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France

© CLAAE 2013

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EAN ebook : 9782379110382

Adolf Erik Nordenskjöld

La découverte
du passage du Nord-est

CLAAE

2013

Adolf Erik Nordenskiöld (1832-1901) est un scientifique explorateur russe qui dut prendre la nationalité suédoise en raison de ses opinions politiques. À partir de 1858, il explore le Groenland, le Spitzberg, la mer de Kara et tente de rejoindre l’océan Pacifique par le détroit de Béring. Finalement, il réussit et devient le premier explorateur occidental à rejoindre le Japon par le passage du Nord-est lors de son expédition de 1878 – 1879.

Avis de l’éditeur

C e livre est en entier composé de lettres écrites par M. Nordenskjöld, soit pendant son voyage, soit à son arrivée à Yokohama. Cette série de lettres est précédée de la biographie de Nordenskjöld écrite par lui-même. Nous avons fait précéder les lettres écrites à M. Oscar Dickson, de Göteborg, du plan de voyage adressé par le savant explorateur au gouvernement suédois avant son départ, et nous les avons fait suivre du rapport qu’il a adressé, de Yokohama, à ce même gouvernement. Nous avons d’autant moins hésité à le faire, que ces lettres sont de véritables récits d’aventures, de chasses, de détails des mœurs des hommes et des bêtes qui vivent dans ces contrées jusqu’alors inconnues. Ces récits sont écrits avec tant de simplicité et de bonhomie qu’on est à la fois surpris et charmé de voir un homme aussi savant se mettre ainsi à la portée des ignorants et des gens du monde.

M. Daubrée, de l’Institut, directeur de l’École des mines de Paris, l’homme auquel la France doit plus qu’à tout autre de connaître Nordenskjöld, et qui est l’ami personnel de l’intrépide voyageur, a bien voulu nous permettre de mettre, en tête de cet ouvrage, une préface tirée du beau discours qu’il a prononcé à l’Académie des sciences, le 1er mars 1880. Ce discours indique les principaux résultats qui sont dus aux recherches de M. Nordenskjöld. Nous ne pouvions placer ce petit livre sous un patronage plus glorieux, et nous remercions M. Daubrée d’avoir bien voulu le couvrir de son autorité.

Le voyage que vient d’accomplir M. Nordenskjöld n’est pas seulement remarquable par les résultats acquis, et que M. Daubrée a si éloquemment fait ressortir dans son discours ; ce qui surprend, ce qui dépasse l’imagination, c’est la sûreté de vue et de prévision qui a présidé à son entreprise qui constitue, sans contredit, la plus grande découverte faite jusqu’à ce jour. En lisant le projet de voyage, adressé par le savant professeur à son gouvernement, le lecteur verra que tout y avait été prévu, et que rien n’avait été abandonné au hasard.

M. Maunoir, secrétaire général de la Société de géographie de France, avec son inépuisable complaisance, et son dévouement sans borne pour tout ce qui peut inspirer le goût de la géographie et M. Gauthiot, secrétaire général de la Société de géographie commerciale de Paris, qui n’est ni moins obligeant, ni moins dévoué à la science, ont bien voulu mettre à notre disposition tous les documents en leur possession qui étaient de nature à faciliter notre tâche. C’est ainsi que nous avons pu suivre, pas à pas, l’équipage du Véga, dans sa brillante expédition, et que nos lecteurs pourront connaître tous les détails authentiques de cette glorieuse entreprise.

M. Jules Gros, secrétaire de la Société de géographie commerciale de Paris, membre de la Société zoologique de Paris et de la Société de géographie de France, professeur à l’Association philotechnique, bien connu déjà par ses travaux et ses ouvrages géographiques, a pris la direction du travail de classement nécessité par la publication de ce livre. Ce sera un nouveau service rendu à la science par un homme qui, depuis longtemps, consacre sa vie à la vulgarisation de la géographie et de l’histoire des voyages.

