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Guy Saint-Jean Éditeur
4490, rue Garand
Laval (Québec) Canada H7L 5Z6
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Guy Saint-Jean Éditeur est membre de
l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

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«Welcome to the real world! It sucks! You’re gonna love it!»

— Monica Geller à Rachel Greene, deux personnages de la série Friends

À tous les parents qui croient (à tort) qu’ils ne sont pas assez.
Vous. Êtes. Assez.

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Table des matières

 

Préface

Le mot de départ

Des bases solides

Une question de principes

La discipline

L’autonomie 101

La communication parent-enfant

La constance

La gestion des crises et des conflits

Le renforcement positif

Questions de société

La (sur)consommation

Les écrans

La fameuse conciliation travail-famille

Au quotidien

La vie à la maison

La vie scolaire

Les transitions familiales

Quand éclate la cellule familiale

La famille recomposée

Demander de l’aide

Savoir s’entourer

Demander de l’aide… à un professionnel

Le mot de la fin

Références

Remerciements

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Après avoir lu Comment stimuler son enfant par le jeu au quotidien, Simon sent l’angoisse monter en lui et se dit: «Merde, ma fille a 18 mois et ne saute pas encore à pieds joints. C’est probablement parce que je ne l’ai pas assez fait jouer dehors/fait sauter sur un trampoline/fait monter des marches/fait sauter dans les flaques d’eau.»

Maxime, après avoir lu Allez hop! Au dodo!, se sent inquiet: «Suis-je en train de fabriquer un enfant anxieux, dépendant affectif et incapable d’autoréconfort parce que je le laisse venir me rejoindre dans mon lit à 6 h chaque matin?»

Mélissa, après avoir visionné l’entrevue de M. Spécialiste à l’émission Parent parfait, se dit: «Quelle mère indigne je suis d’avoir acheté la paix avec mon fils hier midi, en l’amenant au McDo en échange d’une promesse de ranger sa chambre.»

Judith, quant à elle, se sent coupable de ne pas être comme Geneviève, qui n’arrête pas de publier sur les réseaux sociaux des photos de ses enfants toujours souriants, dans une maison ordonnée, alors que les siens viennent de s’engueuler à propos d’un toutou même pas beau, qu’elle devrait d’ailleurs laver (se dit-elle), tout comme le reste du tas qui grossit à vue d’œil dans la salle de lavage.

Catherine, elle, envie Julie d’avoir une fillette éveillée, drôle et ayant toujours une réplique adorable que sa mère s’empresse de publier sur Facebook avec une photo d’elles visiblement joyeuses.

Judith aimerait bien être à la place de Simon qui, lui, meurt de jalousie chaque fois qu’il voit le petit de Mélissa.

Le gazon est toujours plus vert chez le voisin, on dirait bien!

Un problème de société?

Au cours des dernières années, j’ai remarqué que les parents auprès desquels j’interviens dans ma pratique psychoéducative me font de plus en plus ce genre de remarques. Ils se comparent, se dénigrent et se jugent sans pitié. Pas étonnant, avec la quantité d’informations relatives à l’éducation qu’on peut consulter sur le Web et sur les réseaux sociaux!

On entend tel spécialiste recommander le dodo de manière autonome dès la naissance, alors que tel autre prône plutôt le cododo pour la création du lien d’attachement. On allume le poste de radio: le psychomachin somme les parents de laisser pleurer leur poupon afin qu’il devienne autonome, alors que l’autre psychomachin (ben oui, ils font partie du même ordre professionnel) qu’on a entendu avant de partir pour le boulot, à la télévision, disait, au contraire, que ce message indique à notre enfant qu’on n’est pas disponible, ni sensible à ses besoins.

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Comment appliquer toutes ces recommandations à la fois?

Comment devenir le parent idéal décrit dans tel ou tel ouvrage sur la parentalité?

