Danse Ophélie, danse
MARIE-JOSÉE PERRON
Danse Ophélie, danse
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Perron, Marie-Josée, 1971-, auteur
Danse Ophélie, danse / Marie-Josée Perron.
ISBN 978-2-89571-281-7
I. Titre.
PS8631.E776D36 2018C843’.6C2017-942340-1
PS9631.E776D36 2018
Révision : Laurent Froley
Infographie : Marie-Eve Guillot
Photo de l’auteure : Éric Truchon, photographe
Éditeurs : |
Les Éditions Véritas Québec |
|
Site Web : www.editionsveritasquebec.com |
© Copyright : |
Marie-Josée Perron (2018) |
Dépôt légal : |
Bibliothèque et Archives nationales du Québec |
ISBN : |
978-2-89571-281-7 version imprimée |
— Oscar, peux-tu nettoyer un peu le gazon ici. Nous allons dormir sous la tente ce soir, proposa Ophélie en demandant l’aide du jardinier.
Le vieux jardinier ne saurait rien refuser à la petite princesse de la famille.
— Tu crois que ta grand-mère sera d’accord, lui demandet-il en s’épongeant le front. Les nuits sont encore bien fraîches, il me semble…
— Je vais lui demander tout de suite et ensuite, j’inviterai mes amis à venir m’aider à tout préparer, lança la jeune demoiselle, du haut de ses 13 ans.
Il la regarda s’éloigner, sa chevelure blonde suivant le rythme de sa course, aussi frêle qu’un roseau.
Originaire du Venezuela, Oscar a pris racine au Québec dans les années 1960, fuyant son pays après le coup d’état sanglant, pour rejoindre des amis installés à Montréal. Il rencontre Catherine, la grand-mère d’Ophélie lors d’un concert de piano où des Italiens, des Grecs et des Latinos-Américains, tous des immigrants en quête d’une vie communautaire sont présents. Elle cherche un homme aimant le travail de paysager pour la maison familiale des Livianos, qui est en construction sur un promontoire ayant une vue magnifique sur le fleuve Saint-Laurent. Cette famille est devenue la sienne.
* * *
La maison respire, enfin, toutes fenêtres ouvertes, en ce beau samedi de printemps. Bien sûr, les lilas ne sont pas encore en fleurs, à peine les bourgeons sont-ils sortis avec leur petite touche vert tendre, pour mettre de la couleur dans le paysage. Catherine met de l’ordre dans ses papiers, assise sur le petit bureau qui se trouve près du salon. Elle ne peut éviter de se laisser distraire par la petite brise tiède qui lui parvient de la fenêtre. Elle rêve à sa Grèce natale, qu’elle n’a pas visité depuis bientôt 10 ans. Ophélie avait alors seulement 3 ans…
La fillette entra en coup de vent, ce qui l’a tira de ses souvenirs.
— Grand-mère, crois-tu que je pourrais dormir sous la tente ce soir avec mes amis ? Oscar a nettoyé le parc qui est à l’abri du vent. On pourrait s’installer à la même place que l’an passé… Dis oui !…
— En premier lieu, jeune fille, on salue les gens quand on entre quelque part… Puis on fait un câlin à sa grand-mère quand on ne l’a pas vu au petit-déjeuner…
— J’étais parti pour voir s’il y avait des oisillons dans le nid… Tu sais, les bébés hirondelles vont naître très bientôt ! Et bien sûr, tu as un million de câlins…, ajouta Ophélie en se collant à sa grand-mère. Hum !… comme tu sens bon la rose !
— Et toi, tu emportes le parfum du grand air… mon petit courant d’air sur deux pattes !
— Et pour ma demande ? insista la fillette en se dandinant d’un pied à l’autre.
— Je suis d’accord si, et seulement si, tes parents acceptent ! Tu peux aller leur demander, ils sont encore à la cuisine.
Un rapide baiser sur la joue de Catherine et Ophélie va retrouver Mathilde et François en train de prendre le café. Ils ont l’air en grande discussion… Mais Ophélie ne le remarque pas vraiment et elle crie presque sa question.
