Le bilinguisme,
un atout dans son jeu
Le bilinguisme,
un atout dans son jeu
Pour une éducation
bilingue réussie
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Tupula Kabola, Agathe, 1986-
Le bilinguisme, un atout dans son jeu: pour une éducation bilingue réussie
(La collection du CHU Sainte-Justine pour les parents)
Comprend des références bibliographiques.
ISBN 978-2-89619-803-0
1. Bilinguisme chez l’enfant. 2. Enseignement bilingue. 3. Langage - Acquisition. I. Titre. II. Collection: Collection du CHU Sainte-Justine pour les parents.
P115.2.T86 2016404’.2083C2016-941537-6
Illustration de la couverture: Geneviève Côté
Conception graphique: Nicole Tétreault
Diffusion-Distribution au Québec: Prologue inc.
en France: CEDIF (diffusion) – Daudin (distribution)
en Belgique et au Luxembourg: SDL Caravelle
en Suisse: Servidis S.A.
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© Éditions du CHU Sainte-Justine 2016
Tous droits réservés
ISBN 978-2-89619-803-0 (imprimé)
ISBN 978-2-89619-804-7 (pdf)
ISBN 978-2-89619-805-4 (ePub)
Dépôt légal: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Bibliothèque et Archives Canada, 2016
Membre de l’Association nationale des éditeurs de livres |
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«Les limites de ma langue sont les
limites de mon monde.»
Remerciements
À Marise Labrecque et Marie-Ève Lefebvre, des Éditions du CHU Sainte-Justine, qui ont été les premières à me donner ma chance dans le monde de l’édition en tant qu’auteure. Merci pour votre enthousiasme envers mon projet, même lorsqu’il n’en était qu’à ses balbutiements, et pour votre soutien constant durant la rédaction du livre.
À Martine Cardin, enseignante de français langue seconde, qui a si gentiment accepté de réviser avec attention le contenu de mon manuscrit. Merci de m’avoir permis d’avancer dans mes réflexions grâce à ta rétroaction et à tes conseils avisés.
À ma mère, une femme d’une générosité infinie, qui a fait de sa passion des mots son métier pendant plus de 35 ans, et qui me soutient dans mes projets les plus fous. Merci pour tes encouragements et ta patience, et pour avoir pris le temps de lire et commenter mon tout premier livre.
À mon père, entrepreneur acharné pouvant s’exprimer aisément dans quatre langues, et qui a malheureusement manqué de temps pour transmettre sa langue maternelle, le tshiluba, à ses quatre enfants. Merci de m’avoir inspirée et motivée à écrire le présent ouvrage.
À mes frères et à ma sœur, Gabriel, Julien et Rachel, dont l’intelligence et l’ambition me remplissent d’admiration. Merci d’être dans ma vie et merci de votre amour inconditionnel.
À l’amour et complice de ma vie, Deodat, homme d’exception qui me comble de joie. Merci pour ta vivacité, ton soutien et tes fous rires qui me donnent une énergie débordante et font toujours battre mon cœur.
À tous les parents qui aspirent à éduquer un enfant bilingue ou plurilingue. Merci de votre confiance et de vos nombreux questionnements et témoignages qui m’ont motivée à briser les mythes les plus coriaces au sujet du bilinguisme. Je peux ainsi informer et sensibiliser des milliers de parents à travers le monde.
Aux enseignants, éducateurs et intervenants en petite enfance qui œuvrent auprès d’enfants évoluant dans plus d’une langue, qu’ils soient allophones, bilingues ou plurilingues en devenir.
À ceux et celles qui se questionnent et entretiennent des craintes à propos des impacts du bilinguisme ou du plurilinguisme sur le développement du langage chez l’enfant, particulièrement lorsque ce dernier présente un trouble de langage.
Table des matières
PROLOGUE
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
Bilinguisme et plurilinguisme
Qu’entend-on par bilinguisme et plurilinguisme?
