LE PETIT PIRATE
TOME I
Loïk @ l’abordage
Diane Giroux
LE PETIT PIRATE
TOME I
Loïk @ l’abordage
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Giroux, Diane, 1960-
Le petit pirate
Sommaire : [1]. tome I, Loïk @ l’abordage. tome II, Mous-Q-Thon.
Pour enfants de 8 ans et plus.
ISBN 978-2-89571-230-5 (vol. 1)
I. Giroux, Diane, 1960- . Loïk @ l’abordage.
II. Giroux, Diane, 1960- . Mous-Q-Thon. III. Titre.
PS8613.I764P47 2017jC843’.6C2016-942646-7
PS9613.I764P47 2017
Révision : |
Thérèse Trudel, Sébastien Finance |
Illustrations : |
Caroline Marcotte |
Infographie : |
Hélène St-Cyr |
Éditeurs : |
Les Éditions Véritas Québec 2555, ave Havre-des-Îles Suite 315 Laval, Québec H7W 4R4 450-687-3826 |
Sites Web : |
www.editionsveritasquebec.com |
© Copyright : |
Diane Giroux (2017) |
Dépôt légal : |
Bibliothèque et Archives nationales du Québec |
ISBN : |
978-2-89571-230-5 version imprimée |
DÉDICACE
À la famille...
un trésor inestimable !
LE PETIT PIRATE
TOME I
Loïk @ l’abordage
— Loïk, c’est à ton tour de nous parler de ton avenir, dit Madame Michelle de sa voix mélodieuse.
Sous le regard des amis de sa classe, Loïk se lève. Il tient sa feuille de notes comme aide-mémoire. Il prend une respiration et regarde ses amis.
— Je veux être un pirate, affirme Loïk avec conviction.
Quelques ricanements viennent du fond de la classe. Madame Michelle toussote pour demander le calme et amener les jeunes à écouter sans intervenir. Cette distraction permet à Loïk de se mettre en position de combat, comme s’il avait une épée entre ses mains.
— Je naviguerai sur les mers, chevaucherai les océans à la recherche de mille trésors plus précieux que l’or et les bijoux. Je ne crains pas le vent, la pluie, les monstres marins, les tempêtes et encore moins… les pirates ennemis. Avec les membres de mon équipage, je veillerai à protéger la nature et les animaux. Je jure de devenir le meilleur pirate du monde entier. Qui veut me suivre par-delà les frontières ? déclare-t-il essoufflé en espérant être convaincant.
Malgré quelques rires et des applaudissements timides, Loïk continue d’expliquer son grand rêve.
— Je me battrai jusqu’à ce que tous les animaux marins soient en sécurité et que la flore puisse se diversifier. Je sauverai les océans de la pollution et je piraterai ceux qui pilleront les ressources. Je serai un pirate moderne, un pirate sans frontières ! ajoute-t-il en levant son bras droit dans les airs.
Son exposé terminé, la professeure demande s’il y a des questions parmi les élèves attentifs. Une main se lève précipitamment.
— Oui Céphira, dit Madame Michelle, qu’aimerais-tu savoir ?
— Est-ce vraiment un métier que celui de pirate ? demande-t-elle surprise par le choix de Loïk.
Loïk se doutait bien que son choix surprendrait ses amis. Avec enthousiasme, il répond à Céphira.
— Pour moi, c’est le plus beau métier du monde.
— Très bien Loïk, merci, ajoute Madame Michelle. Céphira, c’est justement à ton tour maintenant de nous présenter ton métier.
Céphira se lève pour prendre la place et présenter son exposé sur la défense des animaux. Loïk est distrait, encore perdu dans ses pensées qui l’amènent loin sur l’océan.
Loïk a 10 ans, presque onze. C’est un garçon rêveur et souriant. Il aime les sciences et la navigation par-dessus tout. Il a toujours le nez dans un livre ou les yeux émerveillés par un documentaire scientifique. Il en a enregistré plusieurs qu’il écoute sur sa tablette électronique.
Son meilleur ami, Éthan, se demande pourquoi Loïk préfère les sciences aux sports. Éthan joue dans une équipe de soccer l’été et de hockey l’hiver. Les deux amis pratiquent le ski et la natation ensemble. Les parents d’Éthan ont un voilier et Loïk adore se faire inviter pour une sortie. Il est tellement heureux quand il vogue sur les flots.
