INTRODUCTION
Nos objectifs
Les jardins et le sacré
Quelle traduction ?
Aperçu bibliographique
Les flores
La végétation
L’illustration
L’identification des plantes
L’orthographe des noms
Le plan
Remerciements
I. LES ARBRES D’ABRAHAM
Chênes et térébinthes
Le tamaris de Beersheba
Le buisson du mont Moriah
II. LA MALÉDICTION DE SODOME
Des solanées vénéneuses
Les coloquintes
Le concombre d’âne
Le pommier de Sodome
III. LES ASTUCES ET LES CADEAUX DE JACOB
La soupe de lentilles
Une curieuse conception génétique
Les meilleurs produits
IV. AU BORD DES EAUX
Moïse sauvé des eaux
Les roseaux
Les joncs
Le papyrus
Nymphéas et lotus
Les « algues » de Jonas
V. SUR LES CHEMINS DE L’EXODE
Le buisson ardent
L’eau de Mara
Le regret des légumes d’Égypte
La manne
VI. LA CODIFICATION DU SACRÉ
Les herbes amères
La menorah
L’arche d’alliance et le tabernacle
La recette de l’huile d’onction
L’encens composé
VII. LE CÈDRE ET L’HYSOPE
Le cèdre
Les autres « cèdres »
L’hysope
VIII. LES QUATRE ESPÈCES DE SOUKKOT
Le cédrat
Le palmier dattier
Le myrte
Le saule
IX. LE BLÉ ET L’ORGE
Les sept produits
Origine du blé
Origine de l’orge
Comparaison
Les aléas
La moisson
Le dépiquage
La fabrication de la farine et du pain
Liturgie et symboles
Le millet
X. LA VIGNE ET LE VIN
Ancienneté de la vigne
Symbole d’Israël
Les calamités
Quelques paraboles
Le foulage du raisin
Le vin
XI. L’OLIVIER ET L’HUILE
Ancienneté de l’olivier
La paix et la lumière
La vigueur de l’arbre
La récolte des olives
L’huile
Dans les Évangiles
L’« arbre à huile »
XII. LES FIGUIERS
Le figuier commun
Les malédictions
Quelques paraboles
Les gâteaux de figues
Utilisation médicale des figues
Le figuier sycomore
XIII. LE GRENADIER
Origine du grenadier
Le dieu Rimôn
Dans le Cantique des cantiques
Dans la décoration
Toponymes et patronymes
XIV. LES TEXTILES
Le lin
Le coton
Les cordes de Samson
Les colorants végétaux
XV. CHARDONS ET ORTIES
Une malédiction divine
Les fouets de Gédéon
Les scolymes
Le chardon roulant
Le champ du paresseux
Les orties
XVI. LE COFFRE AUX POISONS
La ciguë
L’absinthe
Les jusquiames
Le kikayon de Jonas
XVII. QUELQUES RÉCITS DE CUEILLETTES
Les mandragores ( ?) de Rouben
La famine en Samarie
La purée de mauves de Job
Le pain des proscrits
Le savon végétal
Le « pain » de saint Jean Baptiste
XVIII. FLEURS ET PARFUMS DANS LE CANTIQUE DES CANTIQUES
Le nard
Le henné
Les lis et les roses
Les nitzanim
Le safran
L’aloès
Sous le pommier
La noyeraie
XIX. LE SOUVENIR DES MACCABÉES
Le lierre de Dionysos
Le sang du mûrier
La fleur de Hannouka
XX. LA DÎME DES PHARISIENS
La menthe
L’aneth
Le cumin
La rue
XXI. QUELQUES PLANTES DES ÉVANGILES
Les « fleurs des champs »
L’ivraie et le bon grain
Le sénevé
L’arbre de Judas ?
XXII. LA COURONNE D’ÉPINES
Le jujubier
Le paliure
Le lyciet
La pimprenelle épineuse
L’épine vulnérante
L’astragale à épines
Le calycotome
Le nerprun
Le câprier épineux
INDEX DES TEXTES CITÉS
INDEX DES NOMS DE PLANTES
Photographies de Solange MAILLAT
Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.
© Éditions DésIris, 1999
Éditions DésIris
ISBN 9782364030404
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« Il y a plus à faire à interpréter les interprétations qu’à interpréter les choses et plus de livres sur les livres que sur tout autre sujet : nous ne faisons que nous entregloser. »
MONTAIGNE, Essais (III, 13)
Cette citation de Montaigne – reproche ou constatation ? – semble s’appliquer tout particulièrement à notre travail. La Bible (en grec, biblion signifie « livre ») fut le premier livre imprimé et aucun texte n’a bénéficié d’autant d’éditions, de traductions et de tirages. Et que dire des études et des analyses : combien de livres sur le Livre !
Alors – direz-vous peut-être – à quoi bon ajouter encore un livre à tant de livres ? Est-ce une compilation ? Certes, il est difficile d’éviter la compilation en abordant un tel sujet car il faut bien prendre en compte le bilan des recherches antérieures, mais nos ambitions dépassent cette simple démarche.
Nous avons entrepris de faire le point de la question en langue française dans un domaine où les travaux récents les mieux qualifiés sont rédigés en anglais ou en hébreu moderne.
Pour traiter un tel sujet, on a généralement le choix entre deux solutions :
– ou bien rédiger un ouvrage d’érudition, avec le risque de n’intéresser qu’un public limité ;
– ou bien viser un large public en présentant un livre agréable mais décevant pour les érudits.
Notre objectif est de combiner les deux solutions : les chapitres ne sont pas de simples monographies, c’est une succession de récits, voire d’anecdotes, mais, de temps à autre, le lecteur bénéficie d’une mise au point sur les déterminations controversées, cet ouvrage étant aussi le résultat d’un travail de recherche. Le titre de notre livre est d’ailleurs significatif de notre choix : Les plantes dans la Bible et non pas de la Bible car le récit prime la nomenclature.
