Avec les yeux
de l’Amour
tome 1
Voyage
en compagnie de Pan
Michael J. Roads
Avec les yeux de l’Amour, tome 1
Titre original anglais : Through the Eyes of Love – Journeying with Pan
© 2009, Michael Roads
Par : Michael J. Roads
© 2010 Ariane Éditions inc. pour l'édition française
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Traduction : Louis Royer
Révision linguistique : Francine Dumont
Illustration et Graphisme de la page couverture : Carl Lemyre
Mise en page : Carl Lemyre
Conversion au format ePub : Carl Lemyre
Première impression : avril 2010
ISBN papier : 978-2-89626-076-8
ISBN ePub : 978-2-920987-359-2
ISBN Pdf : 978-2-920987-360-8
Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010
Bibliothèque et Archives nationales du Canada, 2010
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Imprimé au Canada
« Portant mon regard sur le fauteuil placé en face de moi, je fus aussi surpris que ravi d’y voir Pan. C’était le Pan que j’avais connu jadis (voir Un retour à l’unité et autres précédents livres, Éd. Ariane). Son énergie m’avait déjà accompagné, mais pas ainsi. Son corps doré, grand et svelte, était habillé simplement. Il était assis devant moi et je voyais ses longs pieds nus (des sabots plus précisément), son large crâne chauve au front bombé et ses petites cornes spiralées sur ses sourcils coiffant d’énormes yeux dorés. Des yeux qui transpercent. Des yeux tachetés de lumière, comme si l’univers regardait furtivement à travers eux. Des yeux qui me défiaient tandis que j’observais ses oreilles pointues, son menton effilé, sa beauté renversante, sa grande aura, son intelligence stupéfiante. Oui, c’était bien le Pan que je connaissais et que j’aimais. »
Ce livre a été écrit à un moment crucial de ma vie. Le grand Esprit de la nature Pan m’a initié non seulement à des vérités sur la nature elle-même, mais aussi au mouvement de la vie vu avec les yeux de l’Amour. Et ce n’était pas une leçon facile! Voici le récit de mes voyages en compagnie de Pan.
– Michael J. Roads
– 1 –
J’observe avec prudence la Pierre phare près de laquelle je suis assis. Je suis prudent, car je me suis retrouvé à l’intérieur de celle-ci la dernière fois que je l’ai observée. Je souris en me rappelant le choc et le traumatisme éprouvés à cette occasion. C’était il y a plus de vingt ans, et il y a peu de chances que cela se reproduise aujourd’hui. Je sens très différemment l’énergie de cette pierre. Une impression subtile de guidance bienveillante, presque une invitation, mais le trou de la taille d’un grain de moutarde n’est plus visible. Je sais maintenant que je peux m’abandonner à son influence au lieu d’y entrer. Il y a vingt ans, il fallait que la magnitude du choc soit directement proportionnelle à la résistance de la personne concernée ! Je suis aujourd’hui un participant plus consentant. Du moins, je l’espère ! Mon regard s’attarde sur la surface de cette pierre mystérieuse tandis que son énergie m’inonde. Sans brusque transition, mais plutôt très doucement, je me retrouve encore une fois en train de regarder tourner la planète Terre. Tout comme je l’ai vue il y a tant d’années lorsque je tentais de franchir les Portes à l’intérieur de la Pierre phare, je revois la Terre s’exprimant dans une autre dimension. Plus aucune membrane ne me retient, plus aucune porte multidimensionnelle ne me barre la route.
Comment décrire cela ? La Terre que je vois est simultanément la planète entière et une petite partie de celle-ci, à la fois tridimensionnelle et multidimensionnelle, physique et métaphysique, et pourtant cette vision ne me trouble guère. Après mes nombreuses expériences, elle est tout à fait acceptable. Il m’est facile également de rester assis dans ma rêverie et de me concentrer sur la Pierre tout en entrant métaphysiquement dans la vision qui se présente à moi. Les expériences métaphysiques sont soumises à une synchronie intérieure dont l’importance est énorme. Tout comme il y a un moment propice à l’éclosion d’un œuf, à la métamorphose de la chrysalide en papillon et à la naissance d’un enfant, ce principe continue à opérer durant toute notre vie. Si nous nous concentrions davantage sur la synchronie de notre développement intérieur, notre vie se déroulerait avec la grâce et l’aisance de l’éclosion naturelle des fleurs.
J’entre dans ce monde nouveau. Physiquement, je suis soudain effarouché par le cri rauque d’un martin-chasseur géant, le kookaburra, qui est tout près, mais métaphysiquement je n’en suis aucunement troublé. Dans mon corps de lumière, je marche dans un monde merveilleux d’une perfection époustouflante. Je me trouve dans une magnifique vallée où coule une rivière sinueuse dont chacune des rives est bordée d’arbres. Mais quels arbres et quelle rivière ! Chaque arbre semble à la fois physique et métaphysique, et pourtant je vois que ces deux expressions sont constituées chacune d’une lumière différente. Cette lumière semble l’essence même de cette rivière, comme si l’eau et la lumière ne faisaient qu’un.
– Plonge.
Ce mot est tellement motivant que je plonge dans la rivière au moment même où je l’entends. J’en saisis instantanément le sens. Plonger, ce n’est pas uniquement un acte, c’est également accomplir cet acte au moment propice. La motivation ne réside pas dans le mot, mais dans le moment propice. Ce moment furtif et complet comporte toutes les potentialités qui, à tout autre moment plus linéaire, ne sont que de vagues possibilités. Le moment propice ! Nul besoin de réflexion ni de courage, car ce moment possède sa propre énergie regorgeant de possibilités. En plongeant, je me rends compte que le moment propice ouvre la porte à des possibilités dépassant les spéculations limitées de l’individu concerné. Quand on agit au moment propice, on ouvre la porte à des potentialités développées au cours de plusieurs autres vies. Des potentialités écartées à cause de fausses croyances, particulièrement la croyance aux fins et aux commencements.