Céphira est dans la vie de Loïk depuis toujours. Leurs mamans, des amies d’enfance, étaient enceintes en même temps. Elles n’ont jamais cessé de se côtoyer et de faire des activités ensemble. Loïk et Céphira ont à peine trois semaines de différence.
À la sortie des classes Éthan, Céphira et Loïk marchent tranquillement sur le chemin du retour en discutant de leur plan de vacances.
— Enfin, une semaine de congé, dit Éthan. Nous partons une semaine pour faire du ski dans les Laurentides. Je suis vraiment excité. Que faites-vous tes parents et toi ?
— Rien de spécial. Mes parents travaillent, précise Loïk. J’irai passer la semaine chez Tante Vanou et Oncle Lukas. Ils sont vraiment cool ! Ils ont un super gros voilier.
— Mais tu te moques de moi… La glace n’est même pas fondue, réplique Éthan.
— Je sais. À cette saison, le voilier est en cale sèche.
— Qu’est-ce que ça veut dire en cale sèche ? demande Céphira.
— Ça veut dire qu’il est en dehors de l’eau. Lorsqu’il est remisé, je peux monter dessus et m’inventer des jeux. J’aime écouter des films de pirate sur ma tablette, dit-il d’un ton rêveur.
— Et toi Céphira, demande Loïk, as-tu des plans ?
— Je vais passer du bon temps avec ma petite chienne que j’ai eue à Noël, répond-elle. J’irai sûrement skier avec ma mère. Elle travaille de la maison et peut se permettre quelques heures certaines journées.
Arrivant devant sa maison, Loïk sort sa clé de la poche de son manteau. Ses parents reviendront du travail seulement vers 18 heures.
— J’ai quelque chose à vous montrer ! lance Loîk à ses amis. Entrez, ça ne prendra que deux minutes.
Loïk monte dans sa chambre et revient avec sa tablette et une boîte en bois d’ébène.
— Wow ! dit Éthan avec les yeux ronds de surprise. On dirait un petit coffre aux trésors.
Loïk ouvre la petite boîte. Une boule bleue repose sur un coussin de velours rouge.
— Du vrai marbre ! s’exclame Céphira. Je peux y toucher ?
— Oui, bien sûr. Oncle Lukas m’en a fait cadeau. Il l’a trouvée sur son voilier.
— À quoi sert-elle ? Tu crois qu’elle a un pouvoir, comme les boules de cristal ? demande Céphira.
— Voyons Céphira, ça n’existe que dans les contes les boules magiques ? rouspète Éthan.
— Moi, j’aimerais bien qu’elle soit magique, avoue Loïk. Je la trouve tellement belle. Qui sait ?
— Sois sage avec tante Vanou et oncle Lukas mon chéri ! lui rappelle sa mère en faisant un clin d’œil amusé à sa belle-sœur.
— Il est averti. Ici, on punit les rebelles en les obligeant à rester au lit toute la journée, sans pouvoir jouer, dit tante Vanou en riant.
— Je serai sage… comme une mouche ! propose Loïk en regardant sa tante.
— Une mouche ? Je déteste les mouches, reprend tante Vanou.
— Alors comme un gentil papillon ? corrige-t-il du tac au tac en la regardant de ses grands yeux bleus.
— C’est beaucoup mieux, fait-elle en le serrant dans ses bras. Les papillons sont plutôt mignons et discrets. J’aime ça…
Loïk sent la complicité habituelle entre sa tante et lui. Il desserre son étreinte et lui demande :
— Dis, est-ce que je pourrai aller sur ton super bateau à voile tante Vanou ? Je peux le nettoyer pour toi si tu veux.
— Ce rafiot oublié dans le hangar depuis des années ? Pas de problème. Malheureusement, personne n’en veut, ajoute-t-elle amèrement. Ton oncle Lukas passe bien du temps à l’astiquer. Tu vas voir… Son bateau est propre comme un sou neuf.
Son mari, Lukas, a hérité de ce voilier il y a plusieurs années. Leur domicile se trouve à Gracefield, sur une vieille terre agricole. Anciennement, les propriétaires avaient des vaches laitières. Le vieux hangar, qui donne sur la berge de la rivière Gatineau, est suffisamment grand pour abriter le voilier. Il a peu navigué dernièrement. L’oncle Lukas préfère aller à la pêche sur le bout du quai ou avec sa chaloupe à moteur pour pêcher plus loin. Étrangement, cet apprenti navigateur passe beaucoup de temps dans son hangar à dorloter son précieux voilier.
