Couverture

Retour
à l’Unité

Une odyssée spirituelle

Michael J. Roads

Ariane Éditions

Retour à l'Unité

Titre original anglais : Journey into Oneness

Par  : Michael J. Roads

Publié par : RoadsLight Pty Ltd
PO Box 778, Nambour, QLD 45610, Australie

© 1994, 1998, Michael J. Roads

 

© 2010 Ariane Éditions inc. pour l'édition française
1217, av. Bernard O., bureau 101, Outremont, Qc, Canada H2V 1 V7
Téléphone : 514-276-2949, télécopieur : 514-276-4121
Courrier électronique : info@editions-ariane.com

Site Internet : www.editions-ariane.com

Boutique en ligne : www.editions-ariane.com/boutique

Facebook : www.facebook.com/EditionsAriane

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée ni reproduite d’aucune manière sans la permission écrite préalable de la maison d’édition, sauf de courtes citations dans des magazines ou des recensions

 

Traduction : Jacquest Gontier

Révision linguistique : Francine Dumont

Illustration et Graphisme de la page couverture : Carl Lemyre

Mise en page : Carl Lemyre

Conversion au format ePub : Carl Lemyre

 

Première impression : mars 2010
ISBN papier : 978-2-89626-074-4
ISBN ePub : 978-2-920987-363-9
ISBN Pdf : 978-2-920987-364-6

 

Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010
Bibliothèque et Archives nationales du Canada, 2010
Bibliothèque nationale de Paris

 

Diffusion

Québec : Flammarion Québec – 514 277-8807 www.flammarion.qc.ca

France et Belgique : D.G. Diffusion – 05.61.000.999 www.dgdiffusion.com

Suisse : Servidis/Transat – 22.960.95.25 www.servidis.ch


Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt

Pour l’édition de livres – Gestion SODEC

 

Quatrième de couverture

 

Membre de l’ANEL

 

Droits d'auteur et droits de reproduction

Toutes les demandes de reproduction doivent être acheminées à:

Copibec (reproduction papier) – (514) 288-1664 – (800) 717-2022

licences@copibec.qc.ca

 

Imprimé au Canada

Quatrième de couverture

Résumé

Après avoir passé les initiations proposées par le grand Esprit de la nature Pan, Michael Roads obtient le droit de pénétrer dans les univers non physiques.

 

« Au moment où j’ai franchi ces portes, le temps linéaire et la réalité ordinaire ont cessé d’exister. Tout ce qui m’était connu se trouvait brusquement remplacé par un inconnu absolu. Le temps, à supposer qu’il ait encore un sens, était sphérique, de sorte que tous les points d’une sphère représentaient le même temps – toujours. »

 

Michael se retrouve dans son corps de lumière. Catapulté à travers des portes successives, il rencontre de nombreux êtres qui lui ouvrent d’autres dimensions de la réalité. Guidé pas à pas, il pourra accomplir son retour à l’unité.

 

La profonde sagesse contenue dans les récits d’illumination spirituelle de Michael Roads constitue la matière de ses ateliers intensifs de cinq jours, de ses séminaires et de ses ouvrages traduits en treize langues. Il habite actuellement en Australie.

1

Le fil de liaison

Quand je ferme les yeux
Pour regarder à l’intérieur,
Je vois non seulement le domaine du possible,
Mais aussi celui qui EST.

Les Portes, closes depuis si longtemps, se sont ouvertes. C’est presque en courant que j’ai franchi ces Portes supraphysiques, mais aussitôt je me suis arrêté net, stupéfié : à mon grand effroi, je venais de me précipiter dans un néant lumineux. Autour de moi, aussi loin que portait mon regard, rien ! J’ai jeté un coup d’œil vers le bas : rien !

« Aaaah », j’ai poussé un cri d’horreur, croyant être sur le point de tomber dans un puits sans fond ; mais il ne m’est rien arrivé. Je suis demeuré debout, tendu mais indemne, dans cette nouvelle et saisissante réalité.

Rassuré, je me suis risqué à faire un pas en avant et mon pied s’est posé fermement sur le néant illuminé. C’est ridicule, pensais-je. Je suis censé obtenir l’illumination et non pas me promener sur elle ou être englouti par elle. Il me fallait du temps pour réfléchir à ce mystère, mais le plus drôle c’est qu’ici le temps avait cessé d’exister. Perplexe, je ne savais que faire ni où aller.

– Tout ceci ne me plaît pas tellement, dis-je tout haut. Je songeai à mon épouse, Treenie. Je parie que si elle était à ma place, elle se débrouillerait mieux que moi, marmonnai-je.

Toujours un peu effrayé, j’eus recours à l’instinct le plus primaire de tous. Au secours ! hurlai-je à pleins poumons, mais aucun son ne sortit de mes lèvres. Je me mis à gémir, et c’est à ce moment précis que je vis un Être se diriger vers moi ; chacun de ses pas lui faisait enjamber les étoiles et même des galaxies entières.