En plongeant plus loin que mes limites, je me retrouve dans une réalité totalement différente. Remontant à la surface de l’eau, je vois un grand nombre de faunes gambader sur la rive. La plupart ne sont pas plus grands qu’un enfant de six ans, mais la gamme de leurs couleurs m’étonne. Comme la plupart des gens, j’ai des images mentales de fées, d’elfes et de faunes. Dans mon cas, ces images ont été créées par Enid Blyton et renforcées par Walt Disney. Lors de mes expériences précédentes, les faunes étaient d’une couleur normale et acceptable, mais ceux-ci sont de toutes les nuances de rouge et de bleu ainsi que de toutes les autres couleurs que je connais, et aussi de plusieurs couleurs que je n’ai jamais vues. En outre, plusieurs sont d’un mélange de toutes ces couleurs. De la rivière, je les regarde avec consternation. Pour ajouter à ma confusion, cette multitude de faunes dansent et caracolent parmi les arbres avec autant d’aisance et de nonchalance, malgré leur nombre, que moi quand je marche sur ma pelouse.
Comme s’il m’en fallait davantage, voici que Pan s’avance vers moi en passant parmi les faunes comme s’ils n’étaient pas là. Certains remarquent sa présence et s’inclinent légèrement sur son passage, tandis que d’autres ne semblent pas du tout le voir. J’ai l’impression que ces faunes occupent diverses dimensions, même si je n’ai aucune difficulté à les voir. Pan passe gracieusement de la rive à la surface de l’eau comme si c’était tout à fait naturel.
Il me sourit.
– Ta résistance est donc devenue trop souffrante pour que tu continues à résister ! – Il est conscient de la blague. – Sois assuré que tu es le bienvenu. »
Je lui réponds :
– Je suis désolé. Je suis vraiment pathétique.
Pan secoue sa tête magnifique.
– Non. Tu as longtemps porté un conditionnement faisant que toute action de ta part qui était inacceptable pour une réalité consensuelle te faisait souffrir. Tu as réglé ce problème, mais la vieille énergie possède encore un certain pouvoir. La résistance et la réticence ont persisté… mais te voici maintenant ici.
– C’est merveilleux de vous revoir. En vous résistant, j’ai résisté à mon propre cœur. Pendant toutes ces années, j’ai souffert d’une peur résiduelle de la persécution, de l’abandon par ceux dont je pensais qu’ils comprendraient. J’avais moi-même créé ce fardeau et je le savais au fond de moi, mais je ne savais pas comment m’en débarrasser. De toute façon, je pense que je suis maintenant rendu plus loin », dis-je prudemment.
Pendant que nous parlons, les contours de Pan se brouillent peu à peu, mais son énergie demeure intense.
Je lui dis :
– Vous vous estompez. J’espère que vous redeviendrez le Pan d’auparavant. J’aime vous voir dans toute votre beauté, car cela confirme votre réalité.
Il me répond :
– Michael, cela n’arrivera pas. Je ne veux pas que tu aies de moi une image qui ne soit qu’une représentation. Comme tous les humains, tu as eu plusieurs incarnations physiques. Laquelle représente ton vrai toi ?
– D’accord, je saisis. Aucune n’est qui Je Suis. Elles sont toutes des représentations physiques, tandis qu’en vérité je suis un magnifique Être de lumière. Comme tout le monde.
Pan étend son bras de lumière autour de lui, désignant toute la nature.
– La nature est la représentation métaphysique et physique de qui Je Suis. Physiquement, je suis la nature. Métaphysiquement, je suis l’Esprit de la nature. En vérité, j’appartiens au grand Royaume de lumière et je ne fais qu’un avec lui. Si je te laisse t’attacher à une forme métaphysique qui t’est agréable et familière, je t’affaiblis, je t’induis en erreur. Je ne peux faire cela, car je t’aime.
Je regarde la brillante lumière qu’est Pan.
– Pourquoi ? Pourquoi m’aimez-vous ? Qu’ai-je fait pour mériter l’amour d’un être comme vous ?
– Michael, je ne pourrais être qui Je Suis si je n’étais pas l’Amour. Je suis l’Amour. Je ne pourrais être dans ta vie sans t’aimer, car c’est ma nature. J’exprime l’amour qui se manifeste sous la forme de la nature, laquelle, métaphysiquement et physiquement, manifeste et exprime l’amour que Je Suis.
Ces paroles me fortifient. Elles ne viennent pas d’une source extérieure, mais de quelque part à l’intérieur du Soi. Cette sensation intérieure me rappelle ce que Pan m’a dit il y a quelque temps.
– Ce sera donc comme tu m’as dit plus tôt. J’espérais que tu aurais oublié.
M’est revenu le souvenir de cette nuit d’il y a dix-sept mois alors que je me trouvais en Hollande, dans le village d’Abcowder. Je m’étais réveillé d’un profond sommeil avec une telle énergie que j’avais bondi hors du lit, pourtant, mon réveil n’indiquait qu’une heure et demie du matin. Je me suis remis au lit en soupirant. Treenie dormait dans un autre lit à côté du mien. J’étais un peu déboussolé. L’influx d’énergie qui m’avait réveillé était comme un cri intérieur poussé par Zen et je ne comprenais pas comment c’était possible.
