© 2007 Lise Bourbeau
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Dépôt légal:
Bibliothèque et archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Bibliothèque Nationale de France
Deuxième trimestre 2007
ISBN-13 : 978-2-920932-26-5
eISBN : 978-2-920932-66-1
Publié par:
Les Éditions E.T.C. Inc.
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Saint-Jérôme (Québec) J5L 2J7
CANADA
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Amérique du Nord : 1 800 361-3834
Table des matières
Remerciements
Introduction
La consultation
Les différentes facettes de l’amour
Accepter le choix des proches
Moyens pratiques d’acceptation
Accepter d’en avoir plus ou moins que les autres
Accepter la perte
Accepter la maladie
Accepter la vieillesse et la mort
Accepter les blessures
Accepter l’état de la planète
Accepter les autres
L’amour avec un grand A
Étapes pour se réconcilier avec l’autre et se pardonner soi-même.
Remerciements
J’en suis à mon dix-huitième livre et je continue à éprouver la même reconnaissance envers tous ceux qui m’aident à les écrire.
Reconnaissance ou re-connaissance me fait penser que la connaissance est toujours le fruit du travail de plusieurs personnes. Écrire un livre est aussi l’aboutissement de la connaissance de plusieurs personnes.
Qu’est-ce qui vient de moi? Qu’est-ce qui vient des autres? Il m’est impossible d’en faire la distinction. Qui reconnaître?
En premier lieu, je veux dire MERCI à tous ceux qui, grâce à leur histoire et leurs partages durant les ateliers, ont rendu possible la rédaction de ce livre. Je me sens particulièrement privilégiée de faire un travail aussi enrichissant grâce à la volonté de tous ceux qui veulent améliorer leur qualité de vie.
J’ai aussi le bonheur d’être entourée de personnes qui m’appuient de tout leur cœur : mon mari Jacques, ma famille, mes amis ainsi que l’équipe d’Écoute Ton Corps. J’apprécie notamment les remarques constructives de ceux qui ont lu la première ébauche de ce livre, m’aidant ainsi à l’améliorer.
Merci aux correctrices qui ont fait un travail remarquable, Claude Vienne et Julie Labelle. Pour terminer, il me manque les mots pour reconnaître à leur juste valeur l’aide constante de Jean-Pierre Gagnon, le directeur des Éditions ETC et la créativité de Monica Shields pour la page couverture et la mise en page.
Introduction
Depuis 25 ans, j’enseigne l’amour inconditionnel en mentionnant régulièrement le mot « acceptation » durant les ateliers et les conférences que je donne. Il apparaît à de nombreuses reprises dans les livres et les divers articles que j’écris. Malgré cela, on continue de me poser les questions suivantes :
« Es-tu sûre, Lise, que TOUT peut être accepté un jour? »
« Pourquoi j’oublie tout ce que j’ai appris sur l’acceptation aussitôt que ça ne va pas comme je veux? »
« Je n’arrive pas à accepter comme tu l’enseignes. J’ai sans cesse l’impression que je vais me faire avoir si j’accepte ainsi. »
« J’ai beaucoup de difficulté à savoir si j’ai vraiment accepté une situation ou si je m’y suis résigné. »
« Je n’arrive pas à croire qu’une situation désagréable va se transformer seulement en l’acceptant. Ça me semble trop miraculeux et surtout trop simple. »
Je ne suis pas surprise quand j’entends les différentes difficultés vécues par les clients d’Écoute Ton Corps. Je me suis rendu compte, autant dans ma vie personnelle que professionnelle, que cette notion d’acceptation qui permet d’arriver à l’amour inconditionnel est simple mais loin d’être facile à appliquer. Moi-même ainsi que l’équipe d’Écoute Ton Corps qui l’enseignons depuis de nombreuses années, oublions parfois ce moyen miracle qui peut tout transformer. Heureusement que nous en parlons régulièrement, ce qui nous aide à nous remettre sur le chemin de l’amour assez rapidement.
J’entends ce genre de question ou commentaire dans tous les pays où j’enseigne. En effet, peu importe la race, la culture, la couleur, l’âge, la profession ou la religion d’une personne, tout le monde aspire à l’amour inconditionnel. C’est un appel de la part de notre âme qui est malheureuse lorsque c’est l’ego qui nous dirige plutôt que notre cœur. À l’époque où nous vivons, nous ressentons ce cri de l’âme de plus en plus intensément. C’est une époque de grande transformation intérieure et je suis très heureuse de constater que tous ceux que je rencontre, et ce, dans tous les pays que je parcours, aspirent véritablement à une meilleure qualité de vie intérieure en sachant intuitivement que lorsque l’intérieur change, l’extérieur se transforme en conséquence.
Voilà la raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire un livre sur l’acceptation dans tous les sens du mot et dans toutes sortes de situations, surtout celles qui sont non désirées et désagréables. Je souhaite de tout cœur que ce qui suit saura t’aider à mieux assimiler les notions de l’amour véritable.
Pour rendre la lecture plus facile et intéressante, j’ai choisi de relater l’histoire d’une famille qui vit divers problèmes d’acceptation. L’histoire et les noms des membres de cette famille sont fictifs et ne sont utilisés qu’aux fins de ce livre. Cependant, tous les exemples sont basés sur des milliers de témoignages que j’ai eu l’occasion d’entendre au cours des 25 ans passés à enseigner l’amour.
Si, en lisant les différents moyens suggérés pour faire la paix, accepter les autres et t’accepter, tu as des réflexions du genre…
« Je ne pourrai jamais arriver à ce genre de partage »,
« Je suis assuré que l’autre ne voudra jamais accepter cela »,
« C’est juste un livre; la réalité est toute différente »,
…sache que c’est une manifestation de la résistance de la part de ton ego. Tout ce qui est suggéré est réalisable : il suffit de le décider et de l’expérimenter. La bonne nouvelle est plus nous pratiquons, plus ça devient facile et rapide.
