© Éditions La Source Vive,
une marque des éditions Infolio,
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Couverture : Marlyse Audergon
Photographie de couverture : © dehweh (fotolia)
Photolithographie : Marlyse Audergon
Les Éditions La Source Vive ont pour vocation de publier des textes dans les domaines de la psychologie, de la spiritualité, de l’éducation, des médecines douces, des thérapies alternatives, mais aussi, dans les domaines de la philosophie ou encore du développement personnel. Prendre sa santé en main, vivre une spiritualité authentique, cheminer avec les réflexions des philosophes, découvrir les dernières avancées de la psychologie positive, s’initier au yoga ou encore à la méditation, La Source Vive, des livres pratiques et attrayants.
La maison d’édition Infolio Editions bénéficie d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
e-ISBN : 9782889389971
© 2017, version numérique Primento et Infolio Editions
Ce livre a été réalisé par Primento, le partenaire numérique des éditeurs
De nos jours, le manque de motivation semble constituer un mal qui touche de plus en plus la jeunesse : de nombreux adolescents paraissent désabusés et ne savent plus vraiment ce qu’ils souhaitent de la vie. Ils n’ont pas de projets précis pour leur avenir, occupent des places dans des écoles sans fournir le travail nécessaire pour y obtenir promotion ou diplôme. Face à cette vague d’indolence, les parents et les professeurs s’inquiètent, se prenant à rêver à une baguette magique qui pourrait insuffler la motivation qui fait tant défaut aux jeunes dont ils ont la charge.
Une telle baguette magique ne se trouve malheureusement pas dans cet ouvrage, dont ce n’est d’ailleurs pas le propos. Il ne s’agit pas dans les pages suivantes d’élaborer des recettes pour créer de la motivation là où elle est absente ou défaillante, ni même de raviver celle qui pourrait s’être assoupie. En l’absence d’envies à satisfaire, de rêves à réaliser, d’objectifs à atteindre, de défis à relever, les pistes qui y sont détaillées ne seront que d’une utilité limitée et d’une contribution modeste.
Le bénéfice de ce texte se trouve ailleurs. Chacun a en effet déjà connu la fâcheuse expérience de ne pas arriver à mener à bien ses bonnes résolutions. L’envie est bien là, les désirs sont forts, les objectifs sont clairement posés, mais la motivation s’émousse à mesure que les tentations et les obstacles se font jour :
• on aimerait résolument réduire sa consommation de cigarettes, mais l’habitude de fumer est trop ancrée ;
• on rêve de perdre quelques kilos, mais une fois l’heure du repas venu, la décision de manger moins disparaît subitement devant l’alléchante nourriture ;
• on se conditionne à pratiquer davantage d’exercices physiques, mais la fatigue l’emporte lorsque l’on rentre chez soi, reléguant l’appel de la forêt ou de la salle de gym à des lendemains toujours renouvelés ;
• on souhaite se lancer dans une formation continue ou apprendre une langue étrangère, mais les charges du quotidien semblent se liguer contre nous pour que l’entreprise reste indéfiniment à l’état de projet ;
• on rêve de changer de travail, mais la peur de perdre certains avantages paralyse toute velléité d’évolution personnelle ;
• on se languit de trouver un partenaire amoureux, mais notre timidité freine la possibilité de nouvelles rencontres ;
• on est convaincu qu’il faudrait vraiment aborder certaines difficultés vécues au sein du couple, mais on remet toujours au lendemain, attendant des circonstances meilleures qui tardent à se présenter ;
• on sait qu’une pratique quotidienne de méditation nous fait grand bien pour l’avoir déjà expérimentée, mais on n’arrive pas vraiment à dégager le temps nécessaire durant la journée ;
• etc.
Le point commun à toutes ces situations, c’est une intention ferme, mais qui n’arrive pourtant pas à se traduire durablement en actes. La motivation y est, mais la concrétisation se fait attendre. C’est précisément le thème de ce livre : expliquer comment traduire les souhaits en réalité, c’est-à-dire comment utiliser la motivation comme levier de réalisation. Il cible précisément le passage de l’intention à l’action et développe les pistes qui aident à y parvenir.
Le thème ne paraît pourtant pas novateur : il existe de nombreux ouvrages de développement personnel qui ont déjà abordé cette question par le passé. Mais ceux-ci, pour la plupart, s’ancrent dans des témoignages de personnes vantant leurs réussites, à grand renfort de conseils découlant du bon sens, où la pensée positive et la visualisation des succès escomptés occupent une place de choix. Cependant, très peu de ces textes se réfèrent à des études rigoureusement menées mettant réellement à l’épreuve les recommandations préconisées. C’est pour cette raison que beaucoup des conseils distillés sont inefficaces, voire contre-productifs ! Car appliquer sans succès des méthodes pourtant vantées infaillibles conduit inévitablement à la démotivation, si ce n’est à de douloureux sentiments de culpabilité.
On sait aujourd’hui que la motivation n’est pas une simple question de volonté – notre cerveau étant plus complexe que communément admis – et encore moins de pensée positive. Les chercheurs qui ont osé mesurer l’efficacité des différentes méthodes sont arrivés à des conclusions sans appel : il est nécessaire de tenir compte des faiblesses de notre volonté et des obstacles qui risquent de se dresser sur notre route pour affermir la motivation !