Katrina, la femme de Russell, était enceinte d’un garçon auquel ils cherchaient tous les deux un prénom depuis des mois. Ils n’aimaient aucun de ceux que nous leur avions suggérés. Personnellement, je trouvais que Michael était le meilleur prénom possible, mais ils n’étaient pas d’accord. Finalement, au septième mois de grossesse de Katrina, j’ai décidé de demander au bébé qui naîtrait quel serait son prénom. Descendant dans le monde intérieur, je vis un enfant parfaitement formé, replié en position fœtale et tournant sur lui-même dans l’espace. Un doux murmure émanait de lui en une sorte de marmonnement.
– Bonjour ! Veux-tu me dire ton nom ?
Le murmure continua, puis j’entendis faiblement le mot « Zen ».
– Non, non. Je veux que tu me dises ton nom.
Le murmure persista, puis j’entendis clairement « ZEN ».
Étonné, je dis :
– Oh ! ce n’est pas un prénom banal… »
Quand j’en ai parlé à Russell et à Katrina, ils l’ont tout de suite aimé, mais ils ont décidé de n’en parler à personne avant la naissance, au cas où ce nom ne serait pas le bon sur le plan de l’énergie. Malheureusement pour Treenie et moi, l’enfant allait naître pendant notre tournée de retraites annuelle.
Éveillé au petit matin, j’avais l’impression que Zen venait de crier très fort dans toutes les sphères de la conscience. Il s’est ensuite absenté de ma conscience pour y être remplacé par une énergie très différente et beaucoup plus puissante.
– Est-ce vous, Pan ? ai-je murmuré silencieusement.
La pièce s’est tellement remplie de son énergie que je pouvais presque sentir vibrer le plancher. Quelque chose de vraiment étrange se produisait. L’énergie de Pan venait de mon intérieur. Je sentais mon corps physique vibrer au rythme subtil de mon corps de lumière. Il ne s’agissait pas d’une expérience hors du corps. Ces expériences me sont familières. Il s’agissait de quelque chose de nouveau et d’inattendu. L’énergie de Pan venait directement de l’intérieur de moi. J’avais l’impression que toute la région située entre mon corps et mon plexus solaire s’était ouverte, de sorte que, lorsque Pan me parla, j’étais plus que prêt à apprendre ce qui m’arrivait.
– Il en sera ainsi à partir de maintenant. Je sais combien tu aimes la forme sous laquelle je t’apparais, mais ce n’est pas ma Vérité. Je ne suis ni un être physique ni un être métaphysique, même si je peux adopter n’importe quelle forme. Je suis l’Esprit de la nature. Je suis l’Intelligence sans forme. Au cours des ans, j’ai souvent fait allusion à l’Unité et au fait qu’il fallait ouvrir les Portes à l’intérieur de la Pierre phare. Tu te souviens ?
Je m’en souvenais très bien. C’était pour moi une autre question problématique. J’avais même essayé très fort d’oublier, mais je n’avais que renforcé le souvenir. Il y a vingt ans, lors d’une expérience métaphysique, j’avais ouvert les Portes mystiques [Voyage au cœur de la nature] et j’avais entendu les paroles de leur Gardien : – Si tu pénètres dans l’au-delà, toute la puissance de la nature reposera sur ton être. Peux-tu assumer une telle responsabilité ? Le moi métaphysique qui vivait cette expérience avait répondu : « Oui, je l’assumerai. » Après plusieurs leçons de Pan, j’avais fini par franchir les Portes, mais le Michael quotidien avait fui Pan depuis, craignant tout ce que cela supposait.
– Oui, je me souviens, mais je n’ai jamais pu accepter ce que le Gardien des portes m’a dit.
– Jusqu’à maintenant ?
J’hésitai.
– Oui, répondis-je avec étonnement, même si je n’ai aucun souvenir de l’avoir accepté. Mais comment est-il possible que la nature tout entière repose sur mon être ? C’est insensé. Je l’accepte… mais je ne comprends pas.
– Tu comprendras au moment propice. Pour l’instant, accepte seulement que Pan ne soit plus à l’extérieur. Accepte que lui et le Soi ne fassent qu’un. Accepte d’avoir le pouvoir de concentration et la lucidité nécessaires. Nous dialoguerons encore, mais sans la fausse et trompeuse image de Pan qui te plaît uniquement parce que tu as besoin de t’identifier à une forme humaine, quelle qu’en soit l’élévation.
Cela ne m’enchantait guère. J’aimais Pan comme il m’était apparu jusque-là, mais je savais que je n’étais pas en mesure de choisir. C’était à prendre ou à laisser. Malgré toute ma résistance, je ne pouvais pas me résoudre à la seconde option. La seule pensée de l’absence de Pan dans ma vie était insoutenable pour moi.
* * *
Flottant debout dans la rivière tranquille, je soupire en me rappelant ces souvenirs.
– Élève-toi hors de l’eau. Debout.
J’entends clairement les paroles de Pan, mais je ne le vois nulle part. La dernière séquelle de sa lumière a disparu. Ses paroles et son énergie proviennent de mon intérieur, mais elles possèdent la même clarté et la même résonance qu’auparavant. Je me hisse simplement à la surface de l’eau, puis je marche jusqu’à la rive. Les faunes sont conscients de ma présence et quelques-uns interrompent leurs cabrioles pour se rassembler autour de moi tandis que je marche parmi eux.
Je demande à Pan si je dois comprendre que nous pouvons toujours communiquer silencieusement.