J’ai cligné des yeux à plusieurs reprises et suis resté frappé de stupeur. Du fait de mes préoccupations, je ne m’étais pas aperçu que je me trouvais debout dans l’espace. Auparavant, il n’y avait que la lumière ; à présent, j’étais debout dans un espace rempli d’étoiles.

J’observais un corps élancé, de taille humaine, ondulation chatoyante qui se solidifiait peu à peu à mesure qu’elle se rapprochait. Soudain, voici que se tenait devant moi un être qui ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. Il ou elle avait une forme d’humanoïde, mais faisait plutôt penser à un chat, énorme et majestueux, qu’à un être humain. Il avait de grands yeux aux reflets argentés, comme si, derrière des orbites vides, brillait une lune mystérieuse.

Il me sembla le reconnaître.

– Tu as l’aspect d’un sphinx, dis-je, rassuré d’avoir la compagnie de cette créature des étoiles.

Son visage s’éclaira d’un large sourire, un visage qui semblait fait pour sourire. Ce sourire révéla des vestiges de dents, s’étalant en rangées bleu pâle, ce qui, pour un humain, était passablement déconcertant.

– Mon nom est Seine (prononcez si-aine). Je serai ton instructeur dans le monde où tu viens de pénétrer et te souhaite la bienvenue.

Il tendit des mains d’apparence humaine, paumes tournées vers le haut, et automatiquement j’ai placé mes mains sur les siennes, paumes contre paumes. Instantanément, ce fut le choc de la reconnaissance.

– Seine ! m’écriai-je, Mais oui ! Mon Dieu, Seine, je ne t’avais pas reconnu ; et je suis tombé dans ses bras, submergé par l’émotion.

Nous nous sommes étreints pendant un moment d’éternité. Ce n’était pas comme une étreinte physique, car si nos êtres de lumière simulaient cette action, il s’agissait aussi d’une fusion intérieure, d’une communion à un niveau qui transcende l’étreinte ordinaire. La tête me tournait, tandis que des souvenirs surgissaient et tourbillonnaient dans ma conscience, comme des sphères de savoir.

Je fis un pas en arrière et me mis à contempler Seine. Je l’avais toujours connu sous un aspect masculin, mais sans que cela ait un rapport avec la notion humaine de sexe. Il émanait de lui une énergie masculine, mais son Être était neutre.

Je portai ensuite mon regard sur mon propre corps. Mes mains, mes doigts, mes pieds, mon corps, tout semblait normal ; et pourtant dans cette réalité non physique, j’étais fait de lumière et non de chair et d’os comme sur le plan physique. Je me sentais profondément troublé. Je pouvais accepter cette situation, mais Seine, quand l’avais-je connu ? Il était évident, d’après l’intensité de mes sentiments, que nous nous connaissions depuis longtemps.

– Que s’est-il passé, Seine ? demandai-je. Qu’ai-je fait pendant tout ce temps ? Je me souviens de toi, comme d’un ami intime, mais il y a tant de choses que j’ai oubliées.

Son regard brilla de compassion.

– Ne t’en préoccupe pas, Michael. Ce que tu as besoin de savoir reviendra rapidement et le reste en son temps. Le principal est que je sois ici, car tu dois intégrer de nombreuses réalités.

– Que dis-tu ? Il y a donc plus d’une réalité ?

– Mais oui, bien sûr. La réalité est innombrable, sans limite. Sa seule limite est celle qu’on lui impose.

Seine paraissait me parler, mais en fait, je me rendis compte que je l’entendais directement dans mon esprit. Ce qui me parvenait n’était pas le son d’une voix, mais une perception intérieure directe.

– Est-ce ainsi que tu m’entends ? demandai-je, des mots dans ta tête ?

– Bien sûr. Tu reçois les mots que je formule et cependant ni toi ni moi ne pouvons pénétrer dans la pensée de l’autre. Pour que nous puissions communiquer, les mots doivent être formulés et projetés. Ainsi nous ne violons pas les droits individuels de l’Autre.

– Quelle est la portée des mots projetés ?

– Elle est fonction de ce que peut englober ta réalité.

– Peut-elle donc franchir l’espace ?

– Elle peut même franchir les dimensions, dit Seine en riant.

– J’ai oublié tant de choses, murmurai-je, l’esprit engourdi ; tant de choses se rapportant à mon identité.

Une série de questions se bouscula dans mon esprit, mais à mesure que je les formulais, les réponses arrivaient. Je regardai Seine dans les yeux.

– Est-ce moi ou toi qui fais cela ?

– Je suis conscient, sans pour autant m’ingérer dans ton esprit, que tu traverses une phase de questions-réponses. C’est ce qui arrive à la plupart de ceux qui s’échappent de leur monde transitoire, illusoire, et qui pénètrent dans un univers de réalité illimitée.

