QUÊTE SPIRITUELLE
Tome 1 : des Origines lointaines au 20ième siècle
Josselyne et Marcel Chourry
Obrapropia
© Texto: Josselyne et Marcel Chourry
© Edición: OBRAPROPIA, S.L.
Calle Martí, 18
46005 VALENCIA
www.obrapropia.com
ISBN: 978-84-16717-58-3
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TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : LES ORIGINES LOINTAINES
CHAPITRE 2 : LE COMPAGNONNAGE
CHAPITRE 3 : LE TEMPLARISME
CHAPITRE 4 : LE COLLÈGE INVISIBLE ET LA SOCIÉTÉ ROYALE
CHAPITRE 5 : LE 18IÈME SIÈCLE, LA FORMATION
CHAPITRE 6 : LE 19IÈME SIÈCLE : LA CONFIRMATION.
CHAPITRE 7 : LE 20IÈME SIÈCLE : GRANDEUR ET …
INTRODUCTION
Parler de quête spirituelle, c’est mettre l’homme au centre d’une démarche qui vise à essayer de comprendre la place qu’il occupe dans l’univers. Nombreux ont été ceux qui ont essayé de résoudre le grand mystère.
Chacun à sa manière a tenté d’y répondre.
Cet ouvrage essaiera de rendre hommage aux esprits avancés que notre humanité a connus.
Nous avons souhaité chercher dans des univers qui prédisposent à la quête spirituelle mais qui ne sont pas si connus du grand public. La cause n’en tient pas tant à l’absence de curiosité de ce public qu’à la volonté de certaines sociétés de rester à tout le moins discrètes.
Nous tenterons néanmoins de soulever une partie du voile d’Isis. La quête spirituelle n’appartient à personne et si cet ouvrage donne des idées pour d’autres travaux visant à mieux cerner les sujets abordés, nous aurons atteint un des buts. Un autre sera évidemment de faire connaître encore mieux, si cela est possible, des sociétés captivantes mais bien différentes. Car, il n’y a pas de symétrie absolue dans la manière de vivre le rosicrucianisme, le martinisme et la franc-maçonnerie et selon que l’on se situe dans tel ou tel pays européen ou non-européen, les réalités sont différentes.
L’origine géographique de ces mouvements (le rosicrucianisme en Allemagne, le Martinisme en France et la franc-maçonnerie en Angleterre) leur donne une certaine coloration car tout mouvement est empreint des idéaux du pays qui l’a vu naître.
Notre quête va nous permettre d’aborder les points suivants :
Pour les sociétés citées, nous nous intéresserons dans un premier temps à leurs origines alléguées.
Après ces origines lointaines, nous regarderons le compagnonnage et les templiers. Puis, nous voguerons dans le temps à la recherche de ces penseurs qui ont construit patiemment des rituels et ont fédéré autour d’eux des communautés qui ont fini par se faire reconnaître par les pouvoirs en place.
Après cet aperçu historique, il sera temps de s’intéresser aux valeurs défendues par les différentes obédiences maçonniques, le martinisme et le rosicrucianisme.
Dans le cadre plus particulier de la franc-maçonnerie, il est connu que presque tous les francs-maçons et franc-maçonnes appartiennent à une Obédience. Celle-ci représente une société travaillant selon un ou plusieurs rites. Nous nous intéresserons donc à ces rites. Les rites sont composés d’un nombre de rituels. Nous en verrons quelques uns parmi les plus connus. Enfin, il nous faudra considérer à travers quelques exemples choisis le langage symbolique toujours utilisé.
A partir de là, nous pourrons retrouver le terreau commun aux sociétés initiatiques comme l’hermétisme, l’alchimie, l’astrologie, la théurgie…
Le mysticisme avec ses divers courants sera un autre centre d’intérêt. Il nous permettra d’aborder le gnosticisme et le catharisme.
Religion et sociétés initiatiques n’ont pas fait bon ménage et nous verrons dans le chapitre sur l’antimaçonnisme religieux des épisodes qui illustrent ce propos.
