Le Viêt Nam que j’aime
Tome III
Avec Jean Bernard JOLY
BOD Éditeur
2017
©2020, Jean Bernard JOLY
Éditeur : BoD – Books on Demand GmbH
12/14 rond-point des Champs Élysées, 75008 Paris
Impression : BoD – Books on Demand GmbH, Allemagne
ISBN : 9782322228256
Dépôt légal : 2020
À Marie, mon épouse, morte en 2017
La publication de ses notes pourra servir à ceux qui aiment TQS
À Pham Xuan Tiêu, son collaborateur et interprète au Viêt Nam
Au Père Joseph Trinh Ngôc Hiên
Qui a initié la diffusion de TQS au Viêt Nam
À Duong Van Loï et aux enseignants de TQS
À Madame Kani Kané sage femme à Ségou (Mali)
À mes enfants : Agnès, Isabelle et André
Que sert à l’homme de pacourir l’Univers s’il n’y rencontre pas
d’autres hommes ?
Cardinal Roger Etchegaray
L’Amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. Première épitre aux Corinthiens Chapitre 13, verset 7
Si l'explosion démographique est un problème, l'humanité doit trouver un moyen de le résoudre. Jusqu'à présent, de nombreuses solutions ont été appliquées, y compris les mauvaises. On a caché l’atteinte à la morale et à l’éthique ce qu’est la pratique de l’avortement à l'ombre de beaux mots comme : protéger la santé, protéger le mariage et la famille et contrôler la reproduction. Mais en fait, il s’agissait juste de dissimuler habilement un crime contre la vie humaine et de diminuer sa gravité.
La culture de la « réduction démographique par la mort » diffuse une mentalité de laisser aller dans les relations sexuelles, le mépris de la dignité humaine, l'égoïsme, la légèreté et le déni de responsabilité pour les fœtus ainsi créés. Nous ne pouvons pas approuver l’existence de politiques gouvernementales pour soutenir l'avortement à des fins de diminution des naissances, et soutenir certains médecins sans scrupules.
La parole de l'Église affirme toujours la valeur sacrée de la vie et sa position contre les forces qui manipulent la vie humaine dans le monde multiforme d'aujourd'hui. Tout ce qui est contre la vie, comme le meurtre, le génocide, l'avortement, l'euthanasie ; tout ce qui viole l'intégrité de la personne physiquement et mentalement, tout ce qui offense la dignité humaine et fait de l'homme un instrument de profit est une grave insulte à la gloire du Créateur.
La vie de l'homme vient de Dieu. C'est sa grâce, son image et son identité cachée. La vie humaine est donc sacrée et inviolable à tous les moments de son existence. Dieu est le seul Seigneur de la vie. Par conséquent, la protection et la promotion de la valeur de la vie contre les menaces d’une culture de la mort doivent être la première tâche de chaque chrétien.
En juin 2015, lors de la Conférence mondiale sur la famille à Milan, j'ai eu l'occasion de rencontrer de nouveau Marie Joly, spécialiste de la planification familiale naturelle (Tu Quan Sat, TQS en langue vietnamienne). Elle enseignait la méthode de planification familiale naturelle dans de nombreuses provinces du Viêt Nam, et depuis de nombreuses années, j'avais le plaisir de l’accompagner et de collaborer avec elle à l'organisation et à la diffusion de cette méthode dans mon pays.
Avec un dévouement sincère, Marie Joly a rencontré de nombreux groupes dans toutes les classes de la société civile ainsi que dans l'Église pour leur présenter la planification familiale naturelle et les persuader d'accompagner et d'organiser des programmes de formation sur cette méthode permise par l'Église. Pour mettre en œuvre ce programme de façon la plus pérenne possible, Marie Joly a compris qu’elle avait besoin de relais locaux solides, et a établi des relations avec de nombreuses personnes, groupes et organisations, et aussi avec les médias, en s’engageant complètement dans un esprit d’unité, de partage et de solidarité.
Le programme TQS a ouvert aux participants la possibilité d’exercer la planification familiale de façon approfondie. Les moniteurs formés de façon professionnelle, ont compris qu’il s’agissait d’éduquer toute la personne, homme et femme, en humanité, culture, savoir-être, affection et spiritualité.
Ce programme enseigne la valeur de l'amour donné et reçu, le respect de la dignité de chacun. Il rétablit les normes morales, donne une vision claire et correcte de la sexualité. Il aide l'amour à s’ouvrir à la vie, et exprimant la richesse de Dieu, il contribue à l'édification d'une civilisation de l'amour.
Marie Joly a été confrontée à de nombreuses difficultés dont elle a appris la nature et qu’elle a appris à respecter, dues à la langue, la compréhension de la culture, des coutumes et des traditions du peuple vietnamien, en particulier en ce qui concerne les différences physiques et émotionnelles entre les hommes et les femmes, le respect dans les relations entre les membres du couple, les rapports sexuels. Les Vietnamiens sont très timides et réservés. La sexualité est un domaine qu’ils évitent d’aborder ouvertement, comme un tabou.