– D’où viens-tu ? Comment savais-tu que j’avais franchi les Portes ? Qui t’a désigné pour être mon instructeur ? Qui décide de mon sort, actuellement ?

Un flot de questions se pressait en moi. Seine eut un sourire énigmatique. Étrangement, la fourrure dorée de son corps reflétait la lumière des millions d’étoiles qui tournoyaient toujours autour de nous.

– Je viens de l’éternité, répondit Seine patiemment. C’est toi qui m’a prévenu de ton arrivée. C’est toi qui m’a choisi comme instructeur et c’est toi qui prends les décisions, ajouta-t-il.

– Mais je n’ai aucun souvenir de tout cela. La mémoire me reviendra-t-elle ?

– Certainement. L’oubli est une habitude humaine. En fait, si vous vous souveniez de toutes les réalités de votre Être, vous ne pourriez pas exister dans le cadre limité que vous acceptez en tant qu’humains. Perdre la mémoire de l’éternité vous permet d’aller à l’école que vous appelez la « vie sur terre ».

– L’éternité ! Tu sembles si familier avec elle… mais moi, j’ai déjà bien du mal à essayer de comprendre ce que cela signifie. Comment peux-tu venir de l’éternité ?

– Comme toi et toute l’humanité, comme tous les animaux et les végétaux de ta planète, je ne suis pas né et je ne mourrai pas. N’est-ce pas là l’éternité, l’origine et la destinée de toute vie ?

– Oui, sans doute, exprimé de cette façon, dis-je pensivement. Mais tu prétends que je t’ai prévenu de mon arrivée ; comment est-ce possible ? Je n’en savais rien moi-même jusqu’au moment où j’ai franchi les Portes.

Seine me regarda pensivement pendant un moment avant de répondre. Fasciné, je plongeai mon regard dans le sien et vis un filament de lumière traverser lentement la surface de ses yeux avant de disparaître. Cela ne ressemblait pas du tout à un clignement, et c’était encore quelque chose de déconcertant.

Il sourit, conscient des pensées que j’avais involontairement projetées :

– Au moment de ta réalisation, quand tu es mort à toi-même, ta prise de conscience du Soi a traversé toutes les dimensions du Grand Tout. Cette prise de conscience est la clé qui permet d’ouvrir les Portes. Tu fais savoir à tous les Êtres que tu connais à présent une vérité plus vaste. Et cela, Michael, est l’une des plus puissantes proclamations que puisse faire un Être humain. J’ai simplement répondu à ton appel qui rayonnait à travers toute l’éternité.

Je demeurais silencieux, essayant de comprendre les implications de ce que Seine venait de dire. Il avait parlé d’un fil qui reliait les choses entre elles, à une échelle universelle et multidimensionnelle.

– Formuler des mots et les projeter est une façon de communiquer dans cette réalité et dans la plupart des autres. Sur ton plan physique, tu vocalises des mots pour produire un son, mais l’idée est la même. Dans cette réalité infiniment plus vaste, on peut tout aussi facilement formuler et projeter concepts, idées et même un savoir. Essaie de capter le savoir que je formule et projette vers toi, au sujet de l’éternité.

Il n’y avait pas de mots, mais je sentais que je me dilatais comme un ballon, tandis qu’un flux de connaissances emplissait peu à peu ma conscience. Étrangement, j’avais l’impression de connaître depuis toujours ce que je recevais. Je goûtais un nouveau fruit, mais son jus me semblait parfaitement familier. En dépit de cela, l’énormité de ce que j’intégrais me laissait pantois.

– Je m’excuse si c’était un peu trop fort. Je voulais mettre à l’épreuve tes capacités ; je me doutais bien qu’elles étaient considérables, mais malgré tout, tu m’as étonné. Quel incroyable potentiel recèle l’être humain ! Cela me surprend toujours. Ce qui est encore plus incroyable, c’est qu’il demeure pratiquement inemployé. Qu’une race d’Êtres vive dans un monde où chacun crée sa propre réalité sans en être conscient, voilà bien quelque chose d’extraordinaire !

– Est-ce que je crée ma propre réalité actuellement ? demandai-je.

– Mais, bien sûr. La réalité ne s’arrête jamais et il en va de même pour ce que nous vivons. Le paradoxe, c’est que notre expérience crée notre réalité et que notre réalité crée notre expérience ! En prenant conscience de ceci, tu peux commencer à choisir ta réalité.

– Ainsi donc, si ma réalité consiste à être au milieu de l’espace, debout sur le néant, et si de ce fait je me sens encore mal à l’aise, cette réalité est ma propre création ?

– Ta réalité, dit Seine en riant, est le résultat du choc que tu as éprouvé en franchissant les Portes. Confronté à l’inconnu total, tu t’es littéralement senti vide. En conséquence, ta réalité était un néant de lumière. Quand tu m’as vu, ta réalité a englobé l’espace et les étoiles. Préférerais-tu une réalité plus substantielle ?

