Aux mêmes éditions
Dr Jean-Marc EYSSALET - Dr Gérard GUILLAUME - Dr MACH-CHIEU
Diététique énergétique et médecine chinoise
Éditions Désiris, 2005
© Éditions DésIris, 2009
Éditions DésIris
Version papier : ISBN 978-2-915418-15-6
Version numérique : ISBN 978-2-364030-43-5
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Les dynasties chinoises
♦ Dynastie des Xia | 2207-1766 av. J.-C. |
♦ Dynastie des Shang | 1767-1122 av. J.-C. |
♦ Dynastie des Zhou | 1122-221 av. J.-C. |
♦ Dynastie des Qin | 221-206 av. J.-C. |
♦ Dynastie des Han | 206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C. |
♦ Trois Royaumes | 220-265 |
♦ Dynastie des Jin | 265-589 |
♦ Dynastie des Sui | 589-618 |
♦ Dynastie des Tang | 618-907 |
♦ Les Cinq Dynasties | 907-960 |
♦ Dynastie des Song | 960-1269 |
♦ Dynastie des Yuan | 1269-1367 |
♦ Dynastie des Ming | 1368-1644 |
♦ Dynastie des Qing | 1644-1911 |
♦ République de Chine | 1912-1948 |
♦ République Populaire de Chine depuis 1949 |
LA MÉDECINE chinoise ne se limite pas à l’acupuncture, différente de la médecine anatomo-clinique, elle s’inscrit dans le cadre de la pensée chinoise issue du taoïsme. Elle propose un modèle physiologique, énergétique de l’homme, qui lui est spécifique et conditionne sa thérapeutique. Cette thérapeutique, outre les aiguilles et les moxas, utilise des massages, des exercices corporels, une diététique mais surtout une importante pharmacopée. À une époque où l’Occident redécouvre les vertus des plantes médicinales, il nous est apparu utile d’apporter notre contribution et de faire connaître ce riche héritage médical et pharmaceutique que possède la Chine, qui aujourd’hui encore est utilisé à une large échelle et constitue l’essentiel de son arsenal thérapeutique.
L’origine de cette pharmacopée se confond avec celle de la civilisation chinoise, codifiée dans de volumineuses matières médicales, les Ben Cao, dont la plus ancienne est attribuée à l’empereur mythique Shen Nong, le Shen Nong Ben Cao Jing, rédigé sous la dynastie des Han. Avec le temps, les Chinois ont appris à identifier un nombre de plus en plus important d’herbes médicinales et la connaissance de leurs propriétés s’est approfondie. C’est à Li Shi Zhen, auteur du Ben Cao Gang Mu au XVIe siècle, que nous devons la classification des remèdes qui reste de nos jours le modèle respecté par tous les médecins traditionnels chinois. L’expérience ainsi accumulée par la Médecine Traditionnelle Chinoise est riche d’enseignement et actuellement, en Chine, l’effort est concentré sur les méthodes scientifiques modernes d’analyse de ces remèdes, pour en comprendre les modalités d’action et accroître leur efficacité.
Dans notre présentation, nous avons divisé l’ouvrage en trois parties :
La première partie, inspirée de la traduction en collaboration avec Madame Barjeton que nous remercions, du Zhong Yao Xue, Traité de pharmacopée chinoise de l’École de médecine traditionnelle de Cheng Du, complétée par des données du Zhong Yi Ru Men, « Porte d’entrée dans la médecine chinoise », rapporte les données fondamentales indispensables à la compréhension de la pharmacopée chinoise et ses modalités de prescription. Sa spécificité réside dans l’approche énergétique du remède qui a permis d’élaborer la théorie des « Cinq Saveurs et Quatre Natures » sur laquelle repose toute son originalité.
La notion de saveur confère à la pharmacopée chinoise une dimension que n’apporte pas la seule notion de principe actif qui caractérise l’approche occidentale. Ces Cinq Saveurs, Piquant, Acide, Amer, Doux et Salé, présentent une affinité pour un viscère déterminé et un mouvement énergétique particulier qui sous-tend des propriétés pharmacodynamiques qui leur sont propres et conditionnent leurs règles de prescription.
La notion de nature énergétique permet de répertorier et d’apprécier les modalités d’action des remèdes par rapport au Chaud, au Froid, au Tiède et au Frais, répondant à un des grands principes de la médecine traditionnelle qui consiste à prescrire du froid pour combattre les syndromes chaleur et à recourir au chaud pour éliminer le froid.
Nature énergétique et saveur caractérisent chacun des remèdes. Elles définissent leur mode d’emploi en se rappelant que des remèdes de même nature mais de saveur différente auront une action différente, de même que ceux à saveur identique mais de nature différente n’auront pas non plus la même action. La complexité apparaît lorsqu’un même produit possède plusieurs saveurs. À ces deux notions se surajoute celle de point d’impact qui permet de choisir un remède en fonction du système énergétique à équilibrer. Toutes ces propriétés sont fonction de la quintessence Jing, ou principe vital du remède, qui fait qu’elles seront d’autant plus optimalisées, que pour une plante, par exemple, son écologie sera respectée, que ses modalités de transformation ou de prescription seront conformes aux principes énoncés dans la tradition.
La deuxième partie est une présentation de la matière médicale telle qu’elle est enseignée aux médecins chinois dans les Instituts de médecine traditionnelle, elle correspond à la traduction du manuel de pharmacopée chinoise Zhong Yao Xue de l’École de médecine traditionnelle de Cheng Du. Présentée en vingt-deux catégories de remèdes, répondant à la nosologie traditionnelle, elle fait apparaître la place prééminente de la phytothérapie par rapport aux produits d’origine minérale ou animale. Parmi les plantes, les espèces spécifiques de la Chine sont les plus nombreuses. À travers l’exemple de la plus célèbre d’entre elles, le Ginseng, il est aisé de se rendre compte que ses indications en tant que tonique sont plus précises et restreintes que ne le laisse supposer une exploitation commerciale sous-informée et qui se fait au détriment de la plante.