– Bien sûr. Je vais t’instruire et te guider, mais je n’outrepasserai jamais ta volonté. Tu auras toujours le contrôle.
Je souris.
– C’est sans doute une amélioration. Je me souviens qu’il y a vingt ans je n’avais assurément pas le contrôle.
– Je suis d’accord avec toi. Tu ne te retenais pas beaucoup.
– Ce n’est pas ce que je veux dire, dis-je en riant.
De toute évidence, les faunes peuvent suivre ma conversation avec Pan, car ils rient avec moi. Et ce n’est pas un rire stupide et gratuit, mais un rire intelligent qui dénote qu’ils ont saisi le double sens.
En désignant les faunes, je demande ce qu’ils font là. Semblables à de jeunes garçons avec des sabots et des jambes poilues, un sourire malicieux et deux minuscules cornes pointant hors des sourcils, ils sont éminemment pittoresques. Ils sont nus, sans aucun sexe apparent, vêtus uniquement de mystère.
Quelques-uns me prennent les mains et je sens le contact. Leur peau est fraîche comme l’eau de la rivière, mais elle n’est pas mouillée.
– Viens, viens avec nous, me lancent-ils avec insistance.
Leurs paroles sont aussi clairement audibles que celles de Pan, mais leur énergie est différente. Je sais instantanément que je ne confondrai jamais la voix de Pan avec celle d’un autre être. Chaque voix porte une aussi nette impression de celui qui parle que si on le voyait. Ils me tirent par la main avec l’impatience d’un enfant qui veut faire voir à ses parents quelque chose se trouvant plus loin. Cédant à l’inévitable, je vais avec eux. Malgré moi, leur énergie m’incite irrésistiblement à danser et à gambader comme eux. Abandonnant donc toute tentative de marcher, je m’ouvre à leur nature contagieuse. Au début, je suis perplexe, car nous semblons danser alternativement dans plusieurs réalités et j’essaie de comprendre, mais bientôt, ma perplexité augmentant, je me résigne.
Nous gambadons facilement à travers quelques arbres, puis autour d’énormes chênes. Pensant que j’aimerais danser à travers un chêne, je les y entraîne et j’y entre, mais je rebondis. Les faunes qui m’entourent se tordent de rire tandis que ceux qui me tiennent par la main me regardent d’un air désapprobateur.
– Nous te guidons, tu nous suis, me disent-ils. Ils me parlent collectivement, d’une seule voix portant l’énergie de tous.
Je leur demande en quoi ces chênes diffèrent des autres arbres.
Ils se regardent avec étonnement.
– Tu ne vois pas la différence ? me demandent-ils en me regardant, puis en regardant l’arbre, comme si c’était tout simplement incroyable.
Fixant les chênes, je me libère une main et j’en touche un. Il semble aussi solide que tout arbre physique normal. Je me libère alors des faunes et me dirige vers un arbre à travers lequel nous venons de danser, puis je le touche… ou plutôt j’essaie de le toucher. Ma main pénètre dedans. Je regarde tour à tour les deux arbres avec consternation. Je ne vois aucune différence. Je les contourne pour changer de perspective, mais quoi que je fasse, je ne vois aucune différence.
Je regarde les faunes en haussant les épaules.
– Ils m’ont tous l’air pareils.
Les faunes qui m’avaient tenu par la main se roulent par terre parmi les fleurs et les herbes en riant à tue-tête. J’accepte que ce soit très drôle pour eux, mais je n’y comprends rien. Ils me montrent du doigt en riant, puis ils éclatent de plus belle. Il fut un temps où je me serais senti ridiculisé, mais je me rends compte que je n’éprouve plus rien de tel. Je sens l’énergie de leur rire, et il s’agit purement d’humour, rien de plus. Il ne contient aucune trace de moquerie. Cela peut sembler irrationnel, mais je comprends qu’une guérison des vieilles moqueries a lieu en moi et que j’ai été entraîné dans une performance dont l’issue est inévitable.
– M’avez-vous joué un tour ?
Ma question est suivie d’une autre salve de rires et je vois des larmes multicolores rouler sur leurs joues. Les couleurs de l’arc-en-ciel inondent leur corps en vagues de plus en plus rapides, comme pour répondre à l’énergie de leur hilarité.
– Rien ne se perd jamais. Aucun incident de la vie n’est une perte de temps. Chaque incident comporte une leçon si tu veux bien la voir.
Je reconnais la voix de Pan.
– Je ne savais pas que vous étiez concerné !
Il me dit :
– Comment pourrais-je ne pas l’être ? Ne t’ai-je pas dit que je suis l’Esprit de la nature ? Rien de ce qui fait partie de la nature n’est extérieur à moi.
– Je ne suis pas habitué à une expérience aussi globale de la vie. Je pensais que les faunes faisaient leur propre affaire.
– Ai-je déjà affirmé le contraire ?
Les faunes ont cessé de rire et ils me regardent avec un air de pitié.
– Viens avec nous. Tu as réellement besoin d’élargir ta réalité.
Se relevant, ils se rassemblent autour de moi et me prennent de nouveau par la main pour m’entraîner avec eux. Je ne suis pas étonné qu’ils me conduisent vers l’un des grands chênes. Ils lâchent alors mes mains pour que je touche ce chêne, ce que je fais aussitôt. Encore une fois, il est solide. Puis je regarde les faunes d’un air perplexe, car je ne sais pas ce que je dois faire. En gloussant, ils m’indiquent un arbre à travers lequel nous avons déjà dansé. Je vais jusqu’à cet arbre et je le touche. Cette fois, cependant, au lieu de simplement le toucher avec la main, je le touche intuitivement avec tous mes sens, toute mon émotion, tout mon cœur. Cet arbre n’est pas solide comme le chêne sous mon toucher, mais je le sens. Je sens un courant d’énergie le parcourir de haut en bas et de bas en haut simultanément, en un mouvement de tourbillon.