Notre livre n’est pas une œuvre engagée : certes, le sujet est un ouvrage sacré mais notre propos est plus scientifique que religieux, ce qui peut déplaire à certains car des exégètes estiment qu’il est vain d’analyser les noms des plantes de la Bible alors que ces noms ont essentiellement une signification symbolique. Au-delà des symboles, il faut tout de même considérer que les prophètes, par exemple, avaient un sens très pratique de leur environnement, des lois de la nature et des réalités agricoles : lorsque Amos évoque son travail de « perceur de figues de sycomores », il s’agit d’un fait précis et non d’un symbole.
À une époque où la religion est souvent avilie par des écrivains ou des cinéastes avides de profit, notre analyse des textes se fait dans le respect des trois grandes religions monothéistes et nous souhaitons qu’elle puisse être lue par des chrétiens, par des juifs ou par des musulmans sans que leurs convictions en soient heurtées. Nous avons aussi le respect de toux ceux qui ont abordé ce sujet, même lorsque nous ne sommes pas d’accord avec certaines de leurs analyses.
Nous souhaitons que ce livre soit utile aux voyageurs et à leurs guides. Notre expérience d’accompagnateurs de groupes nous a révélé une évolution des mentalités. Jadis, les voyageurs étaient des pèlerins qui allaient en Terre Sainte pour se recueillir sur des lieux sacrés. Aujourd’hui, les avions conduisent en Israël des touristes-pèlerins : les chrétiens visitent Nazareth, Bethléem et le Saint Sépulcre, les musulmans vont sur les mosquées de l’esplanade du Temple, les Juifs prient devant le Mur occidental et visitent Safed ou Sdé Boker, mais tous souhaitent aussi connaître un État moderne, Israël, visiter des kibboutz et des musées, voir des paysages (des neiges de l’Hermon aux steppes de Neguev) et parcourir des réserves naturelles.
Le pèlerin souhaiterait retrouver l’image des paysages du passé, à tel point que certains en viennent à regretter le nombre et la dimension des monuments édifiés sur les lieux saints. Cependant, il faut bien se faire une raison car, dans tous les lieux de pèlerinage, on doit accueillir les nombreux visiteurs et célébrer des offices.
Nous regrettons toutefois que, dans les jardins, on n’ait pas respecté l’authenticité botanique : on s’est contenté d’enlever quelques oliviers moribonds pour les remplacer par de vieux oliviers vénérables mais vigoureux.
Pour faire joli, on a orné les jardins de belles fleurs… exotiques ; à Gethsemani, vous pouvez admirer des bougainvillées et des capucines. Le pèlerin peut-il croire que Jésus circulait au milieu de ces plantes d’origine sud-américaine ?
Ces introductions de plantes non bibliques proviennent parfois d’une pieuse intention. C’est ainsi que dans un article de 1933, Schewerin rapporte cette anecdote : lorsqu’il visita le jardin de Gethsemani (c’était avant la Première Guerre mondiale), on lui présenta un pied de févier (Gleditschia tria canthos) comme appartenant à l’espèce ayant fourni la couronne d’épines. Le févier a certes des épines fort acérées mais c’est une espèce d’Amérique du Nord. En l’occurrence, deux plants avaient été apportés dans des pots depuis l’Amérique par deux femmes pieuses venues en pèlerinage et persuadées qu’il s’agissait bien de l’arbre de la couronne d’épines. Une telle piété méritait d’être prise en considération… en dépit de l’erreur botanique !
Il est un lieu, en Israël, où les plantes de la Bible sont en honneur : c’est le Jardin des paysages de la Bible de Neot Kedumin, à Kiryat Ono (près de Modi’in). Dans les diverses parties de ce vaste jardin, on s’est efforcé de recréer des paysages végétaux évoquant des épisodes de la Bible : les chênes et les tamaris a Abraham, les fourrés du Jourdain, l’oasis de Jéricho avec ses palmiers, le pays du lait et du miel, le vignoble d’Esaïe et celui du Carmel, la vallée d’Eshkol, les quatre espèces de Soukkot, les sept grands produits, la colline de la Menorah, le bassin de Salomon, le vallon du Cantique des Cantiques, etc. (Photos p. 9.)
Ce jardin est à la fois biblique et talmudique : son but est de montrer l’enracinement du judaïsme dans la flore d’Israël mais il laisse de côté les Évangiles. Est-ce pour cette raison que les pèlerins chrétiens ne le visitent guère ? Cela est vraiment dommage et nous conseillons aux organisateurs de voyages et à leurs guides de le prévoir dans leurs programmes : ils ne seront pas déçus. Sur place, on peut disposer d’un guide pour la visite et se procurer des documents.
Ce jardin de Neot Kedumin est aussi un centre d’études à la fois biblique et botanique. Son directeur est Nogah Hareuveni dont nous signalons les ouvrages dans la bibliographie.
Notre texte étant émaillé de nombreuses citations de la Bible, il faut préciser quelle est notre traduction de référence. Car il faut bien reconnaître que chaque traducteur a sa version personnelle et on doit considérer qu’il a des droits d’auteur sur son texte. Reproduire tel que un texte traduit par X ou Y relève du plagiat si on ne prend pas la précaution de se contenter d’une brève citation en précisant bien quel en est l’auteur.
Certes, pour certains versets, tout le monde traduit de façon identique mais c’est l’exception. Nous avons décidé d’établir notre version personnelle en comparant plusieurs traductions, notre but étant de rechercher la clarté et de dégager l’esprit du texte plutôt que sa lettre exacte, tout en étant très scrupuleux sur le choix des noms de plantes.
Il nous arrive parfois de citer un texte traduit par X ou Y mais, chaque fois, nous donnons la référence du traducteur et, si nous ajoutons la mention « d’après », c’est que nous avons traduit en français une citation rédigée dans une autre langue ou bien que nous avons introduit dans notre traduction du texte les interprétations botaniques de tel ou tel auteur, nommément cité.
Parmi les traductions les plus récentes de la Bible, nous recommandons celle d’André Chouraqui (Ed. Desclée de Brouwer, 1989). L’auteur a réussi à suivre de très près le texte (en hébreu ou en grec, selon les livres) en soignant la qualité littéraire de sa traduction, notamment dans le choix du vocabulaire. André Chouraqui a aussi publié aux éditions J.-C. Lattès divers ouvrages sur les principaux livres de la Bible en accompagnant sa traduction de solides commentaires.
