Des mains
et des lèvres
Le titre « Des mains et des lèvres » a guidé mon projet global. C’est sur lui que toute la réflexion repose. Quelques clins d’œil rappellent des œuvres que j’ai déjà dessinées, comme Le cri sourd, ou Le pissenlit surdiste ou le drapeau international des signeurs à travers ses trois couleurs. J’ai travaillé selon deux lignes directrices principales pour composer l’illustration. Les quatre éléments (air, eau, terre, feu) et la dualité.
AIR : toutes ces bouches font partie de notre quotidien, elles sont, pour la plupart d’entre nous, notre univers depuis l’enfance car nous sommes plus de 90 % à naître dans une famille entendante. Il est donc évident que nous sommes suspendus à leur souffle pour exister.
Elles sont aussi, plus tard, celles auxquelles nous sommes confrontés incessamment. Nous ne pouvons pas les éviter, nous vivons dans un monde qui entend et qui parle.
EAU : présente sous les couleurs bleu foncé et bleu turquoise, et surtout par le mouvement du dessin.
Il aurait pu être logique que les mains suivent la ligne descendante de la montagne, qu’elles suivent ce même mouvement. Alors que non, j’ai pertinemment voulu dessiner un flot de mains vers le haut. Comme les saumons qui remontent la rivière et qui nagent à contre-courant.
Un peu comme nous, Sourds, qui persistons à signer, malgré toutes les pressions sociales, politiques ou historiques.
TERRE : symbolisée par cette montagne très pentue. Choisie sciemment pour renforcer l’idée de ce chemin non naturel, il est, au contraire, un vrai défi quotidien. Et réussir en tant que Sourd, c’est un vrai Himalaya !
Le pré fleuri, heureux, prospère, joyeux… Une espèce de petit paradis originel. Toutes ces mains signantes et ces bouches parlantes se côtoient en harmonie.
FEU : le rouge, pour une personnalité flamboyante, énergique et totalement tournée vers la passion, l’engagement total, vers l’extérieur… Mains ouvertes, et dirigées vers l’avant, elles sont cette liberté d’être et de vie, vers les autres. Ce rouge attire l’attention, il est vibrant.
Pour le concept de la dualité, c’est la confrontation entre le ciel (celui des sons), et la terre (celle des signes, celle du paradis rêvé et espéré pour les Sourds). Ce qui crée le lien entre ces deux univers qu’apparemment tout oppose, c’est le personnage central. Avec ses mains ouvertes aux couleurs du drapeau, Françoise va effacer cette rupture pour donner, au contraire, un sentiment de complémentarité et surtout de plénitude… Un peu comme le Yin et le Yang !
–Arnaud Balard, février 2017, à Paris.
Artiste plasticien, graphiste, illustrateur et écrivain. Marqué par le « Réveil Sourd » et inspiré notamment par le concept du Deafhood de Paddy Ladd (2003), j’ai initié le mouvement artistique du surdisme en 2009 et je suis aussi membre actif du groupe d’artistes De’VIA depuis 2011, aux États-Unis. L’une de mes œuvres les plus reconnues est le projet de drapeau international, intitulé « Sign Union Flag ».
Né sourd et dysvisuel en 1971, à Toulouse.
Diplômé des Beaux-Arts de Rennes, en plus d’un cursus chez MJM Graphic Design (Toulouse) et à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre (Bruxelles).
E-mail : arnaud-balard@orange.fr
Facebook : www.facebook.com/Surdism
Instagram : https ://www.instagram.com/arnaudbalard/
Françoise Chastel, devenue sourde à l’âge de 6 ans, nous offre ici un récit autobiographique, depuis la découverte de sa surdité jusqu’à l’âge adulte.
Elle nous parle tout d’abord de la période où, petite fille, elle connut l’isolement dans un milieu entendant où sa mère, très protectrice et autoritaire, présidait aux menus détails de sa vie. Ce fut déjà, pour Françoise Chastel, l’occasion de montrer sa personnalité et son tempérament, très volontaire et déterminé. Bien que devant suivre un enseignement non adapté à sa déficience auditive, puis une formation professionnelle de type « manuel », en l’occurrence l’apprentissage de la couture, elle eut à cœur d’obtenir des diplômes lui permettant, pas à pas, de consolider sa position et de devenir formatrice. Sa patience et son engagement auprès de ses élèves sourdes forcent l’admiration. Elle connaissait elle-même le parcours de combattant (cours théoriques difficiles à comprendre, machine perforatrice chez IBM ne correspondant pas à l’outil sur lequel il fallait passer les épreuves d’examen, navigation entre la démarche et la communication oralistes et le recours à la langue des signes) et elle encourageait ses élèves à persévérer dans l’effort pour repousser sans cesse leur marge de progression. Il n’y a jamais de jugement moral ou de critique. La force de l’auteur c’est aussi un très grand optimisme et un volontarisme que rien ne saurait arrêter.