– Je préférerais une réalité plus familière, par exemple une jolie prairie avec une rivière ou bien une forêt. Se tenir dans l’espace a quelque chose d’un peu effrayant quand on est, comme moi, rivé à la Terre depuis si longtemps

– Regarde ! Vois-tu les arbres ? demanda Seine.

Stupéfait, je me vis à présent entouré d’une forêt, et quelle forêt ! Ses arbres avaient l’apparence de ceux de la réalité quotidienne, mais leur énergie était tout à fait différente et semblait se fondre dans l’impression de paix et d’harmonie qui régnait dans les profondeurs de mon Être. Cette relation avec les arbres était d’autant plus intense et amplifiée par le fait que pendant si longtemps j’avais cru à la séparation, et en y croyant j’en avais fait une réalité, aidé en cela par le reste de l’humanité.

Je savais qu’à un certain moment, j’avais communié avec ces arbres ; mais c’est seulement en créant l’illusion d’avoir perdu cette Unité et en éprouvant le sentiment de perte que je pouvais véritablement savoir ce qu’est l’état d’Unité.

– Ceci, Michael, est le paradoxe de la Vérité, dit Seine, ayant perçu intérieurement la spéculation que j’avais émise.

Si l’on ne pouvait pas faire l’expérience des ténèbres, il serait impossible de connaître la lumière. Pour faire l’expérience de la lumière, il nous faut la découvrir ; en vérité, cependant, nous sommes lumière et ne pouvons perdre ce que nous sommes. Pour échapper à ce paradoxe, nous créons les illusions qui reflètent le mieux la profondeur de notre apparente séparation d’avec la lumière, et après en avoir fait l’expérience d’innombrables fois, nous découvrons enfin que nous nous sommes mystifiés.

Je le regardais fixement, l’esprit en ébullition. Si j’avais appris quelque chose au cours des années où j’étais fermier, c’était que rien n’est réellement ce qu’il paraît être. J’avais perçu la Nature comme un phénomène extérieur, séparé de moi ; mais toutes mes expériences ultérieures m’avaient révélé que la Nature n’est pas séparée de l’humanité. C’est seulement après avoir éprouvé cette séparation de manière si intense qu’il me devint possible de reconnaître et d’intégrer le lien profond qui nous unissait.

La multitude d’expériences qui m’avait permis de franchir les Portes, m’avait révélé l’erreur des systèmes de croyances fixes, rigides. À présent, la vérité m’apparaissait comme un mode de réalités infinies, en expansion perpétuelle. Croire que l’humanité et la Nature sont séparées est l’opposé de la vérité.

Seine tendit le bras et posa une main rassurante sur mon épaule.

– Les croyances auxquelles vous souscrivez, vous les humains, sont autant d’obstacles et de limites qui vous empêchent de connaître Dieu. Il n’y a pas d’opposé à Dieu, seulement une opposition. La croyance humaine en la séparation constitue cette opposition… mais là encore, on retrouve le même paradoxe : c’est l’opposition à la vérité qui révèle la vérité, car de même que l’obscurité ne peut étouffer la lumière, de même rien ne peut empêcher la vérité de se manifester.

– Quelle ironie, murmurai-je. Nous essayons de valider un mensonge à l’aide de la logique et de la raison, et nous finissons par croire en lui. Ceci crée alors notre réalité, et nous vivons cette réalité mensongère jusqu’au moment où nous la reconnaissons comme telle et découvrons enfin la vérité : une lumière dans l’obscurité ! Et c’est ainsi que les gens vivent ! C’est ainsi que je vivais !

Une immense tristesse m’enveloppa. L’Esprit de la Nature m’avait appris à transférer ma conscience de l’espace-temps ordinaire à un univers de possibilités infinies. Qui enseignerait cela aux gens totalement fermés à cette idée ? Combien étaient prêts à explorer un nouveau paradigme au potentiel illimité ? Je pouvais accéder à un état intérieur dans lequel la Nature me parlait silencieusement, sa voix pénétrant directement dans ma conscience ; mais combien de gens sont ouverts à cette possibilité ? Ma tristesse était devenue douleur, une douleur qui augmentait avec mes réflexions et ne ressemblait à aucune autre. Je sentis couler des larmes intérieures, comme si une certaine partie de moi-même versait son sang pour l’humanité.

Viens ! La voix de Seine était impérieuse, et je fus brusquement arraché à ma souffrance intérieure. Il s’éloignait vers la forêt, et je regardais, émerveillé, tandis que la lumière de son Être se mêlait à la symphonie de mouvements à l’intérieur des arbres et se fondait en elle. Il marchait devant moi, tel un grain de poussière brillant au milieu d’un spectre tourbillonnant d’arbres et de lumière. Je le suivais, sans savoir où nous allions et sans m’en soucier. Peu à peu, j’appris à avancer sans effort à travers la forêt, m’intégrant à ce ballet dont le tourbillon, à présent, nous enveloppait. Même si ses jambes se mouvaient à un rythme de marche, Seine semblait glisser et flotter, car le sol sur lequel il marchait se trouvait au moins à trente centimètres au-dessus du mien.