La plupart des nombreux ouvrages qui ont traité des plantes citées dans la Bible sont rédigés en anglais, en allemand, en hébreu moderne (pour des ouvrages récents) et fort peu en français.
À titre d’indication, la bibliographie du livre de Moldenke contient plus de six cents références de livres ou d’articles : cette bibliographie date de 1951 et, depuis, les publications n’ont pas manqué.
Nous nous adressons au grand public et non aux érudits, c’est pourquoi nous limitons cet aperçu à quelques ouvrages essentiels. Certains ouvrages anciens présentent d’ailleurs peu d’intérêt car leurs auteurs ont cru reconnaître des plantes de la Bible dans la végétation de leur entourage immédiat.
♦ Le livre de Moldenke, Plants of the Bible a deux auteurs : Harold Norman Moldenke et son épouse Aima Lance Moldenke. La première édition, celle de 1952, a été réalisée par Chronica Botanica C°, Waltham Massachussets. L’ouvrage a ensuite été réédité, notamment en 1986 par Dover Publications de New-York. Pour simplifier, nous parlerons de Moldenke, comme s’il n’y avait qu’un seul auteur.
Plants of the Bible un ouvrage dense et sérieux. Les auteurs ont la volonté d’être complets et c’est pourquoi ils accordent une place à des interprétations manifestement erronées, pour dire que leurs auteurs se sont trompés, mais cela alourdit le texte qui est, par ailleurs, encombré de récits et de légendes se rapportant certes aux plantes citées mais tout à fait hors du sujet par rapport à la Bible (par exemple, pourquoi le chardon est un emblème pour l’Ecosse et le poireau pour le Pays de Galles).
Après un aperçu historique fort intéressant, l’ouvrage prend la forme d’un dictionnaire : les plantes se succèdent selon l’ordre alphabétique de leurs noms scientifiques, avec un aspect très pratique mais une vraie difficulté pour les synthèses et les comparaisons.
Deux aspects du Jardin des paysages de la Bible à Neot Kedumin. On aperçoit sur la colline une soukka dont les piliers sont des troncs de palmiers.
Il ne s’agit pas une friche envahie par des chardons. Les scolymes sont là pour illustrer le texte. Ceux de l’été précédent sont secs (photo prise au mois de mars).
Quel contraste entre ce paysage de Galilée (panorama sur la vallée de Jezréel depuis le mont Thabor)
et les paysages désertiques à la végétation clairsemée, réfugiée dans les fonds de midis.
La montagne : le massif de l’Hermon, enneigé au printemps, vu depuis le plateau du Golan.
Aspect de la végétation méditerranéenne dans les collines à l’est de Lod : bois de pins d’Alep et garrigue.
Un très vieux térébinthe isolé dans le désert du Neguev, à l’ouest de Mizpe Ramon. On considère que les térébinthes (Pistacia atlantica) de cette région sont des reliques d’une période où le climat était plus humide.
Chêne du mont Thabor (Quercus ithaburrensis).
♦ En langue française, l’ouvrage le plus utile pour notre sujet est le Dictionnaire de la Bible de Vigouroux (Ed. Letouzey et Ané).
Cet ouvrage est très volumineux car il englobe tous les aspects de la Bible. Pour avoir des renseignements sur les plantes, il faut utiliser l’ordre alphabétique avec le nom de la plante en français. Chaque monographie a son rédacteur, ce qui détermine parfois des divergences d’interprétation d’une monographie à l’autre. La plupart des articles concernant les plantes sont signés E. Levesque. L’ouvrage est ancien mais, de temps à autre, il est complété par des suppléments (le plus récent étant de 1992).
Les interprétations les plus récentes ont été faites par des auteurs israéliens. Les ouvrages de certains d’entre eux (par exemple, V. Feldman et J. Félix) n’ont été publiés qu’en hébreu mais d’autres sont traduits en anglais.
Nogah Hareuveni est l’un des auteurs israéliens. Il est le fils d’Ephraïm et Hannah Hareuveni qui, bien avant la création de l’Etat d’Israël, avaient réalisé à l’Université hébraïque du mont Scopus le Musée de la botanique biblique et talmudique. On leur doit de nombreuses identifications de noms de plantes de la Bible. Nogah Hareuveni a poursuivi leur œuvre et créé le Jardin des paysages de la Bible déjà signalé.
Les ouvrages de Nogah Hareuveni sont écrits en hébreu mais nous citons ci-dessous leur traduction en anglais, en nous limitant aux ouvrages se rapportant directement à notre sujet.
♦ Ecology of the Bible : petite brochure de 50 pages dont la première édition date de 1974 et qui a été suivie de plusieurs rééditions. Il en existe désormais une édition en français.
♦ Nature in our biblical héritage : 140 pages (première édition en 1980).
♦ Tree and shrub in our biblical héritage : 142 pages (première édition en 1984).
Tous ces ouvrages ont été publiés par Neot Kedumin Ltd., PO Box 299, Kyriat Ono, Israël.
Ces livres sont remarquablement illustrés (la plupart des photos sont de Nogah Hareuveni). Chaque chapitre est consacré soit à un texte précis de la Bible, soit à une plante. Dans le livre sur « la nature dans notre héritage biblique », on insiste surtout sur la signification des commémorations religieuses ; dans celui sur « les arbres et les formations buissonnantes », la plupart des chapitres sont consacrés à une espèce déterminée sous la forme de récits plutôt que de monographies.
À Neot Kedumin, on édite également, toujours sur ce sujet, des cartes postales, des petites brochures et des affiches.
♦ Michaël Zohary, Plants of the Bible, 1982, Cambridge University Press, 223 pages. M. Zohary est professeur de botanique à l’Université hébraïque de Jérusalem. L’ouvrage commence par une cinquantaine de pages de généralités qui sont vraiment dignes d’intérêt. Les plantes sont décrites sous forme de monographies : en général, une plante par page, parfois deux ou trois. L’auteur a évité la nomenclature alphabétique en regroupant les plantes par catégories : arbres fruitiers, herbes sauvages, fleurs des champs, chardons et épines, etc. Cet auteur a fait progresser l’identification des plantes de la Bible grâce à des recherches linguistiques.
