Guy Saint-Jean Éditeur
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Données de catalogage avant publication disponibles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada.
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Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC
Publié originalement sous le titre Skin deep en 2010, par James Lorimer & Company Limited, Toronto
© 2010 Sandra Diersch and Gerri London, pour l’édition originale en langue anglaise.
© Guy Saint-Jean Éditeur, pour l'édition en langue française, 2016.
Traduction: Nathalie Tremblay
Révision: Fanny Fennec
Correction d’épreuves: Émilie Leclerc
Conception graphique de la couverture et infographie: Christiane Séguin
Photo de la page couverture: © Depositphotos/Prochkailo94
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2016
ISBN: 978-2-89758-191-6
ISBN EPUB: 978-2-89758-192-3
ISBN PDF: 978-2-89758-193-0
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Toute reproduction ou exploitation d’un extrait du fichier EPUB ou PDF de ce livre autre qu’un téléchargement légal constitue une infraction au droit d’auteur et est passible de poursuites pénales ou civiles pouvant entraîner des pénalités ou le paiement de dommages et intérêts.
Imprimé et relié au Canada
1re impression, septembre 2016
Guy Saint-Jean Éditeur est membre de |
Traduit de l’anglais (Canada) par Martin Clavet
Pour Gerri, qui a été la première à me faire découvrir le pouvoir des mots et qui m’a fait confiance pour ce projet bien particulier. Et pour Chris et ma Jenna, avec tout mon amour.
S. D.
Cet ouvrage est dédié à mon affectueux mari Mark, notre fils David et notre belle-fille Rachel, notre fille Dana et son fiancé Dan, ainsi qu’à ma sœur, Sandy. Cet ouvrage est en mémoire de mes chères amies Carol Murphy et Terry Lirenman et de ma très chère tante Belva Kaffeseider.
G. L.
Corinne tira derrière elle la porte de sa chambre et s’y adossa. Elle ferma les yeux sur de nouvelles larmes et fouilla dans la poche de sa veste noire pour trouver un mouchoir. Elle en dénicha un presque sec, avec lequel elle s’essuya les yeux et se moucha le nez. Avait-elle déjà connu pire journée? Elle avait pleuré tout au long de la cérémonie. Durant les hommages funèbres et les chants de la chorale, elle avait enfoui son visage contre l’épaule de son père pour sangloter.
Des bruits provenaient de la cuisine. La voix grave de son père répondait à celle, plus aiguë, de son frère cadet, dans un rythme détendu. Une porte d’armoire grinça en s’ouvrant avant de se refermer avec fracas. Les boutons du four à micro-ondes sonnèrent et quelque chose percuta le comptoir.
Corinne s’éloigna de la porte, accrocha sa veste sur le dossier de sa chaise et traversa la chambre pour se rendre à la fenêtre. Dehors, cet après-midi de mai était clair, trop clair. Les fleurs se balançaient de façon insolente, les oiseaux chantaient. De l’autre côté de la rue, l’enfant d’un voisin jouait seul devant la maison. Corinne pouvait voir tout ce qui se passait, mais avait l’impression d’observer les choses à travers un miroir déformant, comme si elle regardait un film.
Était-ce normal qu’elle se sente déconnectée de tout comme c’était le cas en ce moment? Qu’est-ce que la normalité de toute façon? Rien de ce qui était survenu au cours de la dernière semaine ne semblait normal. En fait, rien de la dernière année ne semblait normal. Le téléphone sonna, interrompant ses pensées. Quelqu’un, en bas, répondit:
— Corinne, c’est pour toi, cria son père.
— Peu importe qui c’est, dis-lui que je rappellerai plus tard, papa. Merci.
Corinne retira ses ballerines noires d’un coup et enfila ses pantoufles bleues miteuses. Elle remarqua une enveloppe brune sur le bureau. Fronçant les sourcils, elle tendit la main pour la prendre. L’enveloppe n’était pas là quand elle était partie ce matin, elle en était certaine.