Je tentais de sauter, pour voir si je pouvais atteindre ce ni­veau plus élevé et plus silencieux ; mais cela se révéla impossible.

Pour une raison inconnue, notre allure s’accélérait progressivement et bientôt ma seule préoccupation fut de soutenir ce rythme. Plus vite, toujours plus vite, nous filions à travers la forêt comme des ombres silencieuses. Tout à coup, au moment précis où je m’apprêtais à protester contre cette course folle, je vis Seine s’élever dans les airs, et sauter sans effort au-dessus d’un énorme tronc abattu. Prenant mon élan, je courus aussi vite que possible vers le tronc et effectuai un bond qui, dans des conditions physiques normales, aurait été totalement impossible.

Je sautai par-dessus l’énorme tronc, m’élevai dans les airs, toujours plus haut et retombai finalement de l’autre côté. Il n’y avait plus de sol !

* * *

Je tombais en chute libre, écoutant le cri silencieux de ma propre voix, non pas un cri de frayeur mais de confusion totale. Je culbutais sans fin, à travers l’espace et le temps, la lumière et les ténèbres. Je tombais, tombais, tombais…

Finalement, je suis parvenu à me relaxer quelque peu, à m’abandonner à l’expérience, et à ce moment ma chute s’est ralentie. En-dessous de moi, je distinguais une immense étendue lumineuse, qui était une énergie – je ne vois pas d’autre mot – et dont l’éclat provenait d’une source unique et puissante. Je suis tombé dans cette matrice d’énergie tourbillonnante. Je me suis posé en douceur et j’ai constaté avec stupéfaction que cette masse d’énergie n’était autre que la ferme dont j’avais été propriétaire et où j’avais travaillé voici de nombreuses années, à l’époque où Treenie et moi vivions en Tasmanie.

Je regardai autour de moi, profondément déconcerté et me perçus alors sous la double identité du moi que j’avais été, le fermier et du Soi du Présent. Identifié au fermier, je ne voyais qu’une ferme, avec tous les problèmes s’y rapportant.

En tant que Soi, je percevais la matrice d’énergie lumineuse s’exprimant dans toute la complexité des formes qui constituent une ferme. Je voyais que l’éclairage était programmé au sein d’un dispositif de contrôle non physique. Ce dispositif permettait au fermier-moi de modifier le programme à volonté. Il était aussi la source de la lumière qui illuminait cette immense étendue d’énergie latente, réceptive.

En tant que Soi, je voyais le problème du fermier que j’étais. Celui-ci ignorait tout de la masse d’énergie se manifestant sous forme de vaches, de terres, de pâturages et de toutes les créatures – macro et micro – qui vivent dans une ferme : la Nature ! Dans mon identité de fermier, mes rapports avec la ferme et la Nature, et la perception que j’en avais, étaient purement du domaine physique. Mais le Soi savait que la ferme physique n’était rien de plus qu’un reflet biologique dans un miroir de conscience. Le programme du dispositif de contrôle n’était pas accessible physiquement ; il s’agissait d’une énergie supraphysique.

Le Soi savait que la matrice d’énergie ainsi programmée était la source d’un potentiel infini, illimité ; mais la ferme physique était conçue de façon à ne produire qu’en fonction du réglage du dispositif de contrôle énergétique, source de la lumière. En tant que fermier, j’avais pour tâche de modifier ce réglage tout en ignorant l’existence d’une telle possibilité. Nous étions donc au centre de la ferme, moi sous mes deux aspects : mon Soi, fusion consciente de lumière – mouvement au cœur d’une vaste étendue d’énergie ; et le fermier-moi, un homme physique et « aveugle », qui essayait dans son travail quotidien d’accroître le potentiel productif de la ferme en utilisant des techniques d’exploitation.

Pour parvenir à augmenter la production, le fermier-moi répandait des engrais chimiques dans la matrice d’énergie/ ferme physique. Le Soi voyait que ce procédé déclenchait une réaction dans la masse d’énergie, qui aboutissait à un double résultat : tout d’abord, une augmentation de la production, accompagnée par une vague de discorde dans l’environnement. Ensuite, et en conséquence, une aggravation des diverses maladies de bétail et une séparation encore plus grande d’avec la Nature.