Comment être déjà ce parent idéal? Parce que le devenir suppose un délai, et qu’il est hors de question que notre enfant n’ait pas le meilleur parent immédiatement! Sinon, ça pourrait lui causer des torts irréparables, non?

Non. Pour vrai. Je vous le jure, les parents n’ont pas à être parfaits au moment où ils deviennent parents. Parole de psychoéducatrice!

Comment démêler tous ces conseils contradictoires?

Les émissions de télévision et de radio qui laissent une place aux professionnels de l’enfance et de la parentalité (merci!) sont souvent composées de courts segments qui s’enchaînent rapidement. Cela permet peu de nuances et d’explications approfondies.

Comme il s’agit d’une courte chronique, le spécialiste ne peut pas adapter ses explications à chacune des réalités familiales vécues. Il présente des cas qui peuvent s’appliquer à l’ensemble des familles qui ne sont pas aux prises avec des problématiques plus spécifiques.

Cela s’explique aussi par les diverses approches qu’adoptent les membres d’une même profession… et les multiples professions relatives à la parentalité et à la pédagogie. Un psychologue peut avoir une vision psychanalytique de l’être humain (l’inconscient, les pulsions, les blessures psychiques) et orienter son approche professionnelle en ce sens, alors qu’un autre sera plus comportementaliste (un individu adopte ce comportement parce qu’il reçoit telle réponse de son environnement).

Un psychoéducateur peut intervenir dans les médias à propos d’une situation d’intimidation tout en rappelant l’importance de prendre en considération l’influence des traits de personnalité du jeune, de son milieu familial, scolaire, parascolaire, etc., alors qu’un psychothérapeute pourrait se concentrer sur un aspect de cet enfant sans nécessairement le mettre en contexte dans les autres sphères de sa vie.

Enfin, (parfois, aussi) quelque charlatan se retrouve derrière un micro ou devant une caméra et lance des âneries tout en jouissant d’une certaine crédibilité, ne serait-ce que parce qu’il «passe à tivi!» Ah! Le pouvoir de la tivi. Alors que des professionnels qualifiés grincent des dents en l’entendant, d’autres personnes moins (in)formées en pédagogie, et connaissant moins les enjeux liés à l’enfance et à la parentalité, le croiront sur parole. De la même façon, il se peut que je me sois déjà fait berner par un dentiste, un physiothérapeute ou un mécanicien charlatan parce que je n’ai pas la formation ni les connaissances requises pour juger de leur expertise.

Se faire confiance

Avant toute chose, en tant que parent, il est primordial de se faire confiance. Cela est de plus en plus difficile avec le flot incessant de renseignements auxquels on prête une oreille attentive dans l’espoir de s’améliorer.

Malgré tout, c’est ce que vous dit ce livre: faites-vous confiance en tant que parent.

Le soi réel et le soi idéal

Le phénomène de parent idéal et de parent réel est calqué sur celui de l’estime de soi dans lequel on parle d’un soi idéal (tiens donc) et d’un soi réel (bis).

Le soi réel représente ce qu’on est vraiment, réellement. Qui on est. Ce sont nos forces, nos limites, nos besoins, nos intérêts, nos valeurs, nos croyances, notre histoire de vie, nos expériences.

Le soi idéal représente ce qu’on voudrait être, ce qu’on pense que les autres veulent qu’on soit, ce qu’on devrait être, ce qu’il faudrait être. Hello, l’anxiété de performance!

Cependant, pour certaines personnes, le soi réel et le soi idéal sont coude à coude. L’écart entre les deux étant minime – pour ne pas dire inexistant – leur estime de soi est élevée. Ces gens sont satisfaits de qui ils sont, de comment ils sont. Ils n’aspirent pas à être différents. Ils se conviennent tels quels (oh, sans doute avec de miniajustements, mais rien de majeur ou d’irréaliste). En général, ces gens ont confiance en eux.