— Papa, maman, est-ce que je peux installer la tente comme l’an passé et inviter mes amis. Il fait si beau, et Oscar a tout nettoyé. En plus, grand-mère est d’accord, si vous dites oui vous aussi, évidemment !
Mathilde replace une mèche blonde qui se rebelle un peu et regarde sa belle Ophélie avec un demi-sourire. Cette enfant est son rayon de soleil !
— Je crois bien que oui… Qu’en penses-tu François ? Tu pourrais leur donner un coup de main, si tu as le temps.
François est un peu ému en se rappelant qu’il y a à peine 4 ans, elle et ses amis préféraient de loin dormir dans la petite maison perchée dans l’arbre plutôt qu’au sol dans une tente. Il avait construit cette cabane à faire rêver tous les enfants avec son ami Charles-Alexandre.
L’amitié entre les deux hommes remontait à 1984, alors qu’ils étaient basés à Larh, en Allemagne, une fois leur formation terminée pour les Forces armées canadiennes. Au seuil de la vingtaine, ils appartenaient au même bataillon d’infanterie. Lui avait rencontré Mathilde, et Charles-Alexandre sa superbe Kalina. Les liens entre ces deux couples se sont rapprochés lorsqu’ils ont acheté une propriété voisine de celle des Livianos au moment de leur mariage. Puis Alexandra est venue au monde, le 26 août 1998 et Ophélie, le 3 octobre 1998. Évidemment, elles sont inséparables depuis leur naissance. Et elles ont chacune un papa qui ne pourrait rien leur refuser…, pas même de leur montrer à grimper aux arbres, à se perdre dans la forêt, ou à se rendre sur la grève à marée basse pour chasser des pirates imaginaires.
— C’est samedi après tout ! Il faut bien en profiter… C’est accordé !
— Je peux appeler Alexandra, alors ? ajouta Ophélie en mettant ses deux bras autour du cou de son papa.
— Oui… Mais ta maman et moi, nous avons aussi une nouvelle à t’annoncer. Quand tu es entrée, nous étions en train d’en parler justement. Je viens d’accepter une mission en Afghanistan. Charles-Alexandre aussi. Et ton amie l’ignore encore, je crois… Son papa va le lui dire demain, ou cette semaine, peut-être. Alors tu n’en parles pas tant qu’elle ne te dit rien.
— Tu vas encore partir, alors ? fit la jeune fille tout attristée.
— La mission dure de six mois… Et on va faire des conversations une fois par semaine sur Skype. Le temps devrait passer assez vite. Dans 15 jours, on va se rendre tous ensemble à l’aéroport.
Ophélie regarda sa mère essuyer une larme sur sa joue pour ne pas rendre la nouvelle encore plus triste. Elle ne pouvait pas exiger de son mari qu’il renonce à sa carrière militaire, comme lui-même lui laissait exercer en toute liberté sa profession de planificatrice d’événements. Mais l’absence prolongée de François lui brisait le cœur, alors que leur petite Ophélie avait tant besoin de son père, au seuil de l’adolescence.
— Alors profitons de chaque journée ma chérie, conclut Mathilde.
* * *
L’autobus s’arrête en bordure de la route principale à 7 h 45, ce lundi matin, et Ophélie monte pour aller s’asseoir près de son amie Alexandra. Leur sac à dos à leurs pieds, elles sont moins bavardes qu’à l’habitude. Ophélie devine que sa meilleure amie vient d’apprendre la triste nouvelle du départ de son père.
— Et s’il ne revenait plus jamais…, dit-elle. J’ai vu à la télé qu’un soldat est mort et on a rapporté son cercueil, avec le drapeau du Canada dessus. Il avait trois petits garçons, ce papa-là ! se confia Alexandra. Je ne veux pas perdre mon papa !
— Moi aussi, j’ai peur… Mais c’est leur métier, tu vois ! Ils ont appris tout ce qu’il faut faire pour ne pas mourir. Je vais m’ennuyer beaucoup, beaucoup pendant toutes ces semaines, c’est trop long six mois. Tout un été sans l’avoir avec nous !