Il n’y avait pas de solution toute faite à ce problème. Appeler Seine à la rescousse était hors de question ! La seule solution était d’entreprendre l’éducation du fermier-moi et de lui faire changer ses méthodes de culture en changeant sa conception de la vie. Aussi, me suis-je mis à l’œuvre, ou du moins ai-je essayé. En tant que Soi, j’ai parlé au fermier-moi, je lui ai inculqué la vérité. Il était réceptif, mais tandis que je murmurais dans son cœur, mes paroles silencieuses furent noyées par le crescendo des pensées négatives qui rugissaient dans son esprit comme un ouragan. Le Soi reçut un choc, car il avait oublié cet aspect du fermier-moi d’autrefois. Je (en tant que Soi) diminuais la pression que j’avais imposée au fermier-moi. Je compris qu’il valait mieux employer la douceur et faire preuve de patience et de persévérance. En outre, il était moi ! C’était l’ironie suprême. J’étais actuellement, en tant que Soi, en train d’instruire le fermier que j’étais près de vingt ans auparavant ! Et dire que j’avais cru autrefois à des illusions solidement établies, tel que le temps !

Identifié au Soi, je voulus pénétrer dans le Tout et titubai sous le choc. Je me suis retrouvé avec le Soi supérieur d’innombrables humains, qui encourageaient leur moi du moment, alors qu’ils s’efforçaient d’accéder au Soi. Certainement le paradoxe des paradoxes. Le Soi supérieur, que moi-même et d’autres comme moi nous nous étions efforcés d’atteindre, n’avait jamais été au-dessus, au-delà, ou dans un avenir lointain ; il était notre véritable identité, ici et maintenant. il fallait un bond quantique, un authentique abandon à la conscience et non un abandon théorique de l’intellect.

Moi, le Soi, me mis à rire. Le temps, quelle importance ? J’avais tout l’avenir devant moi pour Michael, le fermier-moi du passé. En fait, c’est seulement en changeant ce dernier que je pourrais devenir le Soi du Présent ! Si seulement j’avais su – si seulement nous tous pouvions savoir – que la personne que nous sommes actuellement est un composite de nombreux moi qui transcendent temps, espace et séparation. Hors du monde physique, le temps linéaire n’a pas de sens. Les gens sont prisonniers de la croyance selon laquelle notre passé influence notre avenir, alors qu’en réalité, l’inverse est tout aussi vrai. Et la clé de tout ceci, c’est le présent !

J’ai établi la liaison avec mon moi-fermier grâce à Treenie et à la Nature. C’est Treenie qui la première découvrit les mérites de la culture biologique, et c’est avec enthousiasme que j’adoptai cette pratique. Je me demandais souvent comment quelqu’un comme moi, qui à l’école languissait au fond de la classe, pouvait soudain se retrouver avec la capacité de comprendre instantanément un sujet si neuf. Mais pour le Soi, c’était de l’histoire ancienne !

C’est Treenie qui la première a établi une relation consciente avec le troupeau de vaches laitières, phénomène qui allait bouleverser ma propre relation avec le bétail. C’est Treenie qui m’a encouragé à passer un accord avec les diverses formes de vie sauvage à la ferme et à abandonner tout recours à la violence – poison et fusil – dans ma lutte contre les insectes, les parasites et les prédateurs. Treenie était toujours prête à écouter son intuition et celle-ci se développait rapidement.

En tant que Soi, j’utilisai aussi la Nature pour essayer d’atteindre le fermier-moi. Celui-ci éprouvait une haine féroce à l’égard des corneilles noires et les abattait au fusil. Leur habitude d’extraire les yeux du bétail mort ou mourant me révoltait. Une de mes vaches demeurait paralysée après avoir mis bas et du fait qu’elle se trouvait dans un endroit d’accès difficile, je fus obligé d’aller la soigner sur place.

Normalement, j’aurais dû pousser cette vache sur une remorque de tracteur et la ramener à la ferme. Toutefois, à cause des circonstances, je dévalais chaque jour la longue pente qui descendait jusqu’au terrain dénudé sur lequel cet animal un peu stupide, mais que j’aimais beaucoup, avait choisi de mettre bas. Deux fois par jour, je la trayais manuellement et la changeais de position en la faisant rouler. Puis je remontais péniblement la pente et m’en allais poursuivre ma longue journée de travail. Pendant une semaine, la vache donna l’impression d’être en bonne voie de guérison et accepta toute la nourriture que je lui portais. Un matin, avant même d’être arrivé auprès d’elle, je vis qu’elle était morte. Une corneille s’envola nonchalamment de derrière sa tête et je lui lançai une pierre, en proie à une rage inutile.

La vache était allongée sur le flanc, encore chaude, l’orbite vide et sanglant. Le fermier-moi s’est assis et s’est mis à pleurer, à la fois frustré et attristé par cette perte. Je me sentais lésé et vide. En tant que Soi, j’ai dirigé mon savoir dans ce vide, inondant le fermier-moi de paix intérieure. Le Soi sentait ce savoir pénétrer dans mon moi-fermier, dont la vision intérieure s’ouvrit pour l’accueillir.