Je regarde les faunes avec un sourire victorieux. Puis, pour être encore plus précis, je ne regarde pas seulement l’arbre, mais aussi son énergie invisible. La sensation est réellement distincte et je retourne vivement au chêne. Je vois maintenant la différence ! Le chêne que je peux toucher possède dans sa structure même des couches énergétiques complètement différentes de celles des arbres à travers lesquels je peux danser. Je n’ai aucune idée de la raison, mais je peux voir la différence. Fondamentalement, cette différence réside dans la valeur énergétique, mais j’ignore quel pourrait être le lien avec les arbres physiques de ma réalité normale.
– Qu’est-ce que cela signifie ? Que puis-je apprendre ici qui puisse me servir dans ma vie de tous les jours ?
Tous ensemble, les faunes secouent la tête.
– Tu regardes, mais tu ne vois pas encore. Dis-nous ce que cela signifie pour toi. Pourquoi y a-t-il une différence ? Tu as la réponse sous les yeux. Qu’est-ce que l’un des deux arbres possède que l’autre ne possède pas ?
Frustré, je grommelle en regardant les arbres :
– C’est bien ce que je me demande.
Les faunes ne m’aideront manifestement pas à comprendre. L’un des deux arbres est solide pour mes mains métaphysiques, tandis que l’autre est tout aussi visible, mais semble composé d’une énergie intangible. Pourquoi ? Secouant la tête, je me concentre sur les arbres. Mon intuition me dit que je ne devrais pas chercher une réponse à ce problème, mais simplement observer, me connecter et m’ouvrir davantage. C’est ce que je fais. En abandonnant tout besoin d’explication et en acceptant le mystère en présence duquel je me trouve, je sens ma vision intérieure changer subtilement tout comme on change la lentille d’une caméra.
Puis, si clairement que j’en ravale ma salive, un être se révèle dans l’arbre à travers lequel nous avons dansé, alors que le chêne n’est habité par personne. À mes yeux métaphysiques, cet être possède une énergie très féminine, mais il n’a pas de forme vraiment définie. On dirait qu’un corps de lumière flotte à l’intérieur de l’arbre, comme si j’en voyais l’esprit éthéré.
Je lui demande :
– Êtes-vous une dryade ? Un déva ?
J’entends une voix familière :
– Qu’est-ce que tes sens t’indiquent, Michael ?
– Pan ! Ils m’indiquent que je suis perdu dans un tel monde. La réalité ici est tellement vague et ambiguë. Les différences sont si subtiles.
– Et c’est très différent du monde physique ?
– Oui, bien sûr. La réalité physique est très nette et très distincte.
– C’est faux. La réalité physique est exactement comme celle-ci. C’est le mental humain qui définit et catégorise, forçant le subtil à s’effacer devant l’évident. Tandis que le mental présente une image évidente et surtout fausse, le subtil demeure souvent invisible. Tu dois réaliser que le mental n’aime pas l’ambiguïté ni le mystère et qu’il les évite.
– Il est impossible d’évoluer spirituellement sans en prendre conscience.
– Donc, Michael, l’être est-il une dryade ou un déva ? »
Je réponds prudemment :
– Je pense que l’on me joue un tour. Une dryade a sûrement l’énergie d’un déva. Vous me demandez si c’est l’un ou si c’est l’autre. Mon intuition me dit que le rapport entre une dryade et un déva est le même qu’entre un enfant et un adulte. Cette distinction est pour moi davantage une explication qu’une réalité, mais c’est ainsi que je ressens l’énergie. Je ressens chacun comme une expression différente de la même énergie.
J’entends un petit rire intérieurement.
– Sois très prudent. Ton affirmation est fondamentalement exacte, même s’il y manque les détails. Une dryade est l’esprit d’un arbre qui peut passer d’un arbre à un autre. Les dryades ne sont pas fixées sur un arbre spécifique pour toute la vie. Cependant, il arrive qu’occasionnellement une dryade se fixe dans un arbre particulier et y demeure tellement longtemps qu’elle ne peut plus le quitter.
– C’est très humain ! Nous nous fixons autant dans des lieux que dans des croyances. Je pense que l’être que je vois est une dryade et que les arbres à travers lesquels nous avons dansé sont habités par une dryade. Mais pour une raison que j’ignore, les énormes chênes ne sont pas habités par des dryades.
Debout devant la dryade, je fais abstraction de ma vision pour me concentrer plutôt sur ce que je sens. Je sens alors intérieurement le son magnifique d’un doux chant qui me rappelle fortement celui du vent soupirant parmi les aiguilles et les branches d’un énorme pin. Levant les yeux, je remarque qu’il ne s’agit pas d’un pin et qu’il n’y a pas de brise. Je me demande alors combien d’amoureux de la nature croient entendre le vent en entendant cela. Il semble que le rapport entre une dryade et un seul arbre soit le même qu’entre un déva et plusieurs arbres.
– Si plusieurs arbres d’une forêt sont habités par une dryade, un déva contient-il toute la forêt ou bien y aurait-il un déva différent pour chaque espèce d’arbre ?
– Les dryades font partie de l’expression physique d’un arbre, même si elles ne sont pas physiques. L’énergie dévique s’exprime davantage au moyen d’une espèce qu’au moyen d’un seul arbre, tandis qu’il existe également d’autres êtres qui s’expriment dans toute la forêt.
