où se pose, enfin, la fameuse question : comment s’y prendre pour s’auto-édier ? Ce n’est pas parce que vous serez seul maître à bord que vous mettrez votre livre sous presse avant de l’avoir relu et corrigé, exactement comme vous l’auriez fait s’il devait être envoyé chez Galligrasseuil... Même si vous ne l’aviez écrit que pour votre entourage et vos collègues (ou anciens collègues) de travail, la moindre des politesses est de faire plaisir par la qualité de votre écriture. Votre propre plaisir ne s’en trouvera que multiplié !
Ecrire, en soi, procure déjà beaucoup de joie et peu d’activités solitaires sont susceptibles d’en faire autant. Pourquoi faire le tour du monde à la recherche de sensations que vous trouvez aussi bien assis et bien assis entre vos quatre murs, dans le calme, le repos, sachant par-dessus le marché que celles-ci sont plus durables mais aussi et surtout que vous pourrez les partager avec les vôtres.
Comment procéder ? De nos jours, pratiquement sous chaque toit de France, il y a quelqu’un sachant faire une mise en page de texte. Si ce n’est le cas chez vous, ce le sera chez votre voisin, ou chez le voisin de celui-ci. Pensez à votre entourage, à vos amis, à vos collègues, à la secrétaire de votre entreprise qui doit avoir quelque temps de libre en dehors du travail et qui acceptera de vous aider avec plaisir et fierté de vous donner un coup de main pour votre livre (elle en sera l’une des premières lectrices, une lectrice avant la lettre !), à votre fils, à votre fille étudiants qui travaillent à l’université sur des micro-ordinateurs. Autant de gens pouvant vous donner un bon coup de main.
Trouver un coin tranquille pour écrire ne va pas toujours de soi, sauf pour ceux qui vivent seuls. Les écrivains, sur la question, ont acquis depuis toujours la réputation d’êtres solitaires. Pascal n’écrivait-il pas, dans ses Pensées : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre » ? Le problème prend une tout autre dimension lorsque vous avez une famille et des enfants en bas âge. Prenant un long congé de maternité, certaines femmes font le projet de faire d’une pierre deux coups : élever leur enfant et écrire un livre qui les obsède depuis longtemps. Chemin faisant, elles s’aperçoivent que cela n’est aisé que si elles font appel à une nourrice qui prend chez elle Bébé pendant que le mari est au travail, et que les autres enfants sont à l’école. Elles pourront alors vraiment s’isoler et écrire en toute quiétude.
Cas extrême, bien que courant. En deçà, la cohorte des gens rêvant d’un ouvrage publié est impressionnante et, parmi les écueils rencontrés, la difficulté de disposer d’un lieu calme de travail figure en bonne place. Le projet d’écrire, la volonté de le faire sont pourtant là, qui s’intègrent dans les réalités quotidiennes (présence constante de la famille, d’amis, de collègues) et ne peuvent pas se concrétiser sans un cadre de travail approprié.
Certaines personnes sont incapables de se concentrer, ne serait-ce qu’une minute, à côté d’un appareil de musique, d’une télé en marche, d’un chat qui ronronne ou d’un chien qui est susceptible de se mettre brusquement à aboyer. Il leur appartient alors, s’ils désirent écrire sérieusement, de s’arranger pour trouver un endroit adéquat avant de commencer à écrire. Si vous vous savez incapable de rester à côté d’un poste de télévision sans être tenté de voir ce qui s’y passe, le plus sage serait de vous en éloigner. De même si vous ne pouvez pas supporter jusqu’à ce bruit caractéristique des réfrigérateurs qui sont branchés.
Et si, localement, malgré toute la diplomatie déployée il s’avère impossible de trouver un arrangement pour vous créer cet univers intérieur de travail alors que vous avez projet, volonté et temps, songez à trouver ce coin ailleurs. A condition, encore une fois, d’avoir du temps pour écrire. Et ça, c’est un autre problème.
Le tout n’est pas de disposer d’un coin calme pour pouvoir écrire. Il faut aussi, et surtout, en avoir le temps. La très grande majorité des gens qui portent en eux un projet d’écriture ont une activité professionnelle qu’ils exercent à plein temps. Et peut-être même ce dilemme constitue-t-il, selon un certain principe lié aux situations contrariantes, le stimulant principal. A l’intéressé(e), alors, de mettre en place une gestion astucieuse de son temps pour insérer la pratique de l’écriture dans sa vie et dans son quotidien.
Mais comment, après une pleine journée de travail, même dans son coin calme, vous mettre à écrire, sachant que le jour d’après, dès le saut du lit, il faudra que vous vous tourniez vers une autre journée de travail ? Dans ces conditions, les seules occasions restent les fins de semaine et les vacances. Les vacances, justement. Vous résoudrez-vous aisément à changer, à l’occasion des vacances, une occupation par une autre aussi prenante que l’est l’écriture, au lieu d’aller vous changer les idées ailleurs en prenant du bon temps ? Tout dépend, bien évidemment, du sérieux que vous accordez à votre projet d’écriture. Qui veut aller loin ménage sa monture, dit-on. Si vous voulez pouvoir écrire, il faut que vous vous en donniez le temps, malgré vos occupations habituelles, et en intégrant astucieusement l’agréable à l’utile. La joie que procure l’activité d’écrire est une joie qui se paie en retour : par l’effort, les privations, et par bien des sacrifices.