La troisième partie regroupe plus de trois cents plantes et remèdes occidentaux utilisés en Chine selon les règles traditionnelles mais qui ne sont pas toujours des remèdes majeurs. Nous les avons répertoriés dans le Grand Dictionnaire des médicaments chinois, Zhong Yao Da Ci Dian, qui en deux volumes présente 5 767 remèdes dont 4 773 plantes, 740 produits d’origine animale, 82 d’origine minérale et 172 préparations magistrales que la tradition considère comme prescriptions unicistes. Il est intéressant de constater que les plantes se différencient en trois groupes : celles dont les indications recoupent celles connues en Occident, celles dont les indications sont différentes en raison des processus de transformation subis ou d’une partie employée différente, celles qui n’ont pas d’usage médicinal reconnu dans nos pays.
Nous avons tenu à les présenter en vingt-deux catégories superposables à celles que la tradition consacre, conformément à la deuxième partie de ce livre, respectant les contradictions qui pouvaient apparaître pour certains remèdes et qui prouvent à quel point il est difficile d’unifier un système, aussi élaboré soit-il, en l’absence d’une étude systématique à laquelle les techniques modernes doivent contribuer. Nous avons volontairement passé sous silence l’aspect pharmacologique des remèdes étudiés, nous proposant de le réaliser dans un travail ultérieur, pour nous centrer exclusivement sur l’aspect énergétique de ceux-ci. Nous espérons ainsi, à travers la diffusion de l’expérience plusieurs fois millénaire des Chinois, contribuer à enrichir la connaissance des remèdes naturels occidentaux, élargir et affiner leurs indications. S’il nous est permis d’avoir une ambition, ce serait que demain des chercheurs se penchent sur cette notion d’énergie, fondement de la pensée chinoise, et qui pour nous est ce « petit plus » qui, dans l’efficacité thérapeutique d’une plante, fait que le tout est supérieur à la somme des parties.
La médecine par les plantes est née avec l’homme, et l’on peut dire qu’il s’agit d’une des premières manifestations de l’effort de l’homme pour comprendre et utiliser la nature, répondant ainsi à une de ses anciennes inquiétudes : celle qui naît de la souffrance et de la maladie.
Malgré les progrès de la chimie de synthèse et la préparation de nombreux composés artificiels, la chimiothérapie n’a pas détrôné la phytothérapie ; bien plus, la pharmacopée moderne elle-même est redevable de maintes médications à nos lointains ancêtres.
En Chine, la médecine traditionnelle fait partie intégrante du patrimoine culturel et, toujours à l’honneur, elle est à la base même des recherches entreprises dans le domaine de la phytothérapie, confirmant le bien-fondé de ces données traditionnelles.
Traditionnellement, les récits chinois sur l’époque dite « légendaire » attribuent à l’Empereur Jaune, Huang Di, et au Divin Laboureur, Shen Nong, l’introduction de la médecine.
Shen Nong, successeur de Fu Xi, auquel est attribué la découverte des trigrammes et des hexagrammes du Livre des Mutations (Yi Jing), institue l’agriculture. S’accordant avec la légende populaire, chaque jour il devait aller dans les champs, les marais et les forêts, et conduire une recherche sur les plantes, les goûtant chaque fois que cela était nécessaire. Cette légende rapporte qu’il s’intoxiquait 80 fois par jour mais qu’il guérissait toujours.
Le Shen Nong Ben Cao Jing, attribué à l’Empereur légendaire par Tao Hung Jing, fut rédigé sous la dynastie des Han.
L’empereur Huang Di, considéré comme le fondateur de l’acupuncture et de la diététique, est l’auteur légendaire du plus ancien traité d’acupuncture connu sous le nom Huang Di Nei Jing Su Wen (classique de l’Interne).
Grâce aux découvertes archéologiques et aux textes médicaux classiques, les recettes de l’Antiquité chinoise nous sont accessibles et confirment que, sous la dynastie des Shang (1767-1122 av. J.-C.), les Chinois savaient préparer des décoctions de plantes à usage médicinal.
Sous la dynastie des Qin (221-206 av. J.-C.), les recherches sont centrées sur la découverte des plantes conférant l’immortalité.
Dès la dynastie des Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.) apparaissent des médecins qui sont désormais des personnages historiques. Le grand médecin Hua Tuo (110-207 ap. J.-C.) s’intéresse à l’action des plantes et utilise des drogues anesthésiantes avec le MA FEI SEN (chanvre indien) ; on lui attribue également le développement de l’hydrothérapie.
Zhang Zhong Jing (152-219), connu comme l’Hippocrate chinois, est l’auteur de deux traités sans cesse réédités et commentés, le Shang Han Lun (Traité du Froid nocif) et le Jin Gui Yao Lue (Recettes du Coffre d’or).
Le Jin Gui Yao Lue envisage un certain nombre de problèmes pathologiques tels que les maladies digestives et rénales, les rhumatismes, la gynécologie.
Le Shang Han Lun traite des maladies infectieuses et de leur processus d’envahissement en distinguant les 3 Yin et les 3 Yang. 287 formules thérapeutiques sont ainsi décrites et toujours respectées dans la médecine traditionnelle chinoise.
Au siècle suivant, Wang Shu He (210-285) est l’auteur du Traité des pouls, le Mo Jing. En outre, il préconise des mesures diététiques préventives simples : éviter la consommation d’aliments souillés, les excès de nourriture et de boissons, les fritures entre le solstice d’été et l’équinoxe de l’automne pour éviter la transmission des maladies en automne.
Huang Fu Mi (215-286) est l’auteur du premier ouvrage de vulgarisation d’acupuncture, le Zhen Jiu Jia Yi Jing.
Ge Hong (281-341) suggère d’adopter les régimes aux besoins des malades, il insiste sur l’importance de la diététique et l’hygiène sexuelle. Il est l’auteur de deux ouvrages fondamentaux, le Jin Gui Yao Fang (Prescriptions résumées du Coffre d’or) etle Zhou Hou Bei Ji Fang (Prescriptions d’urgence).