– Les petites plantes, telles les marguerites, et les arbrisseaux, tels les lilas, sont-ils habités par des dryades ?
– Non. Les dryades représentent une énergie connectée aux arbres. Les plantes et les arbrisseaux sont assistés par des Esprits de la nature dans leur croissance et dans leur expression, tout comme chaque être vivant sur la Terre. Aucun minéral, aucune plante ni aucun animal n’est une unité isolée dans la nature, y compris les humains. Alors que la nature entière adhère à cette réalité et vit en elle consciemment, les humains la nient par leurs actions.
– Il y a des exceptions.
Je perçois intérieurement l’acquiescement de Pan.
– Il y a des exceptions.
L’énergie de Pan se retire tandis que les faunes redeviennent prééminents. Elle est comme une brise intérieure surgissant fortement dans ma conscience ou s’y glissant furtivement avec la légèreté d’une plume.
Les faunes me prennent de nouveau par la main.
– Viens, viens, mais cette fois tu nous diriges. C’est toi qui décides à travers quels arbres nous allons danser et sur quels arbres tu rebondiras.
Ils trouvent cela tellement drôle qu’ils doivent se retenir d’éclater de rire.
Je ne suis pas aussi enthousiaste. Même si ce n’est pas aussi douloureux de rebondir sur un chêne métaphysique que de rebondir sur un chêne physique, il y a néanmoins un choc. Si je dois diriger la danse, elle sera lente et prudente.
Malgré cette intention, une fois que l’énergie des faunes a envahi mon corps de lumière, je passe à l’action sans aucune prudence. Nous gambadons et dansons sans retenue à travers un arbre et puis un autre. À mon grand plaisir, depuis que j’ai établi le contact avec les dryades, leur présence dans les arbres est évidente, pas tant visuellement qu’énergétiquement. Pendant que nous dansons, je prends conscience que les couleurs de l’arc-en-ciel m’incluent maintenant dans leurs variations. Chaque couleur possède une qualité particulière que je sens quand elle me traverse, même si je ne sais pas comment l’exprimer. Ces couleurs ne contiennent pas d’émotion du tout, mais elles sont comme le mouvement de diverses émotions, de la légèreté du plaisir à la lourdeur de la tristesse. C’est très troublant, tout en dégageant une impression générale d’équilibre naturel.
Je n’ai aucune conscience de la fin de la danse. Je devais être perdu dans l’énergie des faunes, complètement submergé, et j’ignore pendant combien de temps je les ai accompagnés. Je ne sais pas quand la danse s’est terminée ni pendant combien de temps je suis resté assis sur la rive à regarder couler la rivière, mais c’est ce que je faisais quand la conscience m’est revenue.
Quittant la rivière des yeux, je suis décontenancé. Je n’ai aucun souvenir de m’être assis là ou d’avoir quitté les faunes. Je ne sais pas à quoi sert réellement leur danse, mais je suis certain qu’elle n’est pas gratuite, que ce n’est pas simplement un jeu de gambades et qu’elle participe de quelque façon à l’expression globale de la nature. Toutefois, le pourquoi et le comment demeurent pour moi un mystère.
Je cherche Pan autour de moi, puis je me rappelle qu’il est désormais nébuleux, une partie du mystère. Le mystère ne sied pas tellement aux humains. Nous aimons tout rendre connaissable, tout étiqueter, tout catégoriser et tout comprendre. Nous ne nous rendons jamais compte que ce que nous pensons comprendre de la vie la réduit en fait aux dimensions d’une petite boîte correspondant à notre réalité limitée. C’est comme tenter de mettre toute l’eau d’un étang dans une mare. Lorsque la mare est pleine, on doit ignorer l’eau qui reste dans l’étang, faire semblant qu’elle n’y est pas.
Le mystère est un mot qui exprime la vastitude de la vie, une vie qui est bien plus que physique. La vie s’exprime sur des plans métaphysiques et multidimensionnels qui transcendent de loin le temps linéaire, et pourtant tout cela se produit en juxtaposition avec l’expérience linéaire tridimensionnelle à laquelle nous adhérons physiquement. Nous sommes également des êtres métaphysiques et multidimensionnels, une réalité à laquelle nous ne pouvons échapper même si nous nous efforçons de l’ignorer. La mort nous visite régulièrement, tentant de nous révéler une réalité supérieure, mais notre peur de l’inconnu est si grande que nous nous accrochons désespérément à notre logique physique et que nous nous conditionnons profondément à nous dérober.
Retentissant soudain près de mon étang favori, le cri physique d’une corneille me ramène à la conscience physique. Je demeure toutefois concentré sur la rivière qui coule tranquillement dans la vallée de ce lieu métaphysique empreint de mystère. Comme c’est étrange ! Mes sens physiques demeurent accordés à la réalité physique, mais l’être métaphysique que je suis n’est aucunement troublé tandis que je suis concentré sur la rivière. Nous vivons réellement dans deux réalités, physique et métaphysique, intimement fondues en une seule, et pourtant la plus grande partie de l’humanité n’est consciente que de la dimension physique. Jusqu’à ce que la mort survienne !
Regardant dans les environs, je me demande où sont passés les faunes. Les arbres se dressent comme auparavant, mais il n’y a aucun faune dans les parages. Mon intuition me dit que les faunes dansent toujours autour des arbres et au travers, mais que je suis maintenant incapable de percevoir cette dimension de leur expression. Une pensée étonnante me traverse l’esprit : si diverses dimensions occupent un même espace – la distance entre les dimensions étant mesurée comme un espace dimensionnel, à la fois infiniment vaste et infiniment petit –, ces dimensions peuvent-elles s’entremêler à l’instar des brins d’une corde ?