Quels sont les facteurs qui entrent en jeu dans l’apprentissage des langues?
Peut-on maîtriser deux langues de façon égale?
Un enfant bilingue correspond-il à deux enfants monolingues en un?
CHAPITRE 2
Mythes et réalités du bilinguisme
Le bilinguisme peut-il causer un retard de langage?
Doit-on s’inquiéter si un enfant mélange ses langues?
Y a-t-il un âge propice pour devenir bilingue?
Faut-il être doué pour apprendre deux langues en même temps?
Apprendre à lire et à écrire dans deux langues en même temps, mission impossible?
Un parent, une langue?
La langue parlée à l’école devrait-elle suivre l’enfant à la maison?
CHAPITRE 3
Bienfaits du bilinguisme
La langue maternelle, un trésor insoupçonné
Chez les personnes immigrantes
Le bilinguisme, un stimulant pour le cerveau
Le bilinguisme, une clé qui ouvre bien des portes
Faut-il pour autant se forcer à apprendre plusieurs langues?
CHAPITRE 4
Bilinguisme et trouble du langage
Comment distingue-t-on un retard d’un trouble de langage?
Peut-on éduquer un enfant ayant un trouble ou un retard de langage en l’exposant à deux langues?
CHAPITRE 5
Évolution normale du bilinguisme ou signaux d’alarme?
Comment distinguer un trouble de langage d’un retard d’acquisition d’une langue seconde?
Quels sont les signes qui peuvent nous amener à soupçonner des difficultés de langage?
À quoi doit-on s’attendre d’un enfant bilingue ou en acquisition d’une langue seconde?
À la garderie et à l’école
Les enfants réfugiés et immigrants
Les enfants adoptés
Quand consulter en orthophonie?
Signaux d’alarme par tranches d’âge
Avant 6 mois
À 12 mois
À 18 mois
À 2 ans
À 3 ans
À 4 ans
À 5 ans
Quel est le rôle de l’orthophoniste?
Établissement d’un diagnostic
CHAPITRE 6
Trucs et astuces pour une éducation bilingue réussie
Quelles sont les conditions de base à respecter?
La patience
La valorisation de la langue maternelle
L’exposition suffisante, prolongée et soutenue
Apprendre l’anglais au Québec
L’utilité des langues dans la vie quotidienne
Les interactions sociales
La stimulation du langage au quotidien
CONCLUSION
Pour les parents
Pour les professionnels
GLOSSAIRE
RESSOURCES
Prologue
«Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, cela va à sa tête.
Si vous lui parlez dans sa langue, cela lui va droit au cœur.»
Je me souviendrai toujours de cette journée d’été — j’avais 22 ans —, lorsque pour la première fois j’ai mis les pieds dans le village natal de mon père, à Bakwa Tshiya, dans le secteur de Tshilundu (aussi connu comme Merode à la suite de la colonisation par les Belges), en République démocratique du Congo. Il s’agit du plus grand pays francophone du monde, devant la France, ce qui n’empêche pas les 85 millions d’habitants de parler près de 214 langues et dialectes différents! Lors de ce premier voyage au Congo, j’étais accompagnée de mon père, de mon frère Julien et d’Hubert, ami de la famille qui nous avait conduits, à travers les routes sinueuses et accidentées, jusqu’à destination. Comme nous arrivions au village, tous les habitants, petits et grands, sont accourus pour nous saluer et nous voir de plus près. Ils se sont mis à danser et à chanter avec beaucoup d’entrain en affichant un sourire resplendissant. Tout un comité d’accueil! Dans ce petit village sans électricité où les habitants vivent dans des cases en terre cuite, rares sont les étrangers qui se présentent. Il va sans dire que cette journée a amené les familles de l’endroit à sortir de leur routine…
Mon père m’avait déjà parlé de son enfance en République démocratique du Congo (successivement ex-Congo belge et ex-Zaïre), des membres de sa famille demeurés au pays et de nombreux souvenirs qu’il conservait. Étant née et ayant grandi au Québec, je voyais pour la première fois la terre natale de mon père et de mes ancêtres paternels, et je comprenais un peu mieux leurs racines, donc une partie des miennes.