Avec une attitude flexible, ludique et amicale, Marie Joly a constamment utilisé toutes ses connaissances pour présenter et transmettre tous les détails de la planification familiale naturelle afin que les auditeurs puissent acquérir des connaissances utiles, des capacités de la pratiquer et de l’enseigner à leur tour. Beaucoup de gens pratiquent maintenant cette méthode, comprennent les questions de genre, sont conscients de ce que l'Église enseigne et apprécient de nombreuses joies dans la vie de leur famille.
Marie Joly a été rappelée par le Seigneur, mais elle a laissé au peuple et à l'Église catholique vietnamienne, au cours de son travail de plusieurs décennies, des documents très complets rédigés dans notre langue. On peut y découvrir sa volonté, son cœur et son âme, sa loyauté et sa passion pour le projet. Jean Bernard, son mari bien-aimé, a voulu diffuser dans ce livre les détails de "l'idée originale" de Marie, afin de faire connaître sa méthode de travail et les personnes qu’elle a rencontrées et de commémorer sa grande compagne de route.
Merci de m’avoir donné l’honneur d’écrire la préface de ce livre. À travers les pages de ces notes, rédigées parfois sporadiquement et brièvement, nous voyons un joli visage, une âme noble, qui, pour le bonheur des autres, s’est montrée prête à défier toutes les difficultés, et qui a donné une partie de sa vie à ces couples vietnamiens dont elle a compris le bonheur nouveau.
Père Joseph Trinh Ngôc Hiên
Paroisse de Thai Hà
Diocèse de Hà Nôi
JB.
Ce livre est consacré aux actions dont Marie fut l’acteur principal.
C’est elle qui a conçu et réalisé le programme d’enseignement des méthodes naturelles de planification familiale au Viêt Nam. Elle l’a raconté dans le livre « Le Viêt Nam que j’aime » Tome III.
Elle a proposé aussi cette méthode de planification familiale au Mali à Ségou. Ceci est raconté dans le livre « Le Mali que j’aime ».
Elle a organisé le chantier de rénovation du service de néonatologie de l’Institut de protection de la mère et du nouveau-né à Hà Nôi sous la direction de l’association l’APPEL, ainsi que les fournitures de matériel médical du programme d’enseignement des soins aux mères et aux nouveau-né au Viêt Nam qui a duré 25 ans.
Elle a aussi beaucoup œuvré dans la coopération de la Fondation Leïla Fodil à Ségou pour l’organisation des rénovations hospitalières et le programme d’aide à la scolarisation et la formation professionnelle.
Ce livre relate en détails le parcours de Marie au Viêt Nam, en décrivant les lieux qu’elle a visités avec Tiêu et les formations qu’elle a données. Vous y verrez l’amour, la patience, la ténacité de Marie et de son ami Tiêu pour l’enseignement d’une méthode de planification familiale nouvelle dans ce pays et libératrice de la vie et des consciences.
Vous irez aussi avec elle au Mali à Ségou et à Koubri au Burkina Faso.
Vous retrouverez la voix de Marie, son attention, sa patience, sa persévérance, sa fidélité, son infini respect pour les plus humbles, ceux dont on ne parle jamais.
Marie est morte le 6 aout 2017, un dimanche, le jour de la fête de la transfiguration de Jésus, Christ, au sommet de la montagne, devant Pierre Jacques et Jean. Voulait-il montrer ainsi à celle qui terminait sa vie sur terre et à ceux qui l’aimaient que la suite de son existence serait illuminée par la vue de Jésus, Christ, en face à face, pour l’éternité ?
Quant à moi, au cours de ce travail de décryptage et de classement, j’ai revisité 35 ans d’actions partagées avec elle.
Cette relecture transforme ma peine en exultation devant tellement de foi, de grâce, de bonheur.
Jean Bernard Joly 2020
L’APPEL à Paris :
L’association L’APPEL, association de Solidarité internationale qui appuie, depuis 1968, des intiatives locales pour les enfants en situation de difficulté, a réalisé au Viêt Nam un programme d’enseignement des soins aux mères et aux nouveau-nés auquel Jean Bernard a participé.
BILLINGS :
Méthode de planification familiale utilisant uniquement l’observation de la glaire cervicale inventée par le docteur Billings, Médecin australien
CLER :
Centre de Liaison des Équipes de Recherche sur l’amour et la famille, à Paris.
Association reconnue d’utilité publique comme organisme d’éducation, de formation et de conseil conjugal et familial : formation d’éducateurs à la vie, pour l’éducation affective, relationnelle et sexuelle, de conseillères conjugales et familiales et de monitrices
Membre de la Pastorale familiale de l’Église catholique.
FIDAF :
Fédération Internationale d’Action familiale
Regroupe toutes les associations qui font la promotion des méthodes naturelles de planification familiale.
FONDATION LEÏLA FODIL : Fondation reconnue d’utilité publique, créée par la famille Joly, destinée à aider les enfants dans les pays en développement.
HCMV : Ho Chi Minh Ville
IEEF : Association internationale de planification familiale naturelle
IPPF : Planning familial international
IPMNN :
Institut de Protection de la Mère et du nouveau-né à Hà Nôi. Hôpital national de référence pour la gynécologie-obstétrique et la néonatologie.