Jao Hong Jing (452-536), sous la dynastie Liang, propose un important travail de compilation et de classification des plantes dans le Shen Nong Ben Cao Jing Ji Zhu, en sept volumes, dans lesquels il décrit l’emploi de 365 drogues réparties en trois classes :
– la classe supérieure, soit 120 remèdes, comprend des drogues reconstituantes, fortifiantes, non toxiques ;
– la classe moyenne, soit 120 remèdes, comprend des drogues tonifiantes dont la toxicité dépend du dosage ;
– la classe inférieure, soit 125 remèdes, ne comporte que des drogues toxiques destinées au traitement des maladies.
Dans ce même ouvrage, il est mentionné 170 maladies traitées par les drogues, un aperçu complet de la théorie fondamentale de la pharmacopée reposant sur les quatre natures et les Cinq Saveurs, le caractère toxique ou non des remèdes, leur mode d’administration et la formulation des ordonnances. Dans de nombreux cas, l’action des plantes et le traitement des maladies tels qu’ils sont répertoriés sont toujours, de nos jours, considérés comme exacts.
Sous la dynastie des Sui, les thérapeutiques indiennes influencent le développement de la médecine par les herbes en Chine.
Zao Yuan Fang, sur ordre impérial, autour de 610, compile un traité sur les causes et les symptômes des maladies, le Zhu Ping Hou lun, dans lequel 1270 cas sont étudiés dans le détail.
Sun Si Miao (590-682), sous la dynastie des Tang, est l’auteur de deux ouvrages, le Qian Jin Yao Fang et le Qian Jin Yi Fang.
Sa plus importante contribution concerne la diététique : dès cette époque, il constate que le goitre affecte les populations de montagne et il leur prescrit du varech, des algues, des thyroïdes de cerf et de mouton.
Wang Tao (675-755) est l’auteur du Wai Tai Bi Yao (Livre des secrets médicinaux) dans lequel la pathologie est classée par spécialités : médecine interne, chirurgie, traumatologie, obstétrique, pédiatrie, psychiatrie, ophtalmologie, ORL, médecine vétérinaire, etc.
Meng Xian est l’auteur du Shi Liao Ben Cao, autour de 713, introduction à l’intérêt diététique de la nourriture chinoise.
Su Jing, en 659, propose une révision de l’œuvre de Tao Hung Jing, le Xin Xin Ben Cao, dans lequel 850 plantes sont étudiées.
Chen Cang Qi (713-741) est l’auteur du Ben Cao Shi Yi, dans lequel les plantes médicinales sont classées en dix grandes catégories.
Sous la dynastie Song, l’usage des Ben Cao se généralise, l’administration médicale s’organise.
Wang Wei Yi, autour de 1026, écrit le classique de L’Homme de bronze qui contient la description de 657 points d’acupuncture.
Qian Yi (1035-1117), connu comme pédiatre, est le premier auteur d’un traité sur les maladies des enfants.
Song Ci (1186-1249) rédige le premier traité de médecine légale dans lequel il explique comment déceler un empoisonnement à l’autopsie.
À cette époque, les Ben Cao sont révisés et complétés, plusieurs materia medica sont établies : la materia medica de l’ère Kai Bao, le Kai Bao Ben Cao (974) qui présente 984 drogues, 134 nouveaux remèdes complètent les 850 du Xin Xin Ben Cao ; le Re Hua Zu Zhu Jia Ben Cao : ce travail en vingt volumes présente une revue détaillée des produits médicinaux d’origine végétale, animale et minérale.
Le Jia You Bu Zhu Ben Cao (1057) est un travail de compilation du Kai Bao Ben Ben Cao Shi Liao, Ben Cao Shi Yi, Yao Xing Lun, etc., le Tu Jing Ben Cao qui est une matière médicale illustrée.
Sous la dynastie des Yuan, les différents courants de pensée sont marqués par des médecins comme :
– Liu Wan Su (1120-1200) insiste sur les prescriptions thérapeutiques en fonction des saisons et de la localisation de la maladie dans le Biao ou le Li ;
– Zhang Zi He (1180-1251) développe les techniques de sudorification, vomification et purgation préconisées par Liu Wan Su ;
– Li Dong Yuan (1180-1251) développe la théorie des viscères et insiste sur le rôle de la diététique dans la thérapeutique ;
– Shu Dan Xi (1281-1358) insiste sur le rôle de la sexualité dans la genèse de certaines maladies, en particulier dans l’ouvrage Ge Chi Yu Lun ;
– Hu Si Hui, en 1330, écrit le Yin Shan Zheng Yao, véritable traité de diététique.
Sous la dynastie des Ming, paraît le plus célèbre herboriste chinois, Li Shi Zhen (1518-1593). Auteur du Ben Cao Gang Mu, terminé en 1578, il reste le modèle des médecins traditionnels chinois qui continuent à respecter son enseignement. Dans cet ouvrage, sont répertoriées et classées 1892 drogues : 1094 drogues d’origine végétale, 444 d’origine animale, 275 d’origine minérale et 79 d’origine diverse. Le Ben Cao Gang Mu, le Nei Jing Su Wen et le Shang Han Lun constituent les trois œuvres maîtresses de la médecine traditionnelle chinoise.
Wang Gen Tang (1549-1613) écrit le Liu Ge Zhun Sheng et rédige une prodigieuse œuvre encyclopédique en cent vingt volumes.
Yang Ji Zhou écrit aux alentours de 1601 le Zhen Jiu Da Cheng, qui est un traité complet d’acupuncture.
Zhang Jie Bin publie, en 1624, un commentaire illustré des grands classiques, le Lei Jing Tu Yi.
Wu You Ke (1592-1672), spécialiste des maladies épidémiques et des maladies infectieuses, de l’époque Ming, propose la théorie suivante : les maladies sont dues à des substances pathogènes véhiculées par l’air et à un défaut de résistance de l’organisme. À partir du XVIIe siècle, des éléments de la médecine occidentale sont introduits progressivement en Chine, notamment par les jésuites.
Sous la dynastie des Qing, de nombreux médecins acquièrent une grande renommée, parmi lesquels nous pouvons citer : Fu Jing Shu (1607-1684), Ye Dian Shi (1667-1746), Xie Sheng Pai (1681-1770), Zhao Xue Min (1719-1805) qui publie, en 1765, le Ben Cao Gang Mu Shi Yi dans lequel apparaissent 716 nouveaux remèdes, Chen Xiu Yuan (1752-1823), Wang Jing Ren (1768-1831), Xie Li Heng (1879-1950).