Corinne s’en saisit et s’assit sur son lit pour l’ouvrir. À l’intérieur, il y avait un carnet relié en cuir qui portait l’inscription «Journal intime» écrite à la main sur le dessus et une petite note pliée en deux. Corinne eut un frisson en découvrant le carnet qui lui était familier. Que faisait-il dans sa chambre? Sa mère savait-elle que Corinne y avait déjà jeté un coup d’œil? Cependant, cela remontait à presque un an, et Corinne n’était assurément plus la même personne.
Les mains tremblantes, elle déplia la note.
Chère Cori,
Il n’est pas facile de savoir quoi te dire, en fait. Il s’est passé tant de choses terribles cette année. Je sais que cela a été difficile pour toi, tu te demandais ce qui se passait, et tu as dû te sentir inquiète et seule. J’ai souvent eu cette même impression, et je me suis dit que peut-être cela t’aiderait de savoir ce que j’ai éprouvé pendant tous ces mois d’incertitude.
Je te laisse donc mon journal intime. J’espère que tu le liras et qu’il t’éclairera. Par-dessus tout, j’espère que tu me verras sous un nouveau jour quand tu auras terminé, et que tu me pardonneras de ne pas avoir toujours été entièrement honnête avec toi.
Je veux que tu saches à quel point je t’aime et suis fière de toi. Tu seras toujours ma belle petite fille, peu importe ce que l’avenir te réserve.
Je t’aime,
Maman
Corinne replia la note en deux et la posa sur le lit. Elle prit le journal intime à contrecœur et l’ouvrit à la toute première page. Elle caressa amoureusement la page lisse en commençant sa lecture. Tout au long de l’exercice, les souvenirs de la dernière année revinrent au galop.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Épilogue
Remerciements
Extrait annabelle
Chapitre 1
8 mai
Je suis allée voir la Dre Samuels pour mon examen annuel aujourd’hui. Elle m’envoie passer d’autres tests. Des examens de «routine» affirme-t-elle. Cependant, quelque chose dans son regard alors qu’elle me disait cela me fait douter…
La foule était rassemblée autour d’une table de pique-nique dans l’aire juste à l’extérieur du terrain de l’école qu’on appelait «la carrière». On entendait des rires et l’humeur était au beau fixe. Les sourires étaient larges sous le ciel de mai. Comme à l’habitude, Jessica Deninsky subjuguait tout le monde par sa beauté divine et la perfection de son sourire. Elle était assise sur la table verte abîmée, une longue jambe croisée sur l’autre, tenant négligemment une cigarette à la main droite, ses boucles blondes flottant autour d’elle. À côté d’elle se trouvait Jacob Harding; tout aussi parfait, tout aussi beau. Corinne aurait pu le regarder toute la journée.
Corinne prit une grande inspiration et expira lentement. Elle mit la main dans sa poche pour attraper le paquet de cigarettes. Commencer à fumer représentait la première étape de cette nouvelle image qu’elle et sa meilleure amie, Romy Singh, cherchaient à projeter. Fumer leur donnait une bonne raison d’aller dans la carrière, que fréquentaient les gars populaires à l’heure du lunch et à la récréation. Ainsi, Romy se rapprocherait de Simon Sidhu, pour qui elle avait le béguin depuis toujours, et Corinne, elle, de Jacob.
Décochant un sourire nerveux à sa meilleure amie, Corinne se faufila à travers l’étroite ouverture dans la clôture et se dirigea vers une table. Aussi nonchalamment que possible, elle tendit une cigarette à Romy et en prit une pour elle-même. Elles en étaient capables.
Les doigts tremblants, elle alluma les deux cigarettes en espérant que Romy ne s’étoufferait pas et ne blêmirait pas comme la dernière fois.
— Je ne crois vraiment pas que ça va nous aider, murmura Romy contre l’épaule gauche de Corinne. Simon n’est même pas là.
— Ça ne fonctionnera pas si nous ne prenons même pas la peine d’essayer, Romy, siffla Corinne en guise de réponse.