Je souligne également que je me permets de tutoyer le lecteur : ceci t’aidera à ressentir tes émotions plus rapidement, surtout si tu te reconnais dans un des différents exemples utilisés.
Bonne lecture!
Lise Bourbeau
Chapitre 1
La consultation
Ma secrétaire annonce la venue de la cliente que j’ai accepté de voir en consultation privée aujourd’hui.
– Bonjour Anna.
– Bonjour, Madame Bourbeau. Je suis très heureuse de faire votre connaissance. J’ai lu tous vos livres et fait quelques ateliers et j’ai enfin l’occasion de vous rencontrer. Je suis très heureuse d’être parmi les trois personnes que vous suivrez au cours des prochains mois. C’est pour votre recherche m’a-t-on dit. Quel privilège d’avoir été choisie et surtout de n’avoir rien à débourser! Heureusement que je connais votre travail, sinon je me serais méfiée d’une telle offre, ajoute-t-elle en riant.
– En effet, je suis au Québec pour quelques mois et je veux travailler en privé avec trois personnes différentes dans trois domaines distincts. Suite à la diffusion de cette offre sur notre site Web, nous avons reçu plusieurs demandes. Nous avons rassemblé celles qui concernaient l’amour véritable, un des trois domaines, et avons pigé votre nom au hasard parmi celles-ci. Avant d’aller plus loin, j’aimerais savoir si tu as une objection à ce que nous nous tutoyions.
– Aucune objection. Ce sera même très facile puisque j’aimais bien ce tutoiement dans les livres et dans les ateliers. J’ai assisté à trois ateliers jusqu’à maintenant et il y a des choses qui se sont améliorées dans ma vie, mais je dois avouer que je trouve très difficile la notion d’amour inconditionnel.
– Alors, j’écoute. Parle-moi un peu de toi et dis-moi quelles sont les difficultés auxquelles tu es confrontée.
– J’ai trente-huit ans et je suis mariée depuis quatorze ans avec Mario qui a cinquante-deux ans, donc quatorze ans de plus que moi. Quand j’ai rencontré Mario en 1991, il était marié et vivait encore avec sa femme, Rita, et leur fils, David, qui avait quatorze ans. Comme tu peux le constater, le chiffre quatorze est très présent dans notre vie et je commence à me demander si c’est un chiffre malchanceux pour nous, ajoute-t-elle songeuse. J’espère que je ne deviens pas superstitieuse. Je reviens à mon histoire…
…Ce fut le coup de foudre entre nous et il me promettait qu’il quitterait sa femme pour moi. En réalité, il l’a laissée parce que j’étais enceinte après quoi nous nous sommes mariés très vite. Notre fille, Sandra, a donc quatorze ans cette année. Encore le chiffre quatorze! Je n’ai constaté cette coïncidence que lorsque j’ai appris que je venais ici aujourd’hui et que je me préparais à raconter mon histoire. Ce fut un choc pour Mario d’apprendre que j’étais enceinte quelques mois après notre rencontre. Il savait que je prenais la pilule; il en a donc conclu que je faisais partie du 1 % des femmes qui tombent enceintes malgré cette pilule contraceptive. Je lui ai dit que nous devions être destinés à avoir un bébé ensemble en omettant que j’avais fait exprès d’oublier de prendre la pilule pendant plusieurs jours au moment de mon ovulation. J’étais contente de ne pas avoir à lui dire la vérité quand j’ai vu sa réaction; nous n’avions jamais parlé d’avoir des enfants puisque nous ne nous connaissions que depuis peu…
…Je sais que je n’aurais pas dû faire exprès pour devenir enceinte, mais je l’aimais tellement et j’avais peur qu’il ne se sépare jamais de sa femme. Il se sentait très coupable à l’idée de divorcer alors que son fils était adolescent, mais nous vivions une grande passion et inventer toutes sortes d’excuses pour que nous nous voyions le plus souvent possible était devenu pénible pour lui. De plus, j’en avais assez d’être seule les week-ends. Il a quitté sa femme au début de l’année 1992 et nous nous sommes mariés à Las Vegas en toute intimité, deux mois après la naissance de Sandra. Il s’est à peine écoulé un mois entre son divorce et notre mariage. Plusieurs personnes m’ont dit que s’engager aussi vite dans une deuxième relation n’est pas sain pour un couple et que nous aurions dû attendre. Elles avaient raison, je crois, car notre couple a beaucoup de difficultés en ce moment.
– Est-ce que, depuis votre mariage, tu lui as dit que tu avais planifié ta grossesse?
– Non, je n’ai jamais eu le courage de lui en parler. Tu ne peux pas savoir combien de fois j’ai voulu le lui avouer, mais à la dernière minute j’avais la frousse et je remettais mon aveu à plus tard. Je me suis souvent trouvé toutes sortes de bonnes raisons pour ne pas le faire. Je suis lâche, n’est-ce pas?
– Il n’est pas question aujourd’hui de juger ton comportement. Chaque fois que je te pose une question, c’est simplement pour t’aider à te découvrir. Porte attention aux mots que tu utilises en me parlant, car ils sont très révélateurs. Quelles sont les plus grandes difficultés que vous vivez en ce moment?