Ophélie reste pensive en regardant défiler le paysage qui change aux abords de la ville de Rimouski où se trouve leur école. La mer d’un côté, comme ils disent ici, et les habitations en face, sur la rive. La cour d’école est déjà bondée de jeunes qui arrivent de tous les quartiers. Ophélie et Alexandra traînent un peu derrière, oubliant qu’elles ont partagé leur première nuit de camping et qu’elles se sont amusées follement autour du feu de camp. L’idée que ce genre de belle fin de semaine estivale ne sera plus possible les attriste.
Leur professeur de secondaire I les observe au loin, en mimant que l’heure tourne, car les autres élèves sont déjà entrés. Madame Lorraine regagne sa classe et annonce la liste des présences.
— Bon, ce matin, nous allons réviser certains points importants en géographie. Ouvrez vos manuels à la page 78.
L’attention des jeunes se porte sur la carte de l’Asie centrale. L’Afghanistan y occupe le centre, sans aucun accès à la mer, entouré par le Pakistan, la Chine, le Tadjikistan, le Turkménistan, etc. Derrière leur pupitre, Alexandra et Ophélie semblent pensives.
— Madame, nous avons justement appris que nos deux papas iront faire la guerre en Afghanistan… Dites-moi, est-ce si dangereux ?
L’enseignante est surprise par cette information et elle sent bien que la question est délicate.
— Les militaires canadiens sont parmi les mieux formés pour participer à des missions comme celles-là. Nous allons continuer notre leçon et, si vous le voulez, on en reparlera pendant la récréation.
— Oui, merci madame, ajouta Alexandra, à demi rassurée.
Les principaux points sont passés en revue et l’enseignante voit bien que la pensée d’Ophélie n’est pas du tout à la géographie.
— De quel pays est originaire ta grand-mère, Ophélie ? questionne-t-elle.
La jeune fille ne répond pas, visiblement loin de ce qui se passe en classe. Celle qui a l’habitude de réagir avec spontanéité, trouvant toujours la réplique parfaite, vit ce matin des soucis plus importants.
— Mademoiselle Ophélie !
— Oh! pardon…, quelle était la question ? Moi, j’étudiais les astres, et non la géographie.
— Oui, je vois que la lune t’attire beaucoup… Je te demandais de quel pays vient ta grand-mère ?
— C’est la Grèce, madame. Ma grand-mère, Catherine Livianos, est la belle-sœur du grand armateur Onassis. Il a épousé ma grand-tante Athina, en 1946. Eux vivent toujours en Grèce, à Skorpios, mais ma grand-mère est venue à Montréal, dans les années 1958, pour y faire ses études, en français, et son conservatoire de piano.
— Bien, on va chercher où se trouve la Grèce et vous me nommerez les pays qui la bordent…
— Ma grand-mère ne parle pas beaucoup des pays voisins, mais sans arrêt de la mer. Elle dit que la Grèce est un paradis avec la mer Égée, la mer Méditerranée et la mer Ionienne qui lui caressent les côtes. Elle adore le bleu de la mer et elle dit même que mes yeux bleus sont un cadeau des dieux grecs…
Les autres élèves chahutent un peu, y allant de quelques taquineries, puis madame Lolo, comme on surnomme l’enseignante, poursuit son cours.
Plutôt joueuse de tours, Ophélie aime bien rigoler et elle se fait facilement des amis. Évidemment, la situation aisée de sa famille peut parfois lui valoir des moqueries, par exemple lorsque le chauffeur de la famille vient la chercher à l’école pour qu’elle arrive à temps à son cours de ballet… Ou encore quand elle oublie de fermer son cellulaire et qu’il sonne en plein milieu d’un cours. Elle est la seule de son groupe à en posséder un, alors, le plus souvent, les autres sont curieux de la voir faire un FaceTime avec sa maman, en pleine cour de récréation.