Pour d’autres, cet écart est si grand que leur estime personnelle est faible – pour ne pas dire nulle. La raison? Ce à quoi ils aspirent est inatteignable, irréaliste (et peut-être même pas souhaitable, tout compte fait, mais ça, ils ne le savent pas encore). À force de travailler sur eux-mêmes, à coup de psychothérapies, de livres de développement personnel, de mandalas et de roues de vie, ils constatent qu’ils n’arrivent toujours pas à atteindre leur soi idéal.

Découragement.
Soupirs.
Exaspération.

Et parfois, dans certains cas, dépression. Oui, oui: le fait de vivre des échecs répétés, de ne jamais se sentir à la hauteur, peut mener à la dépression, qui est un sentiment de n’avoir aucun contrôle sur sa vie, d’être nul et ainsi, de perdre confiance en soi et en l’avenir.

Si c’est vrai pour les gens en général, est-ce aussi vrai pour les parents? Ben oui. Pas étonnant que, de plus en plus, on parle du phénomène de la dépression et du burnout parental. À force de vouloir être un parent qu’on n’est pas, on se bute à des échecs répétés, à un sentiment d’incompétence, d’insatisfaction, de culpabilité (on n’est pas le parent idéal ni le parent parfait pour notre enfant, qui va nous en vouloir toute sa vie après qu’on l’ait scrappée, cette vie).

Scrapper la vie de son enfant

Patrick Lagacé a écrit un article intéressant à ce propos, dans La Presse1. En gros, il disait que chaque parent va inévitablement scrapper son enfant. Pour certains, ce sera un peu. Pour d’autres, beaucoup. Et d’autres encore, entre les deux. Lui, il s’est fixé l’objectif de ne pas trop le scrapper.

Parce que forcément, nous savons qui nous sommes. Avec notre histoire, notre bagage. Certains voyagent léger et d’autres parents ont accumulé vraiment beaucoup d’expériences difficiles dans leur baluchon avant même d’obtenir le titre de parent. Certains ont eu une enfance à l’image d’un long fleuve tranquille, d’autres ont dû traverser des rapides rocheux. Inévitablement, ça laisse des traces. Est-ce que ça veut dire que tu ne peux pas donner ce que tu n’as pas reçu? Ben non! Mais ça peut vouloir dire que si ton arbre généalogique est dépressif, anxieux, bipolaire, ce n’est pas ta faute. Ce sont les gènes. Que veux-tu? Tes parents s’engueulaient tout le temps? Ton père est parti quand t’avais 12 ans? T’as grandi en famille(s) d’accueil? Ce n’est pas ta faute non plus. Tu n’as pas à te sentir coupable. Mais une chose est sûre, ça t’a forgé.

Même chose si tu as grandi dans une famille aimante, avec des parents ensemble depuis qu’ils ont deux ans et demi (de vieux amis de la garderie, quoi), une sœur jumelle douce, douce comme la soie, que tu as rencontré l’homme de ta vie à 13 ans, que ça a été ton premier dans «tout», que tu n’as jamais eu envie d’aller voir ailleurs, lui non plus d’ailleurs.

Peu importe notre passé, nos expériences s’accumulent dans notre baluchon. Oui, certains ont une belle petite sacoche Hello Kitty. D’autres, un gros sac-poubelle troué rempli de choses pas belles. Mais vous savez quoi? Ils arrivent quand même à être de bons parents. Des parents aimants, aidants, fiers, drôles, sensibles et intelligents.

L’inverse est aussi vrai: il se peut que notre voyageuse au long fleuve tranquille ne soit pas bien dans sa tête, dans sa peau, dans son cœur, et qu’elle ait du mal à développer les mêmes qualités que notre voyageur extrême. C’est la vie (ou plutôt, le tempérament, la personnalité, et, dans certains cas, les vulnérabilités biologiques sur le plan de la santé mentale).

