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© Éditions La Source Vive,
une marque des éditions Infolio,
CH-Gollion, info@lasourcevive.net
www.infolio.ch

Couverture : Pauline Chanel et Catherine Baud
Photographe de couverture : © fotolia
Photolithographie : Marlyse Baumgartner

Les Éditions La Source Vive ont pour vocation de publier des textes dans les domaines de la psychologie, de la spiritualité, de l’éducation, des médecines douces, des thérapies alternatives, mais aussi, dans les domaines de la philosophie ou encore du développement personnel. Prendre sa santé en main, vivre une spiritualité authentique, cheminer avec les réflexions des philosophes, découvrir les dernières avancées de la psychologie positive, s’initier au yoga ou encore à la méditation, La Source Vive, des livres pratiques et attrayants.

La maison d’édition Infolio Editions bénéficie d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.

e-ISBN : 9782889389933

© 2017, version numérique Primento et Infolio Editions

Ce livre a été réalisé par Primento, le partenaire numérique des éditeurs

AVANT-PROPOS

Je ne devais pas être âgé de plus de 15 ans lorsque je suis tombé dans la pensée positive. À cette époque, un drame se jouait dans ma famille : nous venions d’apprendre que ma mère était atteinte d’un cancer, maladie funeste d’autant plus effrayante que peu médiatisée alors. Une opération chirurgicale avait été nécessaire pour ôter la tumeur, mais, malgré cette intervention, le pronostic était alarmant. Le chirurgien ne lui avait pas laissé plus de six mois d’espoir…

Loin de se laisser abattre, j’ai vu alors ma mère se métamorphoser au contact de livres énigmatiques. Son vocabulaire changeait d’une façon surprenante, englobant de plus en plus de termes comme guérison, subconscient, Sagesse Infinie, pensée positive…

Rémission spontanée. Ce furent les mots employés par les médecins les mois qui suivirent l’opération. Le cancer avait disparu, ce que confirmèrent les examens durant les quinze années qui suivirent. Ma mère avait été guérie, ou s’était guérie, puisque ni la chimiothérapie ni la radiothérapie n’avaient été utilisées. Guérison miraculeuse ?

Une telle histoire marque assurément une famille. Ce fut le début d’un intérêt jamais démenti par la suite pour la pensée positive et le fonctionnement du psychisme. Cependant, aussi fasciné et reconnaissant que je fusse quant à cette guérison extraordinaire, des questions subsistaient : comment une telle chose avait-elle été possible ? Quels avaient été les mécanismes qui avaient opéré ? Pourquoi ma mère s’en était-elle tirée alors que d’autres n’ont pas cette chance ? Questions d’autant plus dérangeantes que je m’étais lancé dans des études universitaires scientifiques, choisissant la physique.

J’entrepris par la suite un cursus complet d’études en psychologie, mais là encore, la pensée positive n’était pas abordée, si ce n’est comme une idéologie fumeuse appartenant au courant du New Age. Pas scientifique, superstition, crédulité, les jugements péjoratifs ne manquaient pas pour discréditer ce courant.

Cependant, la guérison de ma mère me restait en mémoire, venant s’ajouter à un ensemble de témoignages d’autres personnes ayant vu leur vie changer grâce à la pensée positive. J’en côtoyais un certain nombre dans mes activités professionnelles et de loisir. Sans compter toutes les rencontres dans les salons consacrés au développement personnel et au bien-être.

Des individus témoignant de multiples bienfaits dans leur existence suite à la pratique de la pensée positive d’une part. Des explications sans fondement scientifique et exigeant un acte de foi – pouvoirs magiques de l’esprit ou du subconscient, croyance en un principe transcendant répondant aux prières, instauration d’une nouvelle loi naturelle d’attraction – auxquelles ma formation en sciences naturelles et en psychologie me retenait doublement d’adhérer d’autre part. Dilemme insurmontable !

Jusqu’au jour où le chaînon manquant m’apparut soudainement ! Au travers d’une lecture : un ouvrage de Richard Wiseman, un professeur de psychologie britannique, bien connu pour ses études décryptant les ressorts psychologiques derrière la croyance au surnaturel et au paranormal1. Ayant pratiqué l’illusionnisme (la prestidigitation) durant sa jeunesse, ce chercheur a développé un esprit extrêmement critique envers des phénomènes qui trouvent selon lui des explications rationnelles. Un chercheur on ne peut plus respectable et respecté, connu pour son scepticisme et récompensé de plusieurs prix prestigieux pour ses travaux.