— Moi, je préfère ne pas avoir de cellulaire, dit Bobby. J’aurais l’impression que mes parents m’espionnent tout le temps. Je suis plus libre de faire ce que je veux…
— Et de leur mentir aussi, je vois ! Tu peux leur dire que tu es en train de faire tes devoirs chez Jonathan, alors que tu es dans le parc à te promener avec Alicia…, ajouta-t-elle, avec un clin d’œil taquin. Nous, on le sait, mais personne ne va te trahir, sois rassuré.
* * *
Tamara se rend à la maison Livianos tous les lundis et les mercredis. Elle est déjà sur la grande galerie aux trois faces qui contient des fauteuils, des tables et des chaises pour admirer le décor, aussi magnifique à toutes les heures du jour. Elle en profite pour effectuer ses respirations, en position de chandelle, lorsqu’elle voit approcher la limousine blanche de la famille. Ophélie descend en courant, malgré les avertissements du chauffeur qui lui répète chaque fois de ne pas courir, et vient rejoindre celle qu’elle admire tant. Ophélie rêve de devenir une grande ballerine, depuis toujours. Elle entre dans la vaste résidence, que tous nomment le château, si imposant avec ses murs de briques rouges et ses trois tourelles marquant l’est, le sud et le nord, saluant le fleuve sous ses pieds.
Le cours de ballet se déroule au salon et, pour l’occasion, Anna, la cuisinière, apporte une assiette avec des biscuits, du lait et du thé pour les trois personnes présentes. Le piano à queue de Catherine est prêt et les partitions sont en place. Il y a un immense miroir dissimulé derrière les rideaux de velours gris perle, ornés de minuscules fleurs roses. Il suffit de retenir les panneaux avec des cordons de satin et la leçon peut débuter.
Ophélie va rapidement changer de tenue, déposant son sac à dos dans son espace de travail, un grand pupitre en angle où se retrouve son ordinateur portable, sa bibliothèque et son babillard, rempli des photos qu’elle aime regarder en tournant entre ses doigts une mèche de ses cheveux blonds. Son espace de rêverie, quoi ! Ses amis adorent la décoration de cette chambre, car elle annonce déjà l’adolescence avec un lit à baldaquin dont les poteaux blancs soutiennent un voile lilas entourant un couvre-lit blanc parsemé de coussins rose et bleu. On dirait une aquarelle ! lui répétait souvent Alexandra en entrant dans cette pièce immense, alors que chez elle, les couleurs de l’enfance laissaient encore croire que la fillette avait huit ans. L’un des murs était recouvert de posters de ses artistes préférés : Rihanna, Katy Perry, Bob Marley et sa ballerine favorite Geneviève Guérard.
Ophélie enfile son costume ajusté qui dégage ses épaules, glisse son tutu sur ses hanches et se saisit de ses chaussons pour filer au salon, pieds nus. Déjà, les premières notes du ballet Le Baiser de la fée de Stravinski résonnent.
— Comme tu le sais, ce ballet est inspiré du conte d’Andersen La Reine des neiges, et son auteur voulait rendre un hommage léger et festif à Tchaïkovski, empruntant des thèmes mélodieux et des mouvements quasi spontanés aux œuvres de jeunesse du compositeur. Il a été joué par de grands chorégraphes depuis 1928 à l’opéra de Paris. Le plus récent spectacle fut signé par nul autre que Maurice Béjart, en 1985. L’œuvre est répartie en quatre thèmes. Nous ferons aujourd’hui le Prologue et, pendant l’été, nous apprendrons la 2ème scène, celle de la fête au village, puis la 3ème scène qui se déroule au moulin avec des pas de deux - Adagio - Variation - Coda - Scène. Enfin, la 4ème scène est l’Épilogue, une magnifique berceuse des demeures éternelles.
Pendant que les meubles fins, inspirés de l’époque Louis XVI servent de théâtre, les trois femmes partagent leurs passions pour les arts d’interprétions. Lorsque la dernière note retombe, Ophélie rayonne de joie. Elle adore cette musique dansante et les mouvements s’enchainent tout naturellement, comme si elle se transformait en fée.
Pendant que Tamara se prépare pour partir, Mathilde et François rentrent de leur journée de travail. Tout le monde se retrouve dans la salle à manger.