— À ton avis, quel produit Jessica utilise-t-elle pour que ses cheveux aient cette apparence? demanda Corinne une seconde plus tard.
Peu importe le temps qu’elle passait à tenter de discipliner ses propres cheveux épais et foncés et d’adoucir sa peau couverte de taches, elle ne serait jamais aussi désirable que Jessica.
— Comment le saurais-je? répondit Romy d’un ton cassant.
Corinne jeta un regard à la longue tresse foncée de son amie.
Au cours des huit années de leur amitié, Romy n’avait jamais coupé ses cheveux. Ils lui tombaient dans le dos, noués en un gros nœud lisse.
— Devrions-nous leur parler? demanda Romy.
En levant les yeux, Corinne remarqua que Jessica l’observait, ses yeux bleus parfaitement maquillés, sa peau impeccable. Corinne lui sourit, en tentant de ne pas songer aux deux nouveaux boutons qui étaient apparus la veille sur son menton, et à son corps qu’elle jugeait imparfait. Elle doutait que Jessica se soit déjà préoccupée de son poids.
Jessica lui fit un petit signe et pencha la tête pour contempler le garçon assis à ses côtés. Corinne regarda, impuissante, Jessica flirter avec un Jacob hâlé et musclé. Il était dans la classe d’anglais de Corinne et, comme elle, il n’était pas très studieux.
— Tu la fumes, dit Corinne en jetant un regard à la cigarette que Romy tenait maladroitement, ou tu la laisses brûler toute seule?
Corinne prit une autre bouffée de sa cigarette. Dieu que ces trucs avaient mauvais goût. Comment pouvait-on s’y habituer? Lorsque la fumée se retrouva dans ses poumons, elle se mit à tousser de façon incontrôlable. Ses yeux s’emplirent d’eau. Sa gorge se referma et la fumée lui brûla le nez. Romy lui donna inutilement des tapes dans le dos. À travers le bruit rythmique des tapes, Corinne pouvait entendre les gloussements et ricanements de l’entourage de Jessica. Son visage s’empourpra.
Repoussant la main de Romy, elle aperçut le petit sourire narquois de Jessica qui prit une autre bouffée de sa cigarette avant de souffler doucement la fumée dans les airs.
— Ça va? lui cria Jessica, d’une voix mielleuse et faussement sympathique. Tu es un peu… verte.
Son commentaire relança son entourage. Moquetoi, dit intérieurement Corinne, ris avec eux. Cependant, sa langue semblait collée à son palais.
— Qu’as-tu fait? éructa une autre voix. Tu les as volées dans le sac à main de ta mère?
Corinne redressa les épaules et se leva. Elle jeta le mégot au sol et l’écrasa du talon de son espadrille.
— Prête, Romy? demanda-t-elle.
— Où allez-vous? Ne partez pas…, se moqua de nouveau la voix alors que les deux filles se dirigeaient vers la clôture.
Jessica et les autres éclatèrent de rire, tandis que Corinne tressaillait.
— Bon, ça va, laissez-les tranquilles, dit une voix masculine.
Corinne releva la tête et vit que Jacob la regardait, un sourire sympathique aux lèvres. Elle le lui rendit avec hésitation en partant avec Romy.
Elles avaient à peine franchi la clôture que Romy attrapa le coude de Corinne pour le serrer très fort.
— C’était… pire que pire, commença-t-elle.
— Je sais, l’interrompit Corinne, libérant son bras. Je sais, et j’en suis désolée.
Elle lança le paquet de cigarettes dans une poubelle en passant.
— C’était tellement gênant, reprit Romy.
Elle arrêta de marcher si brusquement que Corinne faillit la percuter. Levant les yeux, Corinne vit que Simon Sidhu se dirigeait directement vers elles.
— Hé, ça va? demanda-t-il en s’approchant.
— Bien, merci, réussit à dire Romy, les yeux écarquillés.