« Comment mettre la chance de votre côté ! » est un ouvrage à part2. Le professeur Wiseman y étudie en détail et de manière rigoureuse ce phénomène que l’on nomme chance et tente de répondre à la question : pourquoi certaines personnes connaissent-elles une vie plus belle, dans laquelle les opportunités se multiplient, alors que d’autres semblent poursuivies par la fatalité ? À mesure que je dévorais ce texte, une idée se faisait de plus en plus claire dans mon esprit : ce qui était décrit au sujet de la chance s’appliquait parfaitement à la pensée positive et à ses effets ! Dans les deux cas, il s’agit d’une influence qui s’exerce sur des événements sur lesquels nous ne croyons généralement pas avoir de contrôle, qui nous échappent.

Cette découverte m’enthousiasma à tel point qu’il devint vite évident qu’il fallait que je la partage. Une telle connaissance ne devait pas restée cachée et secrète, réservée aux seuls initiés des ouvrages de psychologie. C’est l’origine de ce livre que vous tenez entre vos mains : le mariage de la pensée positive, avec ses effets qui semblent miraculeux, et des explications scientifiques qui permettent d’en comprendre le fonctionnement ultime sans avoir recours à une quelconque magie !

Une précision s’impose encore : mon propos n’est pas de convaincre celles et ceux qui croient à la loi d’attraction ou à un principe transcendant – l’Univers, l’Énergie Cosmique ou la Sagesse Infinie – exauçant leurs prières qu’ils font fausse route et qu’ils ont tort. Que chacun accorde sa foi comme il l’entend ! Les explications de nature psychologique viennent simplement ajouter de l’eau au moulin de tous ceux qui sont déjà convaincus par la pensée positive. Elles ont l’avantage supplémentaire d’ouvrir un accès à ce domaine à toutes les personnes que le mysticisme et le surnaturel rebutent.

C’est dans cet esprit que j’ai rédigé ce texte : non pas polémique et critique, mais plutôt conciliant, réconciliant science et croyance pour tirer le meilleur parti de la pensée positive.

Je vous souhaite une excellente lecture et beaucoup de découvertes passionnantes.

Yves-Alexandre Thalmann


1 Richard Wiseman, Petites expériences extra-sensorielles : Télépathie, voyance, hypnose, Le paranormal à l’épreuve de la science, Dunod, 2012.

2 Richard Wiseman, Comment mettre la chance de votre côté ! InterÉditions, 2012. Publié en 2003 sous le titre The Luck Factor en Grande-Bretagne.

INTRODUCTION

Certaines personnes mènent une vie plus enviable que d’autres. Indéniablement. On dirait que la chance leur sourit en permanence : elles rencontrent du succès dans leurs affaires, exercent une profession épanouissante, jouissent d’une bonne santé, disposent de cercles d’amis fidèles, se disent heureuses en amour. Alors que d’autres semblent au contraire s’escrimer contre un mauvais sort qui noircit leur quotidien : échecs professionnels, ennuis de santé, déboires amoureux leur collent à la peau comme une guigne.

Bien entendu, le tableau dressé ici est trop simpliste : une telle chance d’un côté opposée à une telle déveine de l’autre ne paraît pas réaliste. Il n’empêche : certaines vies semblent marquées du sceau de la réussite et du bonheur alors que d’autres non, ou en tout cas beaucoup moins. Nous ne sommes pas tous égaux face aux aléas de la vie, c’est un fait incontestable.

De tout temps, les hommes ont tenté de comprendre cette différence troublante : pourquoi le malheur paraît-il s’acharner sur certains et en épargner d’autres ? Très tôt, des explications ont été avancées en terme de mythologies et de divinités, réponses qui avaient l’avantage de permettre de conjurer le mauvais sort : prières, sacrifices, offrandes, actes de repentance et de contrition, voire de mortification pour expier les fautes commises et pour regagner la bienveillance des dieux.

