L’enfant et les écrans

L’enfant et les écrans

Sylvie Bourcier

À ma fille Émilie qui fut la première

à me sensibiliser aux nouvelles technologies

et qui continue, encore aujourd’hui, à me

faire découvrir cet univers en ébullition.

REMERCIEMENTS

Plusieurs personnes ont contribué à la réalisation du présent ouvrage :

Joëlle Bourcier, sexologue, pour le chapitre portant sur l’exposition aux images sexuellement explicites;

Diane Duclos, qui a fait des recherches sur la Toile;

Marguerite Béchard, par sa disponibilité, sa patience et son souci du travail bien fait;

Luc Bégin, par sa confiance, son respect et son grand professionnalisme;

et, enfin, mon merveilleux compagnon Germain Duclos par ses commentaires pertinents, ses encouragements et son amour.

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos

Chapitre 1
L’enfant captif de l’écran

Préférences et compréhension des images

Usage excessif

Chapitre 2
Un mauvais scénario pour la santé

La sédentarité au banc des accusés

Habitudes alimentaires

Effets possibles sur le sommeil

La console Wii® au service de l’activité physique

Chapitre 3
Influences psychologiques : la dépendance

Dépendance télévisuelle

Accros aux jeux vidéo

Cyberdépendance

Les cyberjunkies

Chapitre 4
L’influence des images violentes

Les héros batailleurs

Téléphages agressifs : mythe ou réalité

Jeux de guerre sur écran

Surmonter les peurs

Chapitre 5
L’exposition aux images sexuellement explicites

Les effets

Pistes pour les parents

Attention aux cyberprédateurs

Des images qui influencent la construction de l’identité sexuelle

Chapitre 6
L’influence des écrans sur l’apprentissage

Des écrans stimulants

Écrans pour bébés surdoués

Apprendre par écran interposé lorsqu’on a de 2 à 5 ans

L’écran et l’école font-ils bon ménage?

Chapitre 7
L’impact des écrans sur les relations familiales

Hier et aujourd’hui

La « télé-nounou »

L’écoute en famille

Les adeptes des jeux et de l’Internet deviennent-ils des asociaux?

Des images stéréotypées

Chapitre 8
Redonner à l’écran un rôle positif

Stratégies éducatives parentales : encadrer

Offrir un modèle

Limiter le temps d’utilisation des écrans

Interdire certains spectacles ou contenus

Être disponible pour échanger

Aménager un environnement propice à une utilisation constructive des écrans

L’éducation aux images

Développer l’esprit critique

Encourager l’affirmation de soi et développer la sensibilité à l’autre

Se former à s’informer

Conclusion

Bibliographie

Ressources

AVANT-PROPOS

En dix ans, nous avons vu entrer dans nos vies le iPod^®, le iPhone^®, le iPad^®, les iTunes^®, les outils de réseau social comme Facebook et Twitter, l’encyclopédie en ligne Wikipédia, les téléphones intelligents, la baladodiffusion, les blogs, la télévision et les jeux vidéo, les ordinateurs portables à prix modique, etc.

« L’évolution de nos technologies est inévitable, elle est liée à l’insatisfaction de l’homme, à ses désirs, à ses ardeurs. Personne ne peut arrêter cette marche. À lui de veiller à ce que les avantages surpassent les conséquences fâcheuses », nous explique le journaliste J.C. Soumia¹.