Peu importe notre passé, il teinte notre présent et, en l’occurrence, qui on est. Et qui on est, on l’est aussi comme parent. Par exemple, une personne anxieuse dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale risque de l’être aussi dans son rôle de parent. Alors, pour s’accepter comme parent, c’est primordial de s’accepter comme individu, d’abord et avant tout. Pas toujours facile, hein? Au fil des pages qui suivent, c’est ce qu’on tentera de faire: être le parent qu’on est, en tentant de culpabiliser le moins possible.

Je, Stéphanie Deslauriers, belle-maman de Poulet parfois surprotectrice, souvent exigeante et impatiente, psychoéducatrice imparfaite, mais tellement attachante (ben quoi!), m’engage à tenir des propos d’ouverture, d’authenticité et de non-jugement. Et peut-être que j’inciterai votre petite voix intérieure à faire de même. Vous savez, cette petite voix (parfois fatigante) qui nous dit qu’on n’est pas assez ceci, trop cela, qu’on fait tout de travers, qu’on n’est pas bon?

À go, on adapte les recommandations des professionnels chevronnés à notre personnalité et à notre réalité familiale afin de vivre de petites réussites quotidiennes, O.K.?

GO!

 

1L’article est accessible en ligne à l’adresse suivante: plus.lapresse.ca/screens/a82418f3-dafe-4daa-a895-c3fb67ec014d%7C_0.html.

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Un piercing au nez… C’est la première chose qui nous a frappés quand elle est entrée comme une flèche dans le petit local où on la recevait pour une audition. Cette femme n’était pas comme les autres. Déterminée, fonceuse, passionnée, elle était tout ce qu’on recherchait. Une spécialiste hyper qualifiée, humaine, rassurante, mais avec ce je-ne-sais-quoi de moderne et de connecté à notre monde actuel.

L’audition, c’était pour Format familial, le magazine pour la famille qu’on anime depuis maintenant quatre saisons à Télé-Québec. Avant de nous lancer dans cette aventure, nous cherchions la crème de la crème des psychoéducatrices pour guider nos téléspectateurs dans l’aventure quotidienne que peut être la parentalité. Or, dès la première rencontre, ce fut évident: Stéphanie ferait partie de notre famille télévisuelle. Il y a de ces coups de cœur qui ne mentent pas.

De collègue de travail, Stéphanie est aussi devenue une amie, et même une professionnelle à qui nous posons des questions afin que nos techniques de parents reçoivent un peu de… appelons ça du polissage!

Nous vivons dans un monde où il est obligatoire de suivre des heures et des heures de cours pour conduire une voiture ou une mobylette, mais où aucune formation officielle n’est requise pour élever et former un petit être qui prendra part à la société de demain. Comment réagir adéquatement devant la crise du bacon du petit, dans l’allée 6 de l’épicerie? Comment réussir à rendre efficace la routine du dodo pour souffler un peu? Comment faire en sorte que les repas en famille se déroulent agréablement, sans anicroche? Comment garder le cap et maintenir une saine discipline à la fin d’une journée lorsque papa et maman désirent secrètement acheter la paix? Comment optimiser son capital de bonheur familial? Comment rendre le quotidien doux et agréable alors que tout va si vite?

À la maison, nous avons probablement tous les guides parentaux vendus sur le marché, au point de songer à ouvrir une librairie les week-ends… Reste qu’en refermant chacun de ces guides, on reste bien souvent avec ce fameux sentiment de culpabilité. L’impression de ne pas en faire assez, ou de mal faire, comme si les livres de l’a b c de la vie de parents ne faisaient que souligner nos failles au gros marqueur gras.

Mais…! Il y a Stéphanie et son approche différente, faite d’ouverture, de respect, de bonheur. Ses solutions simples, pratiques et réalistes peuvent s’appliquer à tous. Pas besoin de magie, de se taper sur la tête ou de culpabiliser. Stéphanie travaille plutôt à valoriser la famille.