Mais depuis l’apport décisif des Lumières au XVIIIe siècle, l’avènement des conceptions scientifiques et le déclin des grands systèmes religieux, ces explications mystiques et faisant la part belle au surnaturel ont cédé la place à des vues plus rationnelles. L’attitude des individus semble à même d’élucider une grande partie de leur trajectoire de vie. Exit les divinités vengeresses et les péchés à expier ! Le malheur et le bonheur sont devenus en grande partie le fruit de nos manières d’être, de penser et de nous comporter.

Cette conception moderne, responsabilisant l’humain au détriment de facteurs surnaturels, a donné lieu au développement d’un courant qui ne cesse de faire des adeptes aujourd’hui encore : la pensée positive. À sa base, une idée on ne peut plus simple : celui qui pense positivement connaîtra du positif, attirera du positif dans sa vie. Au contraire, celui qui s’adonne au pessimisme et aux pensées négatives mènera à lui le négatif, sous forme de maladies, d’échecs et autres drames.

Certes, l’idée est séduisante par sa simplicité et sa logique implacable ! Mais, toute élégante qu’elle soit, elle n’est encore pas suffisante pour convaincre tout un chacun. Encore faut-il proposer une explication de son fonctionnement ! De nombreux auteurs ont avancé des théories à ce sujet. La plus en vogue, actuellement, porte le nom de loi d’attraction : elle stipule que le positif attire le positif, de la même façon qu’un aimant attire à lui la limaille de fer. Les pensées seraient des sortes de vibrations qui attireraient à elles des événements correspondants, ou de la même qualité énergétique ou du même niveau vibratoire. Une loi somme toute bien mystérieuse, aux accents métaphysiques, mais promulguée au rang de loi universelle, au même titre que la loi de la gravitation.

Soit ! Mais suffit-il d’affirmer qu’un mécanisme relève d’une loi universelle pour faire taire les questions à son sujet ? Car des interrogations demeurent : qu’est-ce qui vibre au juste lorsque nous pensons ? De quelle énergie parle-t-on exactement ? Pourquoi des personnes pourtant très positives sont-elles soudainement accablées par la maladie et le malheur ? Pourquoi des personnes très pessimistes s’en tirent-elles quand même bien ?

Et surtout, peut-on croire à l’efficacité et aux effets bénéfiques de la pensée positive sans adhérer pour autant à la loi d’attraction ou à une quelconque explication mystique ? Y aurait-il une conception rationnelle, acceptée par la communauté scientifique et pas seulement par les adeptes de la pensée positive, pour en clarifier le fonctionnement ?

C’est à cette clarification que s’attache la pensée positive 2.0. De même que dans le développement d’internet, une révolution a été accomplie lors du passage au web participatif, le web 2.0, il existe une révolution comparable dans la conception de la pensée positive, un changement de paradigme. Les techniques et les pratiques habituelles demeurent (autosuggestion, visualisation, etc.), mais sans plus aucune référence à des éléments qu’on ne peut expliquer précisément, sans invocation d’une quelconque loi universelle ni recours à un vocabulaire emprunté aux sciences physiques. L’ancrage théorique est uniquement psychologique : il s’agit de théories classiques admises depuis des années par la communauté scientifique, car étayées par de nombreuses expériences réalisées et reproduites dans des conditions rigoureuses.

Ce livre est autant destiné aux lecteurs déjà convaincus des bienfaits de la pensée positive et qui cherchent d’autres explications que celles traditionnellement avancées pour son fonctionnement, qu’aux plus sceptiques qui ont été échaudés par le mysticisme des théories sous-jacentes. Il permet à chacun de comprendre comment fonctionne la pensée positive, quels en sont les principes à l’œuvre, c’est-à-dire pourquoi l’autosuggestion et la visualisation sont des moyens efficaces pour obtenir ce que nous désirons et voir notre vie renouer avec la réussite et la bonne fortune.

Du moment que les théories recourant à des hypothèses difficilement vérifiables sont laissées de côté, un éclairage neuf peut être apporté à la pensée positive. Et, comme pour d’autres phénomènes que la science peut expliquer, ces nouvelles conceptions permettent d’optimiser le processus et le rendre plus efficace encore. C’est pourquoi la pensée positive nouvelle génération, ou 2.0, propose des techniques complémentaires et novatrices afin d’optimiser la concrétisation de belles opportunités dans notre existence.

