Et nous sommes debout maintenant, mon

pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l’Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilence.

 

Aimé Césaire

Prologue

Un cri s’élève en moi et me transfigure. Le monde attend que la femme revienne comme elle est née : femme debout, femme puissance, femme résurgence. Un appel s’élève en moi et j’ai décidé de dire oui à ma naissance.

Je suis parce que je suis. Je dis je. Je sais donner la vie. Je suis féconde. Le poème entre en moi comme un amant. L’univers entre en mon corps afin de continuer le mouvement du cycle vital. Tout est cercle. La terre. Les bleuets et les abricots. Le poème est le mouvement qui féconde.

Je suis le poème de l’existence.

Je sens tout. Les mémoires. Les blessures. Je vois tout. Le choc de la dépossession. Prendre la parole et soulager le fardeau. Le poids de la douleur. J’écris pour dire oui. À moi. Femme. Forcer les portes du silence. Assurer la trace. Redonner vie aux ombres, aux enfants brisés, à la parole qui ne sait plus dire oui. Qui ne sait plus se tenir. Qui ne sait plus tenir parole.

Je parle au vent et à la mer. Je suis cannibale prêtresse. Mangeuse d’horizons. J’offre un panier de fruits à la mer.

Je me souviens…

 

Natasha Kanapé Fontaine

Le corps qu’on me prête

est le temple de mon âme.

Qu’on me juge aux fruits

qui tombent de mon arbre.

 

Samian

 

 

 

Elle sera debout

devant les machines

mystère territorial

une brise

effleurera vos nuques

c’est du vent dans ma tête, direz-vous

 

J’abrogerai toute loi

au pays que les hommes s’inventent

vous apprendrez

 

Pays mien a un nom plus grand

que l’Amérique.