Eliane Schierer
Les enquêtes
de Smith et Hard
Meurtre dans le Dorset
suivi de
Meurtre au château de Kingstown
puis de
Mystère à l'hôpital psychiatrique
Black Owl
Éditions des Tourments
C'est par un beau matin d'été, que l'inspecteur Arthur Smith et le sergent Robin Hard de Scotland Yard, contemplaient le Wren Lake, près de Dorchester dans le Dorset. Enfin, les vacances étaient arrivées. Hard n'avait plus eu de vacances depuis six mois, et Smith depuis quatre mois. Ils avaient quitté le bureau la veille, vendredi, pour s'adonner à leur passe-temps favori, la pêche. Ce calme matinal dans la nature leur faisait le plus grand bien.
Smith avait quarante-cinq ans, Hard vingt-huit. Ce dernier avait été invité par les Smith, n'ayant pas de famille et pas beaucoup d'amis. Ce n'était pas étonnant car son métier l'accaparait un maximum. Mais il adorait cela. Smith lui aussi avait ce métier dans la peau. Madame Béatrice Smith, l'épouse de Smith était également partie avec eux; c'était une belle femme aux cheveux blonds. Elle avait 38 ans.
Elle travaillait comme infirmière dans un hôpital à Londres. Leur petite fille de 10 ans, Abbigail était restée avec Béatrice. Abbigail voulait être policière comme son papa. Béatrice espérait qu'elle ne choisirait pas ce métier. Elle avait de qui tenir pensa-t-elle. Que puis-je faire, rien, car c'était la vie de sa fille, et non la sienne.
Elles n'aimaient pas la pêche. Elles préféraient visiter la contrée du Dorset, qui d'ailleurs était magnifique. Il y avait tellement à voir, à contempler. Les Smith avaient loué un petit chalet en bois, tout près du lac. C'était vraiment magnifique. Tout ce joyeux monde allait se retrouver le soir, dans ce petit recoin au milieu d'une contrée bien au calme. Un calme apparent...
Le beau temps était au rendez-vous, il ne pleuvait pas et le jour commençait à se lever. Il devait être aux environs de 6 heures du matin. Il y avait un nuage de brume au dessus du lac. La température avoisinait déjà les 20 degrés. Les premiers canards prenaient leur envol. On les apercevait derrière quelques roseaux. Ils faisaient beaucoup de bruit en agitant leurs ailes. Hard prit ses lunettes d'approche et les observa pendant quelques minutes.Comme c'est beau, pensa-t-il. Cela fait du bien de se relaxer bien au calme. Béatrice leur avait préparé du thé et des toasts pour leur petit déjeuner. Hm cela sentait bon. Une petite pause sera la bienvenue, pensa Smith. Le parfum du thé s'échappait de la thermos ouverte. Nos deux policiers savourèrent les toasts au bacon et au jambon.
Ils attendaient bien patiemment en visant le bouchon de leur canne à pêche, et hop, première prise pour l'inspecteur Smith. Une belle carpe. Hard demanda à l'inspecteur s'il n'avait pas été opportun de louer une petite chaloupe afin de s'aventurer un peu plus loin sur le lac. Peut-être que la pêche y serait meilleure ? L'inspecteur approuva, et voici donc nos deux compères en route pour le bureau de location qu'ils avaient aperçu en arrivant.
Il était 8 heures du matin, et le petit commerce CHEZ DOHERTY venait d'ouvrir. On y vendait des journaux, boissons, conserves, haricots, thé, pain, pâtes, fruits, pommes de terre et de la viande congelée. Même du fromage blanc et des yaourts ne manquaient pas sur les étalages de ce petit magasin bien propre et charmant. L'intérieur faisait penser à un vieux bateau amarré sur un lac. Des cordes en chanvre pendaient le long des poutres en bois. Des petits tableaux marins ornaient les murs du magasin. Quelle bonne idée, pensait l'inspecteur. Le propriétaire, il devait avoir les soixante-cinq ans, fumait sa pipe. Il portait des vêtements marins; une longue barbe grise ornait son visage. Il les salua poliment. Soudain l'inspecteur fixa le DAILY TELEGRAPH et resta pétrifié. Il appelait Doherty et lui demanda :
— Excusez-moi, Monsieur, c'est bien ici que c'est déroulé le meurtre de cette jeune femme, hier ?