Tante Vanou prend le temps d’accueillir son neveu entre deux clientes. Elle travaille à la maison, dans une pièce transformée en salon de coiffure. Le couple se sent un peu seul maintenant que leurs deux enfants sont adultes et travaillent à l’extérieur. Pour leur tenir compagnie, ils ont adopté Mini, leur perroquet tapageur. Il reconnaît Loïk en caquetant joyeusement.
— Quiii vaaaa là ? crie-t-il à tue-tête. Quiiii vaaaa là ?
Tout le groupe pouffe de rire. Mini est toujours content de faire rire.
— Un jour je l’achèterai ce voilier tante Vanou ! s’exclame le jeune garçon.
— Tu feras un beau capitaine ! J’attends ce jour avec impatience, lui répond-elle avec amusement.
Après une généreuse provision de câlins et quelques recommandations, les parents de Loïk repartent. Loïk demande s’il peut aller voir sa chambre, fraîchement rénovée. Il saisit sa tablette et son sac à dos, en quête du sous-sol. Il pousse la porte et retient son souffle. Toute la décoration rappelle la vie sur un bateau !
— C’est magnifique tante Vanou, quelle belle surprise ! lui lance-t-il du bas de l’escalier.
Loïk range ses vêtements dans sa commode en forme de coffre aux trésors. Il trouve drôles les oreillers en forme de bouée sur le lit-bateau. Il va placer sa brosse à dents et son dentifrice dans la salle de bain dans le contenant en bouche de requin ouverte. Ensuite, il sort son petit coffre d’une pochette de son sac à dos. Il l’ouvre et prend sa merveilleuse boule de marbre. Après l’avoir fait rouler dans ses mains, il la dépose au fond de sa poche de pantalon et remonte à l’étage.
Il traverse le salon de coiffure où la deuxième cliente vient d’arriver.
— Mes choses sont en place tante Vanou. J’adore ma nouvelle chambre. Trop trippant ! Dis, est-ce que je peux aller au vieux hangar, dit-il en se dirigeant vers la porte arrière.
— Voici mon neveu Loïk, un futur marin, je crois, le présente-t-elle à la dame qui pivote sur sa chaise pour le regarder.
Il la salue poliment et regarde par la fenêtre.
— Tu peux aller jouer. Évite de t’approcher de la rivière, car la glace est encore trop mince, recommande-t-elle.
— J’irai seulement au vieux hangar tante Vanou, lui promet-il.
— Parfait ! Je t’ai préparé un sandwich aux œufs. Il est dans le réfrigérateur.
— Miam ! Tu te rappelles que c’est mon sandwich préféré ?
— Comment pourrais-je l’oublier, tu en manges cinq fois par semaine, répond-elle en riant.
Loïk, enfile son manteau et ses bottes puis marche vers le vieux hangar en sifflotant. Il respire avec plaisir l’air frais de la campagne.
La neige granuleuse ralentit son pas. Heureusement son oncle a battu un sentier. Il a tellement hâte de revoir le bateau.
— Ah poilu ! s’exclame-t-il en arrivant sur place. La porte est barrée avec un cadenas.
« Poilu », ce juron sympathique employé par Loïk, sert à démontrer sa déception, sa surprise ou parfois aussi, ses moments de colère. Il glisse la main dans sa poche et en sort sa boule bleue.
— Tiens donc ! C’est étrange. Ma boule change de couleur ! observe-t-il. Elle prend une teinte orangée.
Il trouve bizarre cette métamorphose. Il la remet dans sa poche et contourne le hangar en marchant lentement dans les grosses traces laissées par un adulte. Il tente de trouver une façon de se faufiler à l’intérieur. Complètement à l’arrière du vieux hangar, il remarque une planche fendue. La partie brisée est légèrement poussée vers l’intérieur du hangar sous le poids de la neige. Cette issue pourrait-elle lui permettre d’entrer ?
— Si ma tête passe, je peux réussir à entrer, se dit-il en dégageant un espace assez large pour lui.
Il réussit son coup. Il fait très sombre à l’intérieur, si bien qu’il se frotte les yeux, encore éblouis par la blancheur de la neige. Là, devant lui, il aperçoit le bateau de ses rêves.
— Wow ! Quel formidable voilier…
Des rayons de lumière frappent la coque qui se met à briller comme s’il était neuf. L’attention de Loïk revient un moment à sa pierre qu’il regarde dans sa main, plus brillante encore.
— J’ai l’impression que cette boule veut me dire quelque chose, raisonne-t-il, en ressentant aussi sa chaleur.