Enfin, la quête suppose quelques réflexions sur la mort (comme celles du Comte de Saint-Germain,, de Mozart ou de l’académicien François Cheng). N’est-elle pas la fin ultime de notre demande de savoir ? L’homme cherche à la vaincre depuis son apparition sur terre. Mais est-elle vraiment un ennemi et le mot vaincre est-il bien approprié ?
Avant d’aborder le corps du livre, quelques réflexions sur la quête spirituelle et ce qu’elle impose.
Léon Tolstoï mit quatre ans à écrire « Guerre et Paix » (de 1865 à 1869). Cette fresque contient la cérémonie d’initiation du comte Pierre Bezoukhov selon le rite martiniste. On y voit dépeints toutes les questions, tous les doutes qui assaillent l’esprit du comte qui ne sait pas bien où il a pu ‘mettre les pieds’ -(si l’on peut dire)-. Néanmoins, il sort apaisé de cette expérience, riche d’un enseignement nouveau et plus serein dans sa vie quotidienne. Il a pu méditer sur cette formule : ‘Dans nos temples, nous ne connaissons d’autres degrés que ceux qui séparent la vertu du vice’.
Le frère Johann Goethe disait ‘Meurs et deviens’. Tout le rituel initiatique se trouve résumé en ces quelques mots mais on peut aussi accepter la formule nietzchéenne qui complète : ‘deviens donc qui tu es sans jamais cesser d’être un apprenti’. Cette dernière phrase a un double sens. En tant qu’apprenti, l’être humain est un initié et il doit respecter les vertus dont il a promis de donner l’exemple mais aussi s’il n’est qu’un apprenti, il doit avoir conscience de toute la distance qu’il lui reste à parcourir s’il veut un jour pouvoir parler comme un maître.
De manière générale, même lorsque l’on est parvenu au bout de sa quête, il est bon de garder l’esprit de l’apprenti, désireux de savoir davantage et de se perfectionner. Il est également bon de garder quelque humilité car le savoir est une chose extraordinaire : comme l’a remarqué Socrate, plus on apprend plus on prend conscience du peu que l’on sait.
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Une question nouvelle consiste à réfléchir sur l’existence de la vérité. Lorsque nous évoquons la vérité, nous parlons généralement d’une chose absolue. L’initié apprend qu’il ne pourra au mieux connaître qu’une forme de vérité relative, celle qui cesse d’être vraie dès lors que l’on s’en contente, comme l’a écrit le philosophe Alain. La vérité absolue n’appartient qu’au principe premier de tout ce que nous pouvons découvrir. Ce principe premier porte plusieurs noms. Les frères et sœurs maçons ont coutume de l’appeler le Grand Architecte de l’Univers.
Le philosophe Locke, dans son Essai sur l’entendement, nous mettait en garde contre la quête de l’absolu : ‘Abandonnons les hypothèses métaphysiques : ne voyons-nous pas qu’elles n’ont jamais abouti ? Et ne sommes-nous pas fatigués de nos interrogations vaines ?’
Albert Lantoine a répondu : ‘Ce qui fait la valeur de l’homme, ce n’est point la vérité qu’il possède ou qu’il croit posséder ; c’est l’effort sincère qu’il a fait pour la conquérir ; car ce n’est point par la possession, mais par la recherche de la vérité que l’homme grandit ses forces et qu’il se perfectionne.’ (Lettre au Souverain pontife, 1937)
De même, le mathématicien Condorcet qui a rédigé en prison ‘une esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain’, disait ‘les vrais amis de la vérité sont ceux qui la cherchent, non ceux qui se vantent de l’avoir trouvée’[1]. Pour autant, il faut chercher avec ardeur. L’ardeur suffira à un grand nombre de cherchants et, pour ceux qui vivent dans la foi chrétienne, la parole de Jean 8-32 leur servira de guide : ‘Vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira’. Jésus explique à cette occasion que bon nombre des fils d’Abraham sont esclaves de leurs vices ou travers. Lorsqu’ils auront compris la vérité qui s’apparente ici à la juste place de l’homme dans l’univers, ils essaieront de se montrer dignes de la mission qui leur a été confiée et qu’ils n’ont pas encore assimilée.