C’est pourquoi ce livre pour parents parfaitement imparfaits arrive comme une lueur dans la nuit pour ceux qui, comme nous, font de leur mieux, avec cœur.

Au lieu de pointer l’imperfection du doigt, célébrons-la.

Vive les parents imparfaits!

Bianca Gervais et Sébastien Diaz

 

Des bases solides

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Une relation parent-enfant se construit tout au long de la vie. Elle débute dès la grossesse et peut-être même avant, lorsqu’on commence à rêver de construire une vie familiale.

Autant cette relation peut être enrichissante et sécurisante, autant elle peut devenir source de frustration lorsque l’enfant grandit et devient adulte. On n’a qu’à penser à tout ce qu’on reproche à nos propres parents…

En tant que parent, on souhaite le meilleur pour nos enfants. On fait constamment de notre mieux, même si ce mieux peut varier au fil des événements de la vie: stress financier, difficulté à conjuguer travail et famille, maudit SPM, séparation, accumulation de déceptions personnelles ou professionnelles, etc.

Voici quelques stratégies établissant les bases d’un rôle parental efficace, bienveillant, mais également ferme, ainsi que d’une relation parent-enfant épanouissante.

Une question de principes

Il n’existe pas de recettes «d’élevage d’enfants» infaillibles et inratables qui conviendraient à l’ensemble des familles. Cependant, stratégies, trucs et conseils éducatifs pullulent. Même s’ils peuvent servir de pistes de réflexion, ils doivent impérativement être adaptés à la réalité familiale, aux valeurs et aux forces, aux limites et aux besoins de l’enfant.

Je ne suis pas une distributrice de trucs, pas plus que ne le sont les professionnels des services sociaux. En revanche, il existe trois principes de base en matière d’intervention, incontournables à mon avis. Les voici, les voilà.

1. Le principe de l’iceberg

Tout le monde (ou à peu près) a vu le film Titanic. Rose, Jack, leur idylle? Me semblait bien. Que s’est-il passé la nuit du 14 avril 1912? Eh bien: le fameux, le grandiose, l’insubmersible Titanic a heurté un iceberg et a coulé à pic.

Rappelons qu’un iceberg ne montre qu’une petite portion de la masse du glacier, sa plus grande partie se trouvant sous la surface de l’eau.

Cet iceberg nous ressemble en quelque sorte. Euh? Quoi? Eh oui: comme ces immenses blocs de glace, on montre aux autres ce qu’on veut bien montrer. Et ce qui est visible à l’œil nu, ce petit bout de la masse totale, c’est notre comportement. Ce qui est invisible correspond à nos besoins (on y reviendra).

Le comportement est un choix. C’est une façon d’agir qu’on choisit en fonction des avantages et des inconvénients qu’elle nous procurera.

Mentir… puis dire la vérité

Par exemple, quand on choisit d’avouer la vérité après avoir menti (ou caché des renseignements, disons), c’est probablement parce qu’on se sent mieux ainsi. On opte pour ce comportement parce qu’on veut obtenir ou préserver la confiance de la personne concernée par la situation, et parce que, en agissant ainsi, on est cohérent avec nos valeurs.

Par exemple, si l’ado de la famille va dans un party en disant que non, non, il n’y aura pas d’alcool et que oui, oui, les parents seront là pour superviser et que c’est faux, il a menti. Mais si le lendemain du party, le charmant ado un peu en lendemain de veille avoue que oui, il y avait de l’alcool, et que non, il n’y avait pas de supervision parentale, c’est qu’il a quelque chose à gagner en disant vrai (un besoin sous-jacent à combler). Veut-il gagner la confiance des parents? Avouer une expérience désagréable (il se tenait les cheveux en se vidant les tripes dans la cuvette, etc.)? Éviter que le parent apprenne par quelque parent avec qui il s’entend bien qui était réellement à ce party, et ce qui s’y est passé? Quoi qu’il en soit, l’ado a fini par dire la vérité.