— Oui, la police locale a débuté son enquête. Un couple qui se promenait près de la rive a vu un cadavre flotter dans l'eau. Ils ont alerté tout de suite les policiers. Il s'agit de Madame Sonia Talbot, la femme du richissime entrepreneur de la contrée. Elle avait trente-cinq ans et était nettement plus jeune que son mari Albert. Lui doit avoir cinquante ans.
— Puis-je vous prendre un exemplaire, Monsieur ?
— Oui bien sûr, répondit Doherty. Vous n'êtes pas d'ici n'est-ce pas ?
— Non, nous sommes de Scotland Yard, bureau de Londres, nous passons nos vacances près du Wren Lake. Je suis l'inspecteur Smith, puis-je vous présenter le sergent Hard ?
— Enchanté ! Mais puis-je vous être utile, Messieurs ?
— Oui, nous voudrions louer une petite chaloupe pour aller pêcher sur le lac. Est-ce possible ?
— Bien sûr, suivez-moi.
Doherty avait trouvé une petite chaloupe sans défauts apparents. Il l'avait remis en état au printemps. La peinture était toute fraîche.
— Cela fait 40 livres, Messieurs.
— Voici, fit Smith, et ils s'éloignèrent.
Pendant que les deux policiers étaient sur le lac, Smith lança à Hard:
— Et si nous nous rendions toute à l'heure au commissariat local ? Ce meurtre m'intrigue. Avez-vous remarqué la beauté de cette femme. Mon Dieu, c'est affreux. Que c'est dommage. Peut-être pourrions-nous aider nos confrères à élucider ce meurtre ?
— Ah inspecteur, répliqua Hard, décidément, vous n'arrivez pas à vous détendre, mais puisque vous y tenez... Mais que va dire votre femme et Abbigail, inspecteur ? Enfin, nous sommes en vacances, pensez-y. Est-ce bien raisonnable ?
— Ne vous inquiétez pas, je vais essayer de négocier. Le cadavre n'attend pas, désolé.
Les policiers avaient faim. Il était midi et ils décidèrent de prendre leur déjeuner dans un petit restaurant, au bord du lac. Au menu: Carpe, salade et pommes de terre au beurre. Les deux enquêteurs partirent, une heure plus tard, pour le commissariat de police de Dorchester. Ils furent accueillis, à la réception, par un agent féminin d'une quarantaine d'années: Mary Hopkins. Ils lui demandèrent s'ils pouvaient être reçus par le ou les inspecteurs chargés de l'enquête.
Hopkins les conduisit dans le bureau de l'inspecteur James Miller, un jeune policier d'une trentaine d'années. Il était courtois mais surpris de voir des collègues de Scotland Yard arriver dans son bureau.
Smith fit les présentations. Après quelques minutes Miller leur raconta que la médecin légiste, Caroline Newark, n'avait pas encore rendu son rapport officiel, mais que l'enquête suivait son cours. Hopkins leur apporta une tasse de thé. Smith demanda :
— Écoutez inspecteur Miller, si vous ne voyez pas d'inconvénient, nous pourrions vous épauler pendant quelque temps, car nous sommes en vacances ici. Nous allons, si vous acceptez bien-sûr, demander une dérogation au commandant Harper de notre unité à Londres, car nous n'avons pas le droit d'exercer à Dorchester. Qu'en pensez-vous ?
— Je n'y vois pas d'inconvénient, répliqua Miller, car je vous avoue que j'ai mon confrère qui est parti en vacances. C'est la période. Vous tombez à pic. Êtes-vous certain de vouloir écourter vos vacances ?
— Laissez-moi passer un coup de fil au quartier général, et nous sommes à vous de suite. Et pour ma famille je vais essayer de leur expliquer.
Il était en train de parler au commandant Harper, quand on entendit frapper à la porte du bureau. C'était la médecin légiste, Caroline Newark, une femme d'une cinquantaine d'années, qui entrait. Elle était vêtue d'une blouse blanche qui recouvrait sa silhouette. Elle avait les cheveux châtain clair qui retombaient sur ses épaules. Elle leur fit un sourire en entrant.
— Entrez Caroline, puis-je vous présenter nos collègues de Londres, l'inspecteur Smith et son collège, le sergent Hard ? Ils vont participer à l'enquête.
— Enchantée, Messieurs.
— Alors voici le rapport temporaire. Nous avons pratiquement terminé l'autopsie. D'ici un ou deux jours mon rapport sera établi.