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La vérité a produit un effet induit a priori illogique, celui du secret. En effet, si des contemporains découvrent une forme de vérité, pourquoi devraient-ils la garder pour eux ?
Or, ce secret, sur lequel nous reviendrons, ne peut pas ne pas être. Il est nécessaire. Tous les hommes ne sont pas arrivés au même degré de développement spirituel. Il n’y a pas là matière à orgueil ou supériorité. Il y a seulement un état de fait sur lequel chacun à sa manière doit travailler. Le philosophe grec Synésius nous mettait déjà en garde : ‘La vérité doit être cachée. Il ne faut donner aux foules qu’un enseignement proportionné à leur intelligence’. C’est la même idée que nous retrouvons dans le Baghavad Gita, livre sacré des Hindous.
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Pour s’approcher de la vérité, l’être humain doit posséder cette vertu rare que l’on nomme ‘sagesse’. Confucius nous a mis sur ses traces lorsqu’il disait ‘l’insensé se plaint de n’être pas connu des hommes, le sage de ne pas les connaître’ ou encore ‘le sage ne dit pas ce qu’il sait et le sot ne sait pas ce qu’il dit’. Qu’en peu de mots, il nous invite à une profonde réflexion sur nous-mêmes !
De même, un autre maître à penser, Socrate, a illustré le thème de la sagesse lorsqu’il a dit par exhortation : ‘Connais ta condition humaine et ses limites, ne t’expose pas à la vengeance de la Némésis divine’. Cette dernière est le symbole non de la justice immanente comme on le croit souvent mais plutôt de la mesure. Son antonyme est Hybris, l’orgueil démesuré. Némésis combat tous les excès, qu’ils soient négatifs comme un trop plein de richesse matérielle, un abus de pouvoir… ou positifs comme un trop grand bonheur. Némésis s’oppose à tout ce qui peut nuire à l’équilibre du monde créé. C’est là une vision intéressante car elle présuppose qu’il y a un ordre voulu par le destin.
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La sagesse doit mener à la paix, qui est le grand bien de la civilisation moderne. Cette paix peut être envisagée à plusieurs niveaux, paix des peuples entre eux, paix entre individus d’une même communauté, paix au plus profond de soi. Le sage possède la troisième forme de paix mais pour la première, on peut parler à la manière de Léon Shenandoah, prêtre et chef iroquois qui déclarait en 1985 : ‘Nous avons reçu l’ordre de nous aimer les uns les autres, et de montrer un immense respect pour chaque créature de notre terre. Lorsque le peuple cessera de respecter et d’exprimer sa gratitude pour toutes les choses, alors la vie humaine sera détruite sur la planète. C’est notre responsabilité. Chaque être humain a le devoir sacré de protéger le bien-être de notre Mère terre, d’où découle toute source de vie.’
Si la sagesse permet à l’homme de s’approcher de la vérité, elle ne suffit pas. Elle doit être complétée par la compassion et/ou la charité. Cette dernière doit s’entendre au sens de Saint-Exupéry : ‘On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux’. Un autre penseur qui nous a éclairé sur cette charité fut Saul de Tarse, dit Saint-Paul, qui commenta ainsi dans sa première épître aux Corinthiens (13-1 et 2) : ‘Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien’. On pourrait dire que si la sagesse s’adresse à l’intellect et peut être froide, la charité trouve clairement son siège dans le cœur et tient chaud.
Charité et intellect doivent se combiner. Le bouddhisme tend à enseigner tout le bien-fondé de cette vision. Il enseigne que l’intellect sans le sentiment, la connaissance sans l’amour, le savoir sans la compassion, conduisent à la pure négation, à l’engourdissement, à la mort spirituelle, au vide intégral, tandis que le sentiment sans la raison, l’amour sans le discernement, la compassion sans la connaissance, conduisent à la confusion et à la dissolution. Mais, là où les deux sont réunis, où la grande synthèse du cœur et du cerveau, du sentiment et de l’entendement, du plus haut amour et de la plus profonde connaissance est réalisée, s’établit la plénitude, et la totale illumination est atteinte.