Le parent a aussi un choix à faire (et par conséquent un comportement à adopter): réprimander l’ado pour son insouciance, son immaturité et son mensonge de la veille, ou encore lui déclarer qu’il est déçu de ce mensonge, mais content que l’ado ait finalement avoué la vérité.

Les conséquences du mensonge

Si, après avoir dit la vérité sur cette soirée, l’ado se fait disputer, qu’il perçoit que son honnêteté déçoit son parent et génère des conflits, il se peut qu’il perçoive peu d’avantages à maintenir ce comportement d’honnêteté (post-mensonge, on en convient, mais honnêteté tout de même), n’est-ce pas?

À ce moment-là, il se peut que l’ado commence à cacher des aspects d’une situation, à modifier une histoire, à mentir plus souvent et pour des trucs de plus en plus importants. Ce faisant, l’ado évite de décevoir, d’être puni, de faire de la peine, de ne pas être cru (alors que pourtant il a fini par dire vrai et que souvent, il dit la vérité d’emblée). En prime, il préserve son lien de confiance avec le parent, évite des blâmes, voire récolte des éloges concernant ses bons coups… Ceux-ci n’existent pas réellement ou ont été magnifiés par l’enfant lui-même, mais le résultat est néanmoins de l’attention positive.

Chez toute personne, le comportement (ce qui est visible et observable) est motivé par ses besoins (ce qui se cache sous la surface). La personne peut choisir de mentir (comportement) dans une situation pour éviter un conflit (pour préserver le besoin d’appartenance que procure une relation parentale ou amicale, par exemple) ou pour recevoir des éloges (pour répondre au besoin de compétence et de reconnaissance).

Dans un contexte de parentalité, l’intervention du parent différera selon les comportements adoptés par l’enfant. Pourquoi? Parce que les besoins inhérents aux comportements de l’enfant sont différents. Dans l’exemple du party-alcoolisé-non-supervisé de l’ado, celui-ci pourrait choisir de maintenir son mensonge (comportement 1) pour éviter d’être réprimandé, de décevoir ses parents ou de perdre leur confiance. Il pourrait aussi choisir d’avouer son mensonge (comportement 2) pour rétablir la confiance, apaiser sa conscience ou obtenir la reconnaissance de ses parents sur son honnêteté post-mensonge.

Si l’ado choisit de mentir, le parent peut faire part de ses sentiments à l’égard de ce mensonge et de ses conséquences possibles (par exemple, perte de confiance, déception, punition, etc.). Également, le parent peut expliquer que son rôle est de veiller à la sécurité de son enfant et qu’il préfère connaître les balises de la soirée afin de pouvoir réagir rapidement si jamais cela tournait mal. Enfin, le parent doit expliquer le comportement à adopter la prochaine fois (dire la vérité, pardi)!

Mais si l’ado avoue la vérité, il sera important de renforcer ce comportement (il sera question du renforcement positif à la page 81), de comprendre pourquoi il a d’abord menti et de l’encourager à dire la vérité d’emblée la prochaine fois en énumérant les avantages associés à ce choix: maintien de la confiance, possibilité de venir en aide en cas de besoin, etc.

Les deux comportements et leurs fonctions évoquées ci-dessous ouvrent sur des perspectives d’avenir, c’est-à-dire qu’ils permettent de préparer l’ado à une prochaine fois, car oui, il y en aura, des prochaines fois.

Les fonctions principales du comportement

Les comportements des parents (ainsi que ceux des chers enfants, évidemment), ont deux fonctions principales:

1. obtenir quelque chose: de l’attention, de la gratification, une récompense, de la fierté, faire plaisir à quelqu’un, se faire plaisir, etc.

2. éviter quelque chose: de se faire réprimander, de décevoir, d’assumer les conséquences des gestes, de vivre une émotion désagréable (voir l’encadré de la page suivante), de se disputer, de perdre un privilège, etc.