"Madame Talbot n'est pas morte noyée, mais quelqu'un l'a étranglée avant qu'on la retrouve dans le lac avec sa voiture. Nous avons pu relever des empreintes partielles sur son cou. On a retrouvé également une grosse pierre près de l'accélérateur. Le meurtrier l'avait bloqué. L'heure de sa mort doit se situer aux alentours de minuit. Elle devait participer à une soirée car ses habits de sortie étaient d'une excellente qualité. Elle avait encore son sac en cuir, on n'a pas touché à l'argent et ses papiers y étaient également. On les a trouvés sur le siège arrière de sa Porsche ainsi que son blazer. De plus le collier en or qu'elle portait vaut une fortune. On peut donc exclure que c'est un vol qui ait mal tourné. Elle était vêtue d'une blouse en soie de chine blanche ainsi que d'un pantalon noir. Le tout d'un couturier renommé de Paris. Peut-être connaissait-t-elle son meurtrier ? Nous ne devons écarter aucune piste.
"Les bleus sur son corps remontent néanmoins à quelques semaines. C'est étrange. Je pense que les deux sortes de blessures ne sont pas liées entre elles. Nous avons également prélevé de minuscules particules de tissu, du tweed à rayures beige, et des particules de peau entre son index. Peut-être a t- elle essayé de se défendre ? Peut-être a t- elle blessé son meurtrier ? En plus ce qui est navrant, Sonia Talbot était enceinte de trois mois. Quel gâchis, mon Dieu ! A vous d'enquêter à qui appartiennent le tissu et les particules de peau."
— Madame Newark, fit Smith, par la même occasion, j'aimerais savoir si l'enfant était bien celui d'Albert Talbot, sait-on jamais !
— Je vais faire le nécessaire. En effet, je n'y avais pas pensé. Merci d'avoir envisagé également cette hypothèse. Dans la vie, les choses sont différentes souvent de ce que l'on croit. Si vous avez d'autres questions n'hésitez pas, lança-t-elle aux policiers.
Les policiers la remercièrent et elle s'éloigna.
— Bon, fit Miller, que suggérez-vous inspecteur ?
— Eh bien, je pense qu'il faut commencer à enquêter d'abord du côté de son mari, de sa famille, de ses amis.
— D'accord, je vais parler au mari aujourd'hui. Cela ne devrait pas durer trop longtemps, je présume. J'essaierai de savoir à quelle soirée Sonia Talbot avait participé hier soir.
— Très bien, répliqua Smith, si vous ne voyez pas d'inconvénient, nous allons vous accompagner, inspecteur ?
— Oui, bien sûr, on y va ?
Les trois policiers sonnèrent à la porte d'Albert Talbot. Un homme presque chauve leur ouvrit. Monsieur Talbot portait un training de couleur noir et un T-shirt blanc. Il avait l'air abattu. Ses yeux étaient cernés et rougis. Il avait très mauvaise mine.
— Pouvons-nous vous poser quelques questions Monsieur Talbot ? demanda Miller. Je sais que le moment est peut-être mal choisi, mais nous devons enquêter sur le meurtre de votre femme, Sonia. Toutes nos condoléances Monsieur Talbot.
— Merci, veuillez rentrer, Messieurs. Plus vite cette enquête sera terminée, et mieux ce sera pour moi.
— Puis-je vous présenter nos collègues de Scotland Yard de Londres ? Voici, l'inspecteur Smith et le sergent Hard.
— Voulez-vous prendre un thé, Messieurs ? lança Albert Talbot.
— Avec plaisir.
Il appela la gouvernante, Madame Bertie Winter, une dame d'une soixantaine d'années. Elle avait un visage rayonnant et très sympathique.
— Bertie, auriez-vous l'amabilité de nous servir du thé ?
— Bien sûr Monsieur Talbot.
Et Bertie s'exécuta.
— Bon, fit Miller, venons-en au fait. A quelle heure avez-vous vu votre femme pour la dernière fois, Monsieur Talbot ?
— Oh, il devait être aux alentours de 20 heures du soir, avant hier. Elle devait se rendre à un vernissage à la galerie St. James de Dorchester. Une de ses amies, Mary Angus, une artiste renommée de Londres, donnait une réception suite à son exposition de tableaux à la galerie. Elle est très connue dans son milieu à Londres. Elle a des clients un peu partout dans le monde. Mary et Sonia avaient le même âge. Elles se sont connues à l'université d'Oxford. Toutes les deux étaient des artistes. Sonia faisait du théâtre et Mary adorait la peinture. Je n'ai pas accompagné Sonia, car j'étais souffrant avant hier. Je lui ai suggéré d'y aller sans moi. Bertie est restée jusqu'à 22 heures avec moi. Puis elle est montée se coucher. Nous lui avons proposé de vivre avec nous. Elle n'a plus de famille. Elle nous est fidèle depuis de nombreuses années; elle est discrète et elle travaille bien. Je me suis couché également vers 22 heures. Sonia et moi faisions chambre à part. De plus j'ai pris un somnifère. Mais a quelle heure ma femme est-elle décédée ?