À cet instant, son oncle Lukas sourit… Il devine, même à distance, que son neveu Loïk s’approche du voilier.
Loïk dépose sa boule dans la poche de son manteau, et il remonte la fermeture éclair. Il fait ensuite le tour du voilier.
— Ah ! voilà l’échelle pour monter sur le pont !
Chaque marche fait battre son cœur plus fort. C’est un moment magique. Il s’imagine être un pirate. Muni d’une épée glissée dans sa ceinture et accompagné de son perroquet perché sur son épaule, il gravit chaque échelon pour aller à la rencontre de son équipage.
Une fois rendu tout en haut, il enjambe le flanc et saute sur le pont. L’obscurité l’empêche de voir son équipage. Il fait du regard une tournée rapide, puis s’assoit sur une vieille caisse en bois. Il rêvasse avec sa boule lumineuse dans sa main. Est-ce un moment réel ou juste un rêve ? Il souhaiterait tant vivre une palpitante aventure en mer.
— Je reviendrai demain avec une lampe de poche et ma tablette. Je pourrai m’inventer des histoires et aussi prendre des photos.
Loïk reprend donc le chemin du retour jusqu’à la maison. En entrant, il se rend à la cuisine pour y prendre une bouchée. Il est affamé. Il aperçoit son oncle Lukas attablé, en train de manger.
— Oncle Lukas ! s’écrit Loïk d’une voix enjouée.
— Ah mon moussaillon favori ! répond oncle Lukas. Aimes-tu ta chambre ?
Loïk s’approche et lui fait un câlin.
— Que oui, c’est la plus belle chambre au monde !
— Je suis bien content qu’elle te plaise.
— Dis, tu viendras me raconter une histoire pour m’endormir ce soir ? Tu sais que tu es le-plus-meilleurraconteur-d’histoires-de-pirates-de-l’univers !
— Je t’accompagne pour le lunch, oncle Lukas, dit Loïk en attrapant son sandwich aux œufs dans le réfrigérateur. Je suis allé voir le bateau au vieux hangar.
— Je sais.
— Comment ça, tu le sais ?
— Disons que… j’ai deviné, hésite-t-il. Il t’attire ce navire hein ? Vous vous entendez bien ensemble.
Tout en mangeant, Loïk lui raconte l’anecdote à propos de sa boule; le changement de couleur, la luminosité et la chaleur dégagée par sa boule.
— Je t’assure que ma pierre est magique, oncle Lukas !
— Il faut y croire à la magie pour que ça marche, lui révèle son oncle.
— Eh bien, moi, j’y crois, affirme Loïk.
— J’y crooois, j’y crooois ! crie Mini dans sa vaste cage.
Loïk et son oncle pouffent de rire. Mini s’amuse souvent à répéter des mots à partir des conversations. C’est un perroquet sympathique qui aime faire rire les gens.
— Dis, tu viens avec moi au hangar cet après-midi oncle Lukas ?
— Malheureusement, je dois retourner au travail, dit l’oncle déçu.
Médecin de profession, son horaire se remplit rapidement et on le réclame à toute heure du jour et parfois aussi de la nuit.
— On m’attend à la clinique. Avant de partir, j’aimerais te montrer quelque chose. Si la chasse aux trésors t’intéresse évidemment.
Les yeux de Loïk s’illuminent.
— Oh oui, oncle Lukas ! Ça m’intéresse.
— Je parle des trésors provenant de ma goélette, et cela doit rester entre nous, ajoute-t-il à voix basse.
— C’est quoi une goélette ?
— C’est un voilier à deux mats. Allez, viens avec moi, lui dit-il.
Loïk se lève d’un bond pour suivre son oncle.
— Je t’ai dit que ce bateau appartenait à mon grand-père ?
— Non, je ne crois pas. Il faisait de la voile ton grand-père ?
— Non, il n’en faisait pas. Il a hérité de ce navire de son arrière-grand-père. Ce navire vogue dans la famille depuis des générations.
— Pourquoi l’avoir gardé toutes ces années s’il ne l’utilisait pas ?
— Comme toi, il rêvait de naviguer. Mais son handicap l’a empêché de s’aventurer sur cette vieille goélette. Il aurait fallu l’adapter aux fauteuils roulants.
— Je comprends. Moi, je ferai honneur à la famille oncle Lukas. Tu verras, je voguerai à travers les mers sur cette goélette, ajoute le rêveur en levant le bras pour imiter un combat à l’épée.