En 2010, Nicolas Bérubé² ajoute : « Les prévisions technologiques jaunissent plus vite que le papier journal. » Vitesse, liberté d’accès, capacité de stockage sont à la hausse et permettent de véhiculer un maximum d’information. La médiatisation des résultats de recherches scientifiques nous donne accès aux avancées de la médecine et même des sciences comme l’astronomie, la géologie, l’écologie et la génétique. Nous avons accès, même dans nos bibliothèques publiques locales, à des logiciels éducatifs. Les enfants d’aujourd’hui peuvent visiter les musées et les zoos des pays éloignés et se rapprocher de la réalité des populations vivant à l’autre bout de la planète. La vie publique a aussi pénétré nos foyers. Nos enfants sont au fait des actualités nationales et internationales. Ils subissent comme nous l’action convergente des différents médias. Les médias se multiplient et certains thèmes se retrouvent au bulletin de nouvelles à la télévision, en message texte sur Internet ou sur la bande électronique des transports en commun (voir l’encadré Un drame familial très médiatisé, en page 16). On constate même la présence d’écrans dans certains restaurants, à la pharmacie, chez des dépanneurs qui possèdent – près de la valideuse Loto-Québec – un écran déroulant des animations publicitaires. Les enfants sont bombardés d’information, mais on peut se demander s’ils ont la maturité nécessaire pour comprendre sans en être imprégnés ou bouleversés. Ils n’ont pas encore développé un esprit critique leur permettant de juger de la véracité ou de l’importance de la nouvelle.

De l’écran passe-temps à l’écran encyclopédie, fenêtre sur le monde, il n’y a qu’un pas. Un pas les sépare également de l’écran dictature… En effet, certains utilisateurs sont assujettis à leurs écrans. Ils « textent » durant un repas en famille ou encore durant une conversation. C’est la frénésie des réseaux sociaux (350 millions d’utilisateurs en décembre 2009)³. Tout devient imbriqué : vie familiale, personnelle et professionnelle. Les incessants courriels auxquels on doit répondre sur-le-champ, même durant les vacances, représentent un bon exemple de cet envahissement. Les enfants sont de fins limiers, ils observent ce que font les grandes personnes et s’y intéressent. On ne s’étonne pas de voir des enfants qui jouent à parler au cellulaire, à pitonner du doigt sur celui-ci et qui nous répondent distraitement sans nous regarder lorsqu’on s’adresse à eux. Les médias exercent leur influence : « Les technologies ont changé, les contenus ont changé (potentiel illimité de contenus grâce au câble ou à l’antenne satellite) et nous devrions modifier aussi nos préoccupations », conclut André H. Caron⁴.

Dans mon enfance, la télévision était discrète. On ouvrait le téléviseur pour nos rendez-vous familiaux. Le dimanche, c’était le Merveilleux Monde de Disney pour les reportages animaliers, le samedi soir c’était le hockey et il y avait les dessins animés du matin que je regardais avec mon frère. « La réunion familiale autour de la télé ne se déroule plus comme autrefois autour d’un contenu spécifique, c’est davantage un prétexte pour qu’ils relaxent tout en partageant un moment avec leurs enfants⁵. » Caron soulève deux éléments à considérer dans le cadre des changements technologiques que vivent les familles : d’abord, la personne et sa relation avec les médias et ensuite, la dynamique nouvelle entre les parents et les enfants autour des médias.

Le présent livre s’articulera autour des deux pôles suivants : d’abord, l’influence des écrans sur l’enfant, du bébé au préadolescent, et leur effet sur les relations et la famille. Loin de moi l’idée de « démoniser » les écrans ou de culpabiliser les parents qui éprouvent du plaisir à initier et à accompagner leurs enfants dans leur découverte des technologies. J’avoue avoir eu du plaisir avec ma fille devant Passe-Partout, en éprouver encore à partager les trouvailles de Iniminimagimo avec mes petits-enfants par alliance et être une cinéphile avertie, mais je dois vous confier bien humblement que je suis une novice en matière de nouvelles technologies. Chaque fois que je fais une présentation multimédia, je crains que cet outil me fasse faux bond ou de bousiller mon contenu par mégarde. Toutefois, je crois qu’il est nécessaire de se pencher sur le phénomène, de devenir des parents avisés pour protéger nos enfants des risques potentiels d’un mauvais usage des médias et aussi pour en tirer le plus d’avantages possible. D’ailleurs, les vignettes présentées dans plusieurs chapitres témoignent de l’ascendant des images sur certains enfants. Ceux-ci sont avides de connaissances, désireux d’expérimenter toute nouveauté, mais ils sont également sensibles aux influences, particulièrement quand elles se substituent peu à peu à celle des parents.