— Oh vers minuit, Monsieur Talbot, fit Miller.
— Sonia ne voulait pas partir sans moi au début, continua Talbot, mais je l'ai convaincu. Je ne voulais en aucun cas qu'elle se prive à cause de moi. Mon Dieu si seulement j'étais allé avec elle, c'est trop tard maintenant. Je m'en veux terriblement. S'il vous plaît faites le maximum pour retrouver l'assassin. Ma vie n'a plus d'importance maintenant, j'aimais Sonia. Quand pourrais-je organiser son enterrement ?
— Je pense d'ici quelques jours, Il faut que notre médecin légiste termine l'autopsie. Nous vous tiendrons au courant de l'enquête Monsieur Talbot. Au fait, saviez-vous que votre femme était enceinte de trois mois ?
Soudain l'expression du visage d'Albert Talbot changea. Il était devenu blanc comme un linge. Le son de sa voix était devenu strident. Son regard semblait perdu et ailleurs.
— Eh bien pour une nouvelle, c'en est une de taille. Sonia aimait les enfants. Mais moi je suis stérile, donc l'enfant n'était pas de moi. Jouons cartes sur table voulez-vous ? De toute façon vos analystes auraient trouvé le vrai père. Sonia était une artiste. Je savais qu'elle avait ou avait eu des amants. Elle était bien plus jeune que moi, et je ne me faisais plus d'illusions à son sujet. Que pouvais-je espérer à part sa présence ? Mais je vous avoue que sa mort m'attriste énormément, car je l'aimais.
— Nous allons faire le maximum Monsieur Talbot. Nous vous remercions. Nous allons nous revoir bientôt.
Et les policiers s'éloignèrent.
— Qu'en pensez-vous ? lança Miller en regardant l'inspecteur Smith
— Eh bien, il m'avait l'air réellement très éprouvé par la perte de sa femme. Il me fait de la peine. Sa vie de couple était un château de sable.
— Quelle drôle de situation, l'amour rend aveugle, ne trouvez-vous pas ?
— En effet, répondit Hard.
— Je vais appeler Caroline pour lui dire que l'enfant n'est pas celui d'Albert Talbot, lança Miller.
— Nous allons continuer demain avec vous, veuillez nous excuser fit Smith, ma famille devrait nous attendre au chalet. Il se fait tard et ils ne sont pas encore au courant.
— A demain, répondit Miller, et Merci pour votre aide.
Smith et Hard s'éloignèrent. Il était aux environs de 19 heures 30. Abbigail s'élança vers son père. Elle lui raconta leur journée formidable. Puis l'inspecteur expliqua brièvement à sa femme comment lui et le sergent Hard avaient décidé d'aider les forces de l'ordre pour élucider le meurtre de Sonia Talbot. Béatrice eut soudain une réaction violente et inattendue. Son visage était rouge de colère. Normalement c'était une jeune femme qui ne s'énervait que très rarement, car elle était calme et posée. Smith ne s'attendait pas à cela.
— Dis-donc Arthur, tu ne crois pas que tu pousses le bouchon un peu trop loin ? Ce n'est pas la première fois que tu écourtes nos vacances. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase maintenant. On en a marre de cette situation, Abbigail et moi, cela ne peut plus continuer ainsi. J'ai fermé les yeux pendant de nombreuses années. Maintenant ça suffit ! Laisse-nous au moins nos vacances. Ton travail, ton travail on n'entend que cela ! J'ai lu ce matin dans le journal qu'un meurtre s'était passé ici, mais loin de moi l'idée que mon mari veuille jouer au bon samaritain.
Smith, abasourdi lui répondit :
— Je m'excuse Béatrice, j'aurais dû d'abord te demander ton avis avant d'agir, mais bon j'ai ce métier dans la peau. Je me vois mal assis à un bureau et travailler pendant huit heures derrière un ordinateur. Nous en avions parlé avant de nous marier.
