Tome 3
COMPLOT @ MEXICO
Loïk, ce petit pirate et scientifique en herbe,
a visionné une bouleversante vidéo
sur la pollution qui s’accumule dans la mer
et menace les espèces marines. Loïk et ses amis
se rendent en Amérique du sud afin de chercher
une manière de réparer certaines erreurs
du présent. Mais ils doivent affronter des
trafiquants sans scrupule, des contrebandiers
qui ne pensent qu’à se remplir les poches.
Les petits pirates braveront les intempéries
et défieront les escrocs. Réussiront-ils
à modifier certains comportements afin
de contribuer à la bonne santé de la planète ?
LE PETIT PIRATE
TOME III
Complot @ Mexico
Diane Giroux
LE PETIT PIRATE
TOME III
Complot @ Mexico
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Giroux, Diane, 1960-
Le petit pirate
Sommaire : [2]. tome III, Complot @ Mexico. tome IV, Alerte-O-Baleines.
Pour enfants de 8 ans et plus.
ISBN 978-2-89571-280-0 (vol. 2)
I. Giroux, Diane, 1960-. Complot @ Mexico. II. Giroux, Diane, 1960-. Alerte-O-Baleines. III. Titre.
PS8613.I764P47 2017jC843’.6C2016-942646-7
PS9613.I764P47 2017
Révision : |
Sébastien Finance |
Révision de l’espagnol : |
Rachel Paquette |
Illustrations : |
Caroline Marcotte |
Infographie : |
Hélène St-Cyr |
Éditeurs : |
Les Éditions Véritas Québec |
Sites Web : |
www.editionsveritasquebec.com |
© Copyright : |
Diane Giroux (2018) |
Dépôt légal : |
Bibliothèque et Archives nationales du Québec |
ISBN : |
978-2-89571-280-0 version imprimée |
DÉDICACE
À la planète… et à tous ceux et celles qui la défendent.
Je vous présente les personnages de cette aventure
Les préparatifs
— Dépêchez-vous, nous allons arriver en retard ! s’écrie Maéli à bout de souffle.
— Mes jambes ne peuvent pas aller plus vite, ajoute Mégane qui tire de l’arrière. Continuez sans moi et je vous rejoindrai au point de rendez-vous.
Maéli et Layla, les deux sœurs jumelles de onze ans, se talonnent et gardent le tempo. Josh et Xavier les suivent de près tandis qu’Alex a ralenti la cadence, prétextant vouloir accompagner Mégane.
Les jumelles transportent l’un des colliers magiques servant à guider le voilier de Loïk, pour ses voyages dans le temps. Lorsque les trois séries de pierres que possèdent Loïk, son oncle Lukas et les jumelles se trouvent réunies, la goélette prend le large et s’amuse entre le passé et le présent. Ce bateau enchanté porte bien son nom : le Mystérieux. Celui-ci accueille une ribambelle de petits pirates, tous complices de bonnes actions et d’aventures exceptionnelles.
Le collier que Maéli porte à son cou est un héritage de ses parents qui, malheureusement, ont péri en mer. Les fillettes sillonnent toutes les mers du monde depuis leur naissance et la rencontre avec Loïk et sa bande leur a permis de se faire des amis précieux. Elles ont maintenant une famille ! Après avoir dévalé le sentier, elles arrivent bonnes premières au bord de la mer.
— L’eau est glacée, se plaint Xavier en les rejoignant. Mes orteils veulent se sauver de mes pieds, grince-t-il en sautillant.
— Il faut pourtant traverser… Dans deux minutes, tu ne les sentiras même plus ! réplique Maéli, sourire en coin, elle qui se souvient des rigueurs de la vie en mer.
Pour se rendre sur l’île, les enfants doivent passer par le pont de l’île d’Yeu. En fait, il s’agit d’un passage accessible à pied, par un chemin de sable et de cailloux lorsque la marée est basse. Certaines sections obligent de se mouiller les pieds dans l’eau salée et parfois même jusqu’aux genoux. Pour atteindre l’île, il leur faut marcher près de trois kilomètres sans flâner, avant que la marée montante recouvre le sentier.