Le fermier-moi remua sous l’effet d’une étrange évidence. J’avais brusquement pris conscience que les corneilles se rassemblent uniquement autour des vaches destinées à mourir. Au cours de la semaine où j’avais pris soin de cette vache, j’avais noté la présence de corneilles à proximité immédiate. Je repensais à des situations identiques, dans lesquelles d’autres vaches étaient mortes. Oui ! Il y avait toujours une bande de corneilles dans le voisinage, qui attendait patiemment.

Je me souvins de la petite vache jersiaise qui était tombée dans le bas-côté d’un sentier escarpé. Elle souffrait de nombreuses et profondes coupures et s’était en outre déboîtée une épaule. J’avais donné à l’épaule enflée un violent coup avec la plante du pied et elle était revenue en place avec un craquement audible. Si j’avais attendu plus longtemps, cela serait devenu impossible, car l’enflure aurait été trop importante. J’ai traité sur place la vache blessée pendant près de deux semaines, avant qu’elle ne se remette debout en titubant, contusionnée mais vivante. Je me souviens très bien maintenant qu’aucune corneille n’était apparue.

En réalisant cela, le fermier-moi comprit que dans la Nature, tout se sait. La corneille sait que tel animal va survivre et tel autre mourir. Ce savoir lui permet de jouer son rôle. Cette découverte eut pour effet de mettre fin à ma haine fondée sur le jugement. Le bousier enterre la bouse de vache, c’est là son travail. La corneille noire sait quel animal malade ou blessé va devenir charogne avant même de mourir et elle n’emportera l’oeil que quelques instants avant ou après le départ définitif de la vie. C’est avec ce genre de découverte que le fermier-moi s’est ouvert à la Nature et à la vie ; mais ce fut une tâche gigantesque !

Un matin à l’aube, alors que je m’en allais traire les vaches, calme et pensif, je suis monté sur le manège que j’avais fabriqué pour mes enfants. Tandis que je tournais, ouvert et vulnérable, le Soi formula une question nette et précise dans ma conscience de fermier : qui suis-je ? Cette question eut sur moi un effet foudroyant. D’autres survinrent, simples mais profondes : qu’est-ce que je fais sur cette planète ? Qu’est-ce que la vie ? Quelle est ma place et mon rôle dans tout ceci ? Suis-je né uniquement pour travailler, procréer, puis mourir, me demandant à quoi tout cela pouvait bien servir. Qui suis-je ?

J’ai sauté du manège qui tournait encore et suis allé trouver Treenie.

– Cela peut sembler stupide, mais je viens juste de réaliser que j’ignore qui je suis, lui dis-je, partageant mon dialogue intérieur.

– C’est incroyable, dit Treenie, je me suis posée exactement la même question.

– Eh bien, je veux la réponse, et tout de suite, dis-je d’un ton ferme.

Cela fit sourire le Soi. J’étais très impatient. En tout cas, le processus était bien amorcé. Dans la conscience du fermier-moi, l’idée de totalité était en bourgeon et au bout d’un certain nombre d’années, elle était en fleur. Ce ne furent pas des années faciles et il y eut beaucoup de douloureuses leçons ; mais une fois que la graine d’unité eut pris racine, son développement était inexorable.

Le fermier-moi apprit que l’exploitation de la Nature engendrait une dysharmonie qui me conduisait à ma propre chute. J’ai donc appris à me mettre en harmonie avec le rythme et le cours naturel de la vie à la ferme. J’ai découvert que ma ferme avait de nombreux niveaux de réalité. Il y avait la réalité de la ferme physique et celle, aussi, de la ferme sous l’aspect d’une masse d’énergie latente munie d’un dispositif de contrôle supraphysique. L’expérience et l’observation quotidiennes m’apprirent qu’il n’y avait aucun moyen d’accéder physiquement à ce dispositif. J’ai appris à écouter le murmure de mon coeur et non plus les cris de mon esprit. J’ai appris à faire confiance à mon intuition, et le Soi, le maître intérieur, a pu me joindre plus facilement. J’ai demandé :

– Qui a programmé le dispositif ?

– C’est nous, entendis-je répondre dans les profondeurs de mon être.

Dans quel passé possible l’avons-nous fait ? Dans un futur probable. Où se rejoignent le passé possible et le futur probable ? Dans la vaste matrice d’énergie tourbillonnante que nous appelons Nature. Alors, comment accéder au dispositif de contrôle ?

C’était la question que le Soi attendait. Dans la conscience réceptive du fermier-moi émergea peu à peu une vision fabuleuse, un concept grandiose, riche de promesses. Ma conscience entra en expansion : je suis un fermier et cependant je suis Un avec Toute la Vie. Cette ferme n’est pas séparée de moi et elle est tout aussi sensible à mon attitude que le sont mes enfants. Le programme du dispositif de contrôle ne peut être changé que par la puissance de l’amour.