Ce texte est organisé en trois grandes parties : la première explore ce qu’est la pensée positive que l’on peut dès lors qualifier de classique et détaille les hypothèses traditionnellement avancées pour tenter d’expliquer son fonctionnement, ainsi que les critiques qui lui sont couramment adressées. La deuxième s’attelle à comprendre son mode opératoire à l’aide des connaissances actuelles de la psychologie, étayées par de nombreuses recherches scientifiques. Cette nouvelle compréhension de la pensée positive permet d’innover des techniques innovantes qui augmentent son efficacité, d’où l’intérêt également auprès des personnes qui s’y adonnent depuis longtemps. C’est l’objet de la troisième partie.

Comprendre les enjeux de la pensée positive, passer en revue les hypothèses traditionnelles avancées quant à son fonctionnement, ainsi que les critiques qui leur sont adressées, développer les bases scientifiques et psychologiques permettant de comprendre réellement son mode opératoire, et enfin proposer des techniques complémentaires qui en optimisent les résultats : tel est le cheminement que cet ouvrage va emprunter.

PREMIÈRE PARTIE

LA PENSÉE POSITIVE CLASSIQUE

Qu’est-ce que la pensée positive ?

La pensée positive est une pratique formidable ! En modifiant notre perception du monde et de nous-même, elle provoque des changements multiples et insoupçonnés dans notre existence, grâce à la prise de conscience que notre manière de penser influence notre quotidien. Nourrir des pensées positives, s’attendre au meilleur, œuvrer à la réalisation de nos désirs, avoir confiance en l’avenir sont autant d’attitudes bénéfiques qui améliorent la qualité de vie, rendant cette dernière plus épanouissante. Cette promesse a enthousiasmé, et continue d’enthousiasmer, des millions de personnes de par le monde.

La pensée positive, si elle voyait le jour aujourd’hui, serait sans doute une marque déposée et protégée, accompagnée d’un symbole ® ou ©. Car, en tant que telle, elle ne désigne pas simplement une manière optimiste d’envisager la vie, mais une méthode spécifique pour connaître davantage de bienfaits et de prospérité dans tous les secteurs de l’existence : amour, travail, santé, richesse, etc. Elle n’est donc pas à confondre avec l’optimisme, ni avec la psychologie positive.

L’optimisme se définit communément comme une tournure d’esprit, disposition innée ou acquise, qui perçoit prioritairement le bon côté des choses, qui voit le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Si l’optimisme fait partie intégrante de la pensée positive, il n’en est en quelque sorte qu’une composante à laquelle elle ne saurait se résumer. La pensée positive promet en effet davantage qu’une vision du monde plus favorable et plus rose : elle garantit une modification réelle du monde environnant.

La psychologie positive, nous y reviendrons plus en détail par la suite, est quant à elle une branche de la psychologie développée dans les années 1990 aux États-Unis sous la houlette du Professeur Martin Seligman. Enseignée à l’université, donnant lieu à de multiples travaux de recherche de par le monde, elle a maintenant acquis ses lettres de noblesse, autant auprès de l’académie (les spécialistes) que du grand public. Sa spécificité : s’intéresser au bien-être, à l’épanouissement et au bonheur, c’est-à-dire au contraire de la souffrance psychique qui a tant préoccupé les psychologues de la deuxième moitié du XXe siècle.

La pensée positive désigne pour sa part un courant de pensée ayant vu le jour en Amérique au XIXe siècle déjà sous l’impulsion de Phineas Quimby, un homme que l’on qualifierait aujourd’hui de guérisseur. Les tenants de ce courant (baptisé New Thought) affirment qu’on attire à soi ce qui correspond au contenu de nos pensées, les matérialisant en quelque sorte. En pensant positivement, on se crée donc une vie remplie de bienfaits et placée sous le signe de la réussite et de l’abondance.