— Ouf, les filles ! dit Josh en reprenant sa respiration, vous êtes plus rapides que la jument de monsieur Éric. Je suis crevé.
Monsieur Éric est un ami d’oncle Lukas et il accueille les enfants pendant l’été sur sa ferme. Quoi de mieux que de quitter l’orphelinat et d’aller se ressourcer à la campagne pendant la période estivale ? Madame Mariane, leur éducatrice, leur donne cette permission, sachant que le grand air et un peu de travail ne peuvent que leur faire du bien. Et aujourd’hui, les enfants vont retrouver leurs chers amis du futur !
Ils effectuent le parcours sans trop converser, gardant leur souffle pour la course et leur attention pour admirer le décor magnifique de cette île, qui s’isole lorsque la mer est haute.
— Voilà ! Nous sommes rendus sur l’île ! lance Layla. Espérons que Mégane et Alex passeront à temps. Nous allons les attendre ici, au cas où ils auraient besoin de notre aide.
— Le soleil a passé le zénith depuis un bout de temps, remarque Xavier. Donc, chez nous en France, il doit être environ quatorze heures. Quelle heure est-il en Nouvelle-France ? Euh… je veux dire au Canada ? demande-t-il, se rappelant qu’au siècle où vit Loïk, le pays s’appelle le Canada.
— Ils ont seulement six heures de moins, alors d’après mes calculs, il serait environ huit heures du matin, répond Layla. Ils devraient partir bientôt. Ils ont des instruments précis pour naviguer en 2016, souligne-t-elle, plus modernes que notre bon vieux soleil pour déterminer l’heure partout dans le monde. Et leur voyage magique ne dure que quelques minutes.
***
Le déjeuner terminé, l’équipage canadien se prépare à monter à bord du Mystérieux. Quelle aventure attend Loïk, Éthan et Céphira ? Les trois moussaillons expliqueront les détails de leur troisième mission dès leur arrivée en 1716.
Dans la grange d’oncle Lukas, construite en bordure de la rivière Gatineau à Gracefield, Loïk et ses amis s’affairent à préparer leur départ pour le XVIIIe siècle.
— Wouf ! fait la petite chienne de Céphira.
— Bien sûr que nous t’amenons Ann-Floffy, dit la jeune fille en prenant sa mignonne boule de poils dans ses bras. Tu sais bien qu’on ne peut se passer de toi. De plus, nos amis sur la côte française ont certainement bien hâte de te revoir, ajoute-t-elle, mais tu dois être patiente, nous avons beaucoup de préparatifs à terminer.
— Céphira, viens m’aider s’il te plaît ! demande Éthan qui est emmêlé dans les cordages à la poupe du bateau.
— J’arrive ! répond-elle en déposant Ann-Floffy sur le pont du voilier.
Loïk termine de ranger les vivres dans le garde-manger. Son oncle Lukas a acheté suffisamment de provisions pour nourrir tout l’équipage. Il a même pensé à la demande spéciale de Loïk. Il s’agit de conserves de salade de fruits. Ses amis du passé raffolent de cette collation faite de fruits en morceaux dans un jus sucré1.
— Tout est rangé de manière à rester en place, se dit Loïk en se frottant les mains. Nous pourrons partir dans quelques minutes.
Il quitte la cuisinette et se dirige vers la cabine où se trouve son livre de bord et sa bague aux pouvoirs particuliers. C’est de cette façon que le Mystérieux franchira les trois cents ans qui les séparent de leurs amis.