J’ai été prise d’une telle émotion que j’ai fondu en larmes devant tout ce beau monde. J’étais si émue de voir toutes ces personnes rassemblées autour de nous, les plus jeunes assis en cercle, et leurs parents et leurs proches debout près d’eux! À la suite de la manifestation joyeuse de leurs pas de danse et de leurs chants, il régnait un silence complet. Les habitants nous regardaient avec un étrange mélange de curiosité et de respect. Certains se sont approchés de nous pour nous saluer dans leur langue, le tshiluba.
Ce jour-là, j’ai fait la connaissance de membres de ma famille paternelle qui demeuraient au village, mais j’ai bien vite compris qu’aucun ne pouvait comprendre le français ou s’exprimer dans cette langue. Quel ne fut pas mon désarroi de ne pouvoir leur communiquer verbalement la joie qui m’habitait à l’idée de les rencontrer, de ne pouvoir entretenir une conversation avec eux! En effet, mon père ne m’a pas transmis sa langue maternelle. Le résultat? Un lien affaibli avec une partie de ma culture, l’incapacité à communiquer avec les membres de ma famille demeurés au pays et le sentiment d’être touriste dans le pays d’origine de mon père. J’ai donc voulu rédiger le livre que j’aurais aimé que mon père lise lorsque j’étais plus jeune afin qu’il puisse avoir les outils nécessaires pour transmettre une langue minoritaire à ses enfants.
J’envie tous ceux qui ont la chance inestimable de parler la langue d’origine d’un de leurs parents ou de leurs deux parents. Si c’est votre cas, sachez que vous détenez une immense richesse, un lien vers une autre culture, un trésor insoupçonné. J’aurais souhaité être exposée au tshiluba en bas âge et avoir des interactions sociales régulières dans cette langue de façon à la maîtriser, au moins à un niveau conversationnel. Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour apprendre une langue, mais plusieurs obstacles se font sentir à l’âge adulte: la difficulté à apprendre dans le contexte où la langue ne partage aucune racine commune avec le français, ma langue maternelle; le manque de temps; l’absence de cours formel enseignant cette langue dans ma région et l’absence d’interlocuteurs dans mon entourage pour pratiquer (j’ai toujours parlé français avec les membres de ma famille du côté paternel et je m’imagine difficilement changer de langue du jour au lendemain). Il est aussi plus laborieux de m’immerger dans un bain linguistique en voyageant à l’étranger pour une période prolongée maintenant que je suis sur le marché du travail.
Les enfants bilingues ou allophones forment la majeure partie de ma clientèle rencontrée en clinique en tant qu’orthophoniste. Quand une population urbaine est en majorité composée d’immigrants, parler plus d’une langue devient une nécessité. Ces dernières années, vous, parents, éducateurs et enseignants, m’avez inspirée dans la rédaction de cet ouvrage par vos questions, vos témoignages, vos doutes, vos inquiétudes et vos histoires. Plusieurs d’entre vous m’avez fait part des difficultés que vous rencontriez concernant la transmission de votre langue maternelle à vos enfants et le fait de la maintenir active au fil des années, surtout quand des langues peu valorisées par l’environnement étaient en jeu. D’autres m’ont demandé quelles étaient les meilleures pratiques pour que l’enfant francophone apprenne l’anglais et en vienne à le parler avec aisance ou, au contraire, comment s’y prendre pour que l’enfant anglophone parvienne à utiliser couramment le français.