Il importe de bien saisir l’enjeu de la pensée positive : elle n’est pas simplement une manière d’interpréter la réalité, favorisant la perception de ses beaux côtés et occultant ses aspects plutôt négatifs : les événements jugés comme négatifs (symbolisés par des chats noirs, associés dans la pensée populaire à la malchance) seraient alors simplement réinterprétés comme positifs (symbolisés par des trèfles à quatre feuilles) (Schéma 1).

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La promesse de la pensée positive est bien de créer une vie meilleure, c’est-à-dire d’influencer la réalité en attirant les éléments positifs et en repoussant les négatifs (Schéma 2).

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Des personnalités charismatiques

La pensée positive, de par l’espoir et l’enthousiasme qu’elle ne manque pas de susciter, eut tôt fait de traverser l’Atlantique et de trouver des adeptes en Europe et sur les autres continents, véhiculée par de nombreux auteurs et conférenciers charismatiques.

Pour ne citer que quelques noms célèbres parmi une multitude ayant contribué à sa diffusion :

– Norman Vincent Peale, auteur incontournable dans le domaine qui a largement contribué à la diffusion aux États-Unis et dans le monde entier du concept de pensée positive, grâce à des dizaines d’ouvrages constamment réédités3. Sa méthode consiste à chasser inexorablement les pensées négatives de l’esprit et à les remplacer par des contenus positifs : les formules doivent être résolument positives, accompagnées de visualisations du résultat escompté comme s’il était déjà avéré.

– Joseph Murphy, auteur prolifique et connu pour son best-seller La puissance de votre subconscient4 (publié en 1963) dans lequel il expose une théorie à consonance psychologique pour expliquer les effets de la pensée positive. Une pensée suffisamment répétée ensemence le subconscient qui tend ensuite à la réaliser. Joseph Murphy a également intégré des notions de spiritualité dans certains de ses ouvrages. Ses interprétations de paroles bibliques indiquent selon lui que les prophètes du judéo-christianisme, entre autres, connaissaient déjà les mécanismes de la pensée positive.

– Émile Coué5, pharmacien français à l’origine des travaux sur l’effet placebo. Il développa une méthode basée sur l’autosuggestion, dont la célèbre formule, à se répéter plusieurs fois par jour est restée célèbre : « Tous les jours, à tout point de vue, je vais de mieux en mieux ».

– Napoleon Hill, auteur de Réfléchissez et devenez riche6, un best-seller vendu à plus de huit millions d’exemplaires qui traite de réussite, de succès et de fortune. Le but de l’auteur était de formaliser les processus du succès et de les rendre disponibles au plus grand nombre.

– Louise Hay qui propose à chacun de transformer sa vie7 à l’aide d’affirmations positives. Sa particularité est d’avoir connu une vie très difficile jusque vers 40 ans, avec des viols, des abandons, des maladies, avant de découvrir la pensée positive et de l’appliquer. Elle insiste sur l’acceptation de soi et le pardon afin de se défaire des sentiments de culpabilité et de haine.

– Rhonda Byrne, dont le livre Le Secret8, basé sur un film éponyme, est devenu un des ouvrages de développement personnel parmi les plus connus à l’échelle de la planète. Sans prétendre inventer quelque chose de nouveau, l’auteure expose le fonctionnement et les vertus de la loi d’attraction, stipulant que les semblables s’attirent : les pensées positives attirent du positif dans notre vie.

Les personnalités américaines semblent prédominantes lorsqu’on parcourt la liste des publications dans ce domaine. Il n’est pas étonnant, si l’on y réfléchit, que la pensée positive ait connu un tel impact dans le Nouveau Monde. Elle se marie en effet à la perfection avec l’idéal du rêve américain, qui offre à chacun les chances de réussir et de faire fortune pour peu qu’on y travaille assidûment. Pour preuve, d’immenses congrès réunissent régulièrement, aujourd’hui encore, des milliers de personnes qui viennent applaudir des conférenciers témoignant de leurs réussites, n’hésitant pas à exhiber le montant de leur compte en banque comme gage de leur succès. La pensée positive y est un fait de société.

En Europe, la pensée positive est plutôt restée marginale, confinée surtout dans les milieux du développement personnel. Sans doute l’Histoire joue-t-elle un rôle dans cette méfiance chronique : durant des siècles, c’est l’hérédité (à travers le droit de succession) qui a déterminé le rang social, et donc les chances de réussite, sur l’Ancien Continent. La fortune n’y était pas le résultat d’un travail acharné, mais presque exclusivement le fait du hasard de la naissance. La religion elle-même a offert pendant longtemps une caution divine à cet ordonnancement des couches sociales, le rendant ainsi quasiment intouchable.