— Tu es Romy, n’est-ce pas?
Muette, Romy hocha la tête. Corinne donna un coup de coude à son amie.
— Ouais.
Romy braqua le regard sur Corinne.
— Bon, à bientôt, Romy, dit Simon avec un large sourire avant de s’éloigner.
Romy le regarda fixement battre en retraite. Corinne gloussa et tira son amie pour franchir les portes de l’école. Elles se dirigèrent vers les casiers, sans prêter attention au bruit et à la confusion autour d’elles.
— Je ne savais pas qu’il connaissait mon nom, Cori, dit enfin Romy. Il a dû le demander à quelqu’un.
— C’est génial, Rom, dit Corinne, refermant sa case avec fracas et entraînant son amie dans le couloir en direction de leur prochain cours.
— Je ne savais pas qu’il m’avait remarquée. Je veux dire, nous avons un cours d’histoire ensemble chaque jour, mais il est de l’autre côté de la classe et il ne m’a jamais regardée…
— Je te verrai plus tard, Rom, dit Corinne quand la cloche retentit.
Elle poussa doucement son amie dans la classe avant de se diriger dans le couloir vers son cours d’anglais.
En arrivant en classe, elle se laissa choir sur sa chaise dans le coin au fond et regarda fixement la porte. D’autres élèves entrèrent et s’installèrent à leur place respective. La deuxième cloche retentit. Toujours pas de Jacob. Elle venait tout juste de le voir. Il n’allait sûrement pas manquer le cours?
— Sors tes livres, Corinne, lui dit l’enseignante devant la classe, et au boulot.
Corinne extirpa son roman de son sac à dos et le lança sur son pupitre. Elle était censée avoir lu les douze premiers chapitres avant aujourd’hui, mais en avait à peine lu six. Ce devait être le roman le plus ennuyant jamais écrit.
La porte s’ouvrit et Jacob se glissa dans la classe, se laissant tomber sur sa chaise en décochant un sourire coupable à l’enseignante. Corinne relâcha doucement le souffle qu’elle ignorait avoir retenu.
Elle regarda fixement de l’autre côté de la classe en direction de Jacob, examinant comment ses larges épaules remplissaient son tee-shirt, la façon dont ses boucles noires reflétaient la lumière. Il n’avait jamais fait attention à Corinne auparavant. Pourquoi l’avait-il défendue à la carrière? Remarquant le regard mauvais et lourd d’avertissements de l’enseignante, Corinne pencha la tête, pour faire semblant de travailler. Peut-être avait-elle tort. Peut-être avait-elle une chance.
>>>
Romy était déjà près des casiers lorsque Corinne arriva après le dernier cours. Corinne glissa la petite clé argentée dans le cadenas et ouvrit la porte d’un seul coup. Elle lança son sac à dos à l’intérieur et prit son manteau.
— Je ne fumerai absolument plus jamais, Cori, dit Romy.
Corinne claqua la porte de sa case et secoua légèrement le cadenas.
— Non, c’est bien certain. Je crois que nous devrions plutôt nous concentrer sur notre métamorphose, décida-t-elle. Pourquoi attendre les vacances d’été?
Elles sortirent de l’école. Après un hiver froid et enneigé, il faisait enfin bon à Vancouver. Les arbres étaient en fleurs; les tulipes pointaient la tête et Corinne pouvait sentir la liberté – il ne restait que cinq semaines d’école. C’est alors qu’elles pourraient vraiment mettre à exécution leur projet de métamorphose. Nouvelle coupe de cheveux, nouveaux vêtements, nouveau maquillage…, un nouveau look. Elles allaient entrer en quatrième secondaire, n’est-ce pas?
— Peut-être ce week-end? suggéra Romy.
— Je dois d’abord trouver de l’argent, dit Corinne alors qu’elles parvenaient chez elle, mais j’y arriverai.