– Je ne peux plus lui faire confiance, car je le soupçonne d’avoir une liaison avec une autre femme. J’essaie de lâcher prise, mais je n’y arrive pas, surtout sur ce sujet. Je l’épie sans arrêt tout en essayant de ne rien laisser paraître. Tu imagines à quel point cela me stresse. Quand il arrive à la maison, il est de plus en plus fatigué et s’endort dans son fauteuil. Il nous parle à peine à Sandra et moi. Il me dit être désolé de son attitude, qu’il ne sait pas ce qui lui arrive, que c’est temporaire et me demande de ne pas désespérer, d’être patiente. Nous faisons encore l’amour à l’occasion, mais ce n’est plus ce que c’était…
…Son fils David, qui a maintenant vingt-huit ans, est marié et a un petit garçon de quatre ans. Mario ne pense même pas à son petit-fils. C’est toujours moi qui le traîne pour aller visiter David. Quand j’ai suggéré à Mario d’aller consulter un médecin, croyant qu’il faisait une dépression, il m’a répondu qu’il n’avait nullement besoin d’un médecin.
– Depuis combien de temps le soupçonnes-tu ainsi?
– Je ne sais pas trop. Ça fait au moins deux ans que je le surveille davantage, mais je crois que ça a dû commencer bien avant, sauf que je ne voulais pas le voir. Je lui demande sans arrêt ce qui ne va pas et je me plains de son attitude. C’est seulement quand j’ai appris que je venais te voir que j’ai pris le temps de vérifier ce que je vivais. Je me suis rendu compte que je ne lui ai jamais parlé de mes doutes parce que j’ai trop peur de ce qui pourrait se passer. On dirait que je préfère ne pas savoir plutôt qu’apprendre quelque chose que je n’aimerais pas. Ça me fait vraiment du bien d’en parler maintenant.
– Nous reviendrons à ce que tu vis dans quelques instants. J’ai encore quelques questions à te poser auparavant. Est-ce que Mario travaille sur son développement personnel de son côté?
– Il a lu ton premier livre il y a quelques années et il a assisté au premier cours Écoute Ton Corps. En réalité, nous avons été mis au courant de ton travail par notre bru, Michelle, qui t’a découverte alors qu’elle avait dix-huit ans. Elle était si emballée qu’elle nous a offert ton premier livre et nous a fortement suggéré de suivre un atelier. Par la suite, Mario s’est désintéressé. Moi-même je me promets toujours de participer à d’autres ateliers, mais comme je ne suis pas très bien organisée, je remets constamment à plus tard…
…Nous vivons aussi des difficultés avec notre fille Sandra. Tu sais ce que c’est qu’une enfant de quatorze ans, n’est-ce pas? À la façon dont elle s’habille et se maquille, on dirait qu’elle a dix-huit ans. Elle paraît beaucoup trop provocante et je suis toujours inquiète quand elle revient tard. Imagine-toi qu’elle dit même que je suis vieux jeu. Je n’ai que trente-huit ans! Je me sens encore toute jeune, mais on dirait qu’elle me considère comme une vieille personne. Elle ne veut jamais me raconter ce qu’elle fait avec ses amies. Elle recevait tant d’appels à la maison que nous avons dû lui acheter son propre téléphone portable. Elle nous avait promis qu’elle paierait ses factures de téléphone à la fin de chaque mois, mais elle n’a encore jamais tenu sa promesse. Mario me suggère de le lui confisquer, mais c’est moi que je punirais ainsi : je devrai répondre à tous les appels qu’elle reçoit, sans compter que notre ligne sera occupée sans arrêt…
…Tout ça me cause un autre problème. Mario me répète sans cesse : « Fais ceci, fais cela avec TA fille ». Il ne veut jamais s’impliquer. Il tient à ce que je prenne toutes les décisions et quand ça ne va pas, il s’en sort en disant que c’est de ma faute, que je ne sais pas comment m’y prendre avec elle.
– Tu m’as parlé de plusieurs problèmes jusqu’à maintenant. Revenons au premier sujet mentionné, celui de ta peur d’être trompée par Mario. Il est toujours préférable de travailler sur un problème à la fois. Nous reviendrons sur les autres au cours des visites ultérieures. Comment te sens-tu dans cette situation?
Anna prend une bonne inspiration et expire encore plus longuement. Tout à coup, elle a les larmes aux yeux. Elle me regarde quelques instants, puis ses yeux deviennent de plus en plus tristes. Je ne dis rien. Je lui offre un mouchoir et un verre d’eau. Après quelques minutes, elle répond :
– Je m’aperçois que ma plus grande peur c’est de perdre Mario. Je l’aime tant et mon plus grand désir c’est de passer le reste de ma vie avec lui.
– Comment te sens-tu? Ferme tes yeux et laisse monter ce qui vient quand tu penses à le perdre.
– Je me sens si triste. J’ai très peur. On dirait que j’ai une grosse boule dure dans le ventre. Je ressens aussi beaucoup de colère. Je sais que ça fait longtemps que je la refoule. J’ai peur de perdre le contrôle si je laisse sortir cette colère et ce serait vraiment de ma faute s’il décidait de partir à cause de ça. Juste l’idée de me retrouver seule me fait paniquer. Je crois même que notre fille choisirait de vivre avec son père : avec lui, elle fait davantage ce qu’elle veut. Pour moi, un tel abandon représenterait une vie gâchée. Je ne sais pas si je m’en remettrais.
– Alors, pour résumer, ce qui te dérange le plus en ce moment, c’est l’attitude et le comportement de Mario à ton égard et envers les autres membres de la famille et la possibilité qu’il te trompe. Par contre, le vrai problème c’est ta grande peur de perdre l’amour de ton mari et de ta fille et de te retrouver seule. Est-ce bien ça?
– Oui, Lise, c’est bien ça. Avant de l’exprimer, je n’avais pas réalisé à quel point j’ai peur d’être abandonnée. J’ai suivi le cours sur les cinq blessures de l’âme et j’ai vu très peu de caractéristiques de la blessure d’abandon dans mon corps. Je ne me doutais donc pas que je pouvais l’avoir. Je trouve que ma blessure de trahison est beaucoup plus apparente. Je suppose que je vais devoir m’occuper des deux, hein?