C’est avec une grande précision que l’auteur rend compte de toutes ces étapes et aussi des innombrables rencontres qu’elle a faites tout au long de son adolescence et de ses débuts dans l’âge adulte. De ce fait, ce récit autobiographique devient un témoignage vivant de certains aspects de la culture sourde : ce souhait ardent de rencontres où l’on peut, physiquement, en face-à-face, échanger les informations, seul moyen pour les Sourds de communiquer vraiment. Les descriptions de l’auteur donnent « à voir » les personnes rencontrées ou les lieux où elles se trouvent. Cette « culture du visuel » imprègne toute l’écriture et lui donne une coloration particulière.
Devenue adolescente puis adulte, l’auteur évoque alors ses rencontres amoureuses, sans complaisance. On y perçoit beaucoup de subtilité et toujours un grand respect pour les autres, au-delà des mots. Les personnes représentées par Jean puis André existent pleinement par la générosité de Françoise Chastel, et peu importe au fond, au lecteur, de savoir si elle les a embellis ou pas. Ils témoignent, eux aussi, de toute la complexité des relations humaines auxquelles la surdité – et l’absence de parole directe – apporte une épaisseur supplémentaire. Par André, notamment, l’auteur sait faire appréhender aux entendants la lourdeur pesante du silence sur les lieux de travail où il se sent particulièrement seul, mais aussi sa volonté inébranlable de s’essayer à divers emplois, comme si la surdité n’était pas invalidante. Comme si tout le monde pouvait avoir les mêmes chances.
L’intérêt de cet ouvrage est de nous faire pénétrer au cœur de ces existences sourdes, de l’intérieur. On n’y trouve aucune animosité ou agressivité à l’égard des entendants. Tout est lisse et repose sur l’observation d’une réalité qui ne se discute pas. L’émotion peut affleurer ici ou là mais elle reste fugace, par pudeur assurément. Ce qui n’empêche pas le lecteur de trouver très émouvantes certaines scènes où le frôlement ou la mise en contact des modes de communication différents et linguistiquement problématiques, entre Sourds et entendants fait saisir à quel point il doit être difficile, voire douloureux, de les vivre. On sent l’inquiétude d’une maman sourde qui n’entend pas son enfant, on mesure la peur d’évoluer dans un monde où les objets sonores sont parfois des menaces vitales, on comprend la frustration de se priver d’intimité quand force est de recruter un intermédiaire qui fait office d’interprète : on n’ose à peine imaginer cette multitude de situations banales où le courage doit tout emporter.
Avec « Des mains et des lèvres », les Sourds se sentiront chez eux et se reconnaîtront dans ce quotidien pour eux, banal ; les entendants, eux, remercieront l’auteur de les avoir invités à le partager. Non pas comme visiteurs d’un pays exotique, mais comme amis à qui on a envie de se confier pour mieux se faire comprendre. Bien sûr il n’y a dans cet ouvrage aucun parti pris pédagogique : c’est un témoignage véridique et c’est à son authenticité qu’il doit sa force de renseigner, plutôt que d’enseigner. Françoise Chastel nous tient par la main et nous fait remonter le cours du temps d’une partie de sa vie. Avec modestie, et simplicité. Nous cheminons avec elle, avec légèreté, et au final nous avons trouvé une amie.
Françoise Chastel est aujourd’hui rédactrice en chef du magazine Écho Magazine, le magazine d’actualité des Sourds. Elle y soutient toutes les actions associatives ou individuelles, sourdes ou entendantes, pour une meilleure connaissance de la culture sourde et pour une meilleure compréhension et communication entre Sourds et entendants. Son militantisme, toujours bienveillant, trouve dans cet ouvrage une expression heureuse par la mise en immersion des entendants dans le parcours quotidien d’une personne sourde. Elle y fait, obliquement, la démonstration de l’adaptabilité des Sourds à la société environnante entendante et de leur résilience. C’est une invitation pour les entendants à être plus attentifs, plus réceptifs et sans doute plus coopérants encore.
–Mireille Golaszewski Inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale chargée de missions ministérielles sur la scolarisation des élèves malentendants et sourds.
Des mains et des lèvres a été écrit en 1979, un an après le premier stage organisé par Bernard Mottez et Harry Markowitz au Gallaudet College de Washington (USA). Il se voulait le témoignage de mon vécu afin d’éclairer davantage sur la situation de la personne sourde dans la société. La surdité, handicap invisible devait être rendue visible aux yeux des lecteurs.
Je fus encouragée dans ma démarche par le cinéaste François Truffaut qui me mit en rapport avec la directrice des éditions Flammarion, Thérèse de Saint Phalle et me suggéra même le titre « Des mains et des lèvres ».