Nous terminons cette courte note en remerciant tous ceux qui nous ont aidés dans notre tâche : M. Daubrée ; M. Jules Gros, l’ordonnateur de ce livre ; MM. Maunoir et Gauthiot ; M. Krammer, de Stockholm ; M. William Costello, qui a traduit l’autobiographie de Nordenskjöld; M. F. Schulles qui a mis en français les lettres de M. Nordenskjöld et son rapport et auquel nous avons fait de larges emprunts.

Maurice Dreyfous

Édition 1880.

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Carte de l’exploration du « Véga », d’après Nordenskiold.

Préface

Les contrées polaires ont le privilège d’exercer une puissante attraction sur des natures d’élite, ardentes à soulever une partie du voile qui les couvre encore. Ces solitudes glacées et leurs formidables banquises ne recèlent guère moins d’obstacles et de périls que les climats torrides et fiévreux de l’Afrique centrale, avec ses peuplades méfiantes et féroces.

Parmi les noms des plus éminents explorateurs des régions boréales, l’histoire inscrira, dans une place d’honneur, le nom du professeur Nordenskjöld, que l’Académie se glorifie de compter parmi ses correspondants.

Après cinq voyages au Spitzberg et un au Groenland, tous féconds en résultats imprévus, il faisait, en 1874, à la surprise générale, la traversée de la Norvège à la Sibérie, où il débarquait à l’embouchure du Ienisseï. Ce voyage, vainement tenté depuis trois siècles, fut exécuté en moins d’un mois, et le retour plus rapidement encore, quoique la Nouvelle-Zemble ait été, au passage, l’objet de quelques études.

Ce premier succès, renouvelé l’année suivante, fit concevoir à M. Nordenskjöld le projet d’entreprendre une autre expédition, dans laquelle il traverserait tout l’océan Glacial de Sibérie jusqu’au détroit de Béring, l’étude judicieuse d’anciennes explorations faites, en diverses parties du littoral à parcourir, dirigea sûrement cette entreprise sans précédent, et donna à leur auteur un espoir de réussite, qui s’est réalisé de la manière la plus heureuse.

Parti de Tromsøe le 21 juillet 1878, le vapeur Véga touchait presque au but de son expédition le 27 septembre de la même année, et quelques heures de navigation, qu’il aurait été facile de gagner, sur divers points du parcours, si on ne les eût consacrées à des recherches scientifiques, auraient suffi pour atteindre le détroit, lorsque les glaces lui fermèrent le passage. Malgré le soin et l’expérience qui avaient présidé à sa construction, le navire aurait couru grand risque d’être écrasé par leur énorme pression, sans l’abri improvisé qu’il trouva derrière un simple glaçon. Ce fut seulement le 18 juillet 1879, après neuf mois d’une immobilité forcée, qu’une débâcle subite rendit la liberté au Véga, qui, deux jours après, doublait la pointe orientale de l’Asie. « Enfin il était atteint, dit M. Nordenskjöld, ce but poursuivi par tant de nations, depuis que sir Hugh Willoughby quitta le port de Greenwich, le 20 mai 1553, au bruit du canon et des hourras des matelots en grande tenue. Après trois cent vingt-six ans, et lorsque la plupart des hommes compétents avaient déclaré l’entreprise impossible, le passage du nord-est était enfin réalisé, sans qu’on eût à déplorer la perte d’un seul homme, sans préjudice à la santé d’aucun de ceux qui participèrent à l’expédition, sans le moindre dommage au navire. »

Si le voyage que le Véga vient d’accomplir ne peut être répété chaque année, il pourra se renouveler souvent. Dès à présent, on peut dire que deux voies nouvelles sont ouvertes et que des communications maritimes sont assurées désormais entre les grands fleuves sibériens et le reste du monde : l’une de l’Obi et du Ienisseï avec l’occident et l’Atlantique, l’autre de la Léna avec l’orient et le Pacifique. La Sibérie fournirait en abondance, outre ses richesses minérales et les produits possibles de ses pêches et de ses bestiaux, le bois de ses immenses forêts et les grains de ses vastes plaines, dont le sol est d’une étonnante fertilité.