Parmi les petites brochures illustrées publiées en Israël, et très pratiques pour les touristes, nous retiendrons :
♦ David Daron, Beautiful Plants of the Bible, Ed. Palphot Ltd (47 p.).
Biologiste, D. Daron est réputé comme naturaliste-photographe. Dans cette petite brochure, quatre-vingts espèces sont représentées et chacune est accompagnée d’au moins un texte biblique.
Nous limitons volontairement cette bibliographie à des ouvrages s’intéressant de près aux plantes de la Bible mais, bien entendu, on peut glaner des renseignements utiles dans des guides, des ouvrages de géographie et des encyclopédies telle que le Dictionnaire encyclopédique du judaïsme ou bien le tome IV de l’Encyclorama d’Israël (Ed. Alliance, Paris, 1986).
Le visiteur de la Terre Sainte qui s’intéresse au milieu naturel souhaitera peut-être avoir à sa disposition des flores.
Les flores anciennes présentent l’inconvénient d’être des éditions épuisées ; on ne peut guère les consulter qu’en bibliothèque et, même si vous vous en procurez des photocopies, celles-ci sont très encombrantes, le texte est peu illustré et la nomenclature ne correspond pas toujours aux usages actuels.
Les deux principales flores d’avant-guerre sont :
♦ E. Loew, Die Flora der Juden, 1924 à 1928, Leipzig (4 vol.).
♦ G.E. Post, Flora of Syria, Palestine and Sinaï, première édition en 1893 et seconde édition en 2 volumes en 1932-1933 (Beirut American Press).
La flore scientifique la plus récente est celle de :
♦ M. Zohary, Flora Palaestina, Académie des Sciences et des Humanités, Jérusalem, 1966 (première édition). Un gros ouvrage.
Nous conseillons aux touristes de se procurer en Israël des petites flores illustrées qui ne sont certes pas complètes mais qui permettent la facile détermination des principales plantes. Les textes sont en hébreu mais, dans les ouvrages que nous citons ci-dessous, les noms scientifiques des plantes sont en latin.
Nous traduisons les titres :
♦ U. Plitman, Cl. Heyn, Av. Danin, Av. Shmida, Flore illustrée d’Israël, Ed. Massada, 1982.
♦ Av. Shmida, Manuel des fleurs sauvages d’Israël : Flore des déserts, 1988, Flore méditerranéenne, 1989.
♦ Av. Shmida, Manuel des arbres et arbustes d’Israël, 1992.
Les ouvrages de Shmida sont aux Editions Keter (photos de David Daron).
On peut aussi consulter des flores de pays voisins, par exemple :
♦ P. Mouterde s.j., Nouvelle flore du Liban et de la Syrie, Dar el Machreq, BP 946, Beyrouth (tome 1, 1960 ; tome 2, 1970 ; tome 3, 1980).
La multiplicité des paysages d’Israël détermine la grande diversité de sa végétation. À la charnière de trois continents, la flore a bénéficié d’apports variés : l’influence méditerranéenne est prédominante mais des plantes tropicales africaines atteignent le sud du pays (par exemple, le palmier doum) et les espèces des steppes irano-touraniennes atteignent les zones sèches de l’Est (comme le saxaoul). (Photos p. 10.)
Diversité aussi due au relief avec, au nord, des montagnes dépassant 2 000 m (l’Hermon atteint 2 224 m en territoire israélien, avec une station de sports d’hiver, et 2 700 m d’altitude au Liban) et, par ailleurs, la zone du monde la plus basse en altitude (mer Morte : – 400 m). (Photo p. 11, haut.)
Diversité des roches : les roches calcaires entrecoupées de marnes prédominent dans les collines mais, par endroits, les roches anciennes apparaissent, notamment celles du socle arabo-nubien dans la région d’Eilat. Et des roches volcaniques récentes jalonnent parfois la bordure du grand fossé d’effondrement (le sillon vallée du Jourdain – mer Morte – Arava et mer Rouge).
Diversité climatique : les précipitations diminuent du nord au sud : près de un mètre en haute Galilée et moins de 30 mm à Eilat, c’est-à-dire des différences considérables.
Contraste aussi de précipitations entre l’Ouest et l’Est : 500 mm sur la plaine côtière dans la région de Tel Aviv mais 200 mm seulement à Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Le contraste est très net de part et d’autre de l’épine dorsale des reliefs du centre (ce sont des reliefs dissymétriques, plus abrupts en général vers l’Est en raison du fossé d’effondrement). À Jérusalem, le contraste est particulièrement net : des garrigues à l’ouest mais, à l’est, c’est le désert de Judée, une steppe en « peau de panthère ».
Le contraste est aussi net entre les saisons car, en Israël, la saison sèche dure la moitié de l’année, entre mai et octobre, les températures accentuant la sécheresse.
La végétation méditerranéenne prédomine dans toute la partie essentielle du pays, celle des grandes villes. (Photo p. 11, bas.)
À l’état naturel, cette région devait être couverte de forêts, plus particulièrement de chênes : le Chêne commun à feuilles persistantes (Quercus calliprinos) accompagné d’autres arbres tels que le Térébinthe de Palestine (Pistacia palaestina) et le Caroubier (Ceratonia siliqua) mais aussi (surtout sur la plaine côtière) des forêts de Chêne du Thabor à feuilles caduques (Quercus ithaburrensis). Présence également de pinèdes de Pin d’Alep (Pinus halepensis).
La mise en culture, l’exploitation du bois et le pacage ont déterminé la disparition de ces forêts dont il ne subsiste que des vestiges. À leur place et sur les reliefs non cultivés se sont développées des formations buissonnantes : garrigues ou maquis avec des plantes telles que les cistes et les lentisques.
Les bords des cours d’eau constituent encore par endroits des sortes de forêts galeries avec des saules, des peupliers et des tamaris.
En s’élevant en altitude dans le Nord, c’est la flore des montagnes qui apparaît avec quelques plantes rares comme les pivoines du mont Méron et aussi des espèces communes ailleurs mais ici localisées en altitude : le Prunier sauvage (Prunus ursina), les Sorbiers, l’Azerolier, etc. Ces plantes intéressent les botanistes mais ne sont pas concernées par la Bible. Toutefois, c’est dans ces montagnes que l’on peut observer les arbres de la « gloire du Liban », par exemple certains Genévriers (Juniperus oxycedrus, drupacea et excelsa), mais le Cèdre du Liban et le Sapin de Cilicie sont aujourd’hui absents, à l’état sauvage, du territoire israélien.