M.A.O. : Méthodes d’Auto-Observation
Méthode naturelle de planification familiale
OGINO :
Méthode de planification familiale fondée sur l’hypothèse que l’ovulation se situe au 14° jour du cycle menstruel. Elle est aléatoire car la date de l’ovulation est variable dans le cycle.
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PFN : Planification Familiale Naturelle
PMI : Protection Maternelle et Infantile
TQS : Tu Quan Sat : Traduction de MAO en langue vietnamienne
VINAFPA : VIet NAm Family Planning Association. Organisation vietnamienne chargée de faire appliquer les directives du gouvernement pour la planification familiale.
PATRONYMES :
Les noms des vietnamiens sont en trois parties
Par exemple : Pham Xuân Tiêu
Il est d’usage d’appeler les personnes par leur dernier nom, le prénom : exemple : Tiêu.
C’est pourquoi, dans le texte, vous trouverez pour la première nomination les trois noms et la qualité, par exemple : Docteur Pham Xuân Tiêu, et ensuite seulement la troisième partie du nom, le prénom : Tiêu.
Un cas particulier : j’ai écrit le nom, de Duong van Loï avec un trémat sur le i de Loï. Cet accent n’existe pas en vietnamien, mais il est nécessaire pour prononcer son nom en français.
M. :
Textes extraits des notes de Marie
JB. :
Textes rédigés par Jean Bernard
Les méthodes naturelles de planification familiale sont reconnues par l’OMS qui en donne la définition suivante :
Les méthodes naturelles de planification familiale reposent sur l’observation des signes physiologiques caractéristiques des phases de fécondité et d’infécondité du cycle menstruel féminin. Le fait de connaître la phase d’ovulation peut permettre aux couples de choisir le moment de leurs rapports en fonction de leurs désirs d’éviter ou bien de favoriser une grossesse. Les méthodes naturelles de planification familiale sont une alternative pour ceux qui, pour des raisons personnelles, ne peuvent ni ne souhaitent utiliser des contraceptifs pharmacologiques ou mécaniques.
Logo de TQS créé à Da Nang
M.
En 1983, le docteur Vuong Van Phu de la grande maternité de la ville de Hà Nôi est venu en stage d’observation à Angoulême. Madame le docteur Nguyên Thi Duong lui a succédé en 1984. Ils étaient chargés d’observer le service de PMI1 du département de la Charente. Ils m’ont expliqué comment un service apparemment identique fonctionnait dans leur pays. Quand Jean Bernard a commencé à aller au Viêt Nam, je ne pouvais pas l’accompagner, car Leïla2 était à la maison et occupait tout mon temps.
En 1985, après sa mort, je me suis préparée à partir avec lui. J’ai entrepris une formation au CLER3 Amour et Famille comme Monitrice MAO4. J’ai pensé que ces compétences pourraient être utiles au Viêt Nam.5
L’augmentation de la population était alors une des préoccupations majeures des dirigeants. Le pays ne produisait pas suffisament de riz pour éviter les famines. Une personne consomme environ 13 Kg de riz par mois. Le Viêt Nam exportait le meilleur des récoltes pour acheter à l’étranger une plus grande quantité de riz de moins bonne qualité.
La cause de ce drame reposait sur le régime politique. Le 2 septembre 1954, après la fin de la guerre avec les Français, le pays fêta son indépendance. Le régime instauré par le président Ho Chi Minh était et est encore communiste. La collectivisation des terres au Nord puis au Sud après la libération en 1975, selon le modèle soviétique, modifia complètement les habitudes agricoles. Il se créa des rizières de très grande taille, cultivées par des paysans groupés en coopératives semblables aux kolkhozes, dans lesquelles l’ardeur au travail était médiocre et le rendement faible.
Le gouvernement pensa qu’il fallait limiter le nombre des naissances. La directive imposée a été de limiter à deux le nombre d’enfants par famille avec cinq ans entre chaque enfant et le premier enfant après 22 ans. Le nombre d’enfants toléré était modulé en fonction du statut de la famille : un seul enfant autorisé pour les cadres et les hauts fonctionnaires, trois en milieu rural.
Les affiches parsemaient les villes. Des hauts parleurs répétaient les devoirs chaque matin. Il y avait une prime pour la naissance de chacun des deux enfants mais la venue d’un troisième était punie d’argent et de perte d’emploi.
Pour limiter les naissances, les moyens les plus employés étaient le stérilet, la régulation menstruelle, l’avortement, la stérilisation féminine par ligature des trompes et masculine par ligature du canal déférent. La pilule n’était pas appréciée car trop chimique et trop chère.
Le contrôle de ces directives a été pratiqué avec une surveillance étroite des femmes. Dans les immeubles collectifs, une personne était chargée de noter les règles de toutes les femmes et dès qu’il y avait un retard de règles la femme était fermement invitée à venir au centre de planification familiale pour une régulation menstruelle. Cette pratique consistait à aspirer le contenu utérin avec une sonde introduite dans la cavité utérine.
Le stérilet était souvent posé aussitôt après l’accouchement, sans consentement de la femme. Quand elle en acceptait la pose, elle recevait une récompense : après le premier accouchement deux tiers du salaire mensuel de base et une dispense de travail social de dix jours pour un an. Si elle acceptait la ligature des trompes après un deuxième accouchement elle était dispensée de travail social pour la vie. L’homme qui acceptait une ligature du canal déférent était dispensé de travail social pour la vie.