Je pose silencieusement la question à Pan.
– Ouvre les yeux, Michael.
Dans mon corps de lumière, j’ouvre les yeux le plus grand possible.
– Abandonne ta concentration des deux yeux et regarde avec tes yeux intérieurs.
– Vous voulez dire avec mon troisième œil ?
– Je veux dire avec les yeux du cœur. Ouvre-les et ton troisième œil s’ouvrira. Mais ouvre toujours le cœur en premier, comme dans l’Amour ! Vois, perçois, sois avec la vision.
Éloignant ma concentration de ma vision par les yeux, je la porte dans mon cœur. Même si mon corps de lumière n’a pas besoin de respirer, je suis conscient que la respiration de mon corps physique s’approfondit.
Être avec la vision ! Comment fait-on ? Soudain, spontanément, je le sais. Abandonnant l’image du cœur physique, je me concentre sur l’énergie de mon cœur, me connectant ainsi au chakra du cœur. Je sens un vortex d’énergie pulsative, une énergie que je maîtrise immédiatement. Et, encore une fois par intuition soudaine, je sais que, pour le meilleur et pour le pire, nous maîtrisons toujours personnellement l’énergie du cœur à chaque instant. Alors que je fais entrer mon sens du soi/Soi dans ce vortex d’énergie du cœur, ce vortex commence à s’étendre rapidement. En même temps, le soi/Soi s’étend aussi. Je deviens alors un avec ce que je vois. Et, dans toute cette expansion, le monde qui m’entoure semble grandir, se déformer et changer à une vitesse alarmante.
Légèrement secoué, je fais une pause pour reprendre physiquement mon souffle.
– Très bien, me dit Pan. Je suis vraiment impressionné, car tu as parfaitement réussi à « être avec la vision ». Maintenant, restes-y et détends-toi.
Pendant que je me détends, le monde qui m’entoure semble ralentir. La réalité change et je suis saisi d’émerveillement en regardant autour de moi.
– Mon Dieu ! Est-ce toujours ainsi ? La réalité supérieure est-elle aussi simple et aussi complexe que cela ? La réalité est-elle vraiment comme je la vois en ce moment ?
Pan me répond :
– Toujours… et davantage.
Physiquement, j’ai envie de pleurer. Les larmes brillent sous mes paupières alors que je prends pleinement conscience de tout ce que nous ne voyons pas. De la réalité de mon corps de lumière, je vois des rivières de diverses dimensions coulant dans toutes les directions à l’intérieur de cette vallée magique où je suis mon chemin en tant qu’Être de lumière.
Chaque dimension possède sa propre énergie, sa propre couleur, son propre rayonnement et son propre son, tous en parfaite coordination et mélangés entre eux sans perdre leur intégralité respective. Imaginez un arc-en-ciel aux couleurs vives dont chacune est clairement définie, un arc-en-ciel si immense qu’il remplit tout le paysage autour de vous et au-dessus de vous dans toutes les directions. Imaginez ensuite que vous vivez dans ce décor sans le savoir, sans voir rien d’autre qu’un reflet physique, un reflet de nos conditionnements à tous plusieurs fois millénaires.
Je sais avec certitude que les faunes dansent dans leur propre dimension d’expression, en suivant le fil dimensionnel de leur réalité. Cette vision intérieure me fait voir que les fils des réalités dimensionnelles sont remplis d’êtres ayant leur propre vibration unique. Je vois des fils dimensionnels remplis d’Esprits de la nature aussi minuscules que de lointaines étincelles de lumière tandis que d’autres fils sont remplis de grands Êtres dont la lumière est tellement intense que je ne peux la regarder qu’avec les yeux du cœur.
Je suis conscient que si j’entrais dans l’un de ces fils dimensionnels, la réalité serait tout ce qui est pendant que j’y serais. Ce serait là mon expérience entière et totale, si fortement qu’il me serait extrêmement facile de nier toute autre réalité. Pourtant, à un seul souffle de distance, un vaste univers multidimensionnel vibre d’une incroyable diversité de réalités défiant l’imagination. Je peux voir à l’intérieur d’un fil dimensionnel à l’exclusion de tous les autres ou je peux continuer à jouir d’une vue d’ensemble. Je sais également que ce que je vois n’est qu’une ombre, qu’un écho de quelque chose de beaucoup plus vaste et merveilleux que tout ce que je peux concevoir. Je réalise aussi que, mystérieusement, je regarde avec les yeux de Pan. Je contemple donc longtemps cette réalité supérieure, perdu dans la pure merveille de l’énergie en mouvement.
– Merci, Pan. Merci de m’avoir permis de voir tout cela.
Il me répond par cette question :
– Michael, quelle est ton impression générale ?
J’essaie de ne pas réfléchir à sa question et de m’abandonner à la synchronie de tout le mouvement qui a lieu autour de moi. Je suis encore légèrement sous le choc intérieur causé par la prise de conscience de cette étonnante interaction qui se produit constamment entre les réalités dimensionnelles. Reportant mon attention sur la rive où je me trouve, je laisse l’énergie de mon cœur ouvert englober mon expérience dans son intégralité, sans tenter de la comprendre mentalement. Aussi simplement qu’un poisson se déplace dans l’eau, une forte impression d’équilibre naturel s’imprime dans ma conscience. L’équilibre. Un équilibre holistique qui englobe tout.