3 Par exemple : La puissance de la pensée positive, Marabout, 2013, ou encore : Quand on veut, on peut !, J’ai lu, 2011.

4 La puissance de votre subconscient, Les Éditions de l’Homme, 2013.

5 Émile Coué, La méthode Coué, La maîtrise de soi par l’autosuggestion consciente, Marabout, 2013.

6 Réfléchissez et devenez riche, J’ai lu, 2011.

7 Transformez votre vie, Marabout, 2013.

8 Le Secret, Un Monde Différent, 2008.

Nouvelle vague

La pensée positive connaît régulièrement des regains d’intérêt, au gré des modes et des découvertes scientifiques. Le livre Le Secret s’est par exemple vendu à plus de quinze millions d’exemplaires à ce jour. Son propos est d’expliquer le fonctionnement de la pensée positive par la loi d’attraction, c’est-à-dire d’en faire une loi naturelle expurgée de tout élément mystique ou ésotérique. Ce faisant, l’auteure tente de l’inscrire dans un contexte rationnel, voire scientifique, si cher aux citoyens de ce deuxième millénaire.

Les découvertes des sciences de pointe, la physique quantique et les neurosciences en tête, exercent une véritable fascination auprès des adeptes de la pensée positive. Les concepts que l’on y trouve, par exemple que la matière possède également une nature vibratoire ou que toutes choses sont interconnectées – nous analyserons ces affirmations un peu plus loin – sont pour eux autant de preuves éclatantes du bien-fondé de la pensée positive.

Ainsi, le Transurfing9, développé par un écrivain russe contemporain du nom de Vadim Zeland. Ce courant, dont plusieurs best-sellers fondent l’assise, vise la maîtrise de techniques mentales inspirées de la physique quantique et des neurosciences permettant à chacun d’atteindre ses objectifs et de créer la vie à laquelle il aspire. Comme on peut le lire sur le site bougerla-vie.com, le Transurfing « affine ainsi les méthodes de développement personnel et de pensée positive déjà existantes »10.

La pensée positive classique insiste sur les désirs et les attentes pour transformer le monde. Dans le Transurfing, on retrouve l’idée que le monde est un miroir de nos pensées, que nous construisons la réalité par notre mental, mais il favorise plutôt un accueil bienveillant de ce qui arrive plutôt qu’une lutte contre lui, rappelant en cela la philosophie bouddhiste. D’où l’idée de surfer sur les vagues de la vie : en nous laissant porter et en ajustant notre trajectoire, nous pouvons atteindre le haut de la vague du succès sans trop d’efforts.

Parallèlement à ce courant se réclamant de notions scientifiques, un retour aux sagesses ancestrales est aussi perceptible de nos jours. Conséquence d’une prise de conscience des dégâts parfois irréversibles infligés à notre environnement ? Cette mode se manifeste à travers l’engouement pour le chamanisme et les philosophies des peuples primordiaux (et non primitifs, terme connoté péjorativement).

Telle est le courant portant le nom de Ho’oponopono, un terme issu de la culture hawaïenne relatif à l’origine à la résolution de conflits entre les membres d’une communauté. À l’heure actuelle, cette approche s’apparente plus aux techniques de développement personnel qu’aux traditions des peuples polynésiens. Actualisé par Morrnah Simeona, qui y intégra des outils généraux de résolution de problèmes ainsi que des éléments de thérapie psycho-spirituelle, le Ho’oponopono s’enrichit de l’idée de mémoires inconscientes, sortes de programmations héritées, influençant la vie des individus, et dont il est possible de se libérer.

Par la suite, un collaborateur de Morrnah Simeona, le psychologue Hew Len développa l’idée d’une responsabilité totale quant à tous les aspects de notre vie, qui n’est qu’une manifestation de nos pensées et de nos mémoires inconscientes. La clé du changement, du nettoyage de ces mémoires, réside dans la répétition d’une formule d’acceptation : « je t’aime, je suis désolé, pardonne-moi s’il te plaît, merci »11.