L’accouchement d’un troisième enfant était puni d’une amende calculée en nombre de sacs de riz, supérieure à la prime au premier accouchement. Un fonctionnaire qui refusait l’interruption de la grossesse perdait son emploi.
Malgré cela 25 % des familles avaient plus de deux enfants, surtout à la campagne.
Il y avait une coordination entre le planning familial et le programme alimentaire mondial des Nations unies. Dans un centre de PMI, j’ai vu une affiche mentionnant toutes les femmes du quartier avec leur nombre d’enfants, la méthode de contraception utilisée et l’aide alimentaire accordée à celles qui utilisaient une méthode de contraception, qui avaient un ou deux enfants, ou refusée à celles qui n’en utilisaient pas ou avaient trois enfants.
La décision d’agir de la sorte venait des Nations unies.
1 Le service de PMI, Protection Maternelle et Infantile s’intéresse aux grossesses et raux enfants fragiles.
2 Leïla Fodil, Algérienne âgée de trois ans, est venue à Angoulême pour être soignée pour une leucémie. Marie et Jean Bernard l’ont hébergée chez eux. Marie l’a accompagnée pendant ses traitements de chimiothérapie, jusqu’à sa mort dix huit mois plus tard.
3 Centre de liaison des équipes de recherche sur l’amour et la famille 65 Bd de Clichy 75009 PARIS Tel : 01 48 74 87 60
4 Méthode d’auto-observation
5 Ce pays avait 16 millions d’habitants en 1945 ; il en avait 60 millions en 1987. La population avait donc quadruplé en 50 ans. (En 2010, plus de 80 millions ; en 2015, 90 millions ; en 2020, 98 millions).
Un mode de vie
M.
MAO : Méthode d’auto-observation, devient TQS : Tu Quan Sat, en langue vietnamienne.
L’homme est fertile tous les jours, de la puberté à la fin de sa vie.
La femme n’est fertile que quelques jours chaque mois, de la puberté à la ménopause.
La fertilité du couple dépend donc des moments de fertilité de la femme.
Cette connaissance peut être utilisée pour une planification familiale : soit pour favoriser la conception d’un enfant, soit pour l’éviter. Mari et femme partagent alors la responsabilité de la maîtrise de leur fécondité.
La pratique de la planification familiale naturelle nécessite un dialogue du couple dans la vie sexuelle : parler, faire attention à l’autre, l’écouter, le respecter, l’accepter comme il est. Pour le mari, accepter que sa femme ne soit pas toujours disponible pour une relation sexuelle.
Pour pratiquer la méthode d’auto-observation, la femme doit observer et interpréter les signes de sa fertilité.
Le cycle menstruel féminin est marqué de façon très visible par les règles qui marquent le début et la fin de chaque cycle.
Au cours du cycle, d’autres signes physiologiques lui permettront de définir avec précision sa période de fertilité.
Le signe de la glaire cervicale : produite par le col de l’utérus elle s’écoule à travers le vagin et est visible à la vulve. La femme peut en passant ses doigts à la vulve, savoir s’il y a de la glaire ou non. La présence de glaire est un signe de la fertilité.
Le signe de la température : Au cours du cycle féminin, il y a deux phases thermiques. La femme qui prend sa température tous les matins au réveil peut observer un décalage de la température qui s’élève de quelques dixièmes de degré, vers le milieu du cycle, puis revient au niveau de base. Ce jour permet de préciser la fin de la période de fertilité.
L’association de l’observation de la glaire cervicale et de la température est la méthode sympto-thermique ou méthode d’auto-observation.
Si les observations de la glaire et de la température sont notées au jour le jour sur un graphique spécial, la femme peut savoir chaque jour si elle est dans une période de fécondité ou d’infécondité.
Le couple qui souhaite un enfant désirera avoir des relations pendant la période de fécondité.
Le couple qui ne souhaite pas d’enfant devra éviter les relations sexuelles pendant la période de fécondité.
Respecter le désir de ne pas avoir d’enfant, cela mène à pratiquer la continence pendant les périodes fertiles.
La continence, c’est l’absence de relations sexuelles. Elle doit être vécue non comme un inconvénient, mais comme un élément positif. Elle peut permettre une union intense du cœur et de l’esprit des époux.
Pendant le temps de fertilité, s’il ne veut pas d’enfant, le couple peut apprendre à « dire l’amour » autrement que dans la relation sexuelle. Ils peuvent exprimer une affection tendre et intime, tout en maîtrisant leur désir sexuel. Ils peuvent se donner l’un à l’autre sans aller « trop loin ».
La continence fait partie de la vie de tous les couples à un moment ou à un autre :
Séparations dues au travail.
Fatigue maternelle et/ou paternelle.
En fin de grossesse, ou après la naissance d’un bébé.
La continence, ce n’est pas difficile. C’est se priver du plaisir d’un instant pour un bonheur familial plus grand.
Parmi les gestes à travers lesquels les époux peuvent s’exprimer leur amour, il y a l’union réservée : vivre paisiblement une union complète des corps, sans qu’elle aboutisse à une éjaculation. Cela demande bien sûr un apprentissage, beaucoup de délicatesse, de prudence, afin d’éviter d’en perdre le contrôle, ce qui se terminerait alors en union complète.