Je sens intérieurement l’approbation de Pan, un délicieux sourire de satisfaction qui s’enroule autour de mon être.
Lentement, mais sûrement, cette réalité supérieure glisse en dehors de ma concentration et je ne suis plus conscient que de mon corps physique assis près de la Pierre phare, le sourire aux lèvres.
La profonde sagesse contenue dans les récits d’illumination spirituelle de Michael Roads constitue la matière de ses ateliers intensifs de cinq jours, de ses séminaires et de ses ouvrages traduits en treize langues. Michael a été invité à effectuer des tournées de conférences en Australie, en Nouvelle-Zélande, à l’île Norfolk, en Afrique du Sud, aux Pays-Bas, en Italie, en France, en Suisse, en Autriche, en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Danemark, en Suède, en Norvège, dans les Indes occidentales, aux États-Unis, au Canada et au Japon.
Communicateur extraordinairement doué, Michael Roads transmet l’Amour et la Vérité de cœur à cœur, bien au-delà des mots, créant ainsi l’espace nécessaire pour s’éveiller du rêve, pour allumer l’Amour et la Vérité présents en chacun de nous.
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Je dédie affectueusement ce livre à ma défunte épouse Treenie, qui était à mes côtés lorsque j’ai commencé à l’écrire et qui m’a soutenu et encouragé jusqu’à sa transition soudaine, survenue en juin 2006. Ma vie a alors perdu tout son sens et chaque jour est devenu un fardeau renouvelé tandis que je m’efforçais de poursuivre une existence normale malgré ma peine.
Quelques mois plus tard, alors que j’étais assis à mon bureau, devant ce manuscrit sur l’écran de mon ordinateur, je me suis mis à écrire sur son décès, me livrant à une sorte de « Pan-thérapie » ! J’étais loin de me douter que mon voyage en compagnie de Pan allait prendre une nouvelle direction étonnante.
Plus de vingt ans se sont écoulés depuis que j’ai écrit Talking With Nature (« Dialogue avec la nature ») et Journey Into Nature (« Voyage au cœur de la nature »), deux succès de librairie. Depuis, plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi je n’avais pas poursuivi le récit de mes expériences métaphysiques avec la nature : « Vous avez publié quelques autres livres, mais qu’est-il advenu de votre relation avec la nature ? »
La question est pertinente. J’ai fui, tout simplement. D’abord, j’étais heureux de vivre des expériences normales dans le monde physique. Ensuite, je craignais de me retrouver dans une réalité différente dont le contenu humain n’était pas très grand, et je n’aimais pas non plus les conclusions et les attentes de certains lecteurs. Plusieurs avaient déduit que j’étais un « excentrique ». Mon éveil spirituel fait de moi quelqu’un de différent, mais je n’en suis pas moins humain. Ma personnalité demeure la même : je suis un être plutôt timide qui répugne à se retrouver à l’avant-scène. En fait, pendant toutes ces années, cette réticence m’a posé un problème. J’avais beau en être conscient, je ne savais pas comment m’en défaire.
De nombreux lecteurs savent que je voyageais plusieurs fois par année avec Treenie, donnant des séminaires et des conférences dans divers pays, en plus de nos retraites de cinq jours (Roadsway). Très peu, toutefois, savent que je dois surmonter ma timidité et ma réticence chaque fois que je prends la parole en public. J’enseigne ce que j’appelle les principes de Vérité, la vérité sur la vie. Mon enseignement porte également sur l’Esprit de la nature, sur la métaphysique de la nature. J’ai toujours dispensé cet enseignement avec plaisir, le cœur ouvert, en m’engageant au maximum. Je savais que la réticence créait une barrière. Il ne s’agissait cependant pas d’une barrière entre moi et le public, mais plutôt entre moi et la vie. Après tout, cette réticence ne venait de personne d’autre que moi !
Je ne m’en voulais pas de l’éprouver. Puisque l’illumination spirituelle consiste en l’amour de soi, je ne me critiquais pas outre mesure à ce sujet, mais je savais qu’il était de plus en plus inapproprié d’éprouver cette réticence.
Il est très difficile de se débarrasser de quelque chose qui colle ainsi à la peau. Au cours de nos voyages de 2003, j’ai été fortement confronté aux effets de cette réticence.
Sa forme et son expression étaient intimement liées à l’acte de voyager. J’avais développé une sérieuse aversion des aéroports. Je me souviens de la répugnance que j’ai ressentie un jour où j’étais allé chercher mon fils et sa famille à l’aéroport de Brisbane, à l’occasion de Noël. Pourtant, je ne partais pas en voyage !
Au début de notre tournée de 2003, Treenie et moi avons pris l’avion pour Sydney, où nous allions être en transit. Quand nous nous sommes rendus au carrousel à bagages, nos trois valises étaient manquantes. Cet incident donna le ton à toute cette tournée. À une exception près, nos bagages ont été en retard à chaque aéroport, ou dirigés au mauvais endroit ou endommagés. La plupart des gens en auraient blâmé les aéroports, mais je sais que les principes de Vérité ne cessent jamais d’opérer et que nous créons chacun notre réalité. Ces bagages indociles étaient le parfait reflet de mon bagage personnel ! Au retour de cette tournée, je me suis senti obligé de faire face aux effets de ma réticence persistante, qui créait une force d’inertie lors de tous nos voyages. La plupart de nos organisateurs en étaient conscients, car elle compliquait beaucoup les choses. Je savais qu’il me fallait régler ce problème ou alors cesser de voyager, ce qui aurait été tout aussi inapproprié.