Les trois amis ont préparé avec soin cette nouvelle aventure. Tout a commencé en classe, lorsqu’ils ont visionné une vidéo sur un phénomène bouleversant. Il existe en 2016 un continent de plastique qui s’est formé en raison de la surconsommation de produits emballés. Les rejets humains s’étant retrouvés en mer, ils s’agglomèrent en formant une immense île de détritus flottants. Comment peuvent-ils passer à l’action pour aider la planète à se débarrasser des déchets synthétiques qui ne sont pas biodégradables ? Toute la classe en a longuement discuté et de bonnes idées ont surgi.
Madame Michelle, leur professeure, a mentionné aux élèves que tous les gestes comptent pour nettoyer la planète, même les plus petits. Loïk a retenu la leçon importante de sa professeure :
« Les déchets que l’on jette par terre peuvent être soufflés par le vent et la pluie, a-t-elle dit. Ils se ramassent par la suite dans les recoins et polluent le sol ou encore, ils se retrouvent dans l’eau et deviennent un danger pour les espèces marines qui peuvent les manger et en mourir, en plus de polluer les cours d’eau, une ressource si essentielle. Et un grand nombre de ces rejets se retrouve dans la mer… Vous avez vu ce gâchis ! La solution est entre nos mains ! »
Pour Loïk, qui aime la science et l’environnement, ce message a fait naître en lui une idée, qui a germé jusqu’à devenir un projet. Ils ont passé plusieurs heures à en discuter et leur mission a pris forme.
— Le coffre est prêt Loïk, s’écrie Éthan. Céphira et moi avons classé les instruments dont nous aurons besoin pour les plongées.
— Excellent, répond Loïk en rejoignant ses amis. Nous pourrons partir bientôt.
— Pensez-vous qu’il sera possible de marcher sur le continent de plastique ? demande Céphira en essayant de s’imaginer ce continent.
— Pas vraiment, répond Loïk. Ce continent se déplace dans l’océan, comme une immense soupe remplie de déchets. On y trouve des sacs de magasin, des contenants tout usage, des bouteilles de plastique qui flottent sur une grande surface. Imagine-toi une soupe aux légumes. Même si tu jettes une cuillère dans un chaudron de soupe très épaisse, elle s’enfoncera.
— Donc, si je m’aventure à débarquer dessus, je risque de couler à pic ! conclut-elle.
— Eh oui, sauf si tu portes ta veste de flottaison ! ajoute Éthan en riant. Tu vas flotter et te balancer comme un déchet dans la grosse soupe, plaisante-t-il.
— Beurk ! Comment en sommes-nous arrivés là ? tente-t-elle de raisonner. Comment des personnes peuvent jeter toutes ces cochonneries par terre ? Je n’en reviens tout simplement pas.
Sur cette constatation, nos trois matelots s’entendent pour appareiller. Loïk a bien noté les instructions de son oncle Lukas et les suit à la lettre. Ensemble, ils se rendent dans la cabine où ils s’installent confortablement pour prendre le départ.
— La couleur des pierres du tableau de bord et de la bague est passée du bleu à l’orange. Elles vont bientôt scintiller et se réchauffer. Ce sera le signe que nos amis de l’autre continent et qu’oncle Lukas sont prêts pour le décollage.
— Viens dans mes bras Ann-Floffy, appelle Céphira. Je ne veux pas que tu te blesses, affirme-t-elle en la plaçant dans un petit panier muni d’un confortable coussin.
— Ça y est ! s’exclame Loïk en plaçant fièrement son tricorne sur sa tête. Les pierres sont prêtes. Je place la pierre de ma bague sur la carte dans mon tableau de bord. Nous allons décoller, lance-t-il en se cramponnant à sa chaise.
Le Mystérieux se met à frémir, comme s’il respirait à pleins poumons pour gonfler ses voiles. Il tremble de toutes ses planches, laissant entendre les bruits de craquements secs habituels. Les enfants, engourdis, sont lentement plongés dans un profond sommeil où le monde imaginaire s’empare d’eux et les berce pendant le voyage dans le passé.
