Haïti, le dur devoir d’exister | Amélie Baron | Lyonel Trouillot
Ce que disent les yeux…
Dans ces photos, il y a la pauvreté, certes, l’indignité d’une condition qui ne rend pourtant pas indigne celle ou celui qui la subit, il y a aussi la colère et le rêve. Ce que Baudelaire disait de la poésie est aussi valable pour la vie : une boue de laquelle on tire de l’or. C’est en ne mentant pas à soi-même comme aux autres sur les blessures et le mauvais côté du réel qu’on arrive à assumer la tentation humaniste d’un plus beau, d’un plus juste. Une lecture du global se dessine ici. Cet artiste qui peint la nuit des graffitis sur les murs ; ce couple qui se tient la main en devisant sur l’avenir ; ces enfants qui transforment en navires des cuvettes en plastique ; cette vieille dame perdue parmi les jeunes… Et ce que les photos ne montrent pas, mais qui les accompagne comme une rumeur.