C’est le homard Pince-sans-rire qui, le premier, identifia le vieux Josué et s’empressa de sonner l’alarme. Ses cris alertèrent une faune nombreuse, y compris les quelques rares sardines épargnées par les filets grâce à leur défenseur le plus précieux.

   L’heure était grave. Le défunt Josué eut droit à des funérailles d’État. Allongé sur un lit de goémon, il était beau à voir. Sous sa tête, on avait posé un oreiller de coquillages nacrés d’une rare beauté. Par la suite, les pieuvres le recouvrirent de bois d’épave vermoulu ramené d’un cimetière marin, situé tout près. Certains poissons parlèrent même de porter le deuil. Toutefois, les sardines jugèrent qu’il y avait mieux à faire pour honorer la mémoire du vieux Josué. Le plus urgent pour elles, c’était d’assurer la survie de leur espèce…

   À peu près toutes les espèces de poissons de la mer étaient réunies après les funérailles du malheureux. Profitant de l’occasion, on organisa une assemblée extraordinaire pour lancer une contreattaque à la pêche à la sardine. Après tout, il en allait de la survie même d’une des espèces les plus prolifiques à l’échelle de la planète.

   Le plus inquiétant, c’était que le pouvoir et l’ambition de l’homme ne s’arrêteraient point à la sardine. Les autres espèces de poissons savaient trop bien que, une fois la sardine disparue, on s’attaquerait aux autres membres de la famille, jusqu’à littéralement vider la mer.

   C’est donc à l’unanimité et en très peu de temps que le Syndicat des poissons des profondeurs – le