Sous une brise chaude de la fin juillet et au son des clapotis sur la coque du navire, Éthan se réveille. Les voiles sont levées et le bateau semble bien ancré. Ann-Floffy pousse un joyeux jappement.
— Tu es toujours la première à te réveiller toi, ricane-t-il en grattant affectueusement la tête de l’animal. Allons ranimer les autres, dit-il à la petite chienne qui lèche la joue de sa maîtresse.
— Ça parle aux ouistitis ! Je faisais un rêve extraordinaire. Tout ce que je touchais se changeait en sucre d’orge. J’en ai tellement mangé, j’espère que je n’aurai pas de caries, s’esclaffe-t-elle. Heureusement qu’on est arrivés avant que je sois malade !
— Ce n’est pas très efficace une brosse à dents qui se transforme en sucre d’orge, la taquine Loïk qui avait entendu son commentaire.
Au tour d’Éthan d’en rajouter…
— J’espère que dans ton rêve tu n’as pas touché à Ann-Floffy ! Ella va être toute collante !
— Oh zut ! Vous me faites marcher ! s’amuse-t-elle de la situation.
— Regardez sur la plage, lance Loïk. Je reconnais nos amis qui agitent leurs mains.
— On arrive ! crie Céphira à pleins poumons, en faisant de grands signes avec ses bras.
Les trois amis se dépêchent de mettre la chaloupe à l’eau pour ramer jusqu’à la plage. Avant de monter à bord, ils ont revêtu une veste de flottaison et en ont déposé d’autres dans le fond de l’embarcation pour leurs amis.
Une fois arrivés sur la berge, des effusions de joie remplissent l’endroit. Des rires et des exclamations fusent de toutes parts, comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis des années. Pourtant, seulement quelques mois les séparent de leur dernière visite.
— Où sont Alex et Mégane ? interroge Céphira.
— Ils ont probablement manqué la marée basse pour traverser le passage du pont d’Yeu. Si c’est le cas, nous ne les retrouverons que demain, répond Josh.
— Dites-nous ce que vous mijotez cette fois, lance Maéli, impatiente. J’ai hâte de m’embarquer dans une nouvelle aventure.
— Et moi, je suis impatiente d’être à la barre du Mystérieux, ajoute Layla.
— Je retrouve bien là mes vaillants petits pirates ! ajoute Loïk. Dès que nous serons tous réunis, notre plan sera exposé aux yeux de tous.
— Normal, puisque nous sommes sur l’île « d’Yeu » ! plaisante Céphira qui adore les jeux de mots.
_______________
1Lire le tome I de cette aventure, sous le titre Loïk @ l’abordage.
Deux étranges passants
— Allons sous ce grand chêne, suggère Loïk. Nous avons beaucoup de choses à vous dire pour préparer notre nouvelle aventure.
— Qui veut des sucreries ? lance Céphira en sortant de sa poche un sac de petits oursons en gelée aux couleurs variées.
— Oh oui, moi j’en veux ! s’exclament-ils tous en chœur.
Céphira distribue les friandises, tandis qu’Ann-Floffy se roule en boule au milieu du cercle d’amis.
— C’est du vrai bonheur pour mon palais ! dit Xavier en se léchant les babines.
— Tu vois ! Pas besoin d’être roi pour avoir un palais heureux, lance Céphira.
Tous éclatent de rire puis s’installent à l’ombre de cet arbre majestueux. Loïk prend la parole et, assisté de Céphira et d’Éthan, il raconte ce qu’ils ont vu en classe concernant le continent de plastique.
Après le récit bien détaillé, les amis du passé se regardent sans comprendre comment les humains en sont venus là. Ils restent sans voix. C’est beaucoup d’informations pour eux qui ignorent ce qu’est une matière plastique. À leur époque, les sacs sont en jute ou en coton et les jouets sont habituellement fabriqués en bois. Les produits commerciaux synthétiques sont des inventions du XXe siècle.