L’époque contemporaine se caractérise par la collaboration étroite entre médecine traditionnelle et médecine moderne, confirmant par là la pérennité des données traditionnelles. La médecine traditionnelle est un long chemin et celui-ci n’est pas encore à son terme…
Les propriétés pharmacologiques des plantes médicinales dépendent essentiellement de la région de production, de la période de récolte, des techniques de cueillette et des modalités de conservation.
La connaissance du calendrier de récolte, des techniques de cueillette et des modalités de conservation doit toujours être présente à l’esprit afin de garantir la qualité des produits et de protéger leur source de production.
La variation de nature et de saveur d’une plante dépend en grande partie de son lieu de production. C’est ainsi que les propriétés de Fritillaria cirrhosa BEI MU sont différentes selon qu’elle provient du Si Chuan ou du Zhe Jiang et il en est de même pour beaucoup de plantes – aussi nombre d’entre elles portent le nom de leur région de production :
– Codonopsis pilosula DANG SHEN provient du Shang Dang,
– Ligusticum wallichii CHUAN QING provient du Si Chuan,
– Fritillaria cirrhosa CHUAN BEI MU provient du Si Chuan,
– Fritillaria thunbergii ZHE BEI MU provient du Zhe Jiang,
– Cinnamomum cassia CHUAN GUI ZHI provient du Si Chuan,
– Phellodendron amurense CHUAN HUANG BO provient du Si Chuan,
– Saussurea lappa GUANG MU XIANG provient de Guang Dong.
Les différentes parties d’une plante (racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits) ont des modalités de croissance bien déterminées et chacune d’elles renferme à des moments précis, en proportion variable, les différents éléments qui conditionnent la qualité de son efficacité. Il en résulte que la récolte des simples doit obéir à un calendrier dont le respect constitue un des principes de la médecine traditionnelle.
• Récolte de la plante entière - CAO
La cueillette de la plante entière s’effectue à maturité lorsque les feuilles sont nombreuses et les fleurs épanouies. Certaines plantes ont la tige coupée à ras du sol : Mentha hapolocalyx BO HE, Leonorus heterophyllus YI MU CAO, Schizonepeta tenuifolia JING JIE… D’autres sont récoltées avec leur racine : Plantago asiatica CHE QIAN CAO, Amblyotropis multiflora DI DING…
• Récolte des racines - GEN
L’emploi des racines permet de mettre à profit l’aptitude de leur QI à monter (SHENG) comme pour Cimicifuga dahurica SHENG MA, Radix pueraria GE GEN. La récolte a lieu lorsque la plante est déjà fanée ou avant l’apparition des premiers bourgeons quand le raffiné se trouve en bas (ex. : Platycodon grandiflorum JU GENG, Gastrodia elata TIAN MA.
• Récolte des tiges - JING
L’énergie des tiges peut monter SHENG et descendre JIANG. Les tiges permettent de régulariser le QI comme Perilla frutescens, Agastache rugosa.
Les tiges se récoltent au printemps, dès l’apparition des jeunes pousses, lorsque le végétal est dans toute sa vigueur, certaines pouvant être cueillies en été comme Pinellia ternata. Les plantes qui comportent de nombreuses tiges doivent être cueillies seulement après une ou deux années de croissance.
• Récolte des feuilles - YE
Les feuilles possèdent un pouvoir dispersant comme Morus alba SANG YE, Nelumbo nucifera HE YE. Elles doivent être cueillies à leur pleine croissance lorsqu’elles sont épanouies, mais jamais après la pluie. Ex. : Eryobotria japonica PI PA YE, Isatis tinctoria DA QING YE.
Il existe des exceptions et certaines plantes sont cueillies au milieu de l’automne, après avoir subi les premières gelées blanches.
• Récolte des ramifications - ZHI
Leur disposition transversale leur confère une aptitude à atteindre les quatre membres, tel Morus alba SANG ZHI. La récolte se déroule en même temps que celles des tiges et des feuilles.
• Récolte des fleurs - HUA
Leur caractère aromatique leur donne un pouvoir dispersant.
En général, les fleurs sont cueillies lorsqu’elles sont encore en boutons ou dès leur éclosion pour éviter la perte de parfum due à la chute des pétales. Ex. Chrysanthemum indicum JU HUA, Lonicera japonica JIN YIN HUA, Sophora japonica HAI HUA, Carthamus tinctorius HONG HUA, qui doit être cueillie lorsque le jaune de la corolle vire au rouge.
Les fleurs doivent être récoltées une à une en tenant compte de leur degré d’épanouissement. Quant au pollen, il est recueilli en pleine floraison.
• Récolte des fruits - SHI
Dans l’utilisation des fruits, on met à profit l’aptitude de leur QI à descendre (JIANG). Ex. : Citrus aurantium, Citrus reticulata blanco.
D’une manière habituelle, la cueillette des fruits a lieu lorsqu’ils arrivent à maturité mais cette règle souffre de nombreuses exceptions. Certains fruits sont récoltés avant mûrissement, d’autres sont mis à mûrir dans un endroit sec et aéré.
Il faut noter que certains fruits se transforment à leur maturité, en particulier ils peuvent éclater pour laisser échapper leurs graines comme Ammomum kravann DO KO. Aussi est-il préférable de les cueillir dès le début de leur maturation.
• Récolte des graines - ZI
Leur usage médicinal met à profit l’aptitude de leur QI à descendre. Ex. : Perilla frutescens SU ZI, Plantago asiatica CHE QIAN ZI.
Elles sont récoltées généralement à maturité.
• Récolte des amandes et noyaux - REN
Les amandes ont un pouvoir humidifiant vers le bas (RUN XIA), elles sont laxatives. Ex. : Prunus armeniaca XING REN, Semen thujae BO ZI REN. Elles sont récoltées à pleine maturité.
• Récolte des nœuds - JIE
Les nœuds favorisent le jeu des articulations, comme Pinus armandii SONG JIE.