Si elle est vécue paisiblement, l’union réservée développe la tendresse dans un climat de confiance. La maîtrise de soi qu’elle nécessite surtout de la part du mari, sera vécue comme une preuve d’amour et de respect pour son épouse.
La MAO peut être utilisée à tous les âges de la femme, dans toutes les circonstances de sa vie, même si elle a habituellement des cycles irréguliers. Elle peut être utilisée pendant l’allaitement, la pré-ménopause, après arrêt de la pilule.
Elle est particulièrement indiquée pour les couples qui ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser de technique contraceptive :
Soit parce qu’ils les refusent par crainte des effets secondaires ou manque d’information, ou par incompatibilité avec leurs convictions culturelles ou religieuses.
Soit parce qu’ils n’y ont pas accès : éloignement des centres de santé ou contre indications médicales.
Soit parce qu’ils ne sont pas satisfaits de la méthode de contraception utilisée, ou qu’ils n’ont pas encore de méthode autre qu’Ogino ou le retrait.
Elle peut être très utile à des couples qui veulent un enfant et ont de la difficulté pour concevoir.
Pour pouvoir bien utiliser la MAO, il faut apprendre:
Comment faire son observation
Comment noter son observation
Comment interpréter son observation
Tout cela doit être fait avec rigueur pour repérer avec précision la période de fertilité.
Chaque femme a un cycle qui lui est propre et dont la longueur varie. Seule une observation quotidienne peut éviter les erreurs d’un calcul de jours.
Apprendre est simple. La MAO n’est pas réservée aux intellectuels, elle peut même être enseignée à des analphabètes. Des moniteurs et monitrices sont formés pour l’enseigner et suivre un couple pendant le temps de l’apprentissage.
M.
J’ai d’abord accompagné Jean Bernard dans ses déplacements. Cela m’a permis de commencer à connaître, à comprendre ce pays. J’exposais ce qu’est la PFN.
Cette période a duré de 1987 à 1992.
J’ai observé, été observée. J’ai donné des conférences d’information
En 1987, Jacques Lalande, président de l’association L’APPEL qui dirigeait le programme d’enseignement des soins aux mères et aux nouveau-nés auquel Jean Bernard participait, a accepté que je parte avec la délégation.
À mon arrivée à Hà Nôi, Madame le docteur Nguyên Thi Duong m’a accueillie avec un petit panier de roses. Grande émotion de se retrouver deux ans après son séjour à Angoulême. Elle était chargée de me faire visiter la ville pendant les cours de Jean Bernard et de Jacques.
Elle m’a dit :
Il nous est interdit de rester seules avec un étranger.
J’ai donc toujours eu un ou deux autres médecins avec moi, avides de m’interroger sur la France et moi sur le Viêt Nam.
Au cours de nos visites dans la ville nous avons visité le Centre de Protection Maternelle et Infantile et de planification familiale de la maternité de la ville de Hà Nôi. Ce service, comme tous ceux que j’ai visités depuis, était centré sur la planification familiale. Le suivi des petits enfants et des enfants à risque était inconnu.
Au cours de nos promenades j’ai profité des discussions pour parler de la formation que je suivais en France avec le CLER Amour et Famille, pour l’éducation affective et sexuelle et pour l’enseignement des méthodes de planification familiale naturelle. Mes amis étaient surpris mais ils m’écoutaient. Ils l’ont fait savoir à Madame le Profeseur Duong Thi Cuong, directrice de l’IPMNN6.
Pendant les trois ans qui ont suivi, Cuong m’a invitée à faire des conférences pour exposer la méthode. C’était aussi pour elle un moyen de m’observer. J’ai fait des exposés dans les provinces de Bac Giang, Thanh Hoa, Ninh Binh, Tuyen Quang.
Elle assistait à tous mes exposés et parfois même les traduisait. Il me semblait qu’elle réfléchissait à l’application de cette méthode toute nouvelle, mais rien ne venait.
En 1992, ce que j’exposais a été accepté
La conférence à Thai Binh lors de l’inauguration de la section locale de la VINAFPA a été le réel début de mon action MAO au Viêt Nam. Nous étions attendus par le service de planification familiale dans la salle de conférences du comité populaire. À l’entrée, une grande bassine où mijotaient des feuilles de thé fraîchement cueillies, un vrai délice.
Madame Cuong nous avait demandé d’y faire deux cours : moi sur la planification familiale naturelle et Jean-Bernard sur les soins aux nouveau-nés. Il y avait des représentants de toutes les catégories de la population.
Pour faire mon cours, qui m’avait été demandé au dernier moment, je n’avais aucun document, ni transparent ni diapositive. Je demandai donc un tableau noir et une craie et Jean-Bernard a fait mes dessins au tableau tandis que je parlais et que Tiêu traduisait. Jamais je n’ai eu un auditoire aussi attentif. Tous les yeux ont été rivés sur moi pendant 40 minutes tandis que j’expliquais l’intérêt d’un nombre d’enfants limité (le dessin au tableau présentait des carottes serrées, toutes petites et tristes ou éclaircies et plus belles et souriantes) et les principes de la fertilité de l’homme et de la femme, avec la possibilité pour la femme d’observer chaque jour les signes de fertilité au cours de son cycle (glaire cervicale et variations de la courbe de température) et de repérer ainsi le moment où une fécondation est possible et les moments où elle ne l’est pas. Jean Bernard dessinait au tableau le cycle féminin présenté sous la forme d’un champ cultivé par un paysan avec une alternance de pluie et de soleil. La terre humide permet aux graines de germer, et dans la terre sèche les graines ne poussent pas.