Malheureusement, alors que le contrat d’édition venait d’être signé, la nomination d’un nouveau directeur chez Flammarion vint bouleverser nos projets. Ce livre ayant comme thème la surdité ne trouverait pas un lectorat suffisant. Malgré le soutien de la Confédération Nationale des Sourds de France et de Gisèle Lillo, proviseur de l’INJS de Paris, le contrat fut annulé.
Entre-temps François Truffaut décédait. Le manuscrit était destiné à l’oubli.
Depuis de profonds changements sont intervenus dans la Communauté des Sourds. Les stages au Gallaudet College devenu depuis Gallaudet University ont accéléré le mouvement. Le Réveil sourd associé aux progrès de la technologie a bouleversé bien des vies.
En même temps, mes filles m’ont demandé de ressortir le manuscrit en me disant vouloir connaître ma vie dans le monde des Sourds. Je me suis alors rendu compte que cette vie parallèle à la leur avait besoin d’être mise en évidence et de laisser des traces. C’est donc un retour vers le passé que j’ai entrepris.
En relisant le texte, écrit, je le rappelle, au moment où la surdité était méconnue, où le réveil sourd était en veilleuse, je m’aperçois que bien des termes utilisés à l’époque n’ont plus cours à commencer par le langage gestuel car la langue des signes ne sera officiellement reconnue qu’en 2005.
Exprimer notre moyen de communication privilégié avec l’espace m’a amenée à utiliser des verbes et expressions inédites comme gestuer ou des variantes dans les expressions telles que : ses mains me font, qui rendent compte de l’activité de signer avec les mains. Ensuite le verbe articuler est associé à la lecture sur les lèvres. Toute personne entendante qui parle à une personne sourde doit articuler pour se faire comprendre.
Le rythme du récit est volontairement lent. J’ai besoin de tout décrire, expliquer, raconter pour que la transmission de l’information soit la plus complète et la plus fidèle possible. Le lecteur va entrer dans un monde dont il ne soupçonnait pas l’existence. Le silence est riche de communication, ce qui est paradoxal. Il ressentira la joie de vivre présente à chaque page avec ce plus : celui de vivre autrement et de bien le vivre ! Une belle expérience !
–Françoise Chastel
Note concernant l’emploi de la minuscule/majuscule à « sourd »
•Majuscule pour « les Sourds » (catégorie de personnes)
•Minuscule quand « sourd » est utilisé comme adjectif
Bouleversée jusqu’à la moelle, je regardais mes belles anglaises tomber et s’éparpiller, tout autour de moi. Je courus jusqu’au miroir des lavabos et je me rendis compte que quelque chose naissait en même temps que je perdais mes boucles : une lueur d’inquiétude luisait dans mes yeux et elle devait par la suite, mettre longtemps à s’éteindre puisque tour à tour brillante ou vacillante, elle resta dans mon regard durant de longs mois, guettant des prémices d’apaisement.
J’avais six ans en ces vacances de 1945, si brutalement interrompues par mon otite, et cette année-là marqua pour moi le grand effondrement et le désespoir alors qu’une aube nouvelle faite d’espoir et de reconstruction se levait : l’Armistice.
Cette histoire de boucles coupées se situait dans l’une des nombreuses salles des cliniques Saint-Charles de Montpellier à l’étage d’Oto-rhino-laryngologie, et il faut dire que je n’étais pas la seule à subir l’épreuve des ciseaux scalpeurs, de nombreux enfants remplissaient les grands dortoirs aux lits blancs et aseptisés. Nous attendions notre tour de passer sous le bistouri avec une petite angoisse qui allait, grandissant au fur et à mesure que le bruit éraillé du chariot emplissait la salle.
S’il faut dédramatiser une intervention chirurgicale, ce fut bien le cas pour mon chirurgien que je revois toujours, lisant le journal et beaucoup plus intéressé par son contenu que par la petite personne qui grelottait de peur, allongée sur le fameux chariot aux roues grinçantes.
L’atmosphère de la salle d’opération avait quelque chose de terrifiant et le masque de chloroforme que l’on m’appliqua marqua le début de sensations inconnues qui resteront gravées dans ma mémoire. Le Rhône aux flots tumultueux incapables de se créer une harmonie se déroulait multicolore et ma volonté essayait de maîtriser les courants, semblait y parvenir jusqu’à ce qu’une vague plus forte que les autres l’engloutisse.
Pourquoi donc s’est-il formé dans mon esprit cette sorte d’analogie avec notre grand fleuve alpin et pourquoi son nom s’y est-il inscrit ?
Ceci est un mystère de l’inconscient, intimement brutalisé, ne pouvant se résoudre à l’inévitable, tendu dans tous ses circuits électriques.
Et puis, c’est le réveil qui commence par les bruits de l’environnement qui se concrétisent et, il y a une étincelle de joie dans le regard de ma mère qui se penche et m’embrasse.