– En temps et lieu, nous prendrons du temps pour établir des liens avec tes blessures. J’ai encore quelques questions à te poser. Que veux-tu dans ta vie? Qu’attends-tu de moi? Quelle sorte d’aide veux-tu?
– C’est bien simple, je veux garder mon mari et je veux que notre famille soit davantage unie et non de plus en plus séparée. Je veux que tu me donnes les outils pour atteindre ce but.
– Personne ne peut te garantir un moyen de garder ton mari, car cela dépend de lui. Tu sais bien que tu ne peux obliger ni ton mari ni ta fille à demeurer avec toi. Est-ce que tu veux savoir pourquoi tu attires ce genre de situation? Est-ce que tu es prête à prendre la responsabilité de ce qui t’arrive? Je te pose cette question, car même si c’est ce que tu attends de moi, il m’est impossible de te dire que tu es malheureuse par la faute de ton mari ou celle de ta fille. Je ne suis pas en train de te dire que c’est de ta faute non plus. En réalité, personne n’est en faute, il n’y a que des gens qui souffrent et qui ne savent pas comment gérer certaines situations…Je peux cependant t’aider à trouver la cause de ce qui t’arrive et te suggérer des moyens pour accepter ce qui se présentera dans ta vie, que ce soit ce que tu désires ou non.
– C’est sûr que je désire connaître les causes de mes problèmes, mais de là à accepter que mon mari choisisse de partir, c’est autre chose. Crois-tu vraiment qu’une femme qui aime son mari puisse arriver à ce genre d’acceptation?
– Tu sais, Anna, ta réaction est des plus humaines. Je n’ai jamais dit que ce genre de situation est facile à vivre, mais, oui, je suis convaincue que tu peux trouver en toi l’amour nécessaire pour accepter n’importe quelle situation indésirable. Être capable de faire face à toutes les éventualités, c’est faire preuve de sagesse, c’est lâcher prise. Vouloir que ça aille à ton goût, c’est du contrôle. T’es-tu aperçue que ce genre de contrôle ne change rien et ne t’apporte pas la paix intérieure? Tu ne peux retrouver cette paix qu’en appliquant les notions de l’amour véritable. Donc, es-tu d’accord que nous en parlions?
– Bien sûr, je suis plus que prête. Depuis trop longtemps déjà, je ne supporte plus cette situation; je suis donc ouverte à autre chose. J’ose espérer que nous trouverons une solution pour que tout aille pour le mieux dans notre couple.
– Alors Anna, afin de mieux travailler ensemble, je suggère que tu reviennes me voir avec Mario. Demande-lui de venir une fois avec toi et, si ça lui plaît, il pourra revenir à l’occasion lorsqu’il sera nécessaire que vous soyez tous les deux présents. Lors de cette prochaine rencontre, nous ferons la révision de ce qu’est l’amour véritable afin que vous puissiez trouver les moyens qui conviennent le mieux à votre vie de couple et de famille…
…D’ici à la prochaine visite, crois-tu que tu pourrais trouver le courage d’avouer à Mario ce que tu as partagé avec moi : le fait que tu te doutes qu’il ait une liaison avec une autre femme ainsi que la peur d’être abandonnée que ça éveille en toi? Crois-tu que, du même coup, tu pourrais lui avouer que tu as fait exprès pour tomber enceinte? De plus, je te suggère de rencontrer ta mère et de vérifier si elle avait les mêmes peurs que les tiennes, c’est-à-dire la peur de ne plus être aimée et d’être abandonnée par ton père et par ses enfants.
– Tu m’en demandes beaucoup. Je ne sais pas si j’en serai capable.
– Fais ce que tu peux. J’aime bien suggérer des gestes à poser après chaque rencontre. Ce n’est qu’avec des façons d’agir différentes que nous pouvons transformer les situations indésirables. Cependant, ce qui est encore plus important, c’est que tu passes par la première étape qui est de reconnaître que pour le moment tu n’agis peut-être pas comme tu le voudrais, mais que c’est la seule façon de faire que tu connaisses. Te rappelles-tu, dans l’atelier sur les blessures, combien de fois tu as entendu dire qu’il est normal et humain de réagir lorsque tu souffres? Tout ce qui ne va pas comme tu le veux dans ton couple et avec ta fille vient de tes réactions causées par tes blessures ainsi que par les réactions de ceux qui t’entourent. Tu dois donc te donner le droit – ainsi qu’aux autres – d’être humaine et accepter tes limites et tes blessures non encore guéries.
Il est important de ne pas parler uniquement de la situation vécue, mais de trouver le vrai problème en demandant à la personne concernée comment elle se sent dans cette situation. De plus, elle doit savoir ce qu’elle veut face à ce problème.
Il vaut mieux gérer un problème à la fois.
Le fait de tenir à ce que tout se passe comme nous le voulons représente du contrôle et tant que nous ne lâchons pas prise, rien ne change.
Personne n’est en faute : il n’y a que des gens qui souffrent et qui ne savent pas comment gérer une situation.
La transformation d’une situation indésirable ne peut être amorcée qu’en posant des actions différentes.
L’étape la plus importante est l’acceptation du moment. Accepter que lorsqu’une personne souffre, c’est parce qu’une de ses blessures a été activée et qu’elle est en réaction. Accepter d’être humain avec des blessures non encore guéries.
Chapitre deux
Les différentes facettes de l’amour
Une semaine plus tard, je me retrouve face à Mario et Anna. Ce dernier est plus souriant que je ne m’y attendais. Anna semble très heureuse que son mari ait accepté de venir avec elle.