— Je vais vous montrer autre chose, dit Loïk en sortant sa tablette électronique, qu’ils reconnaissent, puisqu’elle a déjà été fort utile dans les aventures précédentes avec le méchant pirate Hérold.
— Ah oui ! Ta boîte lumineuse qui peut communiquer avec le futur. J’adore cette belle invention…, remarque Xavier, et je n’ai plus peur maintenant.
Lors de leur première aventure, Loïk ressemblait à un étrange sorcier venu de l’espace quand les jeunes orphelins le voyaient utiliser sa tablette. Son lien avec le XXIe siècle lui permet de consulter son appareil mais ne lui permet pas de rapporter des photographies du passé.
Loïk leur demande de s’approcher pour écouter une courte vidéo qui leur fait voir ce fameux continent de plastique. Ils peuvent constater la gravité de cette catastrophe, devant ces montagnes de débris qui flottent à perte de vue. Au passage, on entrevoit des animaux blessés et d’autres morts gisant parmi les détritus. Leurs yeux sont rivés sur le petit écran. Les jeunes du passé, autant que ceux du futur, voient l’importance d’agir.
— Pourquoi continuer à produire ces matériaux, s’ils sont si néfastes et dangereux pour l’environnement ? s’informe Maéli.
— Parce qu’ils sont pratiques pour tout ce qui s’achète. En plus, il en coûte quelques sous seulement pour les fabriquer… Le problème est qu’on ne sait pas comment les recycler ou les éliminer une fois que leur vie utile se termine. Les bouteilles, les sacs et autres emballages s’empilent et ceux qui les fabriquent, comme ceux qui les utilisent n’ont pas trouvé la solution, tente de répondre Éthan.
— Dites-moi, êtes-vous obligés de les jeter à l’eau ? questionne Josh.
— La plupart de ces objets ne sont pas jetés à l’eau intentionnellement. Les contenants vont dans les centres de recyclage en partie, mais il y en a beaucoup qui sont laissés ici et là puis, par insouciance, ils vont se retrouver dans un cours d’eau, répond Loïk. Avec les marées, ils se retrouvent ballottés et forment cet îlot de plus en plus monstrueux.
— Et puis là, continue Céphira en gesticulant, le problème n’est connu que depuis une dizaine d’années. Avec les courants marins, la soupe de déchets de plastique ne cesse de grossir.
— Une des plus grosses soupes se trouve dans le nord de l’océan Pacifique. Imaginez-vous, elle fait six fois la taille de la France, ajoute Éthan.
Cette affirmation qui donne l’ampleur du problème les convainc de poser un geste tous ensemble. Tous les petits pirates se rallient à la cause.
— C’est comme un immense monstre marin ! conclut Céphira.
— Et le monstre de plastique menace les espèces marines ! affirme Layla, désolée par toute cette négligence de la part des humains.
— Je suis d’accord ! Combattons ce monstre de plastique ! confirme Xavier en levant son unique bras dans les airs, prétendant tenir une épée dans sa main.
— J’ai bien fait de faire appel à votre courage. Vous êtes un équipage responsable… le meilleur qui soit ! s’exclame Loïk.
— Assez parlé ! tranche Josh, allons casser la croûte sur le Mystérieux et nous en profiterons pour réfléchir à notre stratégie.
— Ah là, je te reconnais bien, dit Céphira en riant. Et je suis bien d’accord avec toi, on réfléchit toujours mieux avec le ventre plein !
Les affamés se rendent en chaloupe jusqu’à la goélette. Ils se préparent un bon repas qu’ils partagent en se racontant les multiples anecdotes de leurs dernières aventures. Ils ont décidé qu’au petit matin, ils iraient rejoindre Alex et Mégane qui n’ont visiblement pas eu le temps de passer le pont avant la marée haute et la noirceur.
***
— J’ai bien fait d’apporter ma veste de laine, dit Mégane en ouvrant les yeux.
Alex avait eu le temps de cueillir des petits fruits dans les environs, en guise de déjeuner.