Ces nouvelles approches mettent moins d’emphase sur les intentions et les désirs que nous aimerions voir se concrétiser, au profit d’une vision plus large des bienfaits de la vie : quelque chose qui nous dépasse œuvre à la réalisation de ce qui est le mieux pour nous, sans même que nous ayons à le préciser. C’est moins notre activité mentale volontaire qui est porteuse de succès, que le fait de lâcher prise et de se rendre disponible à cette sagesse transcendante ou divinité. Il s’agit de « nettoyer » ces mémoires inconscientes, responsables de nos problèmes, afin que l’abondance et les bienfaits puissent pénétrer dans notre vie, comme le fait de chasser les pensées négatives permet d’attirer le positif dans notre existence.

Joe Vitale, auteur à succès ayant contribué à promouvoir la loi d’attraction, affirme même : « Dans Le facteur d’attraction, par exemple, j’ai vanté le pouvoir de l’intention. Maintenant, des années après l’écriture de ce livre, je sais que l’intention est un jeu stupide, un jouet de l’ego et je sais que la véritable source du pouvoir, c’est l’inspiration. Je sais aussi maintenant qu’accepter la vie et non la contrôler représente le grand secret du bonheur. Trop de gens, incluant moi-même, se servent de la visualisation et des affirmations pour manipuler le monde. Je sais dorénavant que ce n’est pas nécessaire. »12

Malgré ces nouveautés et même ces revirements, le credo fondamental de la pensée positive, déjà formalisé par ses pères à l’origine du mouvement, demeure : nos pensées influencent la réalité, ou alors dans une interprétation plus radicale : nos pensées créent la réalité que nous vivons. L’autocritique de Joe Vitale, à bien y regarder, porte sur l’utilisation des techniques, non pas sur leur bien-fondé ni leur efficacité, qui demeurent pour lui incontestés.

Cette assertion fondamentale, nos pensées attirent ce qui leur correspond, voire même créent la réalité équivalente, est à ce point dérangeante pour les esprits cartésiens qu’elle explique la retenue et le scepticisme affichés par les facultés universitaires et la psychologie officielle. Les arguments scientifiques invoqués n’ont jamais réussi à les convaincre. Toujours en quête de reconnaissance officielle, la pensée positive n’en a pas moins connu un véritable engouement auprès d’un public, friand de techniques de développement personnel.


9 Vadim Zeland, Transurfing, Modèle quantique de développement personnel, tome 1 : L’espace des variantes, Exergue, 2010.

10 http://bouger-la-vie.com/blog/le-transurfing/.

11 Joe Vitale, Zéro limite : Le programme secret hawaïen pour l’abondance, la santé, la paix et plus encore, J’ai lu, 2013.

12 Ibidem, p. 227.

Des raisons d’espérer

Les ouvrages de pensée positive regorgent de témoignages de personnes ayant réussi à embellir leur existence, à la rendre plus agréable, plus palpitante, plus épanouie, à la placer sous le signe de l’abondance. Parmi les domaines d’application les plus souvent mentionnés se trouvent :

– la santé et la guérison ; de nombreux témoignages font état de malades guéris grâce à la pensée positive, à la grande stupéfaction de leurs médecins traitant, faisant ainsi mentir les pronostics,

– l’amour, avec la rencontre d’un partenaire idéal permettant de construire une relation épanouie et durable,

– la sphère professionnelle, où la pensée positive permet de décrocher le poste rêvé, entouré de collègues charmants et sympathiques,

– la fortune, avec des rentrées d’argent aussi inattendues que conséquentes (il existe des millionnaires ayant rédigé des ouvrages de pensée positive donnant des recettes pour faire fortune13),

– l’amitié et la rencontre de personnes intéressantes et bienveillantes.

Les vertus de la pensée positive sont ainsi multiples et elles se concrétisent dans les principaux domaines de la vie, autant personnelle que sociale.