Dès son débarquement au Japon, M. Nordenskjöld a été accueilli par des ovations chaleureuses et des témoignages d’admiration ; comme il devait en recevoir tout le long de sa route, et comme il en recevra bientôt parmi nous.

Outre leur grande valeur géographique, les expéditions de M. Nordenskjöld nous ont ouvert, sur diverses parties des sciences, des horizons nouveaux.

Pendant son séjour d’hiver au nord du Spitzberg, au 79e degré, il faisait recueillir chaque jour, au fond de la mer, dont on devait pour cela briser la glace, de nombreux échantillons de végétaux et d’animaux, qui s’y développent avec vigueur, contrairement à ce que les physiologistes pouvaient supposer, sous un tel climat, en l’absence de l’excitation des rayons solaires. Des recherches analogues ont révélé dans l’océan Sibérien une abondance aussi surprenante de la vie. M. Nordenskjöld nous apprend qu’à une profondeur comprise entre trente et cent mètres, cet océan renferme une faune aussi riche en individus que les mers tropicales, quoique la température du fond soit constamment au-dessous de zéro. D’ailleurs, un littoral s’étendant sur plus de quatre-vingt-dix degrés de longitude, et une vaste mer où les naturalistes n’avaient jamais étudié les formes variées des êtres organisés, c’était un domaine qui devait fournir les notions les plus intéressantes, pour la répartition géographique des animaux et des végétaux sous-marins.

Les débris de mammouths accumulés en quelques parties du littoral de la Sibérie faisaient espérer des trouvailles du même genre, pendant ce long parcours; à cet égard, il y eut déception. En revanche, sur le rivage de la péninsule tchouktche, on découvrit des ossements de baleines, enfouis depuis de longs siècles, en grande quantité, dans des couches de sable. Quelques-uns de ces os étaient encore recouverts de peau et d’une chair rouge presque fraîche. C’est un nouvel exemple à rapprocher de ceux que l’on connaît depuis le voyage de Pallas : il fait voir combien les matières animales gelées peuvent se conserver longtemps sans se putréfier.

Grâce à de nombreux relevés, exécutés dans ses séjours au Spitzberg, M. Nordenskjöld, aussi distingué comme géologue que comme minéralogiste, put déterminer l’âge relatif des terrains stratifiés, à ces extrémités boréales de l’Europe.

Les empreintes de plantes qu’il a extraites des couches du sol arctique, nous ont révélé, à la suite des déterminations de M. Oswald Heer, l’existence d’une forte végétation qui, pendant les époques houillère, jurassique, crétacée et tertiaire, couvrait ces parages aujourd’hui glacés. Quel contraste de l’état actuel de ces régions stériles, avec les fougères arborescentes, les lycopodiacées en arbres, les sigillaires et les calamites, qui les couvraient autrefois et dont les belles formes et la haute stature rappellent notre plus riche végétation tropicale ! Cette vie luxuriante des végétaux de l’époque houillère se montrait donc aussi bien à ces hautes latitudes que dans les régions bien plus méridionales, occupées aujourd’hui par les nombreux bassins houillers de l’Europe moyenne et de l’Amérique du Nord.

Sans correspondre à un climat aussi chaud que celui qui a présidé à la végétation carbonifère, les forêts qui, au milieu de l’époque tertiaire, ombrageaient le Spitzberg, avec leurs chênes, leurs platanes et leurs séquoias, ressemblaient à celles que nous trouvons aujourd’hui à vingt ou trente degrés plus au sud, par exemple, en Californie. Or, on sait que, peu après, à l’époque quaternaire, les glaciers, par une sorte de réciprocité, ont laissé, sur une grande partie de l’Europe, des preuves irrécusables de leur séjour prolongé.