— Tiens Mégane, mange un peu, lui dit-il en tendant sa main remplie de framboises.
— Merci, tu es gentil.
— La marée redescend, nous allons pouvoir reprendre la route bientôt.
— J’ai hâte de revoir nos amis, soupire Mégane. Si seulement j’avais couru plus rapidement hier, nous serions déjà avec eux.
— Tu as fait ton possible Mégane. C’est ça l’important.
Alex et Mégane reprennent la route vers le pont d’Yeu. Le soleil montre ses premiers rayons, mais ce n’est pas suffisant pour les réchauffer. Ils marchent les bras croisés de manière à emmagasiner un peu de chaleur.
— Tu crois qu’Ann-Floffy les a accompagnés ? demande Mégane.
— Je suis certain que la petite chienne sera de l’aventure. Tu l’aimes bien n’est-ce pas ?
— Oh oui. Elle est si mignonne. À l’image de sa maîtresse d’ailleurs. C’est une bonne amie, Céphira.
— Tu as bien raison. On forme une belle équipe !
Chemin faisant, ils discutent de tout et de rien jusqu’à ce que deux jeunes personnes les dépassent. Leur rythme était plus rapide que le leur, presque un pas de course.
— Salut vous deux ! lance l’une d’elle.
— Bonjour ! répond tout bonnement Mégane.
— Ah c’est vous ! s’étonne Alex en maugréant.
Il ne semble pas très enchanté de leur présence.
— Où allez-vous ? demande la jeune fille.
Sans répondre à la question, Alex prend la main de Mégane et la serre dans la sienne. Il lui fait comprendre d’ignorer leur présence.
— Est-ce qu’un chat a mangé votre langue ? renchérit rudement le jeune homme qui accompagne la jeune fille.
— Laisse-les tranquille, ajoute la fille qui détourne la tête avant de reprendre sa marche rapide, suivi du garçon.
— Pourquoi n’as-tu pas répondu ? Cette jeune fille m’avait l’air bien sympathique, fait remarquer Mégane.
— Je ne leur fais pas confiance, voilà tout.
— Tu les connais alors ? questionne Mégane.
— Je les ai vus à quelques reprises avec le vieux Hérold. Il est leur oncle.
— Ça alors ! Elle a l’air bien plus sympathique que ce vieil escogriffe…
— Les apparences peuvent nous jouer de vilains tours…
L’équipage des petits pirates sait bien à quel point le vieux Hérold est un commerçant malhonnête et rude. Ils ont vécu quelques démêlés avec lui lors de leurs aventures précédentes. Juste à prononcer son nom, Alex en a des frissons.
***
Pendant ce temps, Loïk et son équipage se sont mis en route pour venir rejoindre Mégane et Alex.
— Espérons qu’ils se sont réveillés à temps pour traverser ! s’inquiète Xavier.
— Connaissant Alex, ils sont déjà en route, assure Layla. En plus d’être matinal, il doit avoir hâte de retrouver ses amis et la cuisine de la goélette.
— Et s’il a l’estomac dans les talons, il va s’arranger pour que les talons arrivent ici au plus vite ! ricane Céphira.
— Absolument ! ajoute Josh, et je le comprends très bien.
C’est en s’amusant qu’ils font la route jusqu’à ce qu’ils croisent eux aussi les deux jeunes coureurs.
— Bonjour, dit la jeune fille à leur endroit.
— Bonjour, répond du tac au tac Céphira. Comment allez-vous ? demande-t-elle, toujours enchantée de rencontrer de nouvelles personnes.
— Euh, bien… très bien, balbutie la jeune fille un peu surprise par la question aussi spontanée.
Elle hésite, puis fait un sourire timide à Céphira avant de continuer sa marche.
— Elle m’a l’air bien sympathique cette jeune fille, dit Céphira.