Il importe par conséquent de tenter de comprendre la fonction du comportement de l’enfant afin de cibler l’intervention. On pourra alors:

nommer la fonction (obtenir ou éviter?) à laquelle (selon le parent) l’enfant tente de répondre;

lui témoigner de la compréhension;

annoncer que le comportement est interdit, inadéquat ou désagréable;

l’accompagner dans sa recherche de solutions de rechange adéquates et prosociales. Par exemple, s’exprimer calmement, avouer ses torts et les réparer, demander et offrir de l’aide, exprimer respectueusement ses émotions, participer avec bonne volonté aux activités d’équipe, écouter les idées des autres et faire part des siennes sans les imposer, etc. Bref, toute habileté qui contribue au bon fonctionnement social, que ce soit dans les relations interpersonnelles, familiales, amicales, amoureuses ou professionnelles.

Le parent ne tentera pas de faire les choses à la place de l’enfant, mais bien avec lui pour que ce dernier puisse appliquer ces stratégies adaptatives de façon autonome à l’avenir. (Différents types de «faire» sont traités aux pages 52 à 56.)

laisser l’enfant appliquer sa solution de rechange en lui demandant de réparer son geste sur-le-champ (le cas échéant) ou dans une situation future;

se réconcilier;

faire un retour avec lui afin d’évaluer ensemble l’efficacité de la stratégie retenue.

Évidemment, ce processus prend du temps. Il exige de la pratique, de la patience et de l’accompagnement de la part du parent.

Go, parent, tu es capable!

Émotion négative et positive: vraiment?

Hum, pas tout à fait. Il est désagréable de ressentir certaines émotions comme la jalousie, la colère, la tristesse et la déception, mais agréable d’en ressentir d’autres, comme la joie, la fierté et la zénitude.

Toutes les émotions sont légitimes et ont leur fonction. Ainsi, la peur et le stress nous ont permis, au cours de l’évolution, de survivre (rien que ça). Le stress peut pousser à l’action: il est alors un moteur. Il peut aussi être envahissant et paralysant: dans ce cas, il est nettement moins agréable à ressentir.

Il faut savoir que plus on essaie de refouler les émotions, petites et grandes, moins on leur donne le droit d’exister. Résultat? Cela leur donne envie d’exister. Et intensément. Les émotions ne demandent que cela! Elles finissent toujours par passer. Voilà pourquoi il importe de savourer les émotions agréables, qui sont éphémères, et d’accepter les émotions désagréables, tout aussi éphémères.

Un mauvais moment finit toujours par… finir. Promis. Et ça se produit encore plus rapidement quand on reconnaît les émotions ressenties, qu’on leur donne le droit de nous accompagner quelque temps, qu’on les écoute pour mieux les laisser partir. Promis. Cela vaut aussi bien pour les adultes que pour les jeunes.

Donnons-nous donc le droit de vivre ces émotions. Ne tentons pas de les étouffer.

FAUT-IL PUNIR?

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C’est bien beau, tout ça, mais mon enfant a avoué qu’il a menti. Il faut que je le punisse, n’est-ce pas? Il a menti, après tout! N’oui.

En fait, si on veut qu’il continue de dire la vérité (avouer avoir menti, c’est dire la vérité), il vaudrait mieux le féliciter d’avoir eu le courage d’être honnête et d’avouer ses torts et tenter de comprendre pourquoi il a menti a priori. En effet, le renforcement positif (social dans ce cas) est très efficace pour qu’un comportement adapté soit utilisé à l’avenir. En d’autres termes, à quel besoin l’enfant tentait-il de répondre en mentant? Obtenir de l’attention? Éviter une punition? Éviter de décevoir?

Voici une séquence d’intervention à adopter quand l’enfant a menti. Cette façon de faire bonifiera la relation parent-enfant, en plus de sécuriser le jeune: