Si votre quotidien, quelquefois, vous déprime,
Il faut vous libérer d'un stress bien trop pesant
Alors, évadez-vous dans un monde apaisant,
Celui du rêve offert par le vers et la rime.
(sonnet)
Si j'avais le pouvoir de remonter le temps
Je voudrais revenir à cette heureuse époque
Qui fait battre mon cœur sitôt que je l'évoque...
J’allais un mois plus tard fêter mes dix-sept ans.
Dans la douce fraîcheur d'un matin de printemps,
Naquit un fol amour, hélas non réciproque.
Pourtant ce jour de mai reste, sans équivoque,
De ceux que j'ai vécus, l'un des plus importants.
Car aimer à ce point n'a pas de récidive.
Cela vous saisit l'âme et la garde captive.
Jamais tel sentiment ne se ressent deux fois.
Mais unique‚ éternel à force d'être intense,
Il procure un bonheur qui suffit, toutefois,
A donner à lui seul un sens à l'existence.
Face au lys virginal, à l’œillet maléfique,
Voire au simple chardon, je suis admiratif.
Le monde qui m’entoure est vraiment magnifique,
Et nul ne peut douter de son sens créatif.
On peut rêver, bien sûr, devant des aquarelles,
Mais ne nous leurrons pas, l’art n’a pas pour objet
D’occulter la splendeur des choses naturelles,
Et qui n’ont mérité ni mépris, ni rejet.
A n’avoir pour valeurs que Van Gogh ou Magritte,
On oublie un peu trop de voir, tout simplement,
La beauté d’une rose ou d’une marguerite,
Ou cet astre lointain qui brille au firmament.
Loin de moi le désir de critiquer l’artiste
Dont l’œuvre peut aussi, très souvent, m’émouvoir,
Mais malgré le talent du plus grand portraitiste,
Le modèle est toujours plus agréable à voir.
Un coucher de soleil sur une mer houleuse,
Si bien rendu soit-il par l’auteur du tableau,
Ne saurait exprimer la douceur enjôleuse
Des caresses du vent, le soir, au bord de l’eau.
La nature, il est vrai, reste sans concurrence.
On ne pourra jamais rendre par le pinceau
Le parfum délicat, la subtile fragrance
D’un banal bouton d’or éclos près d’un ruisseau.
(sonnet)
C'est, aux yeux de chacun, la plus belle saison,
L'époque où, lentement, s'éveille la nature,
Chassant, du triste hiver, l'horrible dictature,
Qui nous tenait blottis devant l'âtre, au tison.
Des coloris subtils, du vert tendre à foison,
Partout la vie éclate, étonnante aventure.
On peut voir à nouveau le bétail en pâture,
Et contempler déjà la prime floraison.
Dans les champs, les jardins, le laboureur commence
A retourner la terre, à choisir la semence.
On dirait comme un hymne au retour du beau temps.
Et si la brusque averse est quelquefois rageante,
On l'a tant espéré, ce satané printemps,
Qu'on lui pardonnera d'être d'humeur changeante.
(sonnet)
Provence : un nom magique autant qu'évocateur.
Ce mot parle à mon cœur et chante à mon oreille,
Province ensoleillée, à l'aura sans pareille,
Dont si souvent le charme inspira le conteur.
Quand la douceur du soir exalte ta senteur,
Heureux comme un marin dont la barque appareille,
Ou tel un vigneron lorsqu'il soigne sa treille,
Je ne peux me lasser de ton site enchanteur.
C'est Daudet, brusquement, qui me saute au visage.
Et je découvre alors un autre paysage,
Avec, dans la garrigue, un modeste moulin,
Où l'ami de Mistral, enivré de nature,
Bercé par la clarine au son si cristallin,
Ajoutait un chef-d’œuvre à la littérature.
L'accent particulier, si caractéristique,
Fait naître à notre lèvre un sourire narquois.
Mais ils parlent français... Qu'ils ont l'air sympathique,
Nos cousins québécois.
Ils ont gardé l'amour de notre vieille France.
Leurs ancêtres lointains sont venus autrefois
De Bretagne ou d'Auvergne. Ils aiment qu'on y pense,
Nos cousins québécois.
Ils vont "magasiner" à cent mètres sous terre,
Ou font un "brûle-au-vent" le dimanche, parfois.
Leur langage a pour nous des relents de mystère,
Aux cousins québécois.
Leur pays, c'est l'hiver, chante un de leurs poètes.
C'est vrai qu'ils sont gâtés, sur le plan des grands froids.
Mais ils ont constamment du soleil dans leurs têtes,
Nos cousins québécois.
Goûtant à leurs bleuets, à leur sirop d'érable,
Vous serez accueillis en amis sous leurs toits.
Ils vous feront aimer leur contrée admirable,
Nos cousins québécois.
Mais le séjour prend fin. Trop brève est la visite.
En quittant ce pays, ses grands lacs et ses bois,
On n'a plus qu'une envie : aller revoir bien vite
Nos cousins québécois.
(Sonnet)
Ce total renouveau de la littérature,
J’avais juste quinze ans quand je l’ai découvert.
Je basculais alors dans un autre univers,
Et n’allais plus jamais en cesser la lecture.
Ce ton provocateur semblait une imposture,
Mais pourtant je compris, sitôt le livre ouvert,
Qu’on n’avait plus besoin d’écrire à mot couvert.
L’écrit, comme l’oral, était enfin mature.
Désormais, j’allais vivre avec plus d’un ami :
Béru, Pinaud, Félix, et plus tard Salami,
Qui pour moi devraient prendre une extrême importance.
Sans eux, j’aurais peut-être eu peine à supporter
Le malheur qui parfois, frappe avec insistance.
Bravo donc, Frédéric, et merci d’exister…
Faut-il que je redise aujourd'hui tout l'émoi
Ressenti quand j'appris son décès trop précoce ?
Écrivain découvert alors que j'étais gosse,
Dard était un modèle, un vrai maître pour moi.
Écrire était son but et sa raison de vivre,
Rarement un auteur m'a su tant captiver.
Il avait comme un don pour me faire rêver.
C'est à lui que je dois mon grand amour du livre.
Depuis deux mille, hélas -c'est déjà si lointain...?-
Après son grand départ, ma tristesse est intense.
Restent tous ses romans, grâce auxquels l'existence
Doit d'avoir quelquefois un intérêt certain.
J'ai la chance et l'honneur de connaître Patrice,
Fils de Frédéric Dard, mon vrai maître à penser,
Génial écrivain, dont l'œuvre créatrice
Se lit et se relit sans jamais vous lasser.
Quelle vie aurais-je eu si, dès l'adolescence,
Je n'avais découvert ce prolifique auteur
A qui l'écrit devait comme une renaissance.
J'en devins aussitôt fervent admirateur.
Ce langage imagé, renouveau littéraire,
Qu'à l'époque on tenait pour propos graveleux,
Dénotait un esprit rebelle et téméraire
M'ouvrant des horizons pour le moins fabuleux.
L'ineffable Pinaud, la douce Félicie
Blanc, l'ancien balayeur devenu policier,
Alfred et Bérurier... Ah ! Combien j'apprécie
Tous ceux nés du talent d'un si grand romancier.
Ces amis de toujours -j'en frémissais d'avance-
Risquaient de disparaître avec leur créateur,
Mais fort heureusement, l'on doit leur survivance
A Patrice, héritier de leur monde enchanteur.
(sonnet)
Comme on vivait heureux, jadis, dans mon village !
Le temps coulait, paisible, au rythme des saisons,
Entre labours, semis, récoltes, fenaisons
Et parfois quelque angoisse au moment du vêlage.
Attirés par la ville et tout son racolage,
Certains ont déserté leurs modestes maisons,
Se donnant à cela de multiples raisons.
Mais le regret, pourtant, va grandir avec l'âge.
Qui commet des erreurs doit en payer le prix.
On est le seul fautif si l'on n'a pas compris
Que le bonheur se trouve où l'on a ses racines.
Me voilà donc morose, et triste, désormais :
Les prés, le seigle blond, l'odeur des capucines
Et le chant des oiseaux me manquent à jamais.
Le siècle avait non pas deux ans, comme on le pense,
Mais n'en comptait qu'un seul en l'an mil huit cent deux,
Quand Léopold Hugo déclara la naissance,
Le vingt-six février, d'un enfant souffreteux.
Ce général d'empire, et Trébuchet Sophie,
Couple mal assorti, parents déjà deux fois,
Dont l'épouse espérait mettre au monde une fille,
Ne pouvaient se douter que cet... « enfant sans voix,
Sans regard, sans couleur », comme il dirait lui-même,
Petit être falot au futur incertain,
Deviendrait ce géant, ce maître du poème,
Écrivain de génie au fabuleux destin.
Mais si chacun connaît son parcours littéraire,
On en sait moins sur l'homme ou sur ses sentiments,
Et sur sa vie intime... Étrange itinéraire
De quelqu'un qui vécut de pénibles moments,
Perdant ceux qu'il aimait, sa fille préférée,
Mais aussi ses deux fils et, comble de malheur,
Sa Juliette Drouet, la maîtresse adorée,