— Mais ce n'est plus tenable, je ne vois même plus mon mari pendant les vacances. Tu aurais pu faire un effort cette fois. Décidément c'est une déformation professionnelle chez toi !
— Je vous promets, dès que cette enquête sera terminée, de prolonger nos vacances en Ecosse. Je m'occuperai de la réservation d'un petit cottage. Désolé, cette enquête je la finirai coûte que coûte. J'ai engagé ma parole.
Béatrice ne répondit pas et s'éloigna dans la cuisine, le visage en larmes. Hard, ne sachant plus quoi dire la suivit et l'aida de son mieux. Abbigail avait l'air déçue, mais elle ne disait rien. C'était étonnant de sa part.
— Bon d'accord papa, c'est super pour l'Ecosse. Mais tu sais maman est en colère maintenant et moi je suis déçue. Mais bon j'essaie de te comprendre. Car moi aussi je veux faire ton métier plus tard.
Et elle aussi se dirigea vers la cuisine. Elle fit la moue. Béatrice avait préparé des fish and ships pour le dîner avec une salade. Ils avaient ramené quelques provisions de Londres, mais il faudrait faire les courses lundi. Heureusement que DOHERTY n'était pas loin. Il avait presque tout en stock dans son magasin. L'ambiance était à couper au couteau. Après le dîner, Smith ouvrit le poste de télévision, mais il s'endormit après 10 minutes. La journée avait été éprouvante. Hard avait également du mal à rester éveillé. Vers 22 heures 30, la lumière s'éteignit au chalet. Tout le monde monta se coucher. Béatrice était au le lit mais ne s'endormait pas. Elle était encore en colère. Arthur essaya de la consoler, mais elle refusa.
— Chérie, je te demande pardon.
Elle ne répondit pas. Dans la nuit on entendit les cris des chouettes. Le reflet jaune de leurs yeux était impressionnant. Le jour commençait à se lever. Il était 7 heures. Smith voulait faire une surprise à sa famille. Il voulait se faire pardonner. Il courut vite chez DOHERTY et acheta un bouquet de fleurs pour Béatrice, ensuite des petits pains et des Cornflakes pour Abbigail. Il était en train de brancher la cafetière quand il fût rejoint par Hard. Hard considérait Smith un peu comme son grand frère. Le pauvre avait perdu ses parents à l'âge de dix ans dans un accident de la circulation. Il était fils unique.
Vers 8 heures Béatrice et Abbigail se levèrent.
— Bonjour papa, maman, vous avez bien dormi tous les deux ?
— Oui Abbigail, et toi ?
— C'est calme par ici, je n'ai entendu que les cris des chouettes.
— Hm ca sent bon, fit Béatrice.
Elle avait l'air un plus apaisée que la veille.
— Nous nous sommes dit que cela vous ferait plaisir, Madame Smith, lui dit Hard.
Béatrice regarda la table bien dressée, les belles roses rouges, les petits pains, et pensa : l'orage est passé !
— Merci à vous deux, fit-elle du bout des lèvres.
Ce n'est pas encore gagné, pensa l'inspecteur. Après dix minutes Smith se leva et se dirigea vers Béatrice et Abbigail. Il les embrassa.
— Bon nous devons partir, je vous appellerai au courant de la journée.
Ensuite les deux collègues passèrent au commissariat de Dorchester. Il était 8 heures 30 du matin. Miller était déjà plongé dans son journal. Il leur souriait.
— Alors Messieurs, avez-vous bien dormi ?
— Oh, comme deux sacs, fit Smith.
— Et votre famille, que dit-elle ?
— Ca va !
Mais sa voix le trahissait; Miller l'avait remarqué. Il évitait d'évoquer la colère bien compréhensive de sa femme.
— Donc, répliqua Miller, je pense que vous êtes d'accord de nous rendre à la galerie pour interroger Mary Angus ?
— Bien-sûr, fit Smith, allons-y. Nous pourrions lui demander la liste des invités, qu'en pensez-vous ? J'ai l'impression que le meurtrier se trouvait à cette fameuse soirée.
— Bien inspecteur, c'était également mon idée, répondit Hard.
— Au fait inspecteur Miller, que dit le docteur Newark concernant les prélèvements ?
— Les traces d'ADN du présumé meurtrier ont été comparées avec notre fichier central. C'est négatif. Sonia a eu des rapports sexuels avant sa mort. C'est certain. L'ADN retrouvé sur les bouts de tissus et sur la peau sous son index ne sont pas de la même personne. Les personnes ne sont pas fichées, il n'y a pas d'information à leur sujet dans le fichier central. Désolée; ça complique l'enquête.