Dans le trajet du retour, secoués dans un véhicule militaire d’origine Russe, sur une route défoncée, Madame Cuong m’a demandé de donner mon enseignement. Elle me confiait Tiêu pour l’organisation et les traductions.
MAO : Méthodes d’auto-observation est devenu TQS (Tu Quan Sat) ce qui a la même signification en langue vietnamienne.
Le docteur Tiêu, déjà persuadé du bien-fondé de cette action, n’attendait qu’un ordre d’elle pour travailler avec moi. Il est devenu interprète, puis collaborateur, puis conseiller et enfin ami fidèle.
De 1992 à 1994, Tiêu et moi avons recherché le public intéressé.
Nous avons donné des cours aux personnels des services de santé de l’Etat dans des provinces du Nord à des groupes désignés par madame Cuong, à Hà Nôi et dans les provinces voisines.
En 1994, les autorités nous ont orientés vers les catholiques.
La suite du programme, tel qu’il se poursuit actuellement est dirigé par la paroisse de Thai Hà à Hà Nôi.
Le matériel pédagogique :
Le matériel pédagogique a été perfectionné au fil des années. Je l’ai conçu et rédigé en Français, Tiêu l’a traduit et mis en forme vietnamienne.
Il y avait :
Un lot de sept affiches illustrant l’anatomie de l’homme et de la femme, coloriées et plastifiées recto-verso.
Un jeu de 13 planches originales extraites des manuels, en papier non coloriées pour photocopies et confection de nouveaux jeux complets à la demande.
Un puzzle représentant les organes génitaux de la femme et de l’homme.
Des tableaux blancs avec graphique vierge imprimé, et des affiches plastifiées présentant les phases du cycle.
Une règle à coulisse pour présenter les variations de longueur du cycle. Je l’avais découverte au cours du Congrès international de planification familiale naturelle de Milan 2000 et réalisée en carton. Tiêu l’a fait faire en plastique, ce qui était beaucoup plus solide et facile à manipuler.
Des livrets d’utilisateurs7
Des livrets de moniteurs (livret utilisateur avec des conseils pédagogiques)
Des feuilles originales pour photocopies et confection de nouveaux livrets
Des tracts de présentation de TQS pour diffusion et reproduction Des graphiques vierges pour noter l’observation.
6 Institut de Protection de la mère et du nouveau-né, appelé aussi hôpital C, maternité servant de référence nationale.
7 Disponible sur le site de la Fondation Leïla Fodil Il est possible de vous en expédier un par internet
M.
J’ai appris un peu la langue vietnamienne.
On nous avait dit : C’est une langue facile, il n’y a pas de conjugaison ni de grammaire compliquée. Alors nous pensions que nous pourrions l’apprendre rapidement. C’était sans compter avec la prononciation.
Par exemple, le mot « ma » peut signifier mère, cheval, fantôme ou jeune pousse de riz selon l’accent que l’on donne à la prononciation de la voyelle « a » qu’il porte. Chaque voyelle peut se prononcer de six façons différentes. Cela donne à la langue une musicalité remarquable. Le père Alexandre de Rhodes disait des Vietnamiens qu’ils parlent comme les oiseaux.
Ces efforts nous ont permis de dire quelques mots.
Nous pouvions nous débrouiller dans la rue pour demander notre chemin, comprendre les explications données, et choisir les plats des repas. Nous savions présenter notre famille et parler un peu avec les enfants rencontrés qui sont des interlocuteurs plus tolérants que les adultes.
Petit à petit, j’ai appris les mots de mon enseignement, ce qui m’a permis de suivre la traduction de Tiêu et d’interroger quand j’avais l’impression qu’il n’était plus tout à fait dans le sujet.
JB.
Dans la rédation du livre, je n’ai pas utilisé un logiciel d’écriture vietnamienne pour les termes écrits dans cette langue. Un lecteur français ne s’en inquiétera pas. Je demande pardon aux lecteurs vietnamiens.
M.
Je n’ai jamais pu dire mes cours en langue vietnamienne et j’ai dû m’habituer à l’usage d’un traducteur.
Cela suppose de synthétiser sa pensée pour faire des phrases courtes et claires. Le temps de la traduction permet de préparer la phrase suivante. C’est une vraie gymnastique d’esprit.
Beaucoup de médecins de notre génération parlaient le français. Plusieurs d’entre eux ont interprété mes cours.
Le docteur Pham Xuân Tiêu a été mon interprète préféré. Il est aussi notre meilleur ami au Viêt Nam. Jean Bernard a présenté ce que nous connaissons de sa vie dans le tome II du « Viêt Nam que j’aime ». Sans lui, je n’aurais rien pu faire.
Je l’ai rencontré dès mon premier séjour, en 1987. Il était l’un des médecins chargés de me faire visiter la ville de Hà Nôi.
Il m’a beaucoup appris sur la planification familiale dans son pays. Gynécologue-obstétricien, il travaillait au bureau scientifique de l’Institut de Protection de la Mère et du Nouveau Né, chargé des relations avec l’étranger. Par ailleurs il était directeur exécutif de la VINAFPA.
Je lui ai présenté la méthode de planification familiale naturelle par les techniques d’auto-observation. Acquis à l’intérêt de cette méthode, il a accepté de m’accompagner, d’apprendre de ma part ce qu’il ne connaissait pas et de l’adapter pour la culture vietnamienne. Il est devenu mon interprète pour toutes les formations, prenant progressivement en charge le suivi et le perfectionnement des formateurs que nous avions enseignés ensemble.
Il a accepté, sous l’impulsion de madame Cuong, de travailler avec moi à la planification familiale naturelle. Il a continué après sa retraite. Il est actuellement le conseiller du programme et coopère avec les prêtres Catholiques de la paroisse de Thai Hà à Hà Nôi.
J’ai beaucoup admiré l’ouverture d’esprit de cet homme. Médecin renommé, il s’est enthousiasmé pour un enseignement qui était en contradiction complète avec ce qui était prôné par l’association qu’il dirigeait. Mais son sens de l’humanité et du respect de la vie a pris le dessus.
Il a accepté d’aller travailler avec des catholiques, de rencontrer l’évêque de Hà Nôi. Il est même devenu l’ami sincère du père Trinh Ngôc Hiên, curé de Thai Hà. Le soir, il va souvent à la paroisse. Il aime bavarder avec le père Hiên. Puis il donne des leçons de Tai Chi à tout le personnel devant la reproduction de la grotte de Lourdes qui a été construite, comme dans la plupart des paroisses, au fond de la cour.
Au début des séances de travail avec le groupe de Thai Hà, les participants avaient l’habitude de commencer par une prière et Tiêu y a participé. Il lui arriva même de la provoquer si les participants avaient oublié.
Il m’a demandé s’il devait traduire ou interpréter. Si je traduis mot à mot, les élèves ne comprendront pas. Si j’interprète, j’adapte ton discours à la mentalité vietnamienne pour qu’ils comprennent. Cela explique le fait que Tiêu parlait souvent plus longtemps que moi. Et au bout de quelque temps, il anticipait sur ce que j’allais dire, il est devenu capable de donner un cours. Il a ainsi largement participé à la connaissance des M.A.O. et au suivi des groupes. Vous le verrez chemin faisant.
Abrégé d’utilisation
JB
Pour qu’un lecteur non averti comprenne l’enseignement de TQS donné par Marie et Tiêu, j’ai résumé ici les principes de la méthode.
Une description plus détaillée, indispensable pour la pratique, se trouve dans le manuel qu’ils ont rédigé. Il est reproduit dans ce livre. Il est disponible en langue française sur demande à la Fondation Leïla Fodil ; en langue vietnamienne à la paroisse de Thai Hà à Hà Nôi.
L’enfant est le résultat de la rencontre entre l’ovule de la mère et un spermatozoïde du père. Cette rencontre est possible grâce à la relation sexuelle entre le père et la mère. Cette relation est dite fertile quand elle peut permettre la conception d’un enfant.
L’homme est fertile tous les jours, de la puberté jusqu’à la fin de sa vie, car il produit des spermatozoïdes en permanence.
La femme n’est fertile que quelques jours par mois, de la puberté à la ménopause, car elle ne produit qu’un ovule au cours de chaque cycle.
C’est donc la période fertile de la femme qui conditionne la période fertile du couple.
Le cycle menstruel de la femme est la période qui s’étend du premier jour de ses règles à la veille du premier jour des règles suivantes.
Le cycle comporte 3 périodes, dont une seule est fertile.
- La période de latence : elle comprend la durée des règles et les jours suivants.
Sa durée est variable. L’infertilité est relative.
- La période de l’ovulation, c’est la période de fertilité.
- La période qui suit l’ovulation. Sa durée est fixe. C’est la période de non fertilité absolue.
Comme la première période a une durée variable selon les femmes et selon les cycles, l’observation quotidienne des signes de la fertilité : glaire cervicale et température permet de préciser le début de la deuxième période, la période fertile.
La glaire cervicale :
La glaire est une substance produite par le col de l’utérus certains jours du cycle. Elle s’écoule à travers le vagin et s’extériorise à la vulve. Elle est sans odeur, d’abord collante et translucide, puis transparente, élastique, filante. Si on la prend entre ses doigts, on peut l’étirer facilement. Elle peut ressembler à du blanc d’œuf cru. Elle procure une sensation d’humidité au niveau de la vulve et du vagin.
La glaire accueille et nourrit les spermatozoïdes. Elle permet la fécondation.
La période fertile commence dès l'apparition de glaire sentie ou vue.
Jour après jour, la glaire devient plus filante, jusqu’au « jour sommet » après lequel elle cesse complètement, avec une sensation de sécheresse.
C’est le début de la période d’infertilité absolue.
La température :
L’observation de la température sert à confirmer de façon très sûre que l’ovulation est passée.