Enfin, éternelle question : n’est-ce pas cette compassion ou charité qui compose le ‘glutinum mundi’, cette colle qui fait qu’au final, le monde reste un alors que les forces centrifuges de l’égoïsme et de la volonté de puissance sont si grandes ? Cette question hante les esprits depuis que l’homme est homme. S’il est vrai que l’homme, selon la formule de Hobbes, est un loup pour l’homme, d’où vient que la civilisation a malgré tout fini par s’imposer ?
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Pour étudier l’homme suivant ses aspirations, doutes et acquis, il y a un nombre de sociétés initiatiques. Nous nous intéresserons surtout à celles qui ont marqué et marquent encore notre environnement occidental.
Si nous prenons l’exemple de la Franc-maçonnerie, on peut dire, sans grand risque de se tromper, que tout (en vrai ou en faux) a été dit sur son compte.
Nous pouvons mettre en perspective les deux opinions suivantes :
*d’une part Lamartine qui exprimait une vision dithyrambique : ‘Vous n’êtes, selon moi, que les grands éclectiques du monde moderne ; vous prenez dans tous les temps, dans tous les pays, dans tous les systèmes, dans toutes les philosophies, les principes évidents, éternels et immuables de la morale et vous en faites le dogme infaillible et unanime de la fraternité. Vous écartez tout ce qui divise les esprits, vous professez tout ce qui unit les cœurs, vous êtes les fabricateurs de la concorde. Vous jetez avec les truelles le ciment de la vertu dans les fondements de la société’.
La question que l’on se pose à la lecture de ce texte est de savoir si Lamartine était lui-même franc-maçon. La réponse est non, mais il était louveteau, c’est-à-dire, fils de franc-maçon.
*d’autre part, du côté très réservé, nous allons trouver sans doute le plus grand stratège que notre histoire de France ait connu, Napoléon Bonaparte en personne, qui dit des maçons : ‘C’est un tas d’imbéciles qui s’assemblent pour faire bonne chère et exécuter quelques folies ridicules. Néanmoins, ils font de temps à autre quelques bonnes actions. Ils ont aidé dans la Révolution et récemment encore à diminuer la puissance du Pape et l’influence du clergé’.
L’opinion de Napoléon sur la Révolution peut être comprise si l’on parle de francs-maçons à titre individuel et non de la franc-maçonnerie en général. Quant au pouvoir papal, Napoléon pouvait parler en maître, lui qui fit arrêter un Pape dans l’exercice de son pouvoir. Mais, nous reviendrons sur cela.
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Lorsqu’une société spirituelle, quelle qu’elle soit, étudie les questions qui entourent la présence de l’homme dans l’univers, il va de soi qu’elle se retrouve sur un domaine fortement préempté par les religions, au sens d’institutions constituées et fermées. L’affrontement peut en résulter.
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De la religion, le pas est franchi vers l’interrogation qui nait en nous sur l’existence d’un Dieu. Christian Jacq nous rappelle le proverbe maçonnique qui veut que ‘Dieu écrive droit avec des courbes’[2]. Est-ce à dire qu’il ne nous sera jamais accessible ? Pour autant, la maçonnerie anglaise est tout entière bâtie sur sa quête. Le maçon anglais doit retrouver ce qui est perdu. De Dieu, on ne sait guère que ce qu’en décrivent les textes de 1813 : ‘De tous, le maçon doit le mieux comprendre que Dieu voit autrement que l’homme; car l’homme voit l’apparence extérieure, alors que Dieu voit le cœur’.
Nous aurons l’occasion de revenir sur le grand mystique que fut Emmanuel Swedenborg. Pour l’instant, il nous apparaît important de signaler sa pensée sage lorsqu’il dit ‘L’absolutisme est injurieux pour le monarque autant que pour le peuple. Dieu seul est notre seigneur et notre maître. Nous ne sommes pas les propriétaires de nos biens ou de notre vie. Nous n’en sommes que les administrateurs’.