— C’est Annabelle, lance Josh. La nièce du vieux Hérold. Et le garçon, c’est Nolan, son grand frère, ajoute-t-il indifférent.
— Ils doivent se rendre au vieux château de l’île d’Yeu, soupçonne Layla. Le vieux Hérold leur a peut-être donné rendez-vous là-bas. Espérons qu’il ne les entraîne pas dans une autre de ses entourloupettes.
— Allons les amis, ce n’est pas parce qu’elle est sa nièce qu’elle doit être aussi désagréable que lui. Soyez raisonnables, insiste Céphira. Vous a-t-elle déjà embêtés ?
— Pas Annabelle, mais son frère oui. Lorsqu’il est avec son groupe d’amis, il n’est pas très gentil, ajoute Maéli. Il est toujours prêt pour un mauvais coup.
— La pauvre est peut-être sous son emprise, soupire Céphira, indulgente. Hé ! Regardez au loin ! s’exclame-t-elle tout à coup. Ce sont Mégane et Alex !
— Youhou ! s’écrie la troupe qui accélère le pas, suivie de près par Ann-Floffy qui aboie de plaisir, le pelage au vent.
Hola !
Alex et Mégane sont heureux de retrouver leurs amis autour d’un bon repas. Tous sont curieux de connaître les détails de leur prochaine mission.
— Ce sera un honneur de partir avec l’équipage ! confirme Alex. De toute façon, vous aurez besoin d’un super cuisinier, se vante-t-il avec amusement.
— Tu es le meilleur ! avoue Céphira en déposant une main sur son cœur.
— Je pars aussi avec vous tous, ajoute Mégane, si vous voulez bien de moi. Je suis tellement désolée d’avoir retardé votre départ.
— Ne te fais pas de souci avec ça, Mégane, la rassure Loïk. De toute façon, il nous restait des trucs à préparer et… nous ne serions jamais partis sans toi.
— Merci, vous êtes de vrais amis. Et où va-t-on au juste ?
— Du côté de l’océan Pacifique et à notre siècle ! répond Éthan.
— L’océan Pacifique… hum, est-ce que c’est loin ? s’informe-t-elle.
— C’est sans importance Mégane, rouspète Layla, puisqu’on va dormir pendant le trajet.
— Tu marques un bon point. Que ferons-nous en arrivant ? continue-t-elle.
— Oncle Lukas a organisé, avec des gens qu’il connaît là-bas, un nettoyage de plage, dit Loïk. Nous participerons également à une expédition à travers la soupe de plastique.
— Eh bien ! Alex pourra prendre une pause de cuisine lorsque nous serons dans la soupe ! lance Céphira à la blague.
— On verra, une fois sur place, laquelle des soupes tu choisiras, rouspète-t-il pour la taquiner.
— J’aurais dû tourner ma langue avant de parler, réplique-t-elle.
Un éclat de rire général accueille oncle Lukas à la vidéoconférence prévue avant leur départ.
— Je vois que la bonne humeur règne toujours sur cette vieille goélette ! s’exclame Lukas.
— Comment ça vieille goélette ? Elle est toute récente, dit Xavier.
— Vu de ton angle, tu as bien raison, Xavier, ricane Lukas. Alors, l’équipage, êtes-vous prêts pour l’aventure ?
— Ouiiiiii ! font-ils tous ensemble.
— Excellent. Loïk, as-tu ton livre de bord et ta bague magique ?
— Oui, oncle Lukas, répond Loïk en serrant la bague dans sa main.
— Alors… ouvre ton livre de bord à la 5e carte géographique qui se trouve à la page huit. À quinze heures précises aujourd’hui, lorsque la pierre deviendra orange et scintillante, tu la déposeras dans le cercle que j’ai dessiné au crayon. Le vois-tu ?
— Très clairement, oncle Lukas. Et notre destination sera une plage près du Pérou, c’est bien ça ?
— Exactement.
— Notre arrivée est prévue pour quelle heure là-bas ? demande Éthan.