La courbe de température est plus haute d’environ 0,3° après l'ovulation. Après ce sommet, s’il n’y a pas eu de fécondation, elle retombe à son niveau de base. C'est ce décalage de température qui permet de déterminer avec précision la fin de la période fertile.
Interprétation de l’observation des signes de fertilité
L’observation de la température et la glaire associées permet de préciser la période de fertilité.
La fertilité commence le premier jour de glaire sentie ou vue.
À partir de ce jour, un rapport sexuel peut provoquer une grossesse. Elle se termine le soir du 3° jour suivant le niveau le plus haut de température.
L’inscription des résultats des observations quotidiennes doit être reportée sur un graphique qui permet de bien voir les phases du cycle et les temps fertiles et infertiles. Il est indispensable pour le suivi des femmes par une monitrice.
La MAMA
Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée
La fertilité pendant l’allaitement
JB, résumé des notes de Marie
Si l’allaitement est mixte (sein + biberon) l’infertilité de la femme dure 4 semaines après la naissance. Si la femme n’allaite pas, son infertilité n’est que de 3 semaines.
L’infertilité de la mère allaitante est reconnue à quatre conditions :
- L’enfant a moins de 6 mois
- L’aménorrhée persiste (pas de flux menstruel)
- L’allaitement est complet
- Il y a 6 tétées ou plus par 24 heures.
Si ces 4 conditions sont remplies, la femme n’est pas fertile. Mais, dès que l’une de ces conditions n’est pas remplie la fertilité revient.
Pour les femmes qui suivent TQS, il faut reprendre l’observation de la glaire et de la température :
Quand l’enfant aura plus de 6 mois,
Si le retour de couches arrive,
S’il n’y a plus que 5 tétées par jour,
Si le bébé absorbe autre chose que du lait.
Alors, la fertilité peut revenir. La femme se trouve en période d’attente.
Dès qu’il y a sensation humide et / ou présence de glaire, la fertilité est possible.
La fertilité demeure les 4 jours secs qui suivent un épisode de glaire. Il peut y avoir une longue période d’attente avec plusieurs épisodes de glaire avant de trouver un décalage de température.
Plus de détails se trouvent dans le manuel TQS.
M.
La situation se présente différemment à la ville et à la campagne :
Dans les civilisations traditionnelles, plus la femme a d’enfants, plus elle est honorée, admirée. Le couple stérile se sent souvent méprisé.
À la campagne, il y a peu de loisirs, on se déplace peu, on va à pied. On travaille beaucoup pour se nourrir.
À la ville, les activités sont plus variées, les loisirs sont nombreux. Il y a beaucoup de choses tentantes dans les magasins.
Mais la différence la plus importante tient à l’éducation :
À la ville le taux de scolarisation des femmes est plus grand.
À la campagne, les femmes sont moins allées à l’école.
La pauvreté de niveau de vie correspond souvent à une pauvreté de connaissances.
Dans tous les pays du monde, l’élévation du niveau de vie va avec l’élévation du taux de scolarisation et s’accompagne de la réduction du nombre d’enfants.
On n’est pas pauvre parce qu’on a beaucoup d’enfants. On a beaucoup d’enfants parce qu’on est pauvre, et surtout pauvre de connaissances.
Construire les écoles et augmenter le taux de scolarisation n’est pas le rôle des services de planification familiale. Au Viêt Nam, les écoles sont maintenant en grand nombre.
Mais l’enseignement de la connaissance de la fertilité n’y est pas encore fait. Cette éducation est un travail long, mais qui porte ses fruits très longtemps.
Il faut pouvoir comprendre les mécanismes de la fertilité avant de pouvoir écouter et comprendre une information sur la contraception.
On ne peut pas maîtriser ce que l’on ne connait pas.
Votre rôle est d’abord d’expliquer la fertilité : les organes génitaux de l’homme et de la femme, avec des mots très simples, comme si vous répondiez à la question d’un petit enfant :
Dis maman, comment on fait un bébé ?
L’utérus, c’est la chambre du bébé.
Les ovaires : un sac de graines.
Le vagin, c’est le lieu d’accueil du papa.
Il faut bien expliquer le rôle de l’homme et celui de la femme dans la conception d’un bébé.
Expliquer le cycle féminin, la fécondation, la grossesse.
Même les gens qui ne sont jamais allés à l’école peuvent comprendre cela.
Si dans vos maternités vous attirez les hommes et les femmes pour une information positive sur la fertilité, leur montrant la merveille de notre corps qui peut donner la vie, ils seront heureux d’apprendre quelque chose qu’ils pourront transmettre.
C’est un pas dans l’éducation qui les fera grandir. Ils auront appris que c’est tellement beau une grossesse, qu’on ne peut pas la mettre en route n’importe comment. Et ils auront envie de maîtriser leur fertilité.
On ne peut maîtriser que ce que l’on connaît.
Il faut aussi comprendre pourquoi maîtriser la fécondité. Comprendre la nécessité d’avoir moins d’enfants, en cherchant l’intérêt de la famille, plus que l’intérêt de la collectivité : meilleure santé pour la mère, pour l’enfant à venir, pour l’enfant précédent. La possibilité pour les enfants d’aller à l’école.