Saluant Romy de la main, elle entra à l’intérieur. Elle entendit la voix de sa mère au téléphone dans la cuisine tout en gravissant l’escalier pour se rendre à sa chambre. Corinne laissa tomber ses livres sur son bureau et fouilla dans une pile de vêtements sur le plancher de sa chambre jusqu’à dénicher l’album souvenir de l’école. S’écroulant sur son lit défait, elle feuilleta rapidement l’ouvrage pour trouver la page où s’étalait la photo de Jacob. Il est si parfait, songea-t-elle, caressant la petite photographie du bout des doigts, et de toute évidence gentil, plus gentil que ses amis, de toute façon. Était-ce possible qu’il s’intéresse à elle?
Corinne se glissa hors du lit et se tint debout devant son grand miroir. Elle plissa les yeux, tentant d’imaginer ce dont elle aurait l’air une fois la métamorphose terminée. Des cheveux plus courts? Elle releva l’ourlet de son chandail. Assurément de nouveaux vêtements. Elles pourraient aller au comptoir des cosmétiques au centre commercial pour une démonstration…
— Corinne, il faut qu’on se parle.
Corinne fit volte-face. Sa mère était debout sur le pas de la porte de sa chambre, une main sur la hanche, l’autre tenant un petit bout de papier. Le cœur de Corinne s’arrêta.
— J’aimerais que tu m’expliques cette note de l’école. C’est la troisième fois que l’on me parle de travaux non rendus ou de devoirs non complétés.
Qu’est-ce que ça fait que ça soit la troisième note? songea Corinne. C’était son problème, pas celui de sa mère. Cette dernière avait l’habitude de faire tout un plat pour rien. De s’emporter pour quelque chose sans grande importance…
— Que veux-tu que je te dise? s’écria Corinne en repoussant la note. Rien de ce qu’ils nous enseignent dans ce trou ne vaut quoi que ce soit!
— Je ne veux pas entendre tes excuses, Corinne! Tu ne te donnes même pas la peine d’essayer!
Qu’est-ce que tu fais au lieu de faire tes devoirs? Tu clavardes sur Facebook? Tu écoutes ton iPod?
Elle fit une pause en attendant la réaction de sa fille. Corinne la regarda fixement, obstinément muette.
Finalement, sa mère soupira et passa la main dans ses courts cheveux grisonnants.
— Jusqu’à ce que tu termines ces deux travaux et que tu les rendes, dit-elle, et que tu rattrapes le temps perdu dans toutes les autres matières pour lesquelles tu as pris du retard, tu es en punition.
— Ce n’est pas juste! Mon Dieu, tu es si…
Le regard gris acier de sa mère l’empêcha de continuer.
— Chaque après-midi, tu rentreras directement de l’école et ton père ou moi allons vérifier tes devoirs tous les soirs.
— Je ne suis plus une enfant! Je n’ai pas besoin de planifier mes devoirs comme une gamine.
— Apparemment, c’est ce qu’il te faut, dit sa mère.
Elle se leva pour poser le bout de papier sur le bureau de Corinne avant de la regarder de nouveau.
— Lis la note, Corinne. Lis la partie qui concerne les cours d’été. Est-ce là ce que tu désires? Six autres semaines sur les bancs d’école alors que tes amies sont dehors en train de profiter de l’été? Et qu’en est-il de nous? Comment tes cours d’été s’inscriront-ils dans nos projets de vacances?
Corinne ne dit rien, mais fixa sur sa mère un regard mauvais, jusqu’à ce que cette dernière se lève et quitte la chambre, refermant fermement la porte derrière elle. Est-ce que toutes les mères étaient si déraisonnables?
La vie, c’est nul, songea Corinne en s’affalant sur son lit, les écouteurs aux oreilles.
16 mai
L’attente commence maintenant, et je me demande ce qui est pire. C’est presque impossible de continuer normalement avec ce qui me pend au-dessus de la tête. Que cherche exactement la Dre Samuels? Je ne suis qu’une boule d’anxiété et d’inquiétude. Non, mais qu’est-ce que je raconte? En mon for intérieur, je le sais…