• Récolte des germes - YA
On met à profit leur pouvoir dispersant, Oryza sativa GU YA, Hordeum vulgare MAI YA. La germination peut être provoquée artificiellement à tout moment.
• Récolte des épines - CI
Les épines possèdent un pouvoir incisif (GONG) et perçant (CHUAN) qui est utile en médecine. Ex. : Gleditsia sinensis ZUO JIAO CI.
• Récolte de l’écorce - PI
Selon une loi analogue à celle des signatures, l’écorce, pour les Chinois, est réputée agir sur la peau. Ex. : SHENG JIANG PI (Gingembre), FU LING écorce du Poria Cocos. Les écorces d’arbre sont récoltées au printemps ou en été, lorsque la sève est abondante et que l’écorce se détache aisément (ex. : Phellodendron amurense).
L’écorce ne doit jamais être détachée de manière circulaire pour ne pas abîmer l’arbre. Les écorces de racine sont préférentiellement récoltées en automne, saison où les éléments nutritifs de la plante sont en abondance à ce niveau (ex. : Morus alba).
• Récolte du cœur - XIN
Sur le plan médicinal, le « cœur » des plantes permet d’agir sur les viscères comme Phyllostachys nigra ZHU YE XIN, Nelumbo nucifera LIAN ZI XIN.
• Récoltes des lianes - TENG
Les lianes permettent de parcourir les méridiens Jing Luo comme Trachelospermum jasminoides LUO SHI TENG, Piper kadsura HAI FENG TENG.
Ce calendrier des récoltes n’a qu’une valeur indicative, la cueillette devant toujours tenir compte des variations climatiques et saisonnières. Ainsi, elle ne doit jamais se faire par temps de pluie afin d’éviter les risques de moisissures.
De même, les propriétés affectées aux différentes parties de la plante souffrent de nombreuses exceptions :
– la racine de Radix pueraria GE GEN est pleine, elle permet de faire remonter les liquides organiques mais pas l’énergie ;
– la racine de Cimicifuga dahurica est creuse, elle permet de faire remonter le QI mais pas les liquides organiques ;
– la racine d’Achyranthes bidentata est ferme et amère, elle ne possède pas d’effets remontants.
Pour déterminer les propriétés d’une plante, il est donc nécessaire de prendre en considération non seulement la partie utilisée mais aussi sa morphologie, sa couleur, sa nature, sa saveur… et ne pas s’arrêter à un seul critère.
Le principe essentiel à respecter est celui d’une récolte raisonnable qui ne doit pas avoir qu’un objectif à court terme et, pour préserver la source de production, un certain nombre de règles sont à observer.
• Planifier la récolte
La récolte, qui doit permettre de couvrir les besoins immédiats, doit prévoir ceux de l’avenir. Il ne faut récolter que ce qui est nécessaire pour éviter les pertes consécutives à un stockage prolongé.
• Assurer la reproduction
Afin d’éviter une stérilisation progressive, lors de la récolte des plantes, il faut laisser en terre une partie des racines, respecter les jeunes pousses, s’abstenir de ramasser toutes les feuilles en une seule fois…
• Être sélectif
Lorsque les propriétés médicinales d’une plante sont équivalentes quelle que soit la partie employée, il est préférable de ne récolter que la partie aérienne et conserver tout ce qui peut être utile.
La culture des plantes médicinales demande une attention toute particulière, elle doit permettre, selon les circonstances et la demande, d’autres types de production. Les plantes difficiles à cultiver ou rares doivent bénéficier de soins tous particuliers.
En dehors des plantes qui sont employées fraîches, les autres sont séchées et conservées dans des conditions qui permettent de garantir leurs propriétés.
• Le séchage
De la qualité du séchage va dépendre la conservation de la plante. La cueillette terminée, la plante est débarrassée de tout détritus indésirable, puis ses différentes parties sont traitées de manière spécifique. Selon les catégories des plantes, les techniques de séchage peuvent être variables : séchage au soleil, séchage à l’ombre, séchage artificiel.
Le séchage au soleil est la méthode la plus simple et la plus économique, et concerne surtout les racines, les tiges ou les graines. Les feuilles vertes séchées au soleil jaunissent, les pétales de fleurs perdent leur couleur vive, ce qui altère les propriétés médicinales de ces produits. Les plantes aromatiques, pour ne pas perdre leur parfum, ne doivent pas rester trop longtemps au soleil.
Le séchage artificiel à l’ombre s’effectue dans un endroit sec à l’abri du soleil. Il convient particulièrement aux plantes aromatiques.
Le séchage artificiel s’obtient à l’étuve ou dans une chambre de séchage chauffée. Les fruits qui contiennent beaucoup de jus ou les racines riches en sucs doivent être séchés rapidement à une température pouvant atteindre 70 à 90°C.
Les matières aromatiques, les tissus ou organes d’animaux, le placenta doivent être séchés progressivement à température moyenne de 25-30°C.
• La conservation
Au cours du stockage prolongé, les méthodes de conservation doivent éviter toute modification de nature des plantes provoquée par la vermine, les moisissures, les micro-organismes afin de préserver l’intégrité de leurs propriétés pharmacologiques.
Le développement des moisissures et des micro-organismes est favorisé par l’humidité qui peut provenir de la plante elle-même, d’une mauvaise aération du lieu de conservation ou de l’humidité du sol, facteurs qui peuvent accélérer les processus de fermentation ou d’oxydation de certains constituants végétaux. Aussi est-il souvent nécessaire, dans un premier temps, de soumettre les produits récoltés au séchage par le soleil, en sachant qu’un séchage trop prolongé au soleil influence non seulement la couleur mais modifie la nature de ces produits.
Des conditions de conservation dépendent la qualité des plantes médicinales, il importe donc d’éviter tout facteur qui perturberait ces conditions. Dans la majorité des cas, la conservation des produits séchés doit se faire à l’abri de l’humidité, dans un endroit sec et aéré. La conservation dans un endroit frais évite la dissémination des spores, la multiplication des parasites.