Parfois contre-intuitif et déstabilisant, le livre que vous tenez entre vos mains s’apprête à vous entraîner dans l’univers captivant de la psychologie de la motivation et des moyens de tenir celle-ci au beau fixe. Riche en apports théoriques, il se veut toutefois ouvrage pratique, destiné à vous faciliter la mise en application de ces nouvelles approches. Pour ce faire, il va s’articuler en deux parties principales, la première traitant de la volonté et la seconde de l’imagination (ou des visualisations), les deux piliers de la motivation.
La volonté est souvent vantée comme une qualité à exercer et à renforcer afin de soutenir la motivation. Mais, une fois un but fixé, est-ce bien la volonté qui fait la différence et qui permet de l’atteindre ?
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage1. Et surtout qui est revenu sain et sauf à bon port. Car à l’époque d’Ulysse, dans la Grèce Antique, la navigation en mer n’allait pas sans dangers. Qui plus est dans un univers mythologique peuplé de créatures légendaires, ajoutant des périls surnaturels à ceux, bien réels, provoqués par les forces de la nature.
Parmi les innombrables exploits d’Ulysse, héros de la guerre de Troie rendus intemporels par l’écrivain Homère, l’épisode des sirènes2 revêt un intérêt particulier pour quiconque s’intéresse à la motivation. Les sirènes, déjà en ces temps reculés, faisaient fantasmer plus d’un marin, non seulement pour leur corps extraordinaire, mais surtout pour leur chant divin. Celui-ci était à ce point sublime qu’il envoûtait touts ceux qui l’entendaient. Le problème ne résidait pas dans le chant lui-même, mais dans les naufrages qui l’accompagnaient. Car il faisait perde la tête aux hommes qui se laissaient bercer par sa mélodie, entraînant leur navire vers les écueils provoquant le naufrage fatal.
Ulysse, pour sa part, est l’un des seuls, voire le seul, à avoir réussi à survivre à l’épreuve. Et la stratégie qu’il mit en place pour éviter le pire a, encore aujourd’hui, beaucoup à nous apprendre. On pourrait penser que le grand Ulysse, héros s’il en est, bénéficiait d’une volonté hors du commun. Que, une fois dans l’influence du chant merveilleux, il a su ordonner à ses mains agrippées solidement à la barre de tenir le cap et de ne pas céder à la tentation de se diriger vers l’île aux sirènes… et d’aller au naufrage. Le vaillant Ulysse, contre vents et marées, filant droit…
Ulysse était sans doute un héros, mais il n’avait pas pour autant un ego surdimensionné. Ce qui lui permit de ne pas faire la même erreur que tous les autres avant lui (et qui d’ailleurs ne pouvaient plus témoigner pour avertir les suivants). Plutôt que de partir du principe que sa volonté serait inébranlable, assez forte pour ne pas vaciller au moment de la douce épreuve, il préféra faire l’inverse : considérer que, comme tous les autres, sa volonté ne ferait pas le poids une fois en situation.
Il y a une profonde sagesse dans cette prise de conscience : avant la tentation, avant l’épreuve, avant d’être placé en situation délicate, nous avons toutes les chances de ne pas anticiper correctement les réactions que nous adopterons alors. Nous sommes en quelque sorte mauvais devins par rapport à nous-mêmes. Nous croyons que notre volonté sera forte, alors même que nous ne sommes pas confrontés à la douleur ou à la tentation. Mais une fois au cœur de la tempête, c’est différent !
Ulysse préfère penser qu’il n’est pas différent des autres, de ceux qui se croyaient assez forts et qui pourtant périrent tant leur esprit fut envoûté par les perfides sirènes. D’un autre côté, son désir d’entendre la suave mélopée était intact et tenace. Comment faire ? Et c’est là le génie d’Ulysse : en anticipant la défaillance de sa volonté plus tard, une fois en situation, il a pu prévenir la catastrophe. Le sage navigateur demande alors à ses marins de le ligoter au mât de son bâtiment, de maintenir le cap quoi qu’il arrive, de ne plus obéir à ses ordres une fois à proximité de l’île aux sirènes et de se boucher les oreilles avec de la cire d’abeille.
La suite de l’histoire est connue : le bateau s’approche de l’île, un chant merveilleux se fait entendre qui envoûte Ulysse. À ce moment, il n’a de cesse d’essayer de se libérer des liens qui l’entravent pour précipiter son navire dans cette direction. Il devient littéralement fou de désir, perd toute mesure tant son impulsion de s’approcher des sirènes est violente. Sa volonté est réduite en miettes : elle est totalement submergée par son irrépressible envie de s’approcher de ces créatures qu’il sait pourtant diaboliques. Mais il est entravé, irrémédiablement prisonnier… de par son propre fait. Ce qui au final les sauve, lui et son équipage, car le bateau n’a pas dévié de son cap.
Ce que nous apprend Homère, dans ce récit, c’est qu’il y a péril à se croire fort et au-dessus des tentations, à surestimer le pouvoir de notre volonté. C’est une erreur que beaucoup d’entre nous faisons pourtant couramment, près de trois mille ans plus tard. Nous sommes sûrs de vouloir faire davantage d’exercices physiques, mais une fois le soir venu, une dure journée de travail achevée, nous préférons nous asseoir devant la télévision qu’enfiler des baskets pour aller marcher dehors. Nous avons décidé de perdre du poids, mais une fois devant la vitrine de notre pâtissier préféré, nous entrons tout de même dans l’échoppe pour acheter ce qui indéniablement nous fera grossir. Nous nous sommes fermement engagés à ne plus nous énerver et crier lorsque nos enfants se montrent par trop turbulents, mais après la Xe bêtise, nous craquons et laissons libre cours à notre courroux sans la moindre retenue.