L’homme a dû faire un long chemin pour se défaire, même imparfaitement, de sa gangue reptilienne. Celle-ci lui a certes été utile pour vivre et survivre en des temps où sa présence sur la terre pouvait lui être contestée par d’autres espèces. Mais, aujourd’hui, il lui faut trouver un supplément d’âme pour intégrer son statut d’être vivant supérieur ayant non seulement des droits sur cette terre mais aussi des devoirs. Nous devons à Diderot un travail immense sur ce qui devait devenir la première encyclopédie moderne. En préface de celle-ci, il écrivait : ‘Les noms des artisans, les véritables bienfaiteurs de l’humanité sont presque tous ignorés alors que ceux des destructeurs, ceux des conquérants, ne sont ignorés de personne. Cependant, c’est peut-être chez les artisans qu’il faut aller chercher les preuves les plus admirables de la sagacité de l’esprit, de sa patience et de ses ressources.’
A l’opposé du monde reptilien se situe très probablement le monde des mystiques. Nous aurons l’occasion d’évoquer quelques grands penseurs et ce que nous leur devons. Pour l’instant, qu’il nous suffise de mettre en avant leur démarche. Ils n’appartiennent pas au monde courant et les comprendre réclame du commun des mortels un effort tout particulier. Victor Hugo peut nous servir de guide: ‘Tout homme a en lui son Patmos. Il est libre d’aller ou de ne point aller sur cet effrayant promontoire de la pensée d’où l’on aperçoit les ténèbres. S’il n’y va point, il reste dans la vie ordinaire, dans la conscience ordinaire, dans la vertu ordinaire, dans la foi ordinaire ou dans le doute ordinaire, et c’est bien. Pour le repos intérieur, c’est évidemment le mieux. S’il va sur cette cime, il est pris. Les profondes vagues du prodige lui sont apparues. Nul ne voit impunément cet océan là. Désormais, il sera le penseur dilaté, agrandi mais flottant. Il touchera par un point au poète et par l’autre au prophète. Une certaine quantité de lui appartient maintenant à l’ombre. L’illimité entre dans sa vie, dans sa conscience, dans sa vertu, dans sa philosophie. Il devient extraordinaire aux autres hommes. Il s’obstine à cet abime attirant, à ce sondage de l’inexploré, à ce désintéressement de la terre et de la vie, à cette entrée dans le défendu, à cet effort pour tâter l’impalpable, à ce regard sur l’invisible, et c’est ainsi qu’on s’en va dans les élargissements sans bornes de la méditation infinie.’
Comment acquérir cette grandeur d’âme qui permet au mystique de s’unir à l’insondable, d’éprouver le sentiment divin au plus profond de son être ? Cette faculté n’est pas à la portée du commun des êtres humains. Saint Jean Chrysostome nous met sur la voie : ‘Il faut apaiser ses propres pensées, rendre son esprit vide et libre. Il est fondamental de laisser le cœur-esprit se décanter comme une eau calme. Alors, il devient comme un lac paisible où se reflète le ciel, où s’inscrit le visage du Christ, et par là même le visage véritable du prochain. De même qu’un homme ne peut voir son visage dans l’eau trouble, de même l’âme, si elle n’est vidée des pensées étrangères, ne peut refléter Dieu dans la contemplation.’
La voie est donc tracée. Partons donc à la rencontre de ces étapes qui ont façonné notre histoire et ont fait de l’homme ce qu’il est aujourd’hui, dans ce que l’on peut le plus admirer en lui.
[1] Dans la même veine, Eric-Emmanuel Schmitt dans son essai ‘La nuit de feu’ (2015) a écrit : ‘Les amis de Dieu restent ceux qui Le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant L’avoir trouvé.’
[2] Le même dicton existe en castillan : ‘Dios escribe recto con renglones torcidos’.