C’est dans les régions boréales qu’on peut espérer trouver la clef de bien des problèmes météorologiques encore à résoudre. Dans ces voyages, et particulièrement pendant les deux hivernages, des observations météorologiques précieuses ont été recueillies. N’en rappelons qu’un seul résultat. Durant plusieurs mois d’hiver, des vents tempétueux n’ont cessé de souffler à l’entrée du détroit de Béring. Or, à la surface du sol régna alors, presque constamment, un courant du nord, à peu près suivant la direction du détroit, tandis que la marche des nuages accusait, à une faible hauteur, un courant atmosphérique, non moins constant, mais venant du sud. « Si donc l’on considère, dit M. Nordenskjöld, que le détroit forme comme une porte entourée de montagnes passablement élevées, placée entre les couches d’air chaud de l’océan Pacifique, et celles d’air froid de l’océan Polaire, on voit que les vents y établissent leur régime, suivant la même loi qu’on observe dans les courants d’air qui se produisent, à travers une porte ouverte, entre une chambre chaude et une pièce froide.»

Il va sans dire que les phénomènes du magnétisme terrestre n’ont pas été négligés plus que tant d’autres. L’espace disponible à bord du Véga n’ayant pas permis d’emporter en Sibérie un observatoire en bois, il fallut en construire un avec la glace et la neige : il n’en répondit pas moins bien à sa destination. Toutefois, pour donner à cet observatoire la stabilité nécessaire à des opérations exactes, on dut l’établir, non sur une banquise, mais sur le rivage, à un kilomètre et demi du navire. Tel est le trajet qu’il fallait faire plusieurs fois par jour, pendant les tempêtes de l’hiver, par l’obscurité, par la tourmente et souvent par un froid de quarante-cinq degrés au-dessous de zéro. Les observateurs séjournaient cinq heures de suite dans cette chambre de glace, où la température accusa longtemps dix-huit degrés au-dessous de zéro. Le service fut confié à onze savants et officiers, répartis en quatre groupes, qui, pendant quatre mois, observèrent, d’heure en heure, les divers appareils. Grâce à l’ardeur héroïque que M. Nordenskjöld avait su inspirer à ses compagnons, nous possédons aujourd’hui pour cette plage, naguère inconnue, un ensemble de mesures plus complet que pour la plupart des localités des pays les plus civilisés.

Quelque dur qu’ait été ce régime volontairement accepté, il a certainement contribué beaucoup à maintenir un état sanitaire, de nature à encourager des imitateurs, qu’il s’agisse d’expéditions polaires ou de stations dans les hautes régions de nos chaînes de montagnes.

Il suffit d’avancer à une latitude, telle que le nord de la Scandinavie, pour jouir de la splendeur des aurores boréales, dont Bravais a fait une étude si justement estimée. Quoique la presqu’île tchouktche paraisse une station plus favorable encore, on n’y a pas vu ces magnifiques bandes rayonnantes ou draperies, dont tout le monde connaît les brillantes images. Le phénomène se réduit à un faible arc lumineux, qui apparaît d’une manière continue et dont la position semble invariable. Notre globe est donc orné, à peu près continuellement, d’une couronne lumineuse, qui n’est pas destinée à être vue par ses habitants, mais qui serait plutôt de nature à éveiller un curieux intérêt chez des observateurs postés sur d’autres planètes de notre système solaire.

On s’étonnera peut-être moins, tout en l’admirant davantage, de cette abondance de résultats variés, dont je n’ai pu indiquer qu’un bien petit nombre, quand on saura que M. Nordenskjöld, si plein de sollicitude pour son équipage, est emporté dans son ardeur pour la science à une témérité extrême, qui maintes fois a mis sa vie en péril. Témoin le voyage qu’il fit au Spitzberg, sur le grand glacier du Nordostland. Il en avait déjà exécuté un autre non moins périlleux, sur l’immense glacier intérieur du Groenland, non exploré jusqu’alors, si ce n’est, dit-on, vers l’an 1000, du temps de Erik den Røde. Aucun glacier connu n’approche, pour les dimensions, de cette nappe de glace continentale qui, sauf des pointements rocheux surgissant çà et là, couvre plus de cent mille kilomètres carrés, avec une épaisseur surpassant un kilomètre et demi, là où des crevasses ont permis de la mesurer1. C’est comme une reproduction actuelle du puissant manteau de glace dont, à une époque géologique, qu’il est permis d’appeler très récente, l’Europe et l’Amérique du Nord étaient en partie recouvertes, dans toute leur largeur et jusque dans leur partie moyenne2. Les Esquimaux qui s’étaient engagés avec notre explorateur refusèrent de continuer une expédition, à leurs yeux trop effrayante, et le laissèrent, seul avec le docteur Berggren, poursuivre sa périlleuse entreprise qui l’obligeait à traverser, de cent mètres en cent mètres environ, des crevasses très profondes, remplies de neige peu cohérente, et n’ayant pas moins de trente mètres de largeur.