* * *
L’Anse-à-la-Croix est une petite communauté du Bas-Saint-Laurent qui compte tout juste 800 âmes. Chacun y prend un soin jaloux de la tranquillité des voisins. Pendant que la nuit s’installe, Oscar est venu fermer les volets beiges et ranger le mobilier des trois galeries. Le fleuve est calme et il brillera de nouveau comme une œuvre d’art demain, aux premiers rayons du soleil. Mais le sommeil tarde à venir pour les quatre occupants du château : ils savent que, dans quelques jours, le téléphone sonnera pour signaler à François que son ordre de mission est lancé.
Mathilde, Catherine et Ophélie se regardent, incapables de cacher leur inquiétude. François n’est pas encore rentré, et il est déjà 19 h 45. Elles allongent le temps, en essayant de comprendre ce retard, encore assises à la table de la salle à manger, pendant qu’Anna range la cuisine.
— Je lui ai laissé un texto il y a une heure et il ne m’a pas répondu, confirma Mathilde, les traits tirés.
— Je sais que sa journée était chargée, avec une réunion importante de sa division en vue de leur départ, m’a-t-il dit ce matin en avalant un café, commenta Catherine.
— Depuis sa promotion comme sergent, il a des obligations plus importantes, c’est sans doute ce qui explique son retard.
François avait vu ses qualités de soldat, particulièrement sa ténacité, son charisme et sa détermination reconnus avec cette nomination lors de son transfert à la base militaire du Bas-Saint-Laurent. Il était si content de rentrer à la maison chaque soir, et de profiter d’une vie de famille. Déjà reconnu pour son sens de la planification, qui frôlait parfois l’intransigeance, l’Armée canadienne misait sur des hommes de sa trempe pour assurer le succès de ses missions de paix, notamment.
— Est-ce que papa et Charles-Alexandre se connaissent depuis longtemps ? demanda Ophélie, pour mieux comprendre cette amitié.
— Ils se sont connus dans l’armée, en Allemagne. Ils étaient tous les deux à leur première mission. Ils se sont suivis d’année en année depuis 1997, je crois.
— Savais-tu que c’est au mariage de Charles-Alexandre que tes parents se sont connus ? la questionna sa grand-mère.
— Imagine que c’est moi qui avais planifié la cérémonie, avoua Mathilde en revoyant cette belle page de leur histoire. Kalina m’avait vu à l’œuvre dans un autre événement et elle m’a donné le mandat alors que je venais de terminer ma formation en communication événementielle. J’avais fait un vernissage pour un peintre de Gaspé, puis un mariage civil pour la fille du maire de Rimouski. Il faut dire que l’on se connaissait un peu. La cérémonie a eu lieu dans la petite chapelle, un endroit intime et inspirant. François était l’un des garçons d’honneur, impeccable dans sa tenue militaire, évoqua Mathilde en souriant.
— Je me souviens de cet effet magique de voir 150 roses rouges sur les chaises blanches, et ce parfum estival… Je crois que je serai volontiers tombée amoureuse ce jour-là, moi aussi, soupira Catherine.
— Après la cérémonie, les militaires sont allés changer de tenue et ils sont revenus en civil pour le souper et la danse au Napoléon. Le regard de François se posait souvent sur moi…, mais je devais m’acquitter de mes tâches, sans distraction, alors je me contentais de lui sourire.
— Tu portais une robe magnifique, qui est encore dans ta garde-robe, je crois. Celle qui est nacrée, ouverte au dos et retenue par une fermeture-bijou, avec une jupe double en voile de soie, ornée d’une bordure en or qui mettait tes longues jambes en valeur. Tu brillais dans une sorte d’aura de beauté…, calme et envoûtante ! ajouta la mère qui se prenait au jeu de l’admiration envers sa seule fille.
— François faisait tourner bien des têtes. J’ai été la première surprise de voir s’approcher ce bel Adonis aux yeux bruns pour m’inviter à danser. La chanson The Power Of Love de Céline Dion nous a réunis dans un même désir rempli d’émotion. J’ai su qu’il était l’homme de ma vie…