La conservation à l’abri de la lumière dans des récipients en porcelaine, en faïence ou en verre teinté, peut être nécessaire pour les plantes qui subissent des transformations chimiques sous l’influence des ultraviolets. La conservation en milieu étanche peut être utile pour les plantes qui s’oxydent rapidement, ou qui contiennent des produits volatils. La désinsectisation des plantes médicinales, si elle est nécessaire, peut se faire par une fumigation au soufre, voire par le recours à un insecticide non toxique.
La conservation des drogues toxiques doit obéir à des conditions strictes de conditionnement afin d’éviter tout accident.
Les produits d’origine animale sont protégés de la putréfaction par la conservation à sec dans des récipients contenant de la chaux.
Si la plupart des remèdes traditionnels ne réclament qu’un minimum de préparation, séchage et découpage pour la préparation de décoction, un certain nombre doit être soumis à un traitement spécifique répondant à des objectifs différents :
– faciliter l’absorption,
– faciliter la conservation,
– réduire ou annuler la toxicité,
– modifier les caractères énergétiques,
– augmenter l’efficacité,
– éliminer les constituants inutiles ou indésirables.
L’extrême rigueur de ces techniques de préparation conditionne la fiabilité des remèdes traditionnels. Ces techniques ont été patiemment élaborées au cours de l’histoire de la pharmacopée chinoise et, de nos jours, elles sont encore strictement observées.
• Neutraliser ou diminuer la toxicité de certains médicaments
Des remèdes tels que Aconitum carmichaeli CHUAN WU, Aconitum kusnezoffii CAO WU ne peuvent être utilisés à l’état naturel en raison de leur grande toxicité.
• Atténuer ou supprimer les effets secondaires indésirables
– Croton tiglium BA BO possède une action purgative violente qui nécessite de le débarrasser de sa fraction huileuse avant l’emploi ;
– Dichroa febrifuga CHANG SAN doit être grillé pour réduire ses effets émétisants ;
– Pinellia ternata BAN XIA, sans préparation, est toxique et irrite la gorge, il est indispensable de le traiter au préalable avec du jus de gingembre.
• Modifier les caractères énergétiques, nature et saveur, des remèdes en fonction des nécessités thérapeutiques
– Rehmania glutinosa DI HUANG : à l’état naturel, sa nature est froide, il rafraîchit le sang ; après cuisson au bain-marie, sa nature devient tiède, il permet de tonifier le sang ; carbonisé, il possède des effets hémostatiques ;
– Polygonum multiflorum HE SHOU WU, à l’état naturel, possède la propriété de favoriser les mouvements de descente ; il est diurétique, après cuisson ce pouvoir diurétique disparaît mais cette plante peut alors tonifier le Foie et les Reins.
• Faciliter la présentation et la conservation
Les matières médicinales obtenues après broyage des plantes, des coquillages, des carapaces d’animaux… sont préparées et diffusées sous forme de comprimés ou de pilules. Certains remèdes nécessitent d’être grillés ou séchés pour éviter toute fermentation et permettre leur conservation.
• Éliminer les parties inutiles ou sans intérêt thérapeutique
Bien évidemment, les plantes avant séchage doivent être débarrassées des impuretés, particules de terre ou de sable, prises dans leurs racines.
Les feuilles de néflier doivent être brossées pour éliminer le duvet qui les recouvre.
Le cœur de Polygala tenuifolia YUAN ZHI doit être enlevé.
La mue de cigale Cryptotympana atrata CHAN TUI doit être débarrassée de la tête et des pattes.
• L’épuration
Elle consiste à obtenir des matières premières débarrassées de toute impureté par tamisage, grattage, brossage…
• La pulvérisation
Pour satisfaire aux besoins de présentation ou d’utilisation, les matières premières sont décortiquées, limées, râpées, broyées…
Par exemple, les coquilles d’huître sont réduites en poudre, les cornes de cerf sont limées et réduites en poudre ou découpées en fines lamelles.
• La réduction
Les matières premières peuvent être découpées en morceaux afin de faciliter le séchage, la conservation, la présentation ou l’emploi.
Ce découpage obéit à des normes précises en fonction des plantes et de leur destination : découpage en tranches fines, ou épaisses, en tranches obliques ou en lamelles…
Ces méthodes de préparation des médicaments reposent sur des techniques traditionnelles rapportées au fil des siècles. On en distingue trois grandes catégories :
– préparation au moyen de l’eau,
– préparation au moyen du feu,
– préparation au moyen de l’eau et du feu.
• Préparation au moyen de l’eau - SHUI ZHI
Cette méthode de traitement des plantes médicinales a pour but de ramollir, de purifier, de régulariser les caractères énergétiques, de réduire la toxicité ou les effets secondaires des drogues.
Différentes techniques sont utilisées : humidification, lavage, trempage, macération, précipitation, lévigation… Nous ne citerons que les méthodes les plus courantes.
♦ Lavage - XI
Il s’agit simplement de laver la plante pour la débarrasser de la terre qui adhère à ses racines.
♦ Lavage à l’eau courante - PIAO
Ce procédé, renouvelé à plusieurs reprises, a pour but de débarrasser les médicaments de leur odeur trop forte ou de leur trop grande teneur en sel.
Exemples :
– Laminaria japonica KUN BU, Sargassum fusiformis HAI ZOU sont ainsi trempées et lavées pour éliminer leur excès de sel ;
– le placenta est soumis au même procédé pour chasser son odeur trop forte.
♦ Humidification - RUN
Cette méthode correspond aussi à l’immersion (FU) ou à la confination (MEN). Elle a pour but de ramollir les plantes en les imbibant progressivement sans entamer leur efficacité, par différents procédés : lavage, trempage, aspersion, imbibition, humidification au grand air ou en milieu clos.
Exemples :
– Schizonepeta tenuifolia JING JIE est humidifiée par aspersion,
– Areca catechu BING LANG est humidifiée par lavage au vin,
– Magnolia officinalis HO PO est humidifiée par imbibition,
– Rheum palmatum DA HUANG est humidifiée dans un courant d’eau, etc.
♦ Trempage - PAO
La plante est mise à tremper dans l’eau pendant un temps suffisamment long pour que l’écorce se détache aisément.
Ex. : Prunus armeniaca XING REN, Prunus persica TAO REN.