La thématique du bilinguisme a déjà été abordée dans de multiples ouvrages, mais on en trouve très peu qui s’adressent aux parents et aux intervenants. Avec ma touche personnelle et ma perception unique découlant de mes expériences sur le terrain, de mes observations et de mes connaissances basées sur les dernières découvertes scientifiques, je souhaite vous apporter un nouvel éclairage sur le sujet, avec une vision originale, des propos vulgarisés et accessibles ainsi que des exemples relatifs à différentes situations familiales. En effet, le sujet est loin d’être épuisé. La difficulté de devenir, d’être ou de rester bilingue se traduit chez beaucoup d’enfants comme une difficulté d’être tout court, d’être bien dans sa peau, avec ses différences. Ce livre se veut éducatif et convivial, fournissant des stratégies pratico-pratiques, utiles et applicables au quotidien pour amener vos enfants à grandir en parlant plusieurs langues et en leur assurant une compétence bilingue durable. Que vous soyez vous-même monolingue ou bilingue, que votre langue maternelle soit majoritaire ou minoritaire, que votre conjoint et vous soyez un couple mixte, expatrié, immigré ou unilingue francophone, que vous soyez un parent ou un professionnel œuvrant auprès des enfants bilingues ou en devenir, vous avez un rôle clé à jouer dans l’éducation bilingue de ces enfants. À défaut d’obtenir dans cet ouvrage des «recettes» toutes faites, vous y trouverez certainement des réponses à vos questions concernant des situations particulières.
Introduction
«Le plus dur n’est pas de devenir bilingue. Le plus dur, c’est de le rester.»
Plusieurs circonstances peuvent amener un enfant en bas âge à être exposé à plus d’une langue. Il arrive que chacun des parents soit plus à l’aise de communiquer dans une langue différente, le plus souvent dans sa langue maternelle. Dans d’autres contextes, une langue est parlée à la maison alors qu’une autre est utilisée à la garderie ou à l’école. Il arrive également que les parents choisissent d’exposer leur enfant à la langue parlée par des membres de la famille éloignée afin qu’il puisse communiquer avec eux. En outre, certains parents monolingues sont motivés à élever leurs enfants de façon bilingue pour qu’ils puissent bénéficier des avantages économiques ou socioculturels que cette éducation apporte. De nos jours, le bilinguisme est pratiquement essentiel, car mondialement, la plupart des gens parlent plus d’une langue. Dans un sens, ne parler qu’une seule langue est devenu l’exception, alors que le multilinguisme est sans contredit la norme.
Saviez-vous que…
Soixante pour cent des individus sur la planète parlent deux langues ou plus. Au Canada, cette proportion est de 35%, notamment parce que pour des raisons historiques, une bonne partie de la population bilingue est concentrée dans l’est du Canada — Québec et Nouveau-Brunswick —, alors que le reste du pays est en majorité anglophone. La normalité à l’échelle mondiale est donc d’être plurilingue, soit de parler deux ou trois langues, voire plus.
Y a-t-il un âge propice pour devenir bilingue? Le plus tôt est-il le mieux? Est-ce vrai que les enfants bilingues apprennent à parler plus tard? Faut-il encourager son enfant à parler plusieurs langues, même s’il présente un trouble de langage? Faut-il être doué pour apprendre deux langues en même temps? Devrait-on parler la langue de l’école à la maison pour faciliter les apprentissages scolaires? Est-ce préférable que chaque parent s’en tienne à une seule langue avec son enfant pour éviter la confusion? Doit-on s’inquiéter si un enfant mélange deux langues lorsqu’il parle? Comment mener les enfants vers une compétence bilingue durable? Quels sont les pièges à éviter? Quelles sont les meilleures méthodes pour transmettre deux langues simultanément? Combien de langues un enfant peut-il apprendre? Quand faut-il s’inquiéter et consulter un orthophoniste? Comment peut-on préserver sa langue maternelle dans un contexte d’immigration? Quels sont les ingrédients pour une éducation bilingue réussie?