Je suis bien dans mon lit, la tête lourde, très lourde dans ses pansements et j’écoute maman qui me raconte mon « opération » comme si elle y avait assisté :
–Françoise, c’est fini, ton opération s’est bien passée…
Et puis, me montrant le lit vide, à côté du mien :
–Elle n’est pas encore revenue, elle a été malade au cours de l’opération, elle a vomi.
Je regarde le lit vide et puis le soleil au dehors, et puis, je me sens moins bien, je n’écoute plus et je me mets à geindre :
–J’ai soif…
Une goutte d’eau sur les lèvres ne suffit pas à étancher cette soif, la salle n’existe plus et je me trouve devant une fournaise ardente. Les eaux du Rhône se sont retirées dans leur éternel affrontement. Il ne reste plus que le sable et des galets brûlants où je marche, pâle fantôme, revêtu de sa longue chemise et rejetant à jamais couvertures et draps qui entravent ma recherche vers l’eau.
Imperceptiblement, je sens les couvertures qui reviennent, cette volonté de dominer toutes les autres volontés qui me transperce.
Est-ce une aurore boréale ? Est-ce le grand silence des forêts, le matin ? Non, c’est la salle d’hôpital, toute blanche dans mon réveil. J’essaie de rassembler mes souvenirs et tout comme la brume se détache des arbres, je commence à distinguer des yeux, des lèvres et puis le visage de ma mère.
Comment se fait-il que tout soit silencieux, mon rêve se poursuit-il ? Et pourtant, ce n’est pas un rêve puisque tout est clair et défini et que je sens la main de ma mère me toucher le front. Le Rhône en se retirant n’a-t-il laissé qu’une parcelle de réalité ?
Et les lèvres de ma mère remuent et aucun son ne s’échappe, je ferme les yeux. Elle me tapote les joues, je laisse couler mon regard vers elle, je fais un effort pour parler, pour lui dire :
–Pourquoi agites-tu tes lèvres ?
Et puis, ma voix se brise quand j’ajoute :
–Je n’entends plus rien…
La lueur d’angoisse est revenue, à l’endroit du cœur, je sens un déclic, comme si on avait actionné un interrupteur. Elle devient brillante, puis rivière brûlante devant cette cruelle certitude :
–Je n’entends pas ma voix, je n’entends plus rien ! ! !
Elle est revenue ma petite voisine de lit et je la vois, la tête enturbannée tout comme moi, mais elle est assise sur son lit et elle rit. Ses lèvres s’agitent vers ses parents et ses amis. Elle me regarde et ses lèvres remuent et je me sens humiliée par ces lèvres silencieuses qui se moquent de moi et qui gardent leur secret. Je me tourne et je fixe le mur.
Je ne veux plus regarder ces lèvres indéchiffrables, je veux comprendre ce que je vois, je quitte les lèvres de ma mère pourtant si patientes et je commence à m’intéresser à tous les livres que l’on m’apporte, je dirige mon attention vers les histoires écrites, vers tout ce qui se présente sans problème, qui me rattache un peu à la réalité ou au rêve, qui me détache de mon état contemplatif…
Cependant, je ne suis pas satisfaite. Au fond de moi, une colère muette commence à se former et je regarde ma voisine de lit avec d’autres yeux : nous sommes à présent différentes toutes les deux et pourtant nous avons subi la même opération. Consciente de cette injustice, je ne lui parle plus, à quoi bon, puisque je ne m’entends pas parler et que ses lèvres vont me transmettre un incompréhensible message.
Je suis restée six mois à l’hôpital, protégée par un environnement spécial où la maladie et l’infirmité se côtoient et deviennent même banales. Je m’habitue peu à peu à mes oreilles mortes et à cette impression de vivre en marge de la vie dans un pays plat et floconneux où on a l’impression que tout le monde se déplace sur la pointe des pieds et remue la bouche sans bruit : le pays du silence. Et me voilà qui ferme les yeux pour essayer de retrouver l’anonymat protecteur du rêve, mais les yeux ouverts, mon rêve se continue, cette sensation d’irréalité se perpétue. Je suis déconnectée mais lucide : yeux fermés ou ouverts, voici le monde où je vivrai, un monde qui pourrait être irréel mais qui est terriblement présent par toutes ces sensations qui viennent à moi.
Qu’il est ténu le fil qui me rattache à l’univers sonore, et pourtant quelqu’un qui frappe sur une table (ou une porte qui claque) me fait sursauter. La nuit je fixe la veilleuse qui tremblote, je surveille les infirmières qui vont et viennent. Mes yeux remplacent les oreilles, ils s’exercent à se faire attentifs, à imaginer des bruits, à donner des noms à des ombres. Je me mets à entendre avec les yeux.