– Bonjour Lise, me dit Mario. Je suis heureux de faire ta connaissance. Anna m’a fait part de sa visite à ton bureau et de la démarche qu’elle a décidé d’entreprendre, mais elle a jugé bon de ne me raconter que dans les grandes lignes ce qui s’est passé. J’avoue qu’elle a piqué ma curiosité. J’ai vu une différence chez elle depuis une semaine : elle est beaucoup plus calme. J’ai accepté de venir aujourd’hui, mais je ne sais pas si une telle démarche m’intéresse.
– Merci d’être là aujourd’hui Mario. Pour ce qui est de l’avenir, tu seras le seul à décider si ce cheminement te convient ou non. Prenons une journée à la fois, d’accord?…
Je sens que Mario est ici surtout pour faire plaisir à Anna et ensuite par curiosité. Il est sur ses gardes. Une chance qu’il connaît déjà mon travail, car il serait beaucoup plus méfiant. C’est déjà une belle victoire pour le couple que de pouvoir venir ensemble à ce genre de rencontre. Le regard de Mario et son signe de tête affirmatif me disent qu’il est heureux que je ne tente pas de le convaincre de suivre l’exemple d’Anna et qu’il doit décider pour lui-même. Je continue donc.
…Lorsqu’un couple a des difficultés, je suis sûre qu’il vaut mieux que les deux soient présents afin que j’aie l’occasion d’entendre la version de chacun. Cela permet d’établir les faits d’une façon plus complète. Est-ce que tu es d’accord, Mario, pour dire que votre couple et votre vie de famille ont besoin d’amélioration?
– Oui, je dois admettre qu’Anna a raison. Mais ne me demande pas comment nous en sommes arrivés là, ça s’est fait tout seul. Notre vie s’est transformée tellement subtilement que je n’ai rien vu venir. Par contre, je ne crois pas que je trouve la situation aussi douloureuse qu’Anna. Elle a toujours été plus préoccupée que moi, ajoute-t-il avec un sourire charmeur et un clin d’œil à sa femme. Il me semble que c’est normal, après quatorze ans de vie commune, que ce ne soit plus comme au début. Quand je compare ma vie avec Anna à celle que je vivais avec ma première épouse, il y a une bonne différence. Rita, je ne pouvais plus la sentir et je m’arrangeais toujours pour ne pas être à la maison. Mais, tout de même, je ne suis pas opposé à l’idée d’améliorer notre situation, si c’est possible.
– C’est super, Mario. Je suis contente que tu conviennes qu’il y a place à l’amélioration, sinon il serait très difficile de trouver des solutions ensemble. Je vais commencer par réviser avec vous la notion d’amour véritable. C’est le but premier de cette visite. Êtes-vous d’accord?
Les deux me répondent oui en même temps et Mario ajoute :
– Ça doit faire cinq ans que j’ai suivi le cours Écoute Ton Corps donc un rappel ne peut pas me faire de tort.
– Le mot amour est sûrement l’un des mots les plus utilisés au monde et il est employé de tant de façons qu’il est très difficile d’en connaître la vraie signification. Voilà pourquoi la plupart des gens se méprennent sur bien des attitudes et des comportements qu’ils considèrent comme de l’amour véritable. Regardons ensemble les comportements et les façons de vivre qui sont le plus souvent confondus avec l’amour…
…Commençons par l’AFFECTION. On croit qu’une personne très affectueuse est remplie d’amour. Combien de personnes montrent facilement de l’affection à leurs proches, mais sont sans cesse en train de s’autocritiquer ou de se rabaisser? Une personne affectueuse a le don de montrer aux autres à quel point ils l’affectent. Elle peut utiliser des moyens comme faire un cadeau, faire un compliment, offrir des fleurs, toucher chaleureusement, prendre dans ses bras pour que l’autre sente qu’il fait une différence dans sa vie. Des marques d’affection peuvent être très appréciées par ceux qui les reçoivent, mais ne veulent pas nécessairement dire que la personne qui les donne le fait par amour véritable. Si la personne qui donne des marques d’affection a la moindre attente, ce n’est pas un don d’amour qu’elle fait : elle est plutôt en attente d’en recevoir de l’autre…
…On peut placer dans cette catégorie les gens très démonstratifs. Plusieurs croient qu’être démonstratif est un signe d’amour, quand en réalité, être démonstratif, être expressif n’a rien à voir avec l’amour véritable; c’est tout simplement un trait de caractère différent. Une personne peut ne jamais dire je t’aime aux autres et être malgré tout remplie d’amour. Elle est tout simplement incapable d’exprimer ce qu’elle vit. Cependant, cette même personne va exprimer son amour de bien d’autres façons. Il s’agit seulement de savoir les reconnaître. Nous verrons plus tard ce qu’est l’amour véritable…
…Une personne peut démontrer de la pitié envers autrui, envers un handicapé par exemple. Les témoins de cette pitié peuvent croire que cette personne témoigne de l’amour à la personne handicapée. La pitié n’est pas de l’amour. C’est une sensibilité aux souffrances ou aux malheurs d’autrui. En général, la pitié fait non seulement souffrir la personne qui la manifeste, mais aussi celle qui la reçoit. Souvent inconsciemment, celle qui est prise en pitié perçoit que l’autre se sent supérieure à elle. Elle donne l’impression d’être quelqu’un qui ne peut pas s’en sortir seule, elle se sent donc inférieure…
…Une autre personne peut faire preuve d’un grand DÉVOUEMENT pour quelqu’un et croire qu’elle démontre ainsi son amour. Il se peut que ce dévouement soit motivé par de l’amour véritable, mais il y a de nombreuses occasions où ce n’est pas le cas. Plusieurs parmi les grands dévoués sont davantage motivés par le devoir, la culpabilité ou la peur. Ils se sacrifient pour une autre personne ou pour une cause importante à leurs yeux, mais le verbe « se sacrifier » signifie faire la volonté de quelqu’un d’autre. Voilà pourquoi le dévouement implique souvent que la personne oublie complètement ses propres besoins pour écouter ceux de l’autre. Un tel comportement ne peut qu’engendrer beaucoup d’attentes de reconnaissance et si ces attentes ne sont pas comblées, les émotions et la frustration apparaissent…