— J’y compte bien mon p’tit matelot euh… je veux dire mon p’tit pirate, corrige oncle Lukas. Mon grand-père m’a fait promettre d’en prendre soin et de toujours le garder.
Ils descendent au sous-sol et entrent dans une pièce un peu bric-à-brac qui sert de rangement. Loïk y entre comme dans une caverne d’Ali Baba. Oncle Lukas agrippe trois grosses boîtes de carton sur une tablette et les dépose sur le tapis.
— Voici mes boîtes aux trésors. Je te laisse regarder leur contenu. Moi je dois filer maintenant. Tu peux garder tout ce qui te plaira.
— Merci ! Tu es génial ! lance-t-il à son oncle.
Lukas se penche pour lui faire un câlin-bisou avant de partir. Loïk s’assoit par terre, curieux de regarder ce que contient la première boîte. Il bouge tellement que sa boule glisse hors de sa poche de pantalon. À sa grande surprise, elle a repris sa couleur bleue.
La boîte contient des morceaux de tissu qu’il juge sans grand intérêt. Tout à coup, il en voit un très spécial :
— Chouette ! Un bandeau rouge… et un vieux chapeau de pirate en cuir noir.
Loïk le met sur sa tête et l’ajuste. Même s’il est un peu grand, ce chapeau lui donne un air d’aventurier. Il le retire et l’observe d’un peu plus près. On peut y lire les initiales « LL » brodées avec du fil d’or.
— C’est parfait pour moi ce chapeau ! Moi, Loïk Lafrenière, j’ai les mêmes initiales, constate-t-il.
Il met de côté ces deux trouvailles. Il aurait souhaité aussi avoir une ceinture de pirate pour y accrocher une épée. Tant pis…
La deuxième boîte comprend des objets de tous genres. De la vaisselle dépareillée, un fer à repasser, une horloge et bien d’autres objets inutiles. Enroulé dans du papier de soie, un vieux compas de navigation attire son attention.
— Il pourra sûrement me servir plus tard, je le garde.
Au fond de la boîte se trouve un minicoffre en bois pareil à celui qu’il a pour conserver sa boule bleue. Émerveillé, il le sort délicatement et l’ouvre. Une bague ornée d’une pierre ronde et bleue, semblable à sa boule, repose sur un petit coussin de velours rouge.
— Ça alors ! s’exclame-t-il ébloui par cette pièce de collection.
Les larmes aux yeux, il admire la bague dans tous les sens. Après l’avoir essayée, il décide de la remettre dans son boîtier. Il ouvre la dernière boîte.
— Quelle surprise me réserve celle-ci ? se demande-t-il le cœur plein d’espoir.
Elle contient principalement des livres et des revues. De vieux romans jaunis, des livres de recettes et des revues sur la pêche. Un peu découragé Loïk continue de vider le contenu pour en arriver au dernier élément. Son attention se porte sur un album photo, coincé au fond de la boîte.
— Ah poilu ! je ne dois pas le briser, rage-t-il.
Il tente de le sortir en glissant ses petits doigts entre l’album et le carton. Une idée lui vient : en tournant la boîte à l’envers, évidemment le livre va tomber.
Rien à faire ! Il décide donc d’ouvrir la boîte par le fond en tirant sur le large papier collant.
— Mince alors ! s’exclame Loïk. Je tiens dans mes mains le Journal de bord du capitaine.
Aucun titre n’apparaît sur la couverture. Cependant, une demi-sphère en marbre bleu, bien collée, orne la page couverture.
— Hourra ! s’exclame-t-il. Quel merveilleux trésor !
Comblé par toutes ces découvertes, il range en vitesse le contenu des boîtes et apporte dans sa chambre ce précieux butin.
— Ah ! Comme j’aimerais que mes amis soient avec moi. Je vais leur envoyer un message.
Il aligne sur le lit, sa boule, sa nouvelle bague et son livre de bord. Il met sur sa tête le bandeau et le chapeau puis il prend une photo pour ses meilleurs amis.
— Fantastique ! lance-t-il en s’imaginant déjà à la barre de la goélette.
Bien calé dans ses oreillers, il ouvre ensuite le précieux journal. Il tourne une page à la fois avec précaution. Au début, il voit une carte géographique. Curieusement, toutes les autres pages sont blanches. Il faut tourner les pages jusqu’à la fin du livre pour trouver quelques images expliquant le fonctionnement du voilier. Loïk espérait y trouver des récits d’aventures. Peut-être que la clé est dans la carte, se dit-il. Il revient à la première page.