♦ Humidification progressive - ZI
Ce type d’humidification permet de ramollir le produit afin de pouvoir le découper en tranches.
♦ Lévigation et décantation - SHUI FEI
Ce procédé consiste à délayer dans l’eau les remèdes réduits en poudre. Les particules les plus denses précipitent immédiatement alors que les plus fines surnagent. La poudre ainsi obtenue est ensuite séchée. Le précipité recueilli est à nouveau broyé et soumis au même processus une seconde fois.
Cette technique est employée pour la préparation de remèdes tels que Cinnabaris ZHU SHU, Calamina LU GAN SHI, Realgar XIONG HUAN.
♦ Macération - JIAN
La macération est une solution obtenue en traitant, pendant un temps plus ou moins long, une plante par de l’eau, du vin, de l’huile, de l’eau de riz, pour obtenir les principes solubles.
• Préparation au moyen du feu - HUO ZHI
La préparation au moyen du feu consiste à mettre les remèdes directement ou indirectement en contact avec le feu en vue de les dessécher, de les jaunir, de les roussir, de les rendre friables ou de les carboniser.
♦ Grillage - CHAO
Selon la nature du médicament ou l’objectif à atteindre, le remède peut être :
– grillé au jaune CHAO HUANG,
– grillé au brun CHAO JIAO,
– carbonisé CHAO TAN.
Les deux premiers procédés permettent de modifier les caractères énergétiques des remèdes. La carbonisation permet de diminuer la toxicité et les effets secondaires de certains remèdes et de renforcer leur pouvoir astringent ou leur action hémostatique.
Pour réduire le caractère irritant de certains médicaments ou pour renforcer leur efficacité, au cours du grillage, il est possible de rajouter de la terre, du riz ou du son. Ainsi, Atractylodes macro-cephala BAI ZHU est grillé avec de la terre, Mylabris phalerata BAN MAO est grillé avec du riz, Poncirus trifoliata JI QIAO est grillé avec du son. Le grillage ou le brûlage avec du talc ou du gravier, procédé appelé TANG, permet d’obtenir des remèdes très friables, ce qui a pour conséquence d’augmenter leur solubilité.
♦ Grillage et imbibition - JIN
Ce procédé consiste à rajouter aux matières médicinales grillées des produits liquides pour qu’ils les pénètrent et les imprègnent afin de modifier leurs caractères énergétiques, renforcer leur efficacité, atténuer les effets secondaires.
Les produits les plus couramment employés sont le miel, le vin, le vinaigre, le jus de gingembre, l’eau de mer, l’urine d’adolescent impubère.
Exemples :
– le pouvoir de tonification d’Astragalus membranaceus HUANQ QI est renforcé lorsqu’on le traite avec du miel ;
– le rôle antitussif de Stemonia japonica BAI BU et du Tussilago farfara KUAN DONG HUA est accru s’ils sont traités avec du miel ;
– le pouvoir de mobilisation du sang de Ligusticum wallichii CHUAN QIONG est augmenté quand on le traite avec du vinaigre ;
– le pouvoir de tonification des Reins d’Eucommia ulmoides DU ZHONG est renforcé quand on le traite avec du sel.
♦ Chauffage ou brûlage direct ou indirect par le feu - DUAN
Cette technique consiste à chauffer les matières médicinales en les mettant directement sur le feu jusqu’à ce qu’elles soient portées au rouge, ou indirectement dans une marmite dont le fond est porté au rouge.
Elle s’applique à la préparation des minéraux, des coquillages, des carapaces d’animaux.
Exemples : Stegodon orientalis LONG GU, Ostrea rivularis MU LI.
Elle a pour objet de les rendre friables afin d’augmenter leur capacité d’absorption.
♦ Torréfaction - PAO
La torréfaction permet de réduire les effets secondaires trop violents de remèdes comme Squama manidis, en les faisant griller dans un récipient jusqu’à ce qu’ils deviennent dorés et se fendillent.
♦ Cuisson sous la cendre - WEI
Ce mode de cuisson consiste à chauffer sous la cendre les matières médicinales enrobées de farine de riz ou enveloppées de papier humide jusqu’à carbonisation de la couche enveloppante.
Il a pour but d’éliminer une partie de l’huile contenue dans ces produits et de réduire leurs effets secondaires.
Le gingembre peut être préparé selon cette méthode, c’est alors le WAI JIANG, de même que Saussurea lappa WEI MU XIANG.
♦ Griller - ZHI
Il s’agit de griller les remèdes tout en les remuant et en ajoutant au fur et à mesure soit du miel, soit de la graisse de mouton ou de bœuf, jusqu’à ce qu’ils jaunissent. Peuvent être ainsi préparés Astragalus membranaceus ZHI HUANG QI, Glycyrrhiza uralensis ZHI GAN CAO.
♦ Séchage à feu doux - BEI
Ce mode de séchage convient à des plantes comme Hirudo nipponica ZHI SHUI, Tabanus bluittatus MANG CHONG.
♦ Séchage à feu très doux - HONG
Chrysanthemum morifolium ZHI JU HUA et Lonicera japonica JIN YIN HUA sont traités de cette manière.
• Préparation au moyen de l’eau et du feu
♦ Cuisson à l’eau - ZHU
Elle consiste à faire bouillir le médicament dans l’eau ou le jus d’une plante médicinale, jusqu’à ce qu’il soit propre à la consommation ou qu’il ait été parfaitement imprégné. Ex. : Daphne denkwa YUN HUA.
♦ Cuisson au bain-marie ou à l’étuvée - ZHENG
Cette méthode de cuisson utilisant la vapeur est employée pour des plantes comme la rhubarbe, pour diminuer son action purgative.
Pour obtenir les effets thérapeutiques recherchés, certaines plantes demandent à être cuites à plusieurs reprises au bain-marie, après séchage au soleil.
♦ Trempage - CUI
Les médicaments chauffés au rouge sont immédiatement plongés dans l’eau ou la décoction d’un autre remède. Ce procédé permet par la suite de briser et de pulvériser plus facilement les produits ainsi traités, le liquide de trempage pouvant également être utilisé à des fins thérapeutiques.