Puis vint le paradoxe. Il y a un moment approprié pour apporter des modifications au dispositif. Le fait que le fermier-moi en avait consciemment réalisé le potentiel ne voulait pas dire obligatoirement que c’était le moment d’en modifier le réglage. Identifié au fermier, je percevais très clairement que ma découverte signifiait la fin de ma carrière de fermier. De même que l’amour pouvait modifier le réglage du dispositif, de même la vérité de l’amour pouvait révéler le moment juste pour le faire.

Le fermier voyait très nettement qu’avant d’en arriver là, il fallait à l’agriculture un nouveau mode d’expression, un mode « holiste ». Ma croissance intérieure ne faisait que commencer !

Treenie et moi avons pris la décision d’arrêter notre activité de fermiers. Ensemble, nous allions nous mettre en quête de la réponse à notre question : qui suis-je ? Nous savions que c’était la clé qui nous permettrait d’accéder, au moment voulu, sur le plan humain, à cette puissance potentielle qui nous attendait patiemment.

Tandis que cette découverte éclatait comme un feu d’artifice dans l’esprit et la conscience du fermier-moi…

* * *

Sous mon aspect de Soi, j’achevai mon saut par-dessus l’énorme tronc et atterris en douceur sur le sol de la forêt. Seine me sourit, avec un regard indulgent et amusé.

– Ouah, Seine ! Quel saut ! Mais pourquoi ?

– Tu as posé une question avec un tel degré de tristesse que tu as suscité cette expérience. Tu as demandé qui allait pouvoir instruire tous ces gens fermés à leur potentiel supérieur. Dans ton identité de fermier, tu faisais partie de ces gens… cependant, tu es devenu ton propre instructeur. L’aide venant du Soi ou d’autres Êtres n’est refusée à personne ; elle est toujours disponible, mais évidemment si tu es fermé et non réceptif, alors tu crées et soutiens ta propre inaptitude.

La lumière qui émanait des arbres et circulait autour de Seine était un vert vivant, dont les pulsations semblaient venir le caresser. J’étais moi aussi entouré par la lumière-du-cœur de la forêt vivante.

– Où étais-je donc quant tout ceci est arrivé ? demandai-je ; mais simultanément, j’avais la réponse.

Tout s’est déroulé dans le bref « non-instant » du saut ; mais en temps linéaire, il s’est écoulé des années. Et je n’étais pas tout seul. La Nature de cette forêt supraphysique était liée à la ferme de la même façon que le Je-du-Présent était lié au fermier-moi d’autrefois. Oh là là ! Nous utilisons le mot Unité comme s’il s’agissait de quelque chose, d’un concept, mais la réalité de l’Unité et ses implications, c’est quelque chose de tout à fait extraordinaire !

Seine s’allongea sur une branche de l’arbre abattu.

– Qu’as-tu appris, Michael ? Que t’a enseigné cette expérience ?

Assis sur le sol de la forêt, je m’adossai contre le tronc et enfonçai mes doigts dans la terre. Oui, c’était réel ! Je lançai un regard à Seine et de nouveau vis passer sur ses yeux la pellicule de lumière qui, étrange effet, en alluma l’éclat argenté. Je pris le temps de rassembler mes souvenirs.

– De nombreuses choses m’ont étonné. Je n’avais jamais songé que nous pouvions être nos propres instructeurs. Le fait qu’un Moi futur puisse venir en aide à un moi passé m’aurait semblé relever de la plus haute fantaisie. Je me souviens si clairement de cet instant sur le manège. La question « qui suis-je ? » avait paru s’imposer de l’intérieur avec une force étonnante, et pourtant je ne pouvais absolument pas imaginer que l’auteur de cette question était mon Moi futur.

– Cette question fondamentale, dit Seine en souriant, ne peut être posée que si la réponse est présente dans la conscience de la personne qui la pose. Ensuite ?

– Une expérience encore plus extraordinaire fut celle de l’Unité. J’ai constaté l’existence d’un fil de liaison entre le fermier-moi, le Soi du Présent, la ferme et toute sa Nature, ainsi qu’entre toutes les dimensions et aspects de l’être qui se trouvaient en jeu.

Les yeux de Seine semblaient étinceler.

– Et as-tu compris ce qu’était ce fil de liaison ?

– Oui, il s’agit de la conscience.

– Excellent.

Seine tendit le bras, me toucha l’épaule, et instantanément nous nous sommes retrouvés dans un parc magnifique. À proximité tombait une cascade qui s’évanouissait à l’intérieur d’un petit arc-en-ciel. J’étais fasciné. L’arc-en-ciel était créé par le jeu de l’eau mais, mystérieusement, l’eau disparaissait à l’endroit précis où cet arc-en-ciel touchait les rochers. Je contemplais ce phénomène, essayant de comprendre.