L’expédition de 1870, au Groenland, a conduit à une découverte des plus considérables pour l’histoire du globe.

Guidé par ce fait, connu depuis longtemps, que quelques couteaux, fabriqués avec du fer natif, avaient été vus entre les mains d’Esquimaux, M. Nordenskjöld, conduit par les indications de quelques naturels, découvrit sur une plage déserte de l’île Disko, des blocs de fer naturel, dont il rapporta des échantillons. Rien ne paraissait, au premier abord, plus probable que de considérer ces masses, dont la principale ne pèse pas moins de vingt mille kilogrammes, comme tombées du ciel. En effet, d’une part, elles ont la composition des météorites, et, d’autre part, jusqu’alors, le fer, malgré son extrême abondance, sous forme de minerais varié, n’avait jamais été rencontré à l’état métallique, parmi les roches terrestres.

Cependant, à côté de ces masses isolées, de petits grains de fer, également allié de nickel, étaient reconnus dans quelques-unes des éruptions qui, au Groenland, se sont produites sur une vaste étendue, car du 69° au 76° degré de latitude, le littoral présente partout, dans de hauts escarpements, le basalte en immenses nappes horizontales, qui se sont épanchées, à partir de filons verticaux, par lesquels elles jaillissaient, et qui disparaissent sous un gigantesque glacier. Nous savons, maintenant, que, contrairement à ce qu’une induction séduisante faisait admettre, toutes ces masses de fer, grosses et petites, loin d’être originaires des espaces célestes, ont été apportées de la profondeur du globe par les roches volcaniques.

Déjà les nombreuses analogies qui unissent les roches cosmiques, dont les météorites nous apportent des éclats avec certaines de nos roches éruptives, avaient amené à conclure que le fer métallique doit faire partie des masses intérieures de notre globe, mais à des profondeurs jusqu’alors inaccessibles à nos investigations. C’est précisément ce fer métallique terrestre, que les éruptions du Groenland ont fait surgir à nos regards, et, pour que la ressemblance soit plus grande, de même que le fer des pierres tombées du ciel, ce fer d’origine terrestre se montre associé au nickel.

Rien, par conséquent, ne prouve mieux que notre planète offre des caractères de composition identiques avec ceux de certains astres qui en sont bien éloignés : confirmation d’une théorie cosmogonique, que l’on pouvait croire pour toujours inaccessible à tout contrôle direct.

De la sorte s’élargissent incessamment, dans le Temps comme dans l’Espace, les horizons qu’embrasse la Science en scrutant l’Univers physique. Car tandis que l’Astronomie plonge de plus en plus profondément dans l’immensité des cieux, la Géologie remonte chaque jour davantage dans l’immensité des siècles écoulés.

Nous devions, au moment où M. Nordenskjöld reparaît en Europe, le remercier d’avoir porté, avec autant de prévoyance que de hardiesse, le drapeau de la science dans des régions inconnues. L’Académie avait un hommage à rendre à son intrépide et illustre correspondant ; elle est heureuse de commencer, dès aujourd’hui, à lui payer ce juste tribut.

Auguste Daubrée (de l’Institut).

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1. Le premier lieutenant Jensen, de la marine danoise, a fait récemment, par ordre de son gouvernement, une nouvelle exploration de ce glacier hors ligne, et vient d’en exposer les remarquables résultats dans un volume publié à Copenhague.

2. Ce phénomène a exercé une influence de premier ordre sur la nature du sol de ces vastes régions et sur leur configuration actuelle.