Les témoignages exposés dans les ouvrages et durant les conférences relèvent parfois du miracle, tant de situations décrites étaient catastrophiques et désespérées avant la rédemption par la pratique assidue de la pensée positive. Cancers guéris et santé recouvrée, fin de solitude et partenaire amoureux idéal rencontré de manière impromptue, grosses sommes d’argent miraculeusement gagnées, poste intéressant et bien rémunéré proposé pour remplacer un métier éreintant, rébarbatif et mal rétribué…

Trop beau pour être vrai, s’exclament les esprits chagrins et ceux qui se réclament du réalisme ! Sans doute. On peut raisonnablement supposer que certaines situations ont été embellies par la plume habile d’auteurs fascinés et enthousiastes. On peut légitimement douter de la véracité d’histoires par trop enrobées de merveilleux. C’est d’ailleurs ces doutes qui poussent les sceptiques à rejeter le tout : si tant de témoignages ne sont pas crédibles, alors il se pourrait que rien ne soit vrai !

Cependant, l’essentiel est ailleurs. Il suffit de se rendre à une conférence portant sur la pensée positive pour constater à quel point l’enthousiasme, voire la ferveur, est de mise dans le public. De même pour nombre de lecteurs d’ouvrages traitant de ce sujet. Lire ou entendre des témoignages de succès liés à la pensée positive rassure et crée indéniablement de la motivation. En un mot, cela fait du bien.

Une analogie avec la foi religieuse peut être dressée ici : des études ont en effet mis en évidence que les personnes affirmant avoir la foi ou pratiquer une forme de spiritualité sont généralement plus heureuses que celles que n’alimente pas cette dimension14.

Or, la foi et la spiritualité n’ont pas besoin de preuves scientifiques de l’existence de Dieu pour être bénéfiques. Même s’il n’existait aucun Être Transcendant, la foi en lui ferait quand même du bien aux croyants. C’est pareil pour la pensée positive : même si la pensée n’exerçait aucune influence sur la réalité, y croire suffit déjà à faire du bien, à rassurer, comme en témoigne Michel15, faisant écho à beaucoup d’autres aficionados.

« Quand cela devient plus dur dans ma vie, que je rencontre des difficultés dans mon travail ou dans mes amours, que je traverse un passage à vide, je me replonge dans les livres de pensée positive. Tous ces exemples de personnes ayant réussi à conjurer le mauvais sort et retrouver le bonheur me donnent espoir. Cela m’apaise et me rassure. J’en fais alors ma lecture de chevet, sorte d’antidote aux pensées négatives qui m’assaillent. »

Michel

La pensée positive offre davantage qu’un soulagement momentané, une bouffée d’espoir temporaire ou un bien-être de courte durée : elle redonne espoir, en permettant aux personnes qui se sentent démunies et découragées d’espérer un futur meilleur. Elle leur propose un moyen de reprendre partiellement le contrôle sur leur existence. Un parallèle avec la foi et la prière peut à nouveau être évoqué ici : le croyant ne se sent jamais abandonné à un triste sort, mais soutenu et entendu par Dieu. Il a des raisons d’espérer et de croire que son avenir va s’améliorer, même au cœur de la tempête.

La pensée positive opère de la même manière, mais sur des bases qui se veulent plus rationnelles et davantage maîtrisables : notre bien-être n’est pas à la merci d’une divinité qui pourrait se montrer capricieuse, mais est placé entre nos propres mains. Il suffit d’appliquer les techniques d’autosuggestion et de visualisation correctement pour que les résultats positifs apparaissent, nécessairement. Comme pour la mise en œuvre d’une loi physique, les bienfaits ne peuvent que se manifester du moment que la pensée est adéquatement orientée et canalisée. Ce contrôle sur notre existence et ses aléas représente une source d’espoir fantastique.

Il convient enfin de mentionner une autre raison à l’extraordinaire engouement suscité par la pensée positive : les médias ne cessent de nous abreuver de nouvelles tragiques et dramatiques. Dans un monde où les guerres, les crimes, la corruption, les épidémies et autres catastrophes naturelles sont constamment mises en avant, la pensée positive forme un havre de paix, un îlot de sécurité, une oasis où se ressourcer. D’autant plus en ce début de XXIe siècle qui exacerbe la conscience des limites et des fins à venir : réchauffement climatique, tarissement des ressources naturelles, pollution irrémédiable de la planète, conséquences désastreuses des politiques de croissance et de surindustrialisation, etc.