Cette méthode est indiquée pour la préparation de Calamina, Magnétite, Pyrite.
♦ Immersion - TAN
Les matières médicinales sont plongées puis retirées immédiatement de l’eau bouillante. Cette technique est utile pour faciliter la décortication des graines ou pour éliminer leur excès de sucs.
♦ Distillation - JING LIU
Elle a pour but de libérer les principes volatiles recueillis par condensation. Ce procédé est employé pour la préparation des alcools, des huiles essentielles.
♦ Autres procédés de préparation
De nombreux procédés sont encore employés dans la préparation des remèdes traditionnels. Ils ont tous pour objectif d’éliminer leur toxicité, de réduire leurs effets secondaires, de renforcer leur pouvoir thérapeutique et d’assurer une meilleure qualité de conservation.
Parmi ces différentes méthodes, nous pouvons citer la fermentation, la germination, la gélification…
Exemples : germination du riz ou du soja, fermentation de Massa medica fermentata SHEN QU, gélification de la pastèque.
♦ Rôle des adjuvants
– Le vin permet d’accentuer le pouvoir de monter (SHENG) des médicaments.
– Le jus de gingembre permet d’obtenir un effet dispersant (SAN).
– L’eau salée permet de ramollir le dur et d’atteindre les Reins.
– Le vinaigre permet d’obtenir une action astringente et d’atteindre le Foie.
– L’urine d’adolescent permet d’éliminer et de faire descendre le Feu.
– La rinçure de riz permet d’obtenir une action humidifiante et d’harmoniser la région médiane.
– Le lait accentue le pouvoir humectant et engendre le sang.
– Le miel a des effets adoucissants et tonifie la Rate.
– Le grillage avec de la terre permet au remède de parcourir le Foyer Moyen ; traité avec du son, le remède peut tonifier l’Estomac et les Intestins.
– Trempé dans une décoction de Glycine max ou de Glycyrrhiza uralensis, le médicament possède une toxicité moindre.
– Enduire un remède de graisse de mouton ou de bœuf lui facilite la pénétration des os.
Dans la pharmacopée chinoise, les remèdes qui subissent un travail de finissage ou une méthode de préparation spéciale sont clairement indiqués, mais il arrive qu’il faille le préciser notamment en fonction des différences qui peuvent exister entre les régions de Chine.
Exemples :
– Semen coicis cru SHEN YI REN,
– Semen coicis grillé CHAO YI REN,
– Polygonum multiflorum frais XIAN SHOU WU,
– Polygonum multiflorum sec GAN SHOU WU,
– Polygonum multiflorum traité ZHI SHOU WU,
– Pinelia ternata traité au gingembre JIANG BAN XIN,
– Polygala tenuifolia traité selon la méthode ZHI à l’eau SHUI ZHI YUAN,
– Polygala tenuifolia traité selon la méthode ZHI au miel MI ZHI YUAN ZHI.
Les caractères employés pour désigner les végétaux n’obéissent à aucune règle générale. La plante est considérée dans son ensemble et sa dénomination suggère ses qualités ou son lieu d’origine.
C’est à Li Shi Zhen que revient le mérite d’avoir mis plus de clarté dans le système de classification des plantes. Nous pouvons retenir plusieurs critères qui ont servi à la dénomination des plantes médicinales.
• Selon les propriétés des plantes
– FANG FENG Radix sileris plante anti-vent : Fang signifie « défendre », « protéger », « préserver » ; Feng signifie « vent ». Cette plante possède la faculté de traiter tous les phénomènes de type vent.
– YI MU CAO Herba leonuri, « herbe qui nourrit la mère » : cette plante est utile à la mère pendant la période de grossesse et après l’accouchement.
• Selon la saveur ou l’odeur de la plante
– DING XIANG Flos caryophilli, « clou de parfum » : il s’agit d’une plante dont la fleur très odoriférante a la forme d’un clou.
– GAN CAO Radix glycyrrhizae, « herbe douce » : il s’agit de Réglisse dont la saveur est très douce.
• Selon la couleur de la plante
– HUANG LIANG Rhizoma coptidis, « nénuphar jaune » : il s’agit d’une plante à fleur jaune (Huang) et dont les racines s’enchevêtrent (Liang);
– HONG HUA Flos carthami, « fleur rouge » : comme son nom l’indique, c’est une plante dont la fleur a une couleur rose-rouge.
• Selon les particularités saisonnières de la plante
– BAN XIA Rhizoma pinelliae, « moitié de l’été » : Ban signifie « moitié », Xia signifie « été ». Il s’agit d’une plante dont la tubérisation a lieu à la moitié de l’été.
– REN DONG Flos lonicera, « tolère l’hiver » : Ren signifie « résister », Dong signifie « hiver ». Il s’agit d’une plante dont la vigueur lui permet de résister au froid.
• Selon l’aspect de la plante
– GOU TENG Ramulus uncariae, ainsi dénommée car la plante grimpe sur les rochers.
– NIU XI Radix chyranthes bidentate, « genou de bœuf » : cette plante est ainsi dénommée en raison de sa ressemblance avec un genou de bœuf, NIU signifiant « bœuf », XI « genou ».
• Selon la partie utilisée de la plante
– JU HUA Flos chrysanthemi, fleur de Chrysanthème.
– SANG YE Folium mori, feuille de Mûrier.
• Selon le lieu d’origine de la plante
– BA DOU Semen crotonis, Soja du Si Chuan.
– SHU JIAO Fructus capsili, Piment du Si Chuan.
• À la mémoire d’un herboriste
– SHI JUN ZI Fructus quisqualis.
– DU ZHONG Cortex eucommiae.
• Selon la transcription phonétique
– MAN TUO LUO Flos daturae dérive d’un mot indien.
1. Ces remarques ne sont valables que pour les plantes sauvages.
Selon la conception traditionnelle chinoise, l’action des plantes médicinales et des drogues a pour objet :
– d’éliminer les pervers (BING XIE) et les facteurs déclenchants (BING YIN) des maladies ;
– de rétablir l’harmonie des organes et des entrailles ;
– de corriger le déséquilibre du YIN et du YANG qui sous-tend toute pathologie.