— Je comprends… Ce sera à moi de remplir ce livre de bord avec mes futures aventures, décide Loïk.
Il explore la carte géographique plus attentivement. Il reconnaît la rivière Gatineau et le lac près de sa maison. Il remarque que la carte est marquée d’un gros « X » avec la mention, « vous êtes ici ». Tout en laissant voguer son imagination, il entoure ce X avec son crayon. Il ferme les yeux un moment… dérivant au pays de ses rêves.
— J’adore les lundis de congé ! s’exclame Loïk en se levant.
Il passe sa tête sous le rideau et regarde par la fenêtre.
— Ah poilu, il neige à plein ciel ! Une journée ensoleillée m’aurait permis de mieux voir dans le hangar, avoue Loïk.
Il s’habille à la hâte puis range quelques effets personnels dans son sac à dos. Près de la porte de sa chambre, Loïk trouve une boîte à lunch bien remplie et une clé.
— Une clé ? Sûrement celle du hangar, lance Loïk joyeusement.
Pour un instant, il savoure la joie que lui procure ce geste si généreux de la part de son oncle Lukas, déjà parti travailler.
— Ah ! c’est quoi ce ruban noir ? se demande Loïk en regardant par terre.
Il se penche pour ramasser un long ruban décoré de mille minuscules têtes de pirate. À l’extrémité du ruban, un bout de papier enroulé dans un anneau contient un message. Loïk le déroule en hâte et le lit :
« Insère ta bague dans cet anneau et porte-la toujours précieusement à ton cou. »
Loïk, trop excité de se rendre au hangar, porte peu d’attention à ce message. Il insère le ruban et son anneau dans le sac à dos, puis se rend à la cuisine. Pas un chat… seulement un bel oiseau exotique.
— Salut Mini ! s’exclame Loïk.
— Saaaaaaalut Mini ! répond l’oiseau coquin. Saaaaaaalut Mini ! s’amuse-t-il à répéter.
Loïk rit de bon cœur. Il se prépare un bol de céréales qu’il dévore à toute vitesse puis range sa vaisselle. Il passe saluer tante Vanou avant de partir au vieux hangar.
— Sois prudent ! lui recommande-t-elle.
— Oui, oui, répond-il en lui faisant un câlin.
Elle le regarde partir, puis décroche un sourire à ce petit garçon si attachant. Loïk revêt son manteau, sa tuque et ses bottes pour se protéger contre cette chute de flocons mouillés. Puis il ramasse son sac à dos rempli d’effets personnels et de victuailles telles que gomme balloune, oursons en gelée et réglisses à la cerise. Les gâteries, c’est reconnu, ça donne du courage !
En descendant vers le hangar, il cherche les traces de pas laissées la veille. Elles ont pratiquement toutes disparu, remplies par la nouvelle neige.
Loïk déverrouille le gros cadenas. Il pousse l’énorme porte. Le voilà au pied de ce bateau qui cache tant d’histoires secrètes sous sa coque. Il la caresse comme si c’était son animal de compagnie. À ce moment même, la boule dans sa poche s’illumine comme jamais. Loïk remarque la lueur orange qui semble vivante.
— Le Mystérieux… lit-il à voix basse. C’est le nom qu’on t’a donné, murmure-t-il en observant la proue du voilier.
Loïk sort de son état lunatique en sentant le froid sur ses mains. Il referme la haute porte du hangar.
— Super ! Oncle Lukas est passé ce matin, remarque Loïk. Il a mis de l’éclairage.
Il s’empresse de grimper à l’échelle. Une fois sur le pont, il dépose son sac à dos. Il en sort sa bague et son précieux livre qu’il dépose sur le coffre en bois. Il glisse sa main dans sa poche pour en sortir sa boule qui lui réchauffe la cuisse. À genoux devant les trois pierres orangées brillantes, il fait une découverte étonnante : elles dégagent la même chaleur.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? se demande Loïk, à la fois intrigué et inquiet.
La réponse est peut-être écrite dans son livre. Il examine la carte géographique un moment puis tourne à la page suivante. Il enfile la bague à son pouce. Trop grande pour lui, elle tourne sous le poids de la pierre et se retrouve sous son pouce.
— Je dois réfléchir comme un pirate ! dit-il en plaçant son chapeau de pirate par-dessus sa tuque. La réponse à cette énigme se trouve sûrement sur ce navire. Je vais fouiller tous les recoins pour trouver des indices.