…Il y a aussi l’AMOUR PASSIONNEL qui est presque toujours pris à tort pour un grand amour. On utilise souvent l’expression fou d’amour pour illustrer l’amour passionnel. Ce fut votre cas à tous les deux, n’est-ce pas, au début de votre relation? Le terme dit bien que la personne passionnée en perd presque la raison. Il y a « amour passionnel » quand une personne ne peut être bien qu’en présence de l’être aimé. Elle ne peut accepter que l’autre soit heureux en son absence et surtout s’il exprime le désir de faire des activités seul. Elle ne vit que pour le moment où l’autre sera à ses côtés ou, à défaut, elle pourra entendre sa voix. Elle idéalise l’autre en ne lui attribuant que les qualités qui lui conviennent. Elle ne voit pas la réalité, c’est-à-dire ses défauts, ses travers. Ce genre d’amour a détruit bien des couples, généré bien des problèmes professionnels et a même ruiné plusieurs personnes, car les gens passionnés prennent souvent des décisions irréfléchies pour être le plus souvent possible avec l’objet de leur passion. Cet amour n’est pas de l’amour véritable…
…Je ne dis pas qu’il ne doit jamais y avoir d’amour passionnel afin de connaître l’amour véritable. En réalité, il est assez fréquent qu’une relation amoureuse soit passionnée au début, mais peu à peu, la passion s’estompe pour faire place au vrai amour. Les gens qui croient que l’amour passionnel est le vrai amour sont portés à quitter l’autre au moment où la passion s’éteint pour rechercher une autre passion. Les gens qui veulent vivre un amour véritable vont plutôt savoir intuitivement que c’est au moment où la passion diminue que l’amour véritable débute…
…Une autre croyance erronée est que faire l’amour avec quelqu’un est un signe d’amour véritable. Est-ce que vous croyez à cela?
Mario s’empresse de prendre la parole :
– Tout le monde sait qu’on peut faire l’amour sans être amoureux.
– Tu me réponds au nom des hommes, Mario, lui dis-je en souriant. Il est vrai que la majorité des hommes peuvent faire l’amour sans être amoureux. Tu serais surpris d’apprendre à quel point un grand nombre de femmes et certains hommes continuent à croire que l’ACTE SEXUEL est une preuve d’amour. Combien de jeunes filles, par exemple, tombent follement amoureuses du garçon avec qui elles ont accepté de faire l’amour pour la première fois. Cette croyance se perpétue chez les femmes adultes qui, souvent suite à une séparation, se croient amoureuses du premier homme avec qui elles acceptent de faire l’amour…
…Les hommes disent qu’il est possible de faire l’amour sans être en amour, mais combien de fois ai-je entendu de leur part qu’ils ne comprennent pas que leur conjointe, qui dit les aimer, refuse de faire l’amour avec eux aussi souvent qu’ils en ont besoin. Ils sont convaincus que deux personnes qui s’aiment devraient toujours avoir envie de faire l’amour ensemble. Alors, tu vois Mario, les femmes et les hommes ont la même croyance, mais elle n’est pas exprimée de la même façon. La femme fait l’amour par amour et l’homme fait l’amour pour l’amour. En réalité, le sexe n’a rien à voir avec l’amour véritable. Cependant, faire l’amour alors qu’il y a un amour vrai entre deux personnes est une expérience de fusion et de plaisir extraordinaire. Mais il est beaucoup plus courant que cet acte soit fait par devoir, par peur de perdre l’autre, par peur de déplaire, par besoin d’attention, par besoin d’affection, par manipulation ou par peur de la réaction ou de la violence de l’autre ou tout simplement pour avoir une sensation physique de plaisir ou de pouvoir…
…Il y a aussi le COMPORTEMENT POSSESSIF qui est souvent confondu avec l’amour. Il y a différentes façons d’exprimer la possession. L’attitude la plus fréquente est VOULOIR À TOUT PRIX LE BONHEUR de ceux que nous aimons. Je suis assurée que vous vous reconnaissez dans cette définition, car la grande majorité des gens confondent cela avec de l’amour véritable. Je ne suis pas en train de dire que nous devons être indifférents face aux êtres chers et que leur bonheur ou leur malheur doit nous importer peu. Je parle surtout des personnes qui n’arrivent pas à être heureuses quand un de leurs proches est malheureux. Ce phénomène est très fréquent entre parents et enfants et entre conjoints. Une personne peut avoir de la compassion et offrir d’aider ceux qui souffrent, mais si elle souffre avec eux et que cela affecte son propre bonheur, ce n’est pas à cause de l’amour qu’elle leur porte. C’est à cause de son attitude possessive et de la peur de perdre l’amour de l’autre.
Anna me regarde intensément et semble avoir de la difficulté à accepter ce que je viens de dire.
– Jusque-là, j’étais vraiment d’accord avec tout ce que tu disais, mais je crois qu’il est impossible d’être bien quand on voit ceux qu’on aime malheureux. Connais-tu beaucoup de personnes qui y arrivent?
– Pour y arriver, nous devons premièrement en être conscients puis reconnaître que personne au monde ne peut rendre quelqu’un d’autre heureux; que le bonheur ne peut venir que de l’intérieur de soi. La réaction que tu as, Anna, est causée par le fait que tu passes d’un extrême à l’autre. Est-ce que tu crois que si une personne est heureuse malgré le fait que son conjoint ne l’est pas, c’est parce qu’elle est indifférente?