Les zones sableuses, et plus particulièrement les dunes des régions littorales, ont leur végétation propre avec des plantes d’intérêt biblique telles que la Passerine (Thymelaea hirsuta) et le « Genêt » à fleurs blanches (Rétama raetam).
Les steppes présentent une très grande variété du fait des différences dans la nature des sols et du degré plus ou moins grand d’aridité. À chaque printemps, des plantes annuelles s’y développent rapidement mais la végétation est surtout constituée d’espèces buissonnantes clairsemées. Sans entrer dans le détail des diverses associations végétales, citons simplement quelques plantes vivaces bibliques : steppes à Pimprenelle épineuse (Sarcopoterium spinosum) et steppes à Armoises (Artemisia herba-alba sur les sols gris du Nord du Neguev). Çà et là dans ces steppes, quelques arbres apparaissent : des Tamaris, en général dans des fonds de vallon, et parfois même des Térébinthes de l’Atlas (Pistacia atlantica), par exemple en altitude dans le Neguev, près de Mizpe Ramon.
Le milieu des sols salins constitue un cas particulier. Par endroits, ces sols sont totalement dépourvus de végétation : c’est le cas du « désert de sel » au voisinage de Sodome : la teneur du sol en « évaporites » y est telle qu’aucune plante ne peut y pousser. Cependant, en général, ces sols portent une végétation halophile offrant quelques ressources de survie grâce aux Salicornes et à l’Arroche (Atriplex halimus).
Dans les vrais déserts, dont la présence se limite au tiers sud-est du pays, la végétation se réfugie dans le fond des wadis asséchés où survivent des plantes vivaces à feuilles réduites ou absentes ; elles ont de très longues racines qui leur permettent de rechercher en profondeur leur alimentation en eau. Les seuls arbres de ces wadis sont presque toujours des Acacias (Acacia tortilis et raddiana). Par endroits, des résurgences font naître des oasis.
Dans ces zones arides, de violentes averses peuvent parfois se produire et le visiteur est toujours surpris de voir en bordure des routes les jalons qui permettent de mesurer des hauteurs d’eau. Effectivement, ces averses brutales sont très dangereuses.
De temps à autre, des pluies font naître une végétation d’éphémérophytes, c’est-à-dire de plantes qui en quelques jours germent, fleurissent, produisent des graines et se dessèchent.
La Bible elle-même est le reflet de cette diversité de la végétation car chaque livre a sa flore.
La végétation du Pentateuque est surtout celle des steppes et des déserts du fait des migrations d’Abraham (de la Mésopotamie à l’Égypte et de l’Égypte au pays de Canaan), ainsi que de l’errance de Moïse conduisant les Hébreux dans les déserts.
La végétation des Prophètes est surtout celle de la Terre Promise et plus particulièrement de la Judée.
Dans les Évangiles, on évoque surtout la végétation de la Galilée, lieu de séjour et de prédication de Jésus-Christ, et même tout particulièrement la végétation des alentours du lac de Tibériade.
Au cours de nos voyages, nous avons pris de très nombreuses photos sur le terrain, en Israël, et, dans un souci d’authenticité, nous avons choisi les illustrations de cet ouvrage parmi ces documents.
Nous n’avons pas cherché à représenter toutes les espèces citées. Les auteurs qui veulent être complets pour l’illustration sont obligés de s’adresser à des agences mais, lorsque celles-ci ne disposent pas du document exact demandé, il leur arrive de vendre de l’à-peu-près : il est facile, lorsque l’auteur demande une photo d’arbre ou de plante buissonnante, de fournir une photo prise de loin et sur laquelle on ne peut établir une détermination précise.
En matière d’illustration, nous tenons à préciser que les ouvrages de N. Hareuveni, déjà cités, sont d’une qualité remarquable.
Il s’agit là d’un problème très délicat.
Pour les textes originaux en grec, l’identification est relativement facile et, cependant, les spécialistes ne sont pas toujours d’accord pour affirmer que tel nom grec désigne bien telle plante précise.
Pour les textes écrits en hébreu, donc la quasi totalité de l’Ancien Testament, les identifications sont souvent très controversées. Certes, pour certains noms précis, tout le monde est à peu près d’accord pour affirmer, par exemple, que shittah signifie « acacia » ou zahit, « olivier » – mais par ailleurs, que d’incertitudes !
Pour en donner une idée, voici quelques traductions d’un verset d’Esaïe (XXXIV, 13).
Traduction Bible du rabbinat (Ed. Sinaï, Tel Aviv) :
« Ses palais seront envahis par les broussailles, ses forteresses par les orties et les chardons. »
D’après Oltramare :
« Les épines croîtront dans ses palais, des orties et des ronces dans ses forteresses. »
D’après Hareuveni :
« Les pimprenelles épineuses (Sarcopoterium spinosum) pousseront dans leurs palais, l’ammi et le scolyme dans leurs forteresses. »
Traduction Chouraqui :
« En ses palais montent les pimprenelles, la bardane, le vinettier dans ses forteresses. »
Dans certaines de ces traductions, on indique des noms de plantes très précis… mais qui ne sont pas les mêmes selon les auteurs.
Autre exemple, cette fois avec des noms d’arbres et pour un autre verset d’Esaïe (XLI, 19).
Traduction Bible de Jérusalem (Ed. Desclée de Brouwer) :
« Je placerai dans la steppe pêle-mêle le cyprès, le platane et le buis. »
D’après l’édition américaine de Goodspeed :
« Je mettrai dans le désert le cyprès, le platane et le mélèze ensemble. »
D’après Moffatt (The Old Testament, a new translation, 1925) :
« Je mettrai dans le désert le sapin, le platane et le cyprès ensemble. »
D’après Moldenke :
« Je mettrai dans le désert le sapin, le pin et le buis ensemble. »
Traduction L. Segond :
« Je mettrai dans les lieux stériles le cyprès, l’orme et le buis tous ensemble. »
Traduction Darby :
« Je mettrai dans le lieu stérile le cyprès, le pin et le buis ensemble. »
D’après Hareuveni :
« Je mettrai dans le désert le genévrier, l’érable et le cyprès ensemble. »
D’après Zohary :
« Je mettrai dans le désert le cyprès, le laurier-tin et le pin ensemble. »
Traduction Chouraqui :
« Je mets dans la steppe le cyprès, le pin et l’if ensemble. »
Voilà de quoi être plongé dans la perplexité.