Nombreux sont les parents et les professionnels du milieu de l’éducation qui se posent des questions concernant la transmission de la langue maternelle, le bilinguisme et l’éducation dans un contexte plurilingue. Éduquer un enfant dans deux langues ou plus entraîne son lot de défis, particulièrement lorsque la langue d’origine n’est pas valorisée dans l’environnement. Comment peut-on lutter contre la disparition de la langue «faible»?
La question identitaire entre aussi en ligne de compte. Comment peut-on se construire une identité à partir de deux langues et de deux cultures? Il s’agit là d’un enjeu d’actualité, surtout dans un contexte où l’immigration et la diversité culturelle et linguistique sont en constante croissance. En effet, environ 45 000 immigrants d’origines diverses viennent s’installer au Québec chaque année. Cette réalité multiethnique s’observe davantage à Montréal et dans les régions avoisinantes, qui regroupent 87% de la population immigrée au Québec. Ainsi, bon nombre d’élèves d’origine immigrante sont scolarisés dans une autre langue que leur(s) langue(s) maternelle(s). Le même constat peut être fait en Europe, où plus de 16 millions de couples vivent dans un pays autre que leur pays de naissance, ce qui signifie que des millions d’enfants, sans compter les non-Européens, grandissent et vont à la garderie (crèche) ou à l’école dans une langue et une culture nouvelles pour eux.
Saviez-vous que…
En 2015, 43% des élèves des écoles primaires et secondaires montréalaises avaient une langue maternelle autre que le français et l’anglais. Au total, environ 200 langues maternelles différentes parmi les quelque 6 900 langues parlées sur terre étaient répertoriées. L’arabe se classait en première place, suivi de l’espagnol, du créole, du chinois et de l’italien.
Le bilinguisme ne va pas de soi, que la seconde langue soit celle d’un des parents, celle de la famille dans un pays étranger ou, tout simplement, celle qu’un enfant d’une famille unilingue cherche à apprendre.
Ce livre concis se veut un outil d’intervention accessible qui combat les idées reçues sur le bilinguisme et le plurilinguisme. Il fournit des exemples et des conseils concrets, répond aux principaux questionnements des parents qui souhaitent éduquer leurs enfants dans un contexte bilingue ou plurilingue et éclaire les enseignants, éducateurs et autres intervenants œuvrant auprès d’enfants exposés à plus d’une langue.
Plus précisément, il s’articule autour de cinq points:
Démystifier le bilinguisme et le plurilinguisme et combattre les idées reçues;
Différencier le retard ou le trouble de langage du retard d’acquisition d’une langue seconde;
Mettre en pratique des stratégies simples pour valoriser la langue d’origine, transmettre la langue maternelle à son enfant, la maintenir active au fil des années ou offrir une stimulation précoce pour favoriser le bilinguisme chez l’enfant;
Amener l’enfant à bénéficier de tous les avantages du bilinguisme et, le cas échéant, maintenir le lien d’appartenance avec sa culture d’origine;
Expliquer pourquoi le bilinguisme est un facteur de protection plutôt qu’un facteur de risque.
Bonne découverte!
Saviez-vous que…
Le pays où l’on dénombre le plus de langues différentes est la Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec un total d’un peu plus de 800 langues et dialectes recensés, soit plus de 10% du total des langues parlées dans le monde! Cependant, la plupart de ces langues comptent moins de 1 000 locuteurs.
ABDELILAH-BAUER, B. Le défi des enfants bilingues – Grandir et vivre en parlant plusieurs langues. Paris: Éditions La Découverte, 2008.
COMITÉ DE GESTION DE LA TAXE SCOLAIRE DE L’ÎLE DE MONTRÉAL (2016). Portrait socioculturel des élèves inscrits dans les écoles publiques de l’île de Montréal. Inscription au 4 novembre 2015. www.cgtsim.qc.ca/fr/documents-site-web/227-cgtsim-portrait-sc2016-04/file [Consulté le 18 avril 2016].