– Bien sûr! Qu’est-ce que c’est si ce n’est pas de l’INDIFFÉRENCE?
– C’est de l’observation et de la responsabilité. Je te rappelle qu’être responsable, c’est assumer les conséquences de nos choix et laisser les autres assumer les conséquences de leurs décisions. Si ton conjoint, un de tes parents ou un de tes enfants décide de ne pas être heureux, il doit en assumer les conséquences. Si tu n’es pas heureuse à cause de sa décision, tu es en train d’assumer les conséquences du choix de l’autre. Je sais que cette notion de responsabilité est très difficile à assimiler pour la plupart des gens et nous y reviendrons certainement plusieurs fois. En devenant de plus en plus responsable, tu découvriras qu’il y a un juste milieu entre se considérer comme responsable du bonheur de l’autre et être indifférent…
…Je disais donc qu’une personne très possessive, voire même jalouse, est convaincue qu’elle exprime son amour à l’autre. Comment reconnaître un tel comportement lorsqu’il se présente avec un conjoint, un parent ou un enfant? Cette personne veut toujours savoir ce que fait l’être aimé, ce qu’il pense, où il est, bref tout savoir sur l’autre. C’est une relation de grand contrôle. Elle est prête à utiliser tous les moyens pour avoir l’attention et la présence de l’autre : menacer, forcer, se plaindre, bouder, tomber malade, avoir un accident, se montrer faible, faire des pirouettes, cajoler, caresser, espionner, fouiller dans les affaires personnelles de l’autre, etc.
…Quel que soit le moyen utilisé, cette personne est convaincue d’aimer à un point tel qu’elle va jusqu’à croire qu’elle veut aider l’autre, que tout est permis au nom de l’amour. D’ailleurs, elle dira souvent : « C’est parce que je t’aime que j’agis ainsi. »; « Ah! si seulement je ne t’aimais pas tant. C’est toi qui me forces à agir ainsi. ». Ce genre de personne prend rarement ses responsabilités; elle est plutôt portée à accuser l’autre de son malheur, car son bonheur dépend de l’autre…
En disant ces paroles, je vois Anna qui rougit, baisse la tête et, de plus en plus mal à l’aise, se penche pour fouiller dans son sac à main posé par terre. Elle en sort un mouchoir et fait semblant de se moucher. Mario ne semble pas se rendre compte de son malaise. Il écoute attentivement ce que je dis.
…Enfin, il y a L’AMOUR VÉRITABLE, inconditionnel, qui peut être exprimé d’une façon générale avec tous. Que ce soit l’amour de soi, l’amour paternel, maternel, fraternel, intime ou amical, l’amour inconditionnel s’exprime de la même façon. Voici plusieurs moyens de reconnaître ce genre d’amour.
AVEC SOI-MÊME
Me donner le droit d’être ce que je suis à chaque instant, même si je ne suis pas ce que je veux être (ex. : être impatient, être menteur).
Accepter mes différences par rapport aux autres, sans aucun jugement.
Être capable de me faire plaisir même si je ne crois pas le mériter.
Me donner le droit d’être humain (ex. : avoir des peurs, des faiblesses, des limites).
Me rappeler que tout ce que l’on vit est une expérience et non une erreur, ce qui évite le jugement.
Laisser mon cœur décider plutôt que de tenir compte de la notion de bien et de mal suggérée par les autres.
Apprendre de chaque expérience plutôt que de me condamner.
Écouter mon besoin même si les autres me conseillent autrement.
Être bien même si je ne réponds pas à mes propres attentes ou si je ne tiens pas ma promesse envers moi-même ou les autres.
Observer ce qui se passe même si une petite voix intérieure n’est pas d’accord.
Me rappeler que personne ne peut s’occuper de mon bonheur, que je suis la seule personne responsable de ce qui m’arrive.
AVEC LES AUTRES
Leur donner le droit d’être ce qu’ils sont à chaque instant, surtout s’ils ne sont pas ce que je veux qu’ils soient (ex. : l’autre est paresseux ou négatif).
Accepter la différence des autres sans les juger.
Donner des conseils aux autres ou les guider sans rien attendre en retour.
Leur donner le droit d’être humains (ex. : avoir des peurs, des faiblesses, des limites).
Leur permettre de décider eux-mêmes, surtout si je juge qu’une décision est inacceptable.
Me rappeler que chaque personne a besoin de vivre des expériences différentes, selon son plan de vie.
Les laisser vivre leurs expériences et en assumer les conséquences.
Faire des demandes sans attente (ex. : me savoir aimé même si l’autre me dit non).
Me souvenir qu’une attente est légitime seulement lorsqu’il y a eu une entente claire entre deux personnes.
Observer les autres plutôt que de les juger ou les critiquer.
Me souvenir que je ne peux pas rendre quelqu’un d’autre heureux : ce dernier est le seul responsable de son bonheur.
Il est intéressant de constater qu’un bon nombre de personnes continuent de croire que la définition que je viens de donner de l’amour véritable est celle de l’égoïsme. Elles sont convaincues que penser à soi avant les autres c’est de l’ÉGOÏSME. Si vous pensez de cette façon, je tiens à vous préciser qu’être égoïste, c’est vouloir que l’autre s’occupe de nos besoins avant les siens; c’est prendre pour soi au détriment de l’autre; c’est croire que les autres sont responsables de notre bonheur. C’est donc le contraire de l’amour véritable.
– Dis-moi, Anna, peux-tu me donner un exemple d’une situation où tu as accusé Mario d’être égoïste?
– C’est très facile, s’empresse de répondre Anna. Je le trouve très égoïste parfois, surtout lorsqu’il finit de travailler tôt. J’arrive à la maison vers 19h, fatiguée de ma journée de travail et de l’heure de métro et d’autobus que je dois faire pour me rendre chez nous. Je travaille au centre-ville dans une boutique de vêtements pour enfants et je passe la majeure partie de la journée debout. La première chose que Mario me dit quand j’arrive c’est : « J’ai très faim. Est-ce que ce sera long avant que le souper soit prêt? » Imagines-tu ma frustration? C’est lui qui prend l’auto pour aller travailler. Il arrive souvent plus de deux heures avant moi et il ne prépare même pas le repas! Je crois que ce qui me met le plus en colère, c’est qu’il me pose cette question avant même de me dire bonjour et de s’informer si j’ai passé une bonne journée.
– Mais voyons, ma cocotte, rétorque tout de suite Mario. Tu sais que j’ai besoin de l’auto le jour, car j’ai souvent des déplacements à faire. En plus, je n’aime pas du tout faire la cuisine. Je ne sais même pas cuisiner. Et quand je finis de travailler à 16 h, c’est parce que j’ai commencé très tôt le matin. Je suis donc fatigué quand j’arrive. Je ne comprends pas pourquoi tu te plains, tu n’as même pas besoin de travailler. Je t’ai dit plusieurs fois que j’ai un très bon salaire et qu’il est suffisant pour la famille. C’est toi qui insistes pour aller travailler.
– Tu sais que je deviendrais folle à demeurer à la maison toute la journée. Ce travail est important pour moi. De toute façon, tu as toujours de bonnes excuses pour que je sois ta servante. N’importe quel idiot peut faire la cuisine. Je ne te demande pas un festin. Une petite omelette me ferait très plaisir. Tu ne peux tout de même pas me faire croire que tu ne saurais pas casser quelques œufs dans une poêle à frire. Tu es un homme brillant et tu es un bricoleur habile. Je suis certaine que si tu le voulais, tu pourrais très bien apprendre à cuisiner un peu.
Je les regarde et les écoute s’affronter et je peux facilement imaginer que ce genre de scène est fréquent. Ils y semblent habitués. Ils ont même oublié que je suis là. Je tousse assez bruyamment pour leur rappeler ma présence. Ils arrêtent net de parler et me regardent embarrassés. J’éclate de rire ce qui les calme. Peu à peu, ils se mettent à rire avec moi.
– Vous écouter et vous regarder m’aide beaucoup à mieux sentir ce qui se passe entre vous deux. Tout ce que j’ai demandé, c’est un exemple d’égoïsme. Ça semble avoir touché une corde sensible, hein, Anna? Maintenant, c’est ton tour Mario de me donner un exemple d’égoïsme de la part d’Anna.
– J’ai plein d’exemples. En voici un. Elle me demande sans cesse de l’appeler si je prévois être en retard. Elle veut toujours savoir où je suis, à quelle heure j’arriverai, avec qui je suis et ça m’énerve. Je suis acheteur pour un grand magasin et j’ai beaucoup de responsabilités. Il m’arrive fréquemment d’inviter un représentant à prendre un verre ou un repas avec moi. Ça me permet de conclure de meilleures affaires. Anna se plaint que je ne pense pas à elle. Elle trouve que mes clients sont plus importants qu’elle et elle me fait la tête quand j’arrive. Je trouve qu’elle ne pense qu’à elle. Elle devrait apprécier tout le travail que je fais pour apporter un bon salaire à la maison. Sapristi, je commence à en avoir assez!
À mesure qu’il parle, il devient de plus en plus émotif et rougit. Je le regarde en lui montrant que j’accueille ce qu’il dit et je prends une bonne respiration, ce qui lui fait penser à en prendre une pour se calmer.
Anna, de son côté, s’apprête à riposter, me regarde, hausse les épaules et prend à son tour une grande respiration. Elle arrive à se contrôler et ne dit rien, mais je sens qu’elle en aurait long à dire.
– Selon la définition que j’ai donnée un peu plus tôt, est-ce que vous croyez toujours que ce que vous prenez pour de l’égoïsme en est vraiment?
Ils se regardent tous les deux, ne sachant pas trop quoi répondre. Je me rends compte qu’ils continuent de croire que c’est l’autre qui est égoïste.
– Je répète qu’être égoïste, c’est enlever quelque chose à l’autre pour notre propre plaisir. C’est croire que l’autre doit s’occuper de nos besoins. Dans ton cas, Anna, tu veux que Mario s’occupe de ton besoin d’arriver à la maison en ayant un bon repas sur la table. Donc ce n’est pas Mario qui est égoïste dans cette situation, car c’est toi qui as des attentes envers lui. Mario dit tout simplement non à tes attentes. Il ne t’enlève rien : il ne te donne tout simplement pas ce que tu veux. Par contre, tu veux priver Mario de son temps de repos à la maison…
…Vous savez, chacun a le droit de faire de multiples demandes et d’avoir des attentes, mais ça ne veut pas dire que l’autre est obligé de dire oui. Lorsqu’on a bien compris qu’on n’est pas obligé d’acquiescer aux demandes et aux attentes des autres, on accepte plus facilement que les autres nous disent parfois non. De plus, si on accepte que nous ne sommes pas sur cette planète pour répondre aux besoins des autres, cela nous aide à nous occuper de nos propres besoins. Cela s’appelle l’AMOUR DE SOI. Si, pour répondre à nos attentes, nous avons besoin de quelqu’un d’autre, nous devons nous rappeler que l’autre n’est pas tenu d’y répondre. C’est à nous de trouver le moyen de les satisfaire. Donc dans ton cas, Anna, ce que tu désires c’est avoir un repas sur la table à ton arrivée. Fais clairement ta demande à Mario et s’il te dit oui, il se peut qu’il le prépare lui-même ou qu’il fasse livrer quelque chose à la maison. Il se peut aussi qu’il dise non, mais souviens-toi, il dit non à ta demande et non à toi…