— Allons-y, fit Miller.
La galerie était à cinq kilomètres du commissariat de police. Mary Angus les attendait. C'était une très belle femme brune, d'une allure très élégante. Elle portait un tailleur Chanel.
— Bonjour Messieurs, comment puis-je vous aider ?
— Madame Mary Angus ?
— Oui c'est moi.
— Voici le sergent Hard, et l'inspecteur Smith de Scotland Yard de Londres. Je suis l'inspecteur Miller.
— Enchantée. Je suis tellement triste depuis la mort de Sonia. C'était une très bonne amie, je ne comprends pas qui pouvait lui en vouloir à ce point pour la tuer ? C'est inimaginable. Sonia et moi nous nous connaissions depuis vingt ans. Nous étions comme des sœurs.
— Et pourtant Madame, quelqu'un lui en voulait au point de vouloir la supprimer, répliqua Miller. Pourriez-vous nous donner la liste des personnes qui étaient présentes à votre vernissage, avant-hier, s'il-vous plaît ? Y avait-t-il une caméra de surveillance dans la galerie ?
— Bien-sûr j'ai la liste des invités de cette soirée, je vais vous la donner. Et pour répondre à votre deuxième question: oui il y avait une caméra de surveillance, vous savez depuis quelques années j'ai fait une assurance contre le vol. Hélas il n'y en a pas à l'extérieur. Depuis que j'ai percé à Londres, il valait mieux agir ainsi. Mes tableaux ont de la valeur. Veuillez patienter quelques instants, je vais vous faire une copie de la liste des invités.
Après trois minutes, Mary revint avec la liste.
— Voici la liste, et voici l'enregistrement. J'espère que vous allez retrouver le ou la coupable. Tenez-moi au courant s'il vous plaît.
— Nous vous remercions pour votre aide, fit Hard. Nous allons faire le maximum pour retrouver l'assassin. Nous aurons besoin de votre aide pour vérifier l'identité de vos invités.
— D'accord, si vous voulez je peux venir vers 11 heures 30, pour vous indiquer l'identité des personnes de l'enregistrement.
Et les trois policiers s'éloignèrent. Il était 10 heures du matin, le soleil brillait de toutes ses forces, il faisait déjà 25 degrés, la journée s'annonçait chaude. Dès leur arrivée au commissariat de police, Miller prit la liste et en fit une copie à ses deux collègues.
— Donc, récapitulons, fit Smith !
Il se leva et marqua le nom des invités sur un grand tableau.
— Nous devons considérer toutes les personnes de cette liste comme des suspects potentiels, hommes ou femmes. Cela va nous prendre du temps pour les contacter et pour les questionner, car tout ce beau monde est déjà parti, mais tant pis. Il faudra qu'ils reviennent tous. Ce meurtre doit être élucidé, c'est une évidence, mais nous sommes à trois, donc, restons positifs. Je commence :
♠. Mary Angus qui a organisé le vernissage
♠. Sonia Talbot, notre victime
♠ Rose Fisher de Londres
♠. Robert Albright de Dorchester
♠. Paris Newton de Londres
♠. Eleonora de Winter de Londres
♠. Monsieur James et Madame Caroline Candle de Brighton
♠. Monsieur Keith et Madame Nadia Mc Donald de Bournemouth
♠. Monsieur Abdullah et Madame Zahia Ben Salem de Tunis
♠. Monsieur Johnny Cranberry de Dorchester
♠. Michael le Majordome qui a servi les invités pendant le vernissage et sa femme, Maria, qui est arrivée à la fin.
— Bon, fit Miller, comment allons-nous nous organiser pour contacter et prendre les dépositions de toutes ces personnes ?
— Je suggère, fit Smith, que l'inspecteur Hard commence par Rose Fisher, Robert Albright et Paris Newton. Je vais essayer de contacter Eleonora de Winter et M. et Mme. Candle.
— Bien, fit Hard, je suis d'accord.
— Et vous inspecteur Miller, est-ce que ça ira pour les Ben Salem de Tunis et Johnny Cranberry, demanda Smith ?
— Oui c'est parfait, mettons nous au travail, répondit Miller.
— En ce qui concerne Mary Angus, elle va bientôt arriver. Je me chargerai également des Mc Donald et du majordome.
Soudain on frappa à la porte. Il était 11 heures 30. Mary Angus entra.
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