Certes, il est évident que certaines traductions ne conviennent pas du tout : mélèze, sapin, if par exemple.
Mais le plus inquiétant est de constater la différence totale d’appréciation entre Hareuveni et Zohary, tous deux botanistes israéliens de grande réputation et très compétents en recherche biblique.
C’est dire toute la difficulté dans l’interprétation des noms de plantes dans la Bible.
On ne peut guère tenir compte des noms vernaculaires portant des références bibliques. Partout dans le monde, on a pu constater que telle ou telle plante pouvait être mise en relation avec la Bible, très souvent de manière purement symbolique. L’exemple le plus typique est celui des passiflores qui sont des lianes tropicales (américaines pour la plupart). Certains descripteurs ont cru déceler dans ces « fleurs de la passion » une multitude de symboles chrétiens.
Aux États-Unis, on donne le nom d’Aaron rod (« bâton d’Aaron ») à une légumineuse à fleurs jaunes (Thermopsis villosa), de Jacob’s ladder (« échelle de Jacob ») à une très belle plante à fleurs bleues (Polemonium pulcherrimum) et de Cruxifixion thorn à un arbuste fort épineux des régions désertiques (Holocantha emoryi).
Bien entendu, aucune de ces plantes n’est présente dans le Proche-Orient.
On peut remarquer la présence de noms bibliques (en hébreu ou en grec) dans les noms scientifiques de plantes.
La raison en est que le naturaliste Linné – à qui l’on doit la majorité des noms de plantes de nos régions – s’était beaucoup intéressé à l’identification des plantes citées dans la Bible. Il envoya en Terre Sainte deux de ses disciples, Hasselquist et Förskall, afin d’avoir des renseignements sur la flore de cette région. Dans une longue lettre à la Commission royale suédoise de la Bible, Linné a suggéré de nombreuses identifications.1
Ces noms scientifiques nous indiquent simplement l’interprétation de Linné et il ne faut pas les considérer comme une réalité bien démontrée, d’autant plus que certaines de ces plantes sont absentes d’Israël ; c’est le cas, par exemple, de son absinthe (Artemisia absinthium) ou de sa « pomme de Sodome » (Solarium sodomaeum), et nous aurons l’occasion d’analyser d’autres exemples.
Bien entendu, en hébreu moderne, les plantes ont un nom et, souvent, ce nom se retrouve dans l’hébreu ancien des textes de l’Ancien Testament. Cela ne signifie pas que l’identification est incontestable.
Pour de nombreux noms de plantes, on a sollicité l’avis de botanistes. C’est ainsi que Loew – dont nous avons cité la flore et qui avait publié en 1881 Aramaeische Pflanzennamen (une étude sur les noms araméens des plantes) – est à l’origine de certains noms de plantes de l’hébreu moderne.
Les noms d’hébreu moderne que nous citons sont tous tirés des flores israéliennes mais il peut exister par ailleurs – et même localement – des noms vernaculaires.
Un nom actuel, identique à un nom de la Bible, n’a pas forcément le même sens : c’est le résultat d’une interprétation qui n’est parfois qu’une hypothèse. C’est ainsi que le mot oren () désigne le « pin » en hébreu moderne. Dans la Bible, ce mot n’apparaît qu’une seule fois dans un verset d’Esaïe (XLIV, 14) dans lequel le prophète montre que les idoles en bois ne sont que des œuvres humaines créées par des sculpteurs. On traduit en général oren par « pin » mais sans aucune certitude ; on justifie ce choix par le fait que cela correspond à la traduction grecque et on suppose que les Grecs pouvaient assez bien connaître des noms hébreux car la langue hébraïque n’avait pas encore complètement disparu comme langue parlée à l’époque hellénistique.
Cependant, Zohary, en s’appuyant sur des arguments linguistiques, estime que le mot oren doit probablement s’appliquer au laurier.
Tous ceux qui veulent faire progresser l’identification des noms de plantes de la Bible orientent leurs recherches vers des comparaisons linguistiques, compte tenu du fait que l’hébreu est une langue sémitique, donc une langue « trilittérale », dans laquelle l’ossature des mots est constituée par des racines de trois consonnes, chaque racine exprimant une idée générale.
Un térébinthe (Pistacia palaestina) devant la basilique du mont Thabor.
Tamaris en fleurs.
Le gattilier (Vitex agnus-castus).
Non, ce ne sont pas des tomates en train de mûrir et Linné a donné le nom de Solanum sodomaeum (“de Sodome”) à cette solanée toxique d’Andalousie.
La première comparaison qui vient à l’esprit est celle des noms arabes et, comme la langue arabe a une grande diversité dialectale, un nom utilisé seulement dans une petite partie du monde arabe peut mettre sur la voie.
Il faut tenir compte aussi du fait que la diaspora juive de l’Antiquité (par exemple les transferts de population réalisés par les Assyriens après leur conquête de la Samarie) a pu introduire dans des régions fort éloignées d’Israël (Kurdistan, par exemple) des noms de plantes de l’hébreu ancien.
Les érudits analysent les noms araméens et plus anciennement encore acadiens mais, comme le fait remarquer Zohary, l’hébreu est plus utile pour identifier les noms de plantes en acadien que l’inverse.
Les recherches s’étendent même à des langues telles que le sumérien ou l’ancien égyptien car les hébreux ont parfois emprunté des noms à des langues non sémitiques : il ne faut pas oublier, d’une part, qu’Abraham est originaire de Chaldée et, d’autre part, que les hébreux ont longtemps séjourné en Égypte.
Toutes ces recherches ont fait progresser les connaissances mais de nombreuses identifications ne sont que des hypothèses et celles-ci varient selon les auteurs.