DIKAMBA, K. «Multiculturalisme, un problème contemporain». Fréquences 20 (3), 2008, pp. 2-3.
Papouasie-Nouvelle-Guinée. Wikipedia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Papouasie-Nouvelle-Guin%C3%A9e#Langues [Consulté le 15 avril 2016].
Pour éveiller à la diversité linguistique: le projet Élodil. Érudit.
www.erudit.org/culture/qf1076656/qf1186402/55645ac.pdf [Consulté le 15 avril 2016].
ROCHON, M. et C. THÉORÊT. Le cerveau bilingue. In Émission Découverte. Épisode du 10 avril 2016.
http://ici.radio-canada.ca/tele/Decouverte/2015-2016/ [Consulté le 17 avril 2016].
Top 10 des pays où l’on parle le plus de langues, ou comment reconstruire la tour de Babel.
www.topito.com/top-pays-plus-langues-parlees [Consulté le 17 avril 2016].
TUPULA KABOLA, A. 6 mythes au sujet du bilinguisme. Huffington Post Québec.
http://quebec.huffingtonpost.ca/agathe-tupula/6-mythesbilinguisme_b_5749504.html [Consulté le 17 avril 2016].
CHAPITRE 1
Bilinguisme et plurilinguisme
«Une langue différente est une vision de la vie différente.»
Que signifie être bilingue pour un enfant? Parler et comprendre deux langues? Parler deux langues parfaitement? Écrire dans les deux langues? Prenons le temps de définir les notions clés. Il est à noter que tous les mots en gras sont repris dans le glossaire, à la page 181.
Un enfant est qualifié de bilingue lorsqu’il est exposé à deux langues sur une base régulière. Cette définition élargie inclut autant les enfants qui apprennent deux langues avant l’âge de 3 ans, souvent depuis la naissance (bilinguisme simultané), que ceux qui sont exposés à une seule langue depuis la naissance et qui apprennent une langue seconde après l’âge de 3 ans, une fois leur langue maternelle mise en place (bilinguisme séquentiel ou successif).
› Nassim
Nassim, 7 ans, est l’aîné d’une famille de trois enfants. Ses parents, d’origine marocaine, se sont installés au Québec il y a 10 ans. Nassim est exposé au français et à l’arabe depuis sa naissance. À la maison, les parents utilisent cette dernière langue entre eux, mais s’adressent le plus souvent à leurs enfants en français, qui est également la langue de scolarisation. Nassim comprend certaines expressions en arabe, notamment celles qui font partie de sa routine quotidienne, mais ne dit que quelques mots dans cette langue et ne peut suivre une conversation en arabe entre ses parents. La langue qu’il utilise de façon courante avec ses parents, ses sœurs et ses amis à l’école est le français. Nassim n’est pas considéré comme un enfant bilingue, mais plutôt francophone.
La notion de régularité de l’exposition prend ici toute son importance. À titre d’exemple, un enfant francophone exposé à l’anglais par la télévision à raison de quelques heures par semaine et pouvant exprimer certains mots ou phrases dans cette langue ne peut pas être qualifié de bilingue. De la même façon, on ne considère pas comme bilingue un enfant francophone ayant des parents s’exprimant entre eux en arabe, mais à qui on parle la majorité du temps en français et qui n’utilise que quelques mots ou expressions en arabe.
Saviez-vous que…
Les enfants apprennent très tôt à différencier leurs deux langues dans leur environnement, même lorsque les adultes autour d’eux mélangent les langues ou que les deux langues s’apparentent (par ex.: l’espagnol et le catalan). Certaines études démontrent que les bébés peuvent différencier leurs langues dès l’âge de 4 mois. Ainsi, il est erroné de penser qu’un enfant en contact permanent avec deux langues n’apprend pas à les distinguer clairement. On qualifie d’ailleurs souvent de «franglais» un enfant bilingue qui s’exprime couramment en français et en anglais.