De plus, il ne faut pas oublier que ceux qui ont mis en écrit les textes bibliques (et, pour certains livres, après une longue période de transmission orale) n’étaient pas des botanistes. Les noms qu’ils utilisent et auxquels on voudrait attribuer une identification très précise pouvaient avoir un sens assez général, comme c’est le cas en français pour des termes comme herbe, graminée, céréale, conifère, chardon, salade, aromate, poison, etc.
Seuls, quelques prophètes – et nous pensons plus particulièrement à Esaïe – avaient un sens profond de l’observation de la nature et leur vocabulaire botanique est assez diversifié.
Nous avons tenu compte en priorité de la transcription en caractères latins en Israël même (par exemple pour les noms de lieux). Or, les Israéliens prennent la langue anglaise comme référence de prononciation.
Résultat : pour les noms chuintants, nous écrivons sh (pour la lettre shrin) au lieu de ch mais comment faire autrement lorsque les guides rédigés en français écrivent Sharon ou Shefela ? Malgré notre réticence à utiliser le sh anglais, nous avons bien été obligés de procéder ainsi.
Autre problème : les sons gutturaux représentés essentiellement par le heth et accessoirement par le aïn, mais la langue française ignore les sons gutturaux que l’on retrouve dans des langues telles que l’arabe (le ha) ou le castillan (la jota) ou le h chinois dans la transcription en écriture pinyin.
Dans certains ouvrages, on transcrit le heth par kh et il nous arrive de le faire dans certains cas, pour tenir compte d’orthographes consacrées par l’usage, mais il se trouve que dans les écrits diffusés en français et dans les milieux israélites, on se contente en général de représenter le heth par un h (on écrit Hannouka et non Khannouka). Quelquefois, on a recours à un artifice typographique : Chouraqui souligne le h français afin de distinguer le heth guttural par rapport au hé, ce que nous n’avons pas fait.
Le lecteur doit savoir que la lettre h, surtout placée au début d’un mot, peut exprimer un son guttural.
Les consonnes telles que c, k et q sont représentées en hébreu par le kaph (sous deux formes) et le qoph. On a souvent l’habitude de représenter le kaph par un k et le qoph par un q mais nous avons évité (sauf, là aussi, pour quelques orthographes consacrées par l’usage) d’utiliser la lettre q car, en français, elle est très souvent suivie de la voyelle u. Presque toujours, nous utilisons donc la lettre k (et quelquefois la lettre c pour un kaph adouci).
Le phé est assez souvent représenté par ph, comme dans les mots d’origine grecque mais, en général, nous avons préféré utiliser la consonne f et nous écrivons tsafsafah (« peuplier ») plutôt que tsaphsaphah.
La prononciation u n’existe pas en hébreu et notre utilisation de cette voyelle se fait presque exclusivement dans des diphtongues : ou ou ue (exemple : Ein Guev).
Reste le problème des noms exprimant la notion de divinité : problème de vocabulaire plutôt que d’orthographe à proprement parler.
Nous avons adopté pour l’Ancien Testament une solution simplifiée en désignant le Dieu unique par « l’Éternel ». Les quatre lettres du Tétragramme I.H.V.H. (d’où les transcriptions Iaveh et Jehovah) dérivent de la racine hava (« être ») et on peut considérer que le Tétragramme signifie « Celui qui fut, qui est et qui sera », ce qui justifie la traduction « l’Éternel ».
Par ailleurs, El signifie « Dieu » dans toutes les langues sémitiques (cf. Allah) ; la forme Elohim est un pluriel : si le verbe dont il est le sujet est au singulier, le nom concerne le Dieu unique d’Israël.
Autres noms utilisés : Adon (« Maître », Adonai (pluriel), Yah, etc.
Pour en savoir davantage, se reporter à certains ouvrages d’A. Chouraqui (Ed. J.-C. Lattès) tels que Noms (Exode) ou Au désert (Nombres) contenant un document annexe intitulé Les noms divins dans la Bible.
Nous avons adopté comme principe d’éviter, dans la mesure du possible, de citer la même plante dans des chapitres différents – ce qui rend impossible un plan qui suivrait l’ordre des livres de la Bible, la même plante pouvant être citée à la fois dans le Pentateuque, dans des livres prophétiques et dans les Évangiles : c’est le cas, par exemple, de l’olivier.
Pour chaque plante, nous avons choisi le chapitre qui nous paraissait convenir le mieux.
Exemple : étant donné que le Jujubier sauvage porte le nom scientifique de Zizyphus spina Christi, nous avons estimé que sa place était dans le chapitre intitulé La couronne d’épines mais cet arbre est cité aussi dans l’Ancien Testament et il était nécessaire de le rappeler à l’intérieur de ce même chapitre.
En renonçant à suivre l’ordre des livres de la Bible, nous avons tout de même essayé de tenir compte d’une succession chronologique.
Nous commençons par le patriarche Abraham puis nous évoquons la malédiction de Sodome et le chapitre suivant est consacré à Jacob. On en arrive ensuite à Moïse et c’est d’abord l’occasion d’un chapitre intitulé Au bord des eaux (Moïse ayant été « sauvé des eaux »). De là, on arrive tout naturellement à l’errance dans le désert et à la codification du sacré qui ne se limite pas au chapitre ainsi nommé car les deux chapitres suivants peuvent être considérés comme faisant partie, eux aussi, de la codification du sacré : le cèdre et l’hysope, associés dans une prescription du Lévitique, et les quatre espèces de Soukkot.
Le texte du Deutéronome sur les Sept Produits est l’occasion de l’introduction de plusieurs chapitres concernant les plantes cultivées et, tout naturellement, se place ensuite le chapitre sur les textiles qui traite de plantes cultivées ne faisant pas partie des Sept Produits.
Les quatre chapitres qui suivent pourraient sans inconvénient majeur être permutés entre eux. Dans ces chapitres, les principaux textes cités concernent les livres des Juges, des Rois et des Prophètes, mais ils commencent souvent par des textes de la Genèse.
Le chapitre 18 est consacré au Cantique des cantiques, un des derniers livres de l’Ancien Testament.
Les livres des Maccabées ne font pas partie de certaines Bibles. Cependant, dans un bref chapitre, nous citons des plantes dont le nom apparaît seulement dans ces livres.
Les chapitres suivants concernent plus particulièrement le Nouveau Testament, le dernier étant intitulé La couronne d’épines.
Enfin, deux index complètent cet ouvrage et permettent de retrouver rapidement les textes et les plantes cités.
Nous tenons à remercier Mme Monique-Lise COHEN qui a revu de près notre texte. Son érudition biblique nous a permis quelques compléments et des rectifications. Mme Cohen a publié plusieurs ouvrages sur le judaïsme et particulièrement Les Juifs ont-ils au cœur ? (Ed. Vent Terrai, 1992).
1. Cette lettre a été publiée par Fries en 1907, dans un ouvrage en suédois consacré aux écrits de Linné.
A L’ÉPOQUE du bronze moyen, des groupes nomades ou semi-nomades se déplaçaient avec leurs troupeaux entre la Mésopotamie, le pays de Canaan et l’Égypte, avec parfois un projet de sédentarisation.
Dans la Bible, ces mouvements de population sont évoqués par l’histoire d’Abraham : le patriarche Abraham est honoré comme un ancien commun par les Hébreux et par les Arabes (pour ces derniers sous le nom d’Ibrahim) et les mausolées des patriarches font d’Hébron un lieu de pèlerinage. Plusieurs noms d’arbres sont associés à l’histoire d’Abraham.
Dans deux textes relatifs aux déplacements d’Abraham, le nom chêne est employé dans la plupart des traductions :
« Abraham traversa le pays de Sichem jusqu’au chêne de Moré ; ce pays était alors cananéen »
(Genèse XII, 6).
« Abraham l’hébreu qui demeurait auprès des chênes de Mamré » (Genèse XIV, 13).
Mamré est tout près d’Hébron et on montre aux visiteurs un vieux chêne vénérable que l’on qualifie de « chêne d’Abraham ». Mais certains traducteurs écrivent « plaine de Moré » (Bible du rabbinat) et, par ailleurs, des auteurs estiment que les chênes de Mamré étaient en réalité des térébinthes et ils font remarquer que les Grecs avaient donné à ce lieu le nom de Terebinthos (devenu Terebinthus en latin).
En effet, les noms de ces arbres se ressemblent beaucoup. On admet :
– alon (et ses variantes), « chêne » (),
– elah (et ses variantes), « térébinthe » ().
Ces noms ont un radical commun d’origine chaldéenne : El (ou Al, que l’on retrouve en arabe dans Allah), « dieu », « divinité » ; la différence entre les deux noms est essentiellement due à l’adjonction de points voyelles par les scribes massorétiques du Moyen Age.
Dans un passé lointain, certains grands arbres avaient un caractère sacré et les Hébreux érigeaient des stèles (voir Genèse XXVIII, 18-22).
« Josué écrivit ces paroles dans l’acte de la Torah. Et il prit une grande pierre et l’érigea sous le chêne qui était auprès du sanctuaire de l’Éternel » (Josué XXIV, 25).
C’est à Sichem que Josué avait érigé cette stèle mais une telle coutume portait en germe un risque de polythéisme : honorer pour eux-mêmes la stèle ou l’arbre. Lorsque le culte s’est centralisé à Jérusalem (un seul Dieu, un seul Temple), les stèles ont été interdites par les prophètes et condamnées dans le Lévitique (XXVI, 1).
Le chêne était un symbole de force et de puissance :
« J’ai détruit l’Amoréen dont la taille était comme la hauteur des cèdres et qui était fort comme les chênes » (Amos II, 2).
On enterrait volontiers sous les chênes :
« Deborah, la nourrice de Rebecca, mourut et elle fut enterrée au-dessous de Bethel sous le chêne auquel on a donné le nom d’alon-bacouth » (« chêne des pleurs ») (Genèse XXXV, 8).
Plusieurs espèces de chênes poussent en Terre Sainte.
♦ La principale, que l’on qualifie en Israël de « Chêne commun », est un chêne à feuilles persistantes : Quercus calliprinos. Botaniquement, avec ses feuilles dentées épineuses et ses glands à cupule hérissée d’écaillés espacées piquantes, il est très voisin du Chêne kermès (Quercus coccifera, qui n’est qu’un arbuste), à tel point que, pour certains, il n’en est qu’une variété. Le Chêne commun se rencontre dans la moitié nord d’Israël et plus particulièrement dans les zones de collines ou de montagnes.
Les autres chênes sont plus localisés.
♦ Le Chêne de Boissier (Quercus boissierii), souvent considéré comme une variété de Quercus lusitanica, a des glands allongés dont la cupule est simplement rugueuse. C’est une espèce de montagne plus commune au Liban qu’en Israël.
♦ Le Chêne du Thabor (Quercus ithaburrensis) est une espèce voisine de Quercus aegilops. Ses feuilles caduques ne tombent que tardivement, elles sont dentées et présentent une certaine diversité de formes. Les glands sont de teinte foncée mais les écailles de la cupule se prolongent par des filaments jaunes entourant le gland d’une élégante collerette rubanée. On le rencontre surtout dans le mont Carmel et autour du lac de Tibériade mais il ne dépasse guère 500 m d’altitude car il a besoin d’hivers tièdes ; il est présent également dans les plaines littorales mais seulement au nord de Tel Aviv. C’est un bel arbre qui peut atteindre 25 m de haut. (Photo p. 12, bas.)
Nogah Hareuveni, dans son livre Tree and shrub in our biblical héritage (p. 126), reprend une interprétation de son père Ephraïm en estimant que deux espèces de chênes sont distinguées dans un texte d’Esaïe :
« L’Éternel sifflera la mouche qui est au bout des fleuves d’Égypte et l’abeille qui est en Assyrie. Elles viendront et se poseront… sous tous les na’atzoutzim et tous les nahalolim » (Esaïe VII, 18-19).
Cela signifie qu’Israël risque de devenir un champ de bataille entre Egyptiens et Assyriens. Pour Hareuveni, na’atzoutz est Quercus calliprinos et nahalol est Quercus ithaburrensis. Le nom na’atzoutz se retrouve dans un autre verset d’Esaïe (LV, 13